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3,68

sur 808 notes
J'ai dû lire quelques romans de Georges Simenon vers 15-16 ans et n'en avais plus ouvert un depuis. Sais pas pourquoi. Un souvenir trop prégnant des adaptations télévisuelles et cinématographiques des enquêtes de Maigret, peut-être ?
Quoi qu'il en soit c'est avec délectation que j'ai renoué avec le personnage de ce commissaire à l'allure faussement bonasse et surtout avec le "style Simenon" qui n'était certes pas ma première préoccupation lors de mes lectures adolescentes.
Concarneau est le théâtre d'une série de crimes qui semblent viser plus particulièrement les clients habituels du bar de l'Amiral. Détaché à la Brigade mobile de Rennes, Maigret est appelé sur les lieux. L'inspecteur Leroy l'accompagne et le seconde pour la première fois dans une enquête. