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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 7 sur 103
EAN : 9782253142485
192 pages
Le Livre de Poche (14/01/2004)
3.68/5   158 notes
Résumé :
Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l’interrogatoire de Carl Andersen. On avait vu tour à tour, par les fenêtres sans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d’assaut, à l’heure de midi, les crémeries de la place Saint-Michel, puis l’animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l’apéritif… La Seine s’é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Très bon roman noir de notre ami Georges, comme à son habitude, qui plus est se déroule en région parisienne ! La différence : les "méchants" cette fois-ci sont bien plus nombreux et organisés que d'habitude... Je n'en dis pas plus !
Pendant ma lecture je me suis régalée à imaginer Maigret sous les traits de Gabin, et pourtant, surprise ! Cette fois-ci notre commissaire a pris les traits sur grand écran d'un autre acteur : Pierre Renoir.
🎥 le film, réalisé en 1932 par son illustre frère Jean, passe sur Ciné+ Classic le 15/04/21 (et dispo en replay) ! C'est la surprise d'un très vieux film, on entend même le bruit de la caméra tourner !
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Hier, nous parlions d'atmosphère avec Elisabeth, au sujet du "Chien Jaune." Eh ! bien, cette atmosphère justement, elle m'a beaucoup plus frappée justement dans "La Nuit du Carrefour." C'est une ambiance qui vous prend à la gorge dès la vision de ces trois maisons - dont une pourvue d'un poste à essence - qui ont l'air de se suspecter l'une l'autre du pire au fameux carrefour dont parle le titre. le jour encore, cela va assez bien. Mais la nuit ... Tout est sombre, voire carrément noir, avec des brumes qui montent on ne sait d'où. Deux ou trois lumières, derrière leurs abat-jour, se battent en duel en fonction des heures de coucher des habitants. Jusqu'à ce qu'elles finissent toutes par s'éteindre sauf la loupiote de veille au poste d'essence. Et bien sûr, il faut imaginer la scène en hiver, quand la nuit tombe vite et ferme et quand l'aurore tarde à se montrer, lorsqu'elle ne paraît pas endeuillée dès le matin par une pluie fine et blasée.

Trois maisons. Trois "ménages." Enfin, peut-on parler de "ménage" au sujet du couple de Suédois, le frère et la soeur, qui s'est installé dans ce que l'on s'entête, dans le pays, à nommer "la Maison des Trois Veuves" ? Lui est grand, mince, d'excellentes manières, avec un oeil de verre qu'il dissimule sous un monocle noir. Elle a tout d'une longue plante, mi-vamp, mi-jeune fille de bonne famille, qui s'avoue extrêmement peureuse de tout et de tous et, entre deux bouffées de cigarette orientale, s'abandonne à des monologues éloquents et nostalgiques sur le "château" et le "parc" de son enfance, là-bas, aux confins de la Mer du Nord ... Sur le plan financier, ils doivent connaître certains problèmes et ne dissimulent d'ailleurs pas que le loyer peu élevé pratiqué par le propriétaire de la "Maison des Trois Veuves" est l'une des raisons - la première étant la solitude du coin - qui les a poussés à s'y établir. En fait, les trois veuves en question, qui appartenaient toutes à la même famille, ont été retrouvées un beau matin, raides mortes, deux d'entre elles ayant été plus que probablement empoisonnées par la troisième. Une histoire bien lugubre mais il n'y a pas de fantômes : c'est déjà ça.

Dans le pavillon d'en face, un agent d'assurances et sa femme. Lui est petit, lourdaud, un rien obtus et elle, la pauvre, malgré tous ses défauts, elle l'aime et est prête à tout pour lui. L'Amour a de ces bizarreries que la Raison ne pourra jamais expliquer. L'agent d'assurances est tout faraud parce qu'il vient tout juste de s'offrir la voiture dont il rêvait depuis au moins dix ans. On comprendra dont qu'il la trouve mauvaise lorsque sa nouvelle acquisition, par on ne sait quel étonnant tour de passe-passe, quitte son garage pour s'en aller passer la nuit dans celui du Danois. Et non seulement il fugue, cet étrange véhicule, mais en plus, il trouve le moyen de se laisser découvrir avec, à son volant, un courtier en diamants d'origine israélite, venu négocier dans la région et dont le casier judiciaire, il faut bien l'admettre, pourrait être plus net. Avec ça, du sang partout, sur les beaux coussins flambant neufs de la rutilante petite merveille automobile.

