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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 15 sur 103
EAN : 9782266004992
181 pages
Pocket (30/11/-1)
3.77/5   79 notes
Résumé :
Quand Maigret descendit du train, en gare de Givet, Ici première personne qu'il vit, juste en face de son compartiment, fut Anna Peeters.
A croire qu'elle avait prévu qu'il s'arrêterait à cet endroit exactement ! Elle n'en paraissait pas étonnée, ni fière. Elle était telle qu'il l'avait vue à Paris, telle qu'elle devait être toujours, vêtue d'un tailleur gris fer, les pieds chaussés de noir, chapeautée de telle sorte qu'il était impossible de se souvenir en... >Voir plus
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Début des années 30's, Givet, un gros bourg ardennais proche de la Belgique. de part et d'autre de la frontière, la traditionnelle opposition entre deux communautés voisines. Au coeur de l'hiver, la Meuse en crue. Des centaines de péniches à l'amarrage, coincées, agglutinées en amont du pont presque submergé qui coupe la cité en deux. Une aubaine pour le commerce local. Au-dessus du fleuve et de la ville : la pluie battante et le vent glacé, le froid persistant, les gens tôt le soir calfeutrés chez eux près du poêle ronflant, la lumière de chiches lampes à pétrole derrière les volets clos sur de vilains secrets cachés.

Une atmosphère à la Simenon : lourde et pesante. Les écharpes de brumes comme des serpillières mouillées autour des cous, le gris terne des jours sans soleil, la boue crottant les semelles cloutées des mariniers, le reflet des réverbères allumés sur l'eau gelée des caniveaux, les cols de pardessus relevés sur les épaules rentrées … Un paysage grisâtre, des gens en noir et blanc, sous des cieux plombés, de tristes et pesants destins en attente. le drame couve, Maigret s'y montrera en arbitre, en re-conciliateur plus qu'en investigateur. Mais a-t-il eu raison ? le lecteur se pose la question.

Une famille flamande, les Peeters, côté pile ; une autre française, les Piedboeuf, côté face.

Les premiers, aisés, détestés et jalousés, tiennent une modeste mais fructueuse épicerie-buvette à cheval sur la frontière. le père, perdu dans les brumes du grand-âge. La mère, toute entière dévouée à son mari et ses enfants. Deux filles, Anna (gérante du commerce) et Maria (institutrice chez les Soeurs à Namur), tournées vers le bel avenir promis au frère, Joseph, qui fait son droit à Nancy et doit épouser sa cousine, Marguerite, fille d'un médecin généraliste local. Un futur espéré radieux, si ce n'est que ce garçon idolâtré par les siens a fait un enfant, il y a 3 ans maintenant, et sans formellement le reconnaitre, à une dactylo de Givet, Germaine Piedboeuf. Cette dernière disparait. L'a-t-on tuée ? Les soupçons se portent logiquement sur Joseph, son arrestation est proche. Anna, sur recommandation, s'en va à Paris demander l'aide de Maigret qui, fasciné par cette femme froide, au physique de vielle fille laissée pour compte, mais sûre d'elle-même, impassible et qu'il ne peut vraiment cerner, accepte.

Les seconds, les Piedboeuf: aux antipodes des Peeters, leur versant pauvre ; le père gardien de nuit dans une usine ; le frère Gérard, simple employé, naïf et matamore, ponctuel buveur colérique ; sa soeur Germaine à qui l'on prêtait quelques aventures.

Deux familles qui s'affrontent, se haïssent … s'accusent l'une l'autre : d'avoir tué, fait disparaitre Germaine pour l'une ; de réclamer indument pension, dommages et intérêts pour l'enfant abandonné qui ne peut être celui de Joseph pour l'autre.

A la croisée des deux familles, deux policiers :
_Machère, l'inspecteur en charge de l'affaire qui remonte en vain le fil de sa logique policière, celle des indices concrets, des horaires de trains, des sempiternelles preuves matérielles ;
_Maigret : Au-delà du fait qu'il n'est pas en service commandé, se posant en spectateur attentif et patient de chacun, le commissaire est poussé d'un clan à l'autre comme un coin forcé dans une souche, tiré d'un bord l'autre, à hue et à dia … il peine à imposer sa neutralité.

