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EAN : 9782081349445
416 pages
Flammarion (20/08/2014)
3.6/5   705 notes
Résumé :
Les touristes ont déserté les lieux, la ville est calme, les plages à l'abandon. Pourtant, en quelques jours, deux événements vont secouer cette station balnéaire de la Côte d'Azur: la sauvage agression d'Antoine, jeune homme instable et gloire locale du football amateur, qu'on a laissé pour mort devant l'hôpital, et une tempête inattendue qui ravage le littoral, provoquant une étrange série de noyades et de disparitions.

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Critiques, Analyses et Avis (173) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 705 notes
Sur la côte méditerranéenne, en cet hiver, les touristes sont rares. Les plages et les paillottes à l'abandon. Les hôtels déserts. Ne restent ici que les locaux qui peinent à profiter de la mer, devenue presque invisible à leurs yeux. Parce qu'ils ne vivent pas dans les yachts, ne trinquent pas au champagne, ceux-là ont du mal à joindre les deux bouts. Qu'on soit face à la mer ou pas, les galères sont les mêmes pour tout un chacun. Les découverts à chaque fin de mois, les divorces douloureux, les mauvaises combines, les amours refoulés ou frustrés, les deux boulots accumulés pour subvenir aux besoins de la marmaille. Marmaille qui s'étiole petit à petit, qui fugue ou se rebelle. Et cette mer, aujourd'hui déchaînée par la tempête, qui deviendra le théâtre de scènes violentes.
Tout commence par Antoine... Gardien du camping, future star locale du ballon rond, il repeint pour le mafieux du coin les mobil-homes. Parce qu'il aura eu un geste déplacé lors du dernier match, il est mis sur la touche. Victime d'une agression par deux hommes cagoulés, il est laissé pour mort aux portes des urgences. Autour de lui gravitent son ami Jeff qui tient la paillotte, son ex recasée avec un vendeur de voitures, son fils Nino en admiration devant ce père pourtant si absent, ce couple de retraités à la dérive, cette interne de l'hôpital fracassée, cet entraineur de foot égaré dans sa propre vie ou bien cette écrivaine lesbienne venue se ressourcer près de la mer...