C'est d'ailleurs la découverte du corps dans la voiture de l'agent d'assurance ET de ladite voiture dans le garage du Danois qui provoque l'entrée en scène de Maigret, prêt à enquêter sur cet étrange ballet mécanique qui n'a pu, à coup sûr, se dérouler que dans la nuit. Et pourtant, personne - absolument personne - n'a rien vu, n'a rien entendu et ne s'explique rien du tout.

Le troisième larron, le jovial garagiste qui possède le dernier pavillon et le poste d'essence, se montre le plus affable et le plus bavard. Oh ! des choses, il en a, à dire. Combien de fois ne cherche-t-il pas à attirer le commissaire dans sa cuisine pour discuter de tout ça devant une bonne bouteille ? ... Nous ne saurions le préciser mais Maigret finit par céder. Après tout, sa méthode ne consiste-t-elle pas comprendre l'affaire qui se pose à lui avant tout de l'intérieur ? Et comme le garagiste connaît tout - à ce qu'il assure - sur ses voisins, qu'il méprise les uns autant que les autres ...

Tout va bien son chemin jusqu'au moment où la vérité entreprend d'ôter ses voiles. C'est là que la merveilleuse ambiance instaurée par Simenon se craquèle peu à peu, avec une héroïne qui se révèle en fait ni plus ni moins qu'une garce professionnelle. le jour hélas ! le jour terrible de l'Explication finale, s'est levé sur l'extraordinaire décor de ce carrefour où l'on s'épiait les uns les autres avec tant d'ardeur : et cela déçoit. Enfin, personnellement, j'ai été déçue. Un peu comme quand je fais un rêve qui me plaît et qu'un bruit extérieur vient en rompre l'harmonie. J'ai cru - peut-être à tort - percevoir, entre les deux parties de l'ouvrage, une rupture dans le ton qui nuit à l'ensemble.

Ce qui ne veut pas dire, bien au contraire, que l'intrigue ne passionne pas même si, à peu près au milieu du roman, le lecteur se met à entrevoir la solution de l'énigme. Donc, un nouveau Simenon à lire, si vous ne l'avez déjà fait. Et puis, cette fiche n'exprime qu'un avis personnel, rappelez-vous. N'hésitez donc pas à nous donner le vôtre.;o)
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« La nuit du carrefour » décrit une enquête policière mouvementée qui, pour l'essentiel, est extra-parisienne. Au 36 Quai des Orfèvres, une garde à vue tourne court, grâce à la résilience inhabituelle d'un suspect. Carl Andersen est relâché faute de preuves. le meurtre d'un diamantaire anversois par arme à feu attendra son coupable, le cadavre a été découvert dans son garage, dans une voiture qui appartient à son voisin. le dénouement de l'affaire se jouera à court terme mais ailleurs, en Essonne. le roman suit un déroulé d'intrigue très majoritairement campagnard. Trois longues nuits durant (d'où le titre) la traque d'un meurtrier… entre chien et loup jusqu'aux pales heures de l'aube, jusqu'au dernier matin, maussade et triste, celui définitif (ou presque) des aveux …. Coups de feu au ras des labours, meurtres, bagarres, courses-poursuite, cadavre échangé, suspect(s) traqué(s) comme autant d'ombres perdues au sein d'un brouillard laiteux. Une galerie de personnages contrastés … et ambigus. En somme, un petit bout de « mauvais genres », presque de roman noir US, qui flirte avec la littérature générale (comme d'habitude chez Simenon).

« La nuit du carrefour » est un des Maigret les plus connus (le 7ème paru, en 1931, achevé d'écrire à la Ferté-Alais en Essonne), l'un des plus adaptés aussi pour le cinéma et la télévision. Dans le rôle du commissaire, on trouve successivement : Pierre Renoir (réalisateur, Jean Renoir), Jean Richard (deux fois), Bruno Cremer, l'inattendu et à contre-emploi Rowan Atkinson).