Le commissaire tournera quatre jours durant autour de chacun des personnages, creusant leurs psychologies, sondant leurs âmes, leurs faiblesses et forces, avant de se convaincre que ….

Et tandis que la pluie peu à peu faiblit, que la Meuse amorce lentement sa décrue, que les péniches s'échappent au compte-gouttes vers l'aval, Maigret arrache lentement et difficilement des bribes de compréhension au mystère, jusqu'à la révélation finale qu'il gardera pour lui et la personne qu'il démasque mais laisse en liberté … il prend le train du retour pour Paris sans référer à quiconque de ses conclusions.

Comme d'habitude chez Simenon, loin de la simplicité apparente du style, « Maigret chez les flamands » cache une intrigue où le moindre détail compte, où tout est dense et complexe mais elliptiquement travaillé et amené à un épilogue étonnant où le non-dit allusif prend tout son poids. Gare à celui qui perdrait un détail d'importance sous peine de se perdre dans un récit désormais sans tête, alors qu'au final tout se tient dans une finesse et une finalité toutes deux d'importance, un équilibre méticuleux entre ce qui est dit et ce qui est suggéré. Il faut quelques heures de réflexion pour, qu'à postériori, le lecteur tire toutes les implications de la situation. C'est à çà que l'on reconnait les bons bouquins, quand lecture close, il en reste encore des bouts qui trainent et interrogent. Et là, il y à faire .. !

Reste, néanmoins, que le positionnement final de Maigret pose questions. Au-delà du fait que le Commissaire n'est pas en service commandé, le coupable à mon sens ne méritait pas tant de mansuétude. Même si, selon toute vraisemblance, il n'y aura jamais récidive de sa part, il y a eu crapulerie, meurtre avec préméditation, subornation de témoins, violences aux portes de la folie (un crane explosé à coups de marteau, quand même). Quid des circonstances atténuantes ? Perso je n'en vois pas. Ce coupable en liberté ne me plait pas alors qu'un faux meurtrier acheté courre toujours et que tous les personnages, ici, ont leurs parts de responsabilité dans un drame qui aurait pu trouver une solution autre … Une pièce de puzzle manque (à moins de ne pas l'avoir perçu). Maigret semble t'il se mettre aux ordres de la recommandation première qui lui demandait de protéger les Peeters (il ne s'offre pas ainsi le beau rôle, ce n'est pas conforme à son image). Maigret ressent t'il un petit faible inconscient pour Anna (oui, non ? Je ne sais pas) ?

Néanmoins, malgré le questionnement final, « Chez les flamands » est un des meilleurs Maigret qui soient .. ! Il laisse des bouts de lui-même derrière lui et, trois jours plus tard après l'avoir refermé, je ne sais pas toujours quoi penser: coupable et policier me trottent dans la tête.

Bruno Cremer, en 1992 à la TV, reprend, après Jean Richard en 1976, le rôle de Maigret chez les flamands. le téléfilm fait l'impasse sur la crue, sur l'hiver (juin au lieu de janvier) ; une bien jolie et charmante Anna remplace son aller-ego romanesque ; on y parle d'Occupation et de Résistance alors que le livre fut écrit en 32 … En somme, les miracles des adaptations ciné sont de sortie ; mais l'essentiel est bien présent : une atmosphère lourde et pesante, des sourires contraints et de minces chuchotis prudents sur des lèvres à peine entrebâillées, des regards impénétrables et durs, apeurés ou haineux …. Et un coupable toujours aussi étonnamment mystérieux, avec qui Maigret va entretenir un duel voilé et trouble qui fait tout le charme du roman.