Olivier Adam nous plonge littéralement dans ce roman choral où il dresse le portrait de 22 personnes. Elles se connaissent ou pas, se croisent, s'effleurent, s'aiment ou se déchirent. L'auteur leur donne la parole, chacune leur tour et l'on est pris dans un tourbillon de mélodrames, d'effusions de sentiments, de rencontres tantôt émouvantes tantôt plus tragiques, de rêves, d'espoirs parfois déchus. Ce roman terriblement humain et pénétrant nous touche au plus profond tant il est empli d'émotions. La mer, ce personnage à part entière, engloutit tout sur son passage et nous submerge. Les phrases courtes ne laissent aucun répit, les descriptions colorées sont omniprésentes malgré cette France en plein désarroi. Les mots sont si mesurés et l'écriture si agile et intense qu'il en ressort une certaine musicalité. de part sa construction si originale et travaillée, ce roman prégnant et poétique est tout sauf une peine perdue pour le lecteur...
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Je ne ferai pas un long commentaire car tout a déjà été ecrit. Olivier Adam se fait le porte parole, le témoin attentif et convaincant d'une foule de gens dont on ne parle jamais, que l'on ne voit pas, d'une troupe qui l'accompagne depuis ...son premier livre.....il nous dresse de courts portraits bouleversants de justesse et de précision,d'une vingtaine de personnes dans la grisaille de leurs jours avec leurs limites, leurs failles, leurs fêlures.....Par opposition à la lumiére bleue intense de cette station balnéaire, au bord de la Méditerranée, près des bosquets d'arbres transpercés de soleil, des cactus énormes, des massifs de rhododendrons et de lauriers -roses, de mimosas et d'eucalyptus, le clapotis des vagues, la douceur des étés insouciants qui finissent....malgré la mer qui s'étend partout....
Un contraste violent, douloureux mais humain, trés sensible, âpre, noir, magistral, une immense solitude sociale, les notions de perte, de deuil, de culpabilité mêlés , des familles cassées, recomposées ou explosées , des êtres au crépuscule de leur vie, des survivants involontaires, des infirmières sans cesse débordées, des vies de chien, des vies en miettes, éparpillés en "dedans", des vies en cage,des mal aimés, des frères et des soeurs qui peinent à se quitter, soudés à la vie à la mort, tout un pan de la société qui se débrouille avec ce qu'elle n'a pas , manquant d'argent, de douceur, de temps, de chance, d'espoir, surtout d'espoir.....des couples qui peinent à se parler, des gens solitaires enfermés dans leur mobil home qui prend l'eau, de vieux amants prêts à mourir ensemble pour ne pas finir seuls puis......le rescapé de la noyade voulue:silencieux, hagard, égaré, perdu sans sa femme, dans la profondeur de son chagrin, le mépris qu'il avait alors pour lui même, la valse à trois temps - sidération- culpabilité - colère......
L'auteur donne la parole à tour de rôle à tous ces gens recroquevillés sur leur vie et leurs espoirs plus ou moins rabotés, leurs amours compliquées ou cachées ...étouffées , les chemins des uns et des autres se croisent, se nouent, se dénouent, se perdent, se rencontrent, autant de témoignages qui nous interpellent , nous bousculent, nous bouleversent.....comme un long chant choral à la fois triste et dynamique,pas drôle, pas optimiste, j'ai lu tous les livres de cet auteur que j'ai eu la chance de rencontrer au "Livre sur la place" à Nancy, à chaque fois c'est la même émotion: une litterature combattante, envoûtante, émouvante,âpre, dure, parfois colérique comme si l'auteur avait vécu toutes ces vies, un auteur qui ne prend pas ses distances avec ses personnages......une écriture qui serre le coeur , qui ne rend pas heureuse mais dont je suis persuadée qu'il faut absolument la lire.....
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Cette fois, l'action se passe dans une station balnéaire de la Côte d'Azur et fait intervenir un personnage principal, Antoine, trentenaire, footballeur qui se fait agresser après un match au cours duquel il a donné un « coup de boule » à un joueur qui l'avait fait chuter.
Au moment où débute le roman, Antoine doit venir chercher son fils Nino pour l'emmener voir les dauphins et il n'arrive pas, ce qui provoque la colère de son ex : Marion qui va disputer avec son nouveau compagnon : Mario qui va arriver en retard à l'hôtel où elle travaille. Pendant ce temps, un couple de personnes âgées se promène le long de la plage alors qu'arrive une grosse vague qui va tout inonder et saccager les maisons et les vies.
Au tour d'Antoine gravitent vingt deux personnes : son père, sa soeur, son ex-femme, sa petite amie, son entraîneur, le joueur qui lui a mis le tacle, et d'autres personnes que la vie a malmenés tous autant que lui sur le plan social mais aussi, sur les auteurs, dans les villas donc plus à l'abri, les gens plus nantis certes, mais dont la vie affective n'est pas géniale non plus.
Antoine subit un traumatisme crânien grave qui le laisse dans le coma et le but du roman est de reconstituer ce qui s'est passé à partir des avis de chacun des protagonistes car tous les destins, les évènements sont interdépendants.

Ce que j'en pense :

Au fur et à mesure que l'action se déroule, on en sait plus sur Antoine, futur nouveau Zidane raté, car hyperactif ne contrôlant pas ses accès de violence, il ne tient pas un match sur toute la longueur mais il est capable d'un coup de génie pour faire gagner son équipe. Dans le cas présent, le coup de boule entraîne une suspension donc il ne pourra pas participer aux quarts de finale de la coupe de France.
Il a flirté avec les petits délinquants et se trouve toujours à la limite mais sa violence latente fait qu'aucun sélectionneur ne l'a jamais retenu. Il s'est fait renvoyer de son premier emploi dans un garage car il fumait un joint en travaillant et n'a pas compris en quoi c'était grave. Il en est réduit à repeindre des mobil homes dans un camping tenu par Perez, un homme aux manières proches de celles des voyous (on a même droit à un remake de DSK) Son entraîneur lui sert de mentor et lui renvoie une image masculine équilibrée.
Les personnages ont été bien étudiés, chacun ayant ses qualités, ses défauts, ses faiblesses ou ses failles. Certains sont lucides d'autres dans le virtuel. Chacun a plus ou moins envie de vivre sa vie (ou de la subir) car le choix est limité dans cette petite ville qui n'est vivante que l'été, avec les touristes. C'est tout à fait l'inverse du cliché habituel sur la Côte d'azur rayonnante de soleil et d'insouciance…
Bref, une bonne histoire, comme souvent, qui baigne dans une morosité terrible et qui nous fait froid dans le dos quand même car, on se demande s'il reste une place pour l'espoir. Et il faudra attendre le dernier chapitre pour connaître la vérité.
Pour le savoir, lisez ce livre, tranquillement, en profitant de l'écriture agréable de l'auteur (de temps en temps, on aimerait un peu de ponctuation) qui connaît bien son époque et nous démontre au passage que nos actes ont des conséquences et que nos vies influent les unes sur les autres car elles sont interdépendantes.
et plus sur mon blog