Avril en Essonne. Paris est à quelques dizaines de kilomètres. le Carrefour des Trois-Veuves est un lieu-dit de rase-campagne à peine sorti de l'hiver ; il se montre tel qu'on pourrait l'entrevoir d'un train de nuit filant sur une plaine endormie, une vision presque subliminale. Une maison (les Michonnet), une autre (les Andersen), un garage automobile (Oscar et sa femme) et c'est tout. Un clocher au loin, égrenant lugubrement les heures nocturnes. Des aboiements, des frémissements dans les fourrés et les arbres dénudés. Météo maussade, gelées matinales et soleils du loup crépusculaires. Nuits froides et profondes, figées dans un brouillard rampant. Une atmosphère, en somme, comparable à celle du « Chien des Baskerville »). Un hameau comme sorti de nulle-part, isolé sur la longue ligne droite d'une route nationale très fréquentée entre Arpajon et Avrainville. Un incessant défilé de véhicules divers d'un bout d'horizon à l'autre, au rythme des plein-phares hystériques et des codes prudents, des points rouges de feux arrière s'éloignent à l'opposé ; entre les deux de longues pétarades moteurs augmentant puis décroissant au fur et à mesure qu'ils s'approchent puis s'éloignent, un souffle au passage devant Maigret, coups de klaxons, insultes … Des automobiles, des camions, des charrettes allant ou revenant des Halles parisiennes, des voitures faisant le plein à la pompe.

Des mots-images, à la Simenon, comme autant de clichés inspirés, tels ces photos des années 30, en noir et blanc, en gris tristesse, en gris hiver, habillés d'haleines givrées et de cols de pardessus rabattus sous la pluie. La lecture se peuple d'éclats de chiches lumières sur l'écran sombre de la nuit. J'aime.

L'impression générale est celle d'un huis-clos étouffant et glacial où s'agitent des hommes et des femmes qui, on le pressent, ne sont pas ce qu'ils paraissent être.

Un garagiste, Oscar, la trentaine, gouailleur et bluffeur, grande gueule, au passé incertain. Son épouse. Ses mécanos, qui, jour et nuit …

Un assureur, Emile Michonnet, et sa femme ; procéduriers et volontiers dénonciateurs ; un couple aux aguets de chacun derrière leurs fenêtres … Des choses à dire, toujours et encore.

Un jeune aristocrate danois, Carl Andersen, décorateur, en rupture familiale, fauché comme pas deux, en exil campagnard à moindre frais ; une grande demeure en location, délabrée, presque insalubre, un mobilier défraichi et moisi, de chiches lumières de rares lampes à pétrole au lieu d'ampoules électriques ; un homme hautain et décalé, oeil de verre et monocle associé. Il a résisté à la garde à vue inaugurale, ce qui attise la curiosité de Maigret.

Sa soeur Else, typée roman noir US des années 30's US ; une vamp sur son divan, en robe de velours moulante, telle ces unes de couverture en noir et blanc de la revue Ciné-Monde de l'époque ; une femme semble t'il inatteignable, un astre lointain, fatale, apparemment inconsciente du sex-appeal dans son sillage. Une femme pour laquelle se damner. En outre, du prestige, de la classe, langueur de gestes ronds et lents, sensualité de tout son être. Mais aussi, à l'opposé, un artéfact citadin, perdu en rase campagne entre vie austère, quasi monacale et son frère qui l'enferme chaque soir ... Maigret est troublé face à un bout de sein qui dépasse de l'entrebâillement d'une robe moulante. Else, déphasée mais attirante, face à un passé de luxe qui s'est enfui via les erreurs de jadis ; une femme face à une lente décrépitude des choses et des êtres autour d'elle.
Lequel des six du côté de la gâchette du révolver ?

Maigret enquête … la suite appartient au roman…

Le background de départ : un meurtre par arme à feu, trois maisons, six suspects. D'emblée s'impose l'impression trompeuse, car réductrice, de participer à une partie de Cluedo. L'intérêt n'est pas là, dans ces coups de dés successifs sur le plateau de jeu mais dans cette atmosphère de nuit, humide et froide, mystérieuse et incertaine, comme sur la lande des Baskerville, dans l'étude pointue de personnalités troubles et attirantes. le décor pèse de sa nuit noire sur tout le roman, de ses champs boueux et lourds, d'un épais brouillard impénétrable, d'un isolement campagnard où le mauvais voisinage prospère.