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C'est pour complaire à un cousin de Mme Maigret que son mari accepte de se rendre à Givet, à la frontière franco-belge, afin d'y enquêter, à titre officieux, sur la disparition de Germaine Piedboeuf, une jeune mère célibataire évanouie une nuit dans une nature humide, très sombre et peu sympathique, et qui, selon l'opinion publique majoritaire, aurait été assassinée par Joseph Peeters, jeune homme de bonne famille certes, étudiant en droit de surcroît mais qui présente pour beaucoup la tare d'être de souche flamande pure et dure. Les Peeters ont du bien, de l'éducation, un fils donc qui deviendra avocat, une fille (Maria) qui ne rêve que d'entrer chez les Ursulines, et une autre (Anna) dont on ne sait trop ce qu'elle fera mais qui, pour l'instant, est la perle de la maison. La preuve : c'est elle qui a eu l'idée de mettre Maigret dans le coup. Ajoutez à cela que le mariage de Joseph est déjà programmé avec une cousine elle aussi d'origine flamande, Marguerite van de Weert. le père de la future est médecin.

A côté de cela, et bien qu'ils soient Givetois pur-sang, que pèsent les Piedboeuf ? Rien. En tous cas pas grand chose. Germaine était légère mais s'entêtait à proclamer partout que le bébé, malheureusement un peu attardé, qui lui était né était le fils de Joseph Peeters. Et ce dernier devait avoir quelques bonnes raisons de se sentir responsable puisque ses parents versaient cent francs par mois pour l'entretien de l'enfant. Quelque années plus tôt, le frère de Germaine, Gérard, mettant à profit une excursion commune, avait eu une aventure d'un après-midi avec Anna Peeters mais là, heureusement, aucune naissance n'était survenue et tout était resté dans l'ombre. Cependant, si stagnant qu'il soit, un grief reste un grief ... le père Piedboeuf, homme d'intelligence médiocre ainsi que nous confie l'auteur, parle peu et travaille de nuit en tant que gardien d'usine. La mère, elle, n'est plus là. Bref, comme tout le monde peut le constater sous toutes les coutures, une famille simple, très simple ... une famille dont la simplicité besogneuse et un tantinet populacière déparerait celle, toute en retenue bourgeoise et bien-pensante, des Peeters.

Outre la traditionnelle barrière Flamands/Français, la réussite financière de Peeters Père, débarqué dans le pays sans grand chose sur le dos plus de vingt ans plus tôt, ne fait qu'aigrir une atmosphère déjà empoisonnée. Même les notables français, à commencer par l'inspecteur Machère, officiellement chargé de l'enquête sur ce qui se révèle bientôt un meurtre, le cadavre de Germaine étant finalement retrouvé dans la Meuse, ont l'air de la lui reprocher. On en arrive même à des raisonnements du style : "ILS ont tués Germaine parce qu'elle n'était qu'une simple petite dactylographe et qu'ils ne la trouvaient pas assez bien pour leur fils, sans oublier qu'elle était française ..." Tandis que, dans le camp adverse, ça ne tourne pas plus rond puisqu'on entend ad nauseam : "ILS nous accusent parce que nous, nous sommes travailleurs et nous avons de l'argent. Et puis parce qu'ils ne peuvent pas supporter que nous soyons flamands."

Un pied chez les Peeters où tantôt Anna, tantôt Marguerite, telles les jeunes filles si bien élevées du "Pot-Bouille" de Zola, égrènent au piano d'incroyables couplets sentimentaux, un pied dans le Gevet français où, du notaire jusqu'au dernier des mariniers, toute cette musique apparaît comme horriblement déplacée, Maigret est bien embarrassé. Et quand Maigret est embarrassé, il s'énerve. Il le sait bien : ici, c'est comme partout ailleurs. Et pas plus ces Flamands altiers et ces Wallons hostiles n'y pourront quoi que ce soit : certains mentent ou ne disent pas tout ce qu'ils savent. Et que ceux-là soient flamands ou français, le commissaire s'en fout royalement. Tous l'irritent prodigieusement ! Alors il s'enfonce, il s'immerge intégralement dans sa vieille méthode, celle qu'il a appris à cultiver avec Xavier Girard, du temps où tous deux poursuivaient la Bande à Bonnot : penser comme eux, victimes et assassins, agir comme eux, voir aussi loin - ou aussi myope - qu'eux.