Note : 7,2/10
lu dans cadre challenge ABC

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Antoine, Marion, Paul et Hélène, Marco, Sarah, Coralie, Delphine, Serge, Anouck, Eric, Alex, Laure, Clémence, Léa, Florian, Louise, Perez, Mélanie, L'équipe de foot amateur, Cécile, Grindel, Jeff, Antoine. Cela en fait du monde pour un seul roman, une seule histoire, plusieurs histoires même qui s'assemblent comme dans un puzzle de la vie.

22 personnages aux portraits de la France d'aujourd'hui avec ses problèmes, ses inquiétudes, ses moments noirs. Oui, la vie est sombre selon Olivier Adam. Sombre et triste. L'espoir a abandonné toute velléité ou presque. Et pourtant, à travers ces figures, se dessine notre société moderne, celle des gens qui déambulent sur une corde raide au-dessus d'un précipice et qui tente de ne pas sombrer dans le gouffre encore plus sombre de la mort. Toujours à la limite de la rupture, du chômage ou de la délinquance. Des mots vifs et ciselés qui strient les pages griffonnées par un auteur qui sur ce coup-là m'a encore épaté. Parce qu'il n'est pas évident de s'intéresser à ces inconnus que seul un prénom les différencie.

Bord de mer, les vagues se déchainent contre les digues, le soleil s'est éclipsé pour laisser le place à de terribles nuages noirs portés par un vent pénétrant. Une pluie torrentielle nappe corniches et plages. Des jeunes inconscients, des vieux abandonnant la vie, des infirmières. La tempête aura le mérite de faire croiser ces gens, douleur de la mort, difficulté du monde quotidien. Oublie. Oublie que tu vis. Oublie qu'à la fin du mois, il ne te reste plus rien pour bouffer ou pour habiller ton gosse que tu ne vois presque plus parce que tu cumules les jobs et les heures de travail. Oublie ce gros porc en Audi ou en Mercedes qui a essayé de te mettre la main au cul et de te prendre dans cette chambre d'hôtel. Oublie cette agression, ce braquage, ce coma, cette mort, cette disparition, ce match de football où l'équipe amateur affrontera bientôt les canaris. Oublie que le monde est sauvage et sans pitié pour ces gens, pas loin de devenir des marginaux, mais surtout tout près d'être oubliés par la société. Parce qu'après tout, tout le monde s'en fout. Pas assez pauvre. Pas assez riche. Un toit, un boulot. Un toit qui ne tient presque plus, un boulot de merde – quand ce n'est pas deux.

Non, n'oublie pas. Je n'oublierai pas parce que je sais qu'il n'en faut parfois pas beaucoup pour basculer dans le précipice, pour tomber de cette corde tendue qui relie les points de notre vie. Lire Olivier Adam n'est pas d'une grande joie, ce serait même l'inverse, une tristesse d'une immense profondeur. Noir, comme les nuages qui ont peint ce ciel de Méditerranée un matin d'hiver d'une station balnéaire hors-saison dans le massif de l'Estérel. Gris comme cette pluie qui s'abat sur les quelques personnes gravitant encore hors du caniveau de cette ville vidée de ses touristes. Il n'y a pas d'espoir dans la vie de l'écrivain, mais il y a surtout une certaine rage qu'il ne contient plus, une rage pour évoquer ces gens que la société a tendance à oublier.

« Peine Perdue », vingt-deux petits portraits tristes, mélancoliques, chargés de haine et de désespoir mais surtout un concentré d'émotions qui te bouleverse, te renverse, te chavire à l'image de ce tsunami venu déverser son flot de violence et déchainer le rivage d'une violence frappante, à tout jamais marquante. Comme une chanson de Bruce Springsteen.