Ne pas s'y tromper quand même … et si tout ce petit monde comme dans un Agatha Christie célèbre …

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On retrouve Maigret dans une nouvelle enquête, et comme, à l'accoutumée, on y prend plaisir ! La nuit du carrefour nous entraîne en effet dans un carrefour, bien sûr entouré de maisons mais où il ne se passe presque rien la journée mais la nuit.... Il y a comme un réveil de fantômes au point qu'on ne se doute pas d'une certaine activité malsaine dans ce dit carrefour...
Trois maisons sont en ligne de mire dans ce carrefour. Il y a un suédois vivant avec sa soeur, puis un couple dont le mari est assureur et la troisième maison est habitée par un garagiste bavard comme une commère. Une méfiance règne entre les trois maisons mais quand la voiture de monsieur l'assureur, nouvellement achetée est retrouvée chez les voisins avec un cadavre, c'est alors que Maigret arrive, de fil en aiguille, il décrypte les secrets des uns et des autres dans ce carrefour...
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Le poêle ronfle dans le bureau de Maigret. Dehors, la vie parisienne s'écoule au fil des ces dix-sept heures d'interrogatoire interminable que Maigret et son collègue Lucas font subir au Danois Carl Andersen.
Alors que la brume sur la Seine se lève et laisse place au petit jour, le suspect est libéré. Un homme qui irrite et surprend le commissaire par sa capacité à garder toute sa distinction malgré cet interrogatoire éprouvant.
Ce Danois vit avec sa soeur, au carrefour des Trois-Veuves. La voiture de son voisin, avec sur un des ses sièges le cadavre d'un diamantaire d'Anvers, a été retrouvée dans son propre garage. Seules trois maisons se dressent aux abords de ce carrefour : une villa d'où une femme épie derrière les rideaux, un garage qui semble plutôt louche et la maison louée par le Danois, sombre, désordonnée et à l'atmosphère lourde.

Une ambiance étrange, une atmosphère trouble, dense.

De nombreux coups de feu fusent dans cette affaire qui excède et bouscule la placidité légendaire de Maigret. Des personnages énigmatiques que le commissaire tente de percer à jour. Une jeune Else, à l'attitude théâtrale, sensuelle, troublante.
Maigret en casse même le tuyau de sa pipe tellement le danger rode et l'excède.

Une très bonne intrigue, menée avec brio et qui nous plonge au beau milieu de ce carrefour tout en évitant les coups de feu !
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Maigret fumait, lent, buté, peut-être maussade. Les empreintes relevées dans le champ semblaient prouver que Mme Goldberg avait été tuée d’une balle de carabine, car l’assassin ne s’était pas approché à moins de trente mètres de l’auberge.

C’étaient des empreintes peu caractéristiques de chaussures sans clous, de pointure moyenne. La piste décrivait un arc de cercle pour aboutir au carrefour des Trois Veuves, à égale distance à peu près de la maison des Andersen, de la villa Michonnet et du garage.

Bref, cela ne prouvait rien ! Cela n’apportait aucun élément nouveau et Maigret, quand il émergea sur la route, serrait un peu trop fort le tuyau de sa pipe entre les dents.

Il vit M. Oscar sur son seuil, les mains dans les poches d’un pantalon trop large, une expression béate sur son visage vulgaire.

« Déjà levé, commissaire ? » cria-t-il à travers la route.

Au même moment, une voiture s’arrêtait entre le garage et Maigret. C’était la petite 5 CV d’Andersen…

Le danois était au volant, ganté, un chapeau souple sur la tête, une cigarette aux lèvres. Il se découvrit.

« Vous permettez que je vous dise deux mots, commissaire ? »

La glace baissée, il poursuivit avec son habituelle correction.

« Je voulais de toute façon vous demander la permission de me rendre à Paris… J’espérais vous rencontrer par ici… Je vais vous dire ce qui m’y appelle… Nous sommes le 15 avril… C’est aujourd’hui que je touche le prix de mon travail chez Dumas et Fils… C’est aujourd’hui aussi que je dois payer mon terme… »

Il s’excusa d’un vague sourire.

« De bien mesquines nécessités, comme vous le voyez, mais des nécessités impérieuses… J’ai besoin d’argent… »
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[...] ... On ne voyait plus rien. L'auto à turbocompresseur doublait une charrette de paille, disparaissait à l'horizon.

Maigret faisait la grimace.

- "Il en passe beaucoup, de pareilles ?

- C'est la première ... On dirait qu'elle nous a visés, pas vrai ?"

L'après-midi était grise. Un rideau frémit à la fenêtre de la villa Michonnet.

- "Il y a moyen de coucher par ici ?

- A Arpajon ou à Arvrainville ... Trois kilomètres pour Arpajon ... Arvrainville est plus près, mais vous n'y trouverez qu'une auberge de campagne ...

- Vas-y porter ma valise et retenir des chambres ... Rien à signaler ?

- Rien ... On nous observe de la villa ... C'est Mme Michonnet, que j'ai examinée tout à l'heure ... Une brune assez volumineuse, qui ne doit pas avoir bon caractère ...

- Tu sais pourquoi on appelle cet endroit le carrefour des Trois Veuves ?

- Je me suis renseigné ... C'est à cause de la maison d'Andersen ... Elle date de la Révolution ... Autrefois, elle était seule à se dresser au carrefour ... En dernier lieu, voilà cinquante ans, il paraît qu'elle était habitée par trois veuves, la mère et ses deux filles. La mère avait quatre-vingt-dix ans et était impotente. L'aînée des filles avait soixante-sept ans, l'autre soixante bien tassés. Trois vieilles maniaques, tellement avares qu'elles ne faisaient aucun achat dans le pays et qu'elles vivaient des produits de leur potager et de la basse-cour ... Les volets n'étaient jamais ouverts. On restait des semaines sans les apercevoir ... La fille aînée s'est cassé la jambe et on ne l'a su que quand elle a été morte ... Une drôle d'histoire ! ... Depuis longtemps, on n'entendait plus le moindre bruit autour de la maison des Trois Veuves ... Alors les gens jasent ... Le maire d'Avrainville se décide à venir faire un tour ... Il les trouve mortes toutes les trois, mortes depuis dix jours au moins ! ... On m'a dit qu'à l'époque les journaux en ont beaucoup parlé ... Un instituteur du pays, que ce mystère a passionné, a même écrit une brochure dans laquelle il prétend que la fille à la jambe cassée, par haine pour sa soeur encore alerte, a empoisonné celle-ci et que la mère a été empoisonnée du même coup ... Elle serait morte ensuite à proximité des deux cadavres, faute de pouvoir bouger pour se nourrir ! ..." ... [...]
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[...] ... Quand Maigret rejoignit l'inspecteur Grandjean sur la route, une pluie fine comme un brouillard commençait à tomber. Le ciel, néanmoins, devenait laiteux.

- "Vous vous y retrouvez, vous, commissaire ?

- A peu près ...

- Cette femme joue la comédie, n'est-ce pas ?

- Elle est tout ce qu'il y a de plus sincère ...

- Pourtant ... Son mari ...

- Celui-là, c'est une autre paire de manches. Un honnête homme qui a mal tourné. Ou, si tu préfères, une canaille qui était née pour faire un honnête homme ... Il n'y a rien de plus compliqué ! ... Ca se ronge pendant des heures pour découvrir un moyen de s'en tirer ... Ca imagine des complications inouïes ... Ca vous joue un rôle à la perfection ... Par exemple, il reste à savoir ce qui, à un moment donné de son existence, l'a décidé à s'établir canaille, si je puis dire ... Enfin reste à savoir aussi ce qu'il a bien pu imaginer pour cette nuit ..."

Et Maigret bourra une pipe, s'approcha de la grille des Trois Veuves. Il y avait un agent en faction.

- "Rien de nouveau ?

- Je crois qu'on n'a rien trouvé ... Le parc est cerné ... Néanmoins, on n'a vu personne ..." ... [...]
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Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l’interrogatoire de Carl Andersen. On avait vu tour à tour, par les fenêtres sans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d’assaut, à l’heure de midi, les crémeries de la place Saint-Michel, puis l’animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l’apéritif… La Seine s’était enveloppée de buée. Un dernier remorqueur était passé, avec feux verts et rouges, traînant trois péniches. Dernier autobus. Dernier métro. Le cinéma dont on fermait les grilles après avoir rentré les panneaux-réclame… Et le poêle qui semblait ronfler plus fort dans le bureau de Maigret. Sur la table, il y avait des demis vides, des restes de sandwiches.
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Elle rit.Un rire franc,perlé.Et plus que jamais,elle était parée de ce que les cinéastes américains appellent le sex appeal.
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