Ca marche, bien sûr. Et le commissaire, soupirant et creusant les épaules, détourne un instant les yeux. Après tout, pourquoi ne pas laisser faire les choses ? ... Quelques années plus tard, la fin du roman, avec son cinglant raccourci cinématographique, prouvera à Maigret qu'il a eu amplement raison : mais tout cela, cette mort inepte surtout, pour un tel résultat ... Maigret hausse les épaules et reprend son chemin : d'autres cadavres l'attendent.

Une enquête officieuse et qui, par conséquent, donne au commissaire certaines "facilités" dont il n'aurait pu jouir au 36, Quai des Orfèvres. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? le cousin de Mme Maigret est content, c'est déjà ça. Pour les autres ... Ma foi, lisez "Chez Les Flamands" et venez nous donner votre avis : à l'heure qu'il est, nous avouons sans honte que ces Flamands pourtant hospitaliers nous ont laissé bien plus perplexes que les anciens "conjurés" du "Pendu de Saint-Pholien." ;o)
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Les Peteers sont des Flamands, tenanciers d'une épicerie bar au bord de la Meuse à Givet, dans le No Man's Land entre la douane française et la douane belge. Ils sont peu aimés de la population française, jugés « riches », trafiquants notoires, servant de l'alcool aux mariniers sur un petit comptoir aménagé dans l'épicerie.
Le fils Joseph étudie pour devenir avocat. Il doit épouser sa cousine Marguerite fille d'un oncle médecin, van de Weert.
Mais voilà, il a eu une aventure avec Germaine Piedboeuf la fille du veilleur de nuit de l'usine et lui a fait un enfant.
Très vite cette affaire prend des proportions de guerre entre Flamands et Wallons. Lorsque Germaine disparait, le fils Joseph est accusé de meurtre par tout Givet.
Maigret est appelé à la rescousse par un vague cousin de sa femme qui connait la soeur de Joseph, Anna Peteers.
Roman le plus politiquement incorrect de Simenon. Ecrit en 1932. Maigret y apparait coupé à la hache, n'ayant pas encore acquis la rondeur, la discrétion et la diplomatie du héros de Simenon.
Dans cette histoire, il intervient à titre officieux, se joue de l'inspecteur Machère officiellement en charge de l'enquête, provoque les protagonistes, notamment au Bar de la Mairie, s'incruste dans les réunions de famille des Peteers, se sert lui-même de genièvre, bourre sa pipe sans souci.
Pourtant, il parviendra, une fois de plus direz-vous, à déjouer tous les pronostics, s'attirant la confiance des Ursulines du couvent où une autre soeur de Joseph, Maria, est institutrice.
Il découvre la vérité mais ne la livre pas à Machère, conserve des preuves par devers lui, puis finalement les remet à Machère, décide de régler le sort de l'assassin de la pauvre Germaine à l'amiable, confirmant d'une certaine façon ce que pense de lui Gérard Piedboeuf le frère de la victime :
« - L'ami des Flamands…
- Tu comprends Ninie, quand tu seras riche, tu n'auras plus rien à craindre de la police. »
Un roman époustouflant par l'atmosphère lourde et confinée de Givet, la façon dont les personnages sont croqués par Simenon, la pluie battante tout au long du récit, le grondement de la Meuse, l'alcoolisme des mariniers, le désespoir de la famille Piedboeuf, la tenue de bon aloi des Peteers, chacune des deux étant sûre de son bon droit.
Un document de référence sur la société de l'entre-deux guerres. A lire.