Antoine, Marion, Paul et Hélène, Marco, Sarah, Coralie, Delphine, Serge, Anouck, Eric, Alex, Laure, Clémence, Léa, Florian, Louise, Perez, Mélanie, Cécile, Grindel et Jeff. Des prénoms qui ne s'oublieront pas de si tôt.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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"Un monde dans un dé à coudre "

Entre mer et montagne, une petite ville de bord de mer se remet d'un coup de vent tempêtueux et comme autant de faits divers, les existences de ses habitants se télescopent tels des autos tamponneuses, en douceur ou en fureur.

Attachés par le fil rouge de la famille, du travail, ou des rencontres, ils sont individuellement pris dans la lumière du projecteur, pour un instantané de vie où galères de coeur, petits boulots, difficultés économiques, nostalgies et pertes se mêlent.

Il y a beau y avoir au quotidien la lumière dorée de la mer sur fond d'Esterel et le chant des cigales, ça ne tient pas face aux couples en dérive, au chômage et au manque chronique d'argent pour finir des mois éreintants, à la solitude, à l'ennui et à la vieillesse.

Encore et toujours, la petite musique tristounette d'Olivier Adam m'a fait déguster chaque note et chaque silence. Son écriture me ravit toujours autant, elle est comme une vague qui porte et bouscule, riche et bouillonnante. Si je devais mettre un léger bémol, ce serait pour un excès de redondances dans les monologues. On tourne parfois un peu en rond.
J'ai apprécié en revanche le changement de registre de ce livre, hors de toute introspection personnelle habituelle des précédents romans. Ses personnages ont une belle densité, une attachante gravité, leurs fêlures touchent et créent l'empathie.
Mais mieux avoir un moral au beau fixe pour cette lecture!

