Le chien jaune (1931) -
Georges Simenon Simenon a écrit ceci : "J'ai essayé d'être le plus simple possible, c'est le conseil qui m'a le plus servi dans ma vie. Je dois une fière chandelle à Colette de me l'avoir donné."
Merci Colette, Merci
Simenon de l'avoir suivi car c'est ce qui m'a charmée, ce qui a retenu ma lecture et l'a rendue passionnante. Dès la première page, en quelques coups de "plume", sans fioritures inutiles, sans épanchements alourdis, par la seule magie de la suggestion, vous nous transportez dans un Concarneau de 1930, noirci de pluie et de boue, vous nous ouvrez
la porte de l'Hôtel de l'Amiral, nos narines reçoivent les odeurs de tabac, d'alcool, de bière, de repas tristes et gras. Nous épions, tapis sans être vus, une frange misérable de la population, les regards sournois de quelques notables dont nous devinons la laideur sous leur dehors de bien-pensants de petite ville de province où chacun se sourit, se déteste, magouille lâchement. Nous suivons
Maigret, nous approuvons sa placidité et sa non-méthode qui, en fin de compte, en est une, la sienne. Nous nous réfugions, inquiets, derrière sa silhouette tutélaire, nous ressentons ce qu'il ressent lorsqu'il observe le sordide qui se cache sous les défroques bourgeoises. Nous sommes touchés lorsqu'il s'émeut discrètement face à l'injustice vécue par les plus simples, les âmes pures que l'on salit. Enfin nous approuvons son geste final, quelle humanité chez ce "flic"! J'aime particulièrement ces ambiances à la "
Chabrol", bourgeoisie de province, ombres furtives dans les rues, pluie qui tombe à verse, regards qui fuient, atmosphère étrange... Rien que de l'écrire, le frisson me gagne. J'aime, mais de loin, seulement de loin...