Lien : https://camalonga.wordpress...
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Par un concours de circonstances, Maigret est amené à Givet, non pour réellement enquêter, mais pour prouver l'innocence de la famille Peeters, ou plus précisément, de Joseph Peeters. Première difficulté : Maigret n'est pas officiellement chargé de l'enquête, il n'est qu'un "consultant", comme on dirait de nos jours. Il le fait par amitié pour le cousin de sa femme, l'inspecteur Machère reste seul en charge du dossier. Deuxième difficulté : il n'y a pas d'affaire, à proprement parler. Germaine Piedboeuf a disparu. Il serait pratique de croire que cette jeune ouvrière, tuberculeuse de surcroit, ait suivi un galant et ait choisi de ne plus donner signe de vie. Ce serait déjà à peine crédible si elle n'avait un petit garçon de trois ans, fils de Joseph Peeters. Il ne reste que deux hypothèses : soit elle est séquestrée (dans quel but ?) soit elle a été tuée.
Lire une enquête du commissaire Maigret revient à prendre le temps de découvrir le milieu dans lequel le crime a eu lieu. Givet est une petite ville à la frontière belge, qui vit essentiellement grâce aux mariniers qui s'y arrêtent, passage obligé avant la frontière, et les Peeters, les "flamands" sont unanimement détestés. Parce qu'ils sont riches. Parce que leur clientèle est presque exclusivement composée de mariniers flamands, qui préfèrent s'approvisionner chez eux, dans un bistrot qui leur rappelle la Flandre, plutôt que d'aller dans un estaminet français. Parce que Maria, la fille aînée, est régente chez les Ursulines de Namur, l'aristocratie enseignante. Parce qu'ils veulent faire de leur fils Joseph un avocat, il poursuit scrupuleusement ses études à Nancy. Parce qu'il circule des rumeurs sur la cause de leur richesse, contrebande et marché noir pendant la seconde guerre mondiale. Parce que Joseph devait épouser la fille unique d'un médecin et qu'il était hors de question pour sa famille de le voir épouser une petite ouvrière poitrinaire, qu'ils ont tout fait pour discréditer à ses yeux. Ce n'était pas très difficile, puisque Joseph n'a jamais eu l'intention d'épouser Germaine. Il se contente de laisser sa famille payer pension pour le petit Jojo.
Le corps de Germaine est finalement retrouvé. le rapport d'autopsie n'est pas beau à lire. Maigret ne l'épargne pas au Peeters. Il attend. Une réaction. Il sait qu'il ne peut rien prouver - il sait aussi que l'inspecteur Machère accrédite le suspect qu'on lui a livré en patûre (suspect qui prendra opinément la fuite et qui ne sera jamais retrouvé). Il attend. Que le coupable craque. Pour se faire, il faudrait que le monde idéal dans lequel il vit se fissure. Dans le monde idéal de la famille Peeters, j'appelle Joseph, le fils. Ni très beau, ni très intelligent, il suscite pourtant l'amour passionné de sa vaporeuse cousine Marguerite, créature à la naïveté presque trop grande pour être honnête, trop amoureuse pour ne pas teinter de romantisme le moindre geste de son Joseph. Dans sa famille, il a pris la place du père, ancien vannier. L'octogénaire n'est guère qu'un meuble qu'on déplace de temps à autre. Il suscite la dévotion de sa mère, de sa soeur Maria et surtout, celle d'Anna - l'attachement envers son frère est à la limite de l'inceste. Ces cinq femmes sont-elles capables de tuer pour lui ? Je ne vous donnerai pas la réponse. Sachez seulement que la sauvagerie du crime (Germaine a été tuée à coup de marteau) n'a rien à envier à nos romans policiers modernes et que si la coupable ne sera jamais jugée (à ce stade de mon billet, je peux désormais employer le féminin), ce à quoi elle assistera, une année seulement après la clôture de l'affaire sera sans doute le pire des châitments.
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L'action se passe à Givet, aux frontières de la Belgique.

Le lent balancement des péniches sur la Meuse,

Le temps est gris, le brouillard est là et des averses ponctuent chaque jour passées à rechercher des indices pour clore cette affaire de famille,

Maigret est calme, posé, hors de tout mais l'oeil aguerri à déceler les failles de chacun,

C'est tranquille et tout coule comme la Meuse dans ces Ardennes où les wallons sont en conflits avec les Flamands.

Un grand moment de lecture, il y avait bien longtemps que je ne m'étais plongée dans un Simenon.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... - "Des nouvelles de qui ?

- De Germaine Piedboeuf.

- Morte ?

- Tout ce qu'il y a de plus morte !"

[L'inspecteur] Machère affirmait cela avec ravissement tout en tirant de sa poche une lettre qui avait quatre pages grand format et qui était ornée au surplus de papillons administratifs.

- "Transmis par le Parquet de Huy au ministère de l'Intérieur, à Bruxelles.

Transmis par la Sûreté générale à la Brigade mobile de Nancy.

Transmis à l'inspecteur Machère, à Givet ...

- Abrège, veux-tu ?

- Eh ! bien, en deux mots, on l'a retirée de la Meuse à Huy, c'est-à-dire à une centaine de kilomètres d'ici. Il y a de cela cinq jours ... On n'a pas pensé tout de suite à la demande d'information que j'avais lancée à la police belge ... Mais je vais vous lire ...

- On peut entrer ?"

C'était la femme de chambre avec le café et les croissants. Quand elle eut disparu, Machère reprit :

- "Ce vingt-six janvier mil-neuf-cent ...

- Non, vieux ! Dis tout de suite ce qu'il en est ...

- Eh ! bien, il paraît à peu près certain qu'elle a été assassinée. Ce n'est plus seulement une certitude morale. C'est une certitude matérielle. Ecoutez :

Le corps, autant qu'on en puisse juger, a dû séjourner dans l'eau pendant trois semaines à un mois ... Son état de ...

- En bref !" grogna Maigret qui mangeait.

- " ... décomposition ...

- Je sais ! Les conclusions ! Et surtout pas de description !

- Il y en a une page entière ...

- De quoi ?

- De description ... Enfin, puisque vous ne voulez pas ... Ce n'est pas absolument affirmatif ... Pourtant une chose est certaine : c'est que Germaine Piedboeuf était morte longtemps avant d'être immergée ... Le docteur dit : deux ou trois jours avant ..." ... [...]
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Elle était plus flamande que sa fille et elle gardait un léger accent. Pourtant elle avait des traits fins et ses cheveux d'un blanc surprenant n'étaient pas sans lui donner une certaine noblesse. Elle s'assit au bord de sa chaise, en femme habituée à être dérangée.
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C'était un envoûtement que le rythme de vie de cette maison. Le genièvre mettait une chaleur sourde sous le crâne de Maigret. Il percevait les moindres petits bruits, les craquements du fauteuil, le ronflement du vieux, les gouttes de pluie sur un appui de fenêtre...
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[...] ... Ce n'était pas une solliciteuse banale. Elle ne baissait pas les yeux. Sa contenance était sans humilité. Elle parlait net et regardait droit devant elle, comme pour réclamer son dû.

- "Si vous n'acceptez pas de vous occuper de nous, nous sommes perdus, mes parents et moi, et ce sera la plus odieuse erreur judiciaire ..."

Maigret avait pris quelques notes résumant son récit. Une histoire de famille assez embrouillée.

Les Peeters qui tenaient une épicerie à la frontière belge ... Trois enfants : Anna, qui les aidait dans leur commerce, Maria, qui était institutrice, et Joseph, étudiant en droit à Nancy ...

Joseph avait eu un enfant d'une jeune fille du pays ... L'enfant avait trois ans ... Or la jeune fille avait soudain disparu et on accusait les Peeters de l'avoir tuée ou de la séquestrer ...

Maigret n'avait pas à se mêler de cela. Un collègue de Nancy était sur l'affaire. Il lui avait télégraphié et en avait reçu une réponse catégorique :

Peeters archi-coupables. Stop. Arrestation prochaine.

Cela l'avait décidé. Il était arrivé à Givet, sans aucune mission, sans titre officiel. Et, dès la gare, il tombait sous la tutelle de cette Anna, qu'il ne se lassait pas d'observer. ... [...]
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C'était un envoûtement que le rythme de vie de cette maison. Le genièvre mettait une chaleur sourde sous le crâne de Maigret.
Il percevait les moindres petits bruits, les craquements du fauteuil, le ronflement du vieux, les gouttes de pluie sur un appui de fenêtre ...
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"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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