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EAN : 9782253142843
192 pages
Le Livre de Poche (15/11/2000)
3.78/5   57 notes
Résumé :
La fugue, la délinquance, le meurtre : en quelques jours, pour une amourette avec une fille de son âge, Ben Galloway, à seize ans, a commis l'irréparable. C'est dans la prison d'Indianapolis que son père, Dave, modeste horloger d'un village de l'Etat de New York, le retrouve. Mais le garçon se mure dans un silence hostile que n'entameront ni le procès, ni la condamnation à la prison perpétuelle. Comment ce fils qu'il a élevé seul a-t-il pu devenir à ce point un étra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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«L'horloger d'Everton» est un trésor de plus émanant de la longue bibliographie de George Simenon . C'est un roman qui livre pudiquement les impressions d'un père plongé dans un terrible drame familial. En effet, son fils de seize ans devient meurtrier le jours ou il s'enfuit avec la fille des voisins. Il connaît alors l'angoisse lors de la cavale de ces Bonnie and Clyde en herbe, l'attente et l'appréhension sur l'issue du jugement lors du procès qui suivra son arrestation. Il montre aussi la difficulté de communiquer entre ces deux êtres qui s'aiment mais qui ne savent pas se le dire. Il n'y a rien de manichéen dans ce roman, pas de dénonciation sur le soi disant laissé allé de l'éducation moderne mais des sentiments pudiques, du respect, de la gentillesse même de la part des forces de l'ordre envers ce père bouleversé. C'est un livre qui nous pousse à nous interroger. Connaissons nous vraiment nos enfants ? avons nous vraiment conscience du raz de marée émotionnel qu'est pour eux l'adolescence ? bien sur, tous ne deviennent pas des criminels, mais c'est si difficile pour des parents de les voir autrement que comme les petits enfants qu'ils ont été. Et si ce livre pouvait nous permettre de nous tourner vers nos adolescents pour leur dire qu'on les aime, qu'on sait ce qui leur arrive et qu'on les comprend, il aurait déjà largement rempli sa mission. Qu'on soit parent ou non, il faudra lire ce livre touchant...
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D'abord, ne pas lire le résumé qui précède, puisqu'il révèle tout.
Galloway, horloger dans une petite ville de l'Etat de New York, vit seul avec son fils de 16 ans, depuis que sa femme les a quittés. Un jour, son fils le quitte à son tour pour faire des bêtises, et Galloway va devoir affronter la police et les journalistes. Mais pas qu'eux...
C'est une non-histoire que nous raconte Simenon, et pourtant, elle nous tient en haleine. Pourquoi le gamin a-t'il fui ? Qu'a-t'il voulu fuir ? Dans ce récit introspectif, Galloway se remet en question et, mieux que personne, Simenon décrit ce qui se passe dans la tête d'un homme frappé par l'inertie, mais néanmoins capable de révolte (à sa façon).
J'ai beaucoup aimé le cadre de ce roman, cette Amérique proprette des années '50 où tout n'est qu'apparence. J'ai ressenti cette fascination européenne pour l'American way of life, notamment dans la façon dont Simenon parsème son texte de mots anglais au charme désormais désuet. Mais je suis restée sur ma faim, j'avais sans doute trop envie de secouer ces bonshommes incapables de communiquer entre eux.
Ah là là ! Tout est toujours tellement compliqué avec les hommes !
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"L'horloger d'Everton" (1954) est l'un des 132 "romans durs" de Georges Simenon définis, selon l'auteur lui-même, comme l'ensemble des titres, sous sa plume, sans la présence de Maigret. Il y peint, sans concession et au plus près des âmes, "l'homme nu et seul au monde" (dixit). Littérature générale bon teint, si ce n'est qu'en leitmotivs récurrents rôdent souvent la justice aux aguets, les enquêteurs opiniâtres, la pègre ... et tous les autres ingrédients du roman policier.

"L'horloger d'Everton": 100 pages à peine en "Omnibus - Tout Simenon n°7" (réédition de 1989) pour tailler le portrait complexe, attachant et plein d'empathie, d'un homme perdu à la recherche de lui-même, des siens et de ceux en arrière plan d'un monde, celui des "autres", dont il ne possède plus ni les clefs de compréhension ni d'insertion.

Le roman se termine par ces mots: "Shadow Rock Farm, Lakeville (Connecticut), le 24 mars 1954", qui sans spoiler le drame qui vient de se refermer, font remonter le manuscrit à la période américaine de l'auteur. Simenon, carte verte en main, abandonne les quartiers parisiens aux rues bourdonnantes, les petits muscadets engloutis à la va-vite aux comptoirs des bistrots; l'ailleurs provincial s'efface: celui des petits ports de pêche, des canaux aux écluses étroites, des bourgades isolées, taiseuses et repliées sur leurs secrets de bourgeoisie recluse. L'auteur laisse derrière lui la pluie, le froid, la canicule, la brume rampante, le poêle rougeoyant, la fenêtre d'hôtel ouverte sur l'été campagnard. L'action prend place aux States et le lecteur y perd cette France que savait si bien décrire et faire vivre Simenon, au profit d'horizons nouveaux que l'auteur peine à imposer car, sans doute, les vivant moins intensément et en approche trop récente. N'empêche, les hommes sont toujours les mêmes des deux côtés de l'Atlantique et Simenon, avec ses nouveaux voisins d'outre océan à disséquer, garde tout son talent d'évocation. Bertrand Tavernier, en 1974, avec son adaptation ciné du présent roman donne au Vieux Lyon et au quartier de la Croix-Rousse un cadre plus évocateur de l'univers typique de l'auteur.