Un beau roman chorale aux êtres fragiles unis par un sentiment de détresse, comme un miroir de notre société.
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critiques presse (11)
NonFiction
10 avril 2015
Portrait romanesque d’une société où « Eux » et « Nous » co-existent en déplaçant, dans la vie quotidienne, les frontières des catégorisations.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Chatelaine
15 octobre 2014
On le lit pour l’écriture virile, l’envers du décor d’une région plus célèbre pour ses milliardaires que pour ses barmaids et autres gagne-petit.
Lire la critique sur le site : Chatelaine
Telerama
24 septembre 2014
Ces courts portraits à la pointe sèche, écrits à dessein dans le même style janséniste, sont bouleversants de justesse et de précision.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
22 septembre 2014
Peine perdue, puissant roman choral qui est aussi le portrait pessimiste d'une société française qui se fissure, ne déçoit pas les attentes et se démarque par son parti pris pour ceux qui subissent les conséquences de la crise.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Bibliobs
15 septembre 2014
Dans "Peine perdue", les ciels sont bas, les hommes tombent et même les chiens sont des ratés. Trop, c'est trop.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
05 septembre 2014
Si l'intrigue est cousue de fil blanc, les personnages prennent heureusement le dessus, finissent par s'imposer avec leur modestie et leur manque d'éclat.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
27 août 2014
Olivier Adam, à qui on a souvent reproché son misérabilisme social ou son introspection appuyée et apitoyée, signe sans doute l’un de ses meilleurs livres. Sans se renier.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LaLibreBelgique
26 août 2014
Olivier Adam raconte un drame ordinaire à la Côte d’Azur. Une agression et une tempête révèlent la vie écorchée de 22 "invisibles".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
25 août 2014
Nul doute que, avec sa langue entêtante, enivrante, Adam livre là le formidable tableau d'une humanité désem parée, traversée pourtant par quelques éclairs de générosité et d'amour. Comme si, au fond du trou, tout n'était finalement pas encore perdu.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
21 août 2014
Il est comment, le dernier roman d'Olivier Adam, "Peine Perdue" ? Formidable et magistral. Les jurés Goncourt passeront-ils une fois de plus à côté de l’écrivain qui raconte le mieux la France d'aujourd'hui, dans un roman noir reliant 23 portraits plus attachants les uns que les autres ?
Lire la critique sur le site : Culturebox
LePoint
11 août 2014
La lecture d'un roman d'Olivier Adam n'est jamais anodine. Son écriture est d'émotions et provoque l'émotion. La peine dont il est question dans le titre, c'est aussi toute celle dont la vie nous accable mine de rien, dans laquelle elle nous englue et que la plume de l'écrivain sait (bien) dire.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (172) Voir plus Ajouter une citation
Souvent Antoine la regarde et c'est leur mère qu'il revoit. Quand ils étaient gosses et avant qu'une tumeur lui bouffe le cerveau et la foute sous terre en trois mois chrono. Sauf que leur mère quand il y repense c'est toujours avec son grand sourire aux lèvres et pas la moindre trace de fatigue malgré le boulot. Toujours vaillante. Toujours aux petits soins. Toujours à mettre des fleurs partout, et la lumière de son sourire. Comment elle faisait pour tenir comme ça, il n'en sait rien. Souvent il se dit que rien ne pouvait l'abattre, que rien ne pouvait la scier. Alors ils ont fini par lui refiler une tumeur pour la punir. La faire ployer. Plier l'échine. Ne lui demandez pas qui c'est "ils", il n'en sait rien. Mais il a souvent l'impression qu'ils existent et qu'ils sont bien décidés à les user jusqu'à la corde. Ne lui demandez pas non plus de qui il parle quand il dit "nous". Nous c'est nous. C'est tout. Ceux qui en sont le savent très bien. Et les autres aussi. Chacun sait où il est. De quel côté de la barrière.
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La somme de ce qui se fige dans nos vies sans qu'on l'ait vraiment décidé. Rien foutre à l'école parce que ça paraît juste normal, parce qu'on a autre chose à penser, les mecs les fringues les soirées le bon temps les plongeons les joints la baise les calanques le soleil, et comprendre à un moment que ça a déterminé une fois pour toutes le genre de boulot qu'on fait et la vie qu'on mène, les gens qu'on rencontre, comme si d'un coup la vie tellement immense et solaire au départ se résumait à plus grand chose, une grisaille comme de la cendre fine tombée sur toutes choses, un champ de possibles rétréci au strict minimum, une vie réduite et vaillante, mais réduite quoi qu'on en pense.
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Deux gosses affairés dans leur chambre à monter des trucs extravagants avec leurs Lego. Deux gosses intrépides sautant toujours de plus hauts rochers, disparaissant sous l'eau en apnées interminables, passant leur temps à s'enfouir la tête sous la flotte, à se rouler dans le sable en faisant mine de se battre. Deux gosses toujours fourrés dans les collines, le maquis, menant une vie sauvage dont personne ne savait grand-chose. Une vie de plantes et de terre craquelée, de ruisseaux asséchés et d'animaux décampant parmi les arbustes, une vie griffée de ronces, d'écorces, de branches où se tenir et regarder autour de soi, l'infini du massif, pics, vallées et canyons, s'arrêtant net en surplomb des eaux turquoise. L'orange des roches, le vert des arbres et le bleu du ciel. Rien d'autre.
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Après un certain âge tous les pères se ressemblent, quelque chose en eux s'attendrit, rend les armes, se dépouille de toute carapace. On repense à la frousse qu'ils nous flanquaient gamins quand ils élevaient la voix, nous menaçaient d'une fessée, nous enjoignaient de leur obéir, de ne pas les décevoir, faillir, trahir leur confiance, nous soustraire à leur autorité. Et les voir maintenant si désarmés nous émeut et nous donne l'impression de faire face à une autre personne, sans que parfois il soit possible d'établir un lien.
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On lui avait demandé si elle pensait être la Nouvelle Star et elle n’avait pas su quoi répondre. La fille au micro s’était éloignée un peu déçue. La séquence n’était pas passée. Trop banale. Pas d’histoire. Juste une mère au foyer qui tente sa chance au casting. Si elle le repassait aujourd’hui sûr qu’on ferait un petit sujet sur elle. Seule dans une HLM avec sa fille adolescente. Deux boulots pour s’en sortir à peu près. Les petits déjeuners à l’hôtel et les chiottes dans les chambres à l’hôpital. Et ses trente-huit ans. Le souvenir des karaokés en amoureux. Avant que Fabrice se tire avec une autre. Même ça, ça leur aurait plu. Le plombier qui tombe amoureux d’une cliente. Presque un scénario de film porno à la con. Le beau gosse en marcel qui débarque dans la cuisine de la fille en minijupe et haut moulant. Bonjour mademoiselle. Alors comme ça vous voulez que je débouche vos canalisations…
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