Everton, petite bourgade semi rurale de l'état de New-York, durant les années 50's.
Dave Galloway, la quarantaine, est un horloger consciencieux et courtois, bien inséré dans sa paisible communauté. C'est un homme calme, un brin solitaire et introverti qui, dans sa vie, n'a commis qu'une erreur: celle d'épouser par provocation, trop jeune et immature, une femme qui n'était pas fait pour lui, un rien volage et supportant mal la monotonie du quotidien matrimonial. Il a 26 ans quand naît Ben, son fils qui restera unique. Son épouse le quitte et lui abandonne l'enfant lorsqu'il a 6 mois. Le père ne se remariera jamais et désormais élève son rejeton seul et du mieux qu'il peut.
Ben a seize ans à peine, quand s'entichant d'une jeune fille de son age, il entame en sa compagnie un court road trip meurtrier, dans l’intention de gagner un autre état où la législation permettra au jeune couple de se marier. Le périple tourne court et les fuyards sont livrés à la justice.
Le père, par devoir et amour paternel, est jusqu’au-boutisme désireux de tirer son fils de ce faux pas; il va se heurter à l'incommunicabilité soudaine née entre son enfant et lui, deux êtres qui jusqu'à présent faisaient corps face à l'adversité.

La suite appartient au récit....

Les rapports entre les deux hommes, subitement inexistants, le fils niant la présence du père, sont le centre du propos de Simenon. La situation, vue du côté du père, presque en un "je narratif" introspectif, laisse dans l'ombre les raisons du fils. Il faudra attendre l'épilogue pour les entrevoir.
L'auteur nous guide au coeur d'un système policier et judiciaire complexe que le père ne comprend pas vraiment, n'admet pas appliqué à son enfant, ne parvient pas à manipuler à sa guise.
Dave Galloway louvoie de policiers procéduriers peu enclins à la compassion en districts attorneys inflexibles, en passant par un avocat trop gourmand, directif et évasif.

Et, ce regard d'adolescent derrière la barre des accusés, désormais replié sur lui même, sans cesse fuyant les yeux du père, sans qu'aucune connivence ni affection ne transpire. L'enfant a dressé un mur et rien, apparemment, ne peut le franchir. L'explication viendra, mais si fragile et de si peu d'espoi.
... Simenon noir ne se refait pas.
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Ce livre fait partie des livres « durs »de Simenon et c'est un diamant brut.
Dave Galloway, 43 ans s'est installé à Everton, il y a un peu plus de quinze ans.
Il est horloger et a élevé son fils, seul.
Il mène une vie plutôt routinière, la journée il travaille dans son magasin-atelier, le soir il dîne en principe avec son fils. le samedi soir il va chez son ami Musak, ils jouent au jacquet, l'été chacun dans un rocking-chair sur dans la véranda d'où ils peuvent voir et entendre le match de baseball hebdomadaire, et boivent du Rye.
Ce samedi-là, au moment de se quitter Musak demande :
 « Toujours content de votre fils ?
 Très content.
 C'est sans doute un brave garçon, prononça Musak.
Pourquoi disait-il cela avec l'air de conclure un débat, de mettre un point final à la conversation ?
Qu'est-ce que cette phrase signifiait au juste ?
Peut-être Dave Galloway était-il trop sourcilleux quand il s'agissait de Ben ? »
Sur ces dernières paroles, Dave Galloway rentre chez lui. Ben n'est pas rentré.
C'était déjà arrivé deux fois, la première la voiture de son copain était tombée en panne, la deuxième fois Ben avait pris sa première « cuite ».
Mais là, l'appartement lui parait différent, il en fait le tour, cherche un mot de son fils, rien. Ben a pris sa valise et ses affaires. Pourquoi ? Dave Galloway va passer une nuit blanche, les parents Hawkings viennent le voir, le père est alcoolique, de nombreux enfants, il les connait sans les connaitre, comme tous ses voisins d'ailleurs. Des relations de bon voisinage, de politesse, sans plus. Madame Hawkings lui apprend que Ben est parti avec sa fille Lillian, 15 ans et demi.
Il ne savait pas que son fils était amoureux, il n'avait rien vu.
Au petit matin, c'est la police qui se présente, Ben est accusé de meurtre, il a tué un homme et lui a volé son Oldsmobile bleue et ils sont en fuite.
Simenon, dès la première ligne a installé une atmosphère délétère dans une vie routinière de cet homme paisible élevant son fils.
Les voisins ne se manifestent pas, pas d'opprobre ni de manifestations de sympathie. le lecteur pourrait croire qu'il ne s'est rien passé. Seul Musak est présent, sans jugement, juste dans l'accompagnement.
La vie de cet homme a volé en éclats, tout son corps est en éveil mais son cerveau est dans du coton. La police, les journalistes l'envahissent et il ne pense qu'à son fils, comment lui dire qu'il l'aime malgré tout, qu'il est et restera là pour lui.
« Ils ne faisaient pas de grandes phrases. Il ne s'épanchait pas facilement. Mais Dave, qui avait passé seize ans de sa vie à l'épier, ne le connaissait-il pas mieux que quiconque ? »
L'inspecteur qui gère le dossier, s'identifie à ce père et se dit que lui non plus comme beaucoup de parents, ne connait pas vraiment ses enfants. Cela donne une relation infiniment humaine.
« Je crains bien M. Galloway, que tous, autant que nous sommes, soyons les derniers à connaître nos enfants.
Il prendra le meilleur avocat de la région pour défendre son fils.
La situation lui échappe, il sera comme une balle de ping- pong pour les divers intervenants, mais surtout il va devoir affronter le fait que son fils ne veut pas le voir ni lui parler.
Le procès aura lieu, sans qu'il puisse accrocher le regard de ce dernier.
Le génie de Simenon, c'est cette analyse toute en finesse et profondeur, des gens ordinaires.
C'est la remontée, dans l'esprit de Dave Galloway, des origines de l'histoire qui nous permet de comprendre pourquoi cet homme voue un amour indéfectible à son fils.
C'est un livre poignant, sans pathos, des situations et des mots justes pour nous raconter une histoire pas si simple qu'elle le parait.
Si le film L'horloger De Saint-Paul avec Philippe Noiret dans le rôle du père et Jean Rochefort dans celui de l'inspecteur est fort sympathique, il n'a pas su prendre la substantifique moëlle de ce roman et c'est vraiment dommage.
Simenon savait écrire des livres très durs avec des petits riens, personne ne sait plus faire cela.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 décembre 2017.
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Quand je suis en panne de lecture, je prends dans ma pile à lire un roman dur de Georges Simenon. Je n'ai jamais de déceptions, au contraire, lire un roman dur de Simenon c'est comme boire du petit lait. L'écrivain belge le plus célèbre en a écrit 117 et l'ensemble présente une certaine homogénéité. Mais quand même, certains romans sortent du lot et d'ailleurs nombre d'entre eux sont dans la Pléiade. C'est le cas de l'Horloger d'Everton, un grand cru.

Qu'est-ce qui fait la particularité de ce roman parmi les autres de Simenon ? Quand l'écrivain, habitué à dresser le portrait psychologique de personnages ordinaires, y ajoute un lien fort d'amour entre deux êtres. Ici l'amour d'un père pour son fils. Ce fils que Dave Galloway – horloger dans la petite ville américaine d'Everton – a élevé seul et protégé. Ce fils devenu adolescent et dont les actes et la conduite « irrationnels » vont faire basculer sa propre vie et celle de son père, impuissant et dans l'incompréhension.

En fin limier de l'âme humaine, Simenon a le talent pour raconter des parcours de vie d'êtres solitaires, à la marge, incompris ; des personnages en quête d'eux-mêmes qui, un jour, vont oser se révolter contre la fatalité et faire ce qu'il leur est vital pour se délivrer de leur condition.

En plus de savoir faire monter son récit en tension, tenant le lecteur en haleine jusqu'à « la révélation du secret », Simenon apporte la description touchante d'un père aimant. le dénouement est particulièrement émouvant.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Souvent, dans son appartement, dans son magasin, et même dans la rue, Dave parlait à mi-voix à son père et à son fils qui l’accompagnaient partout. Bientôt, il parlerait à son petit-fils aussi pour lui révéler le secret des hommes. »
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« Jamais, depuis, il n’avait si bien senti sa propre vie et celle de l’univers se mélanger, son cœur battre au même rythme que la terre, que les herbes qui l’entouraient, que le feuillage des arbres qui bruissaient au-dessus de sa tête. Son pouls devenait le pouls du monde et il était attentif à tout, aux mouvements des sauterelles, à la fraîcheur de la terre qui lui pénétrait dans le dos et aux rayons du soleil qui lui cuisaient la peau […] »
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« Ce que Dave cherchait dans son regard alors que Ben était encore un enfant, c’était peut-être une trace, un signe de cette révolte-là. Il en avait peur, à cette époque. Il aurait presque souhaité que son fils soit de l’autre race.
Mais Ben avait bien leur regard, à son père et à lui, à tous les autres qui leur ressemblaient. Certains pouvaient empêcher leur révolte de jaillir à la surface pendant toute leur existence. Chez d’autres, elle éclate. »
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Jusque minuit, voire jusqu'à une heure du matin, il suivit la routine de tous les soirs, ou plus exactement des samedis, qui étaient un peu différents des autres jours. Aurait-il vécu cette soirée-là autrement, ou se serait-il efforcé de la savourer davantage, s'il avait prévu que c'était sa dernière soirée d'homme heureux
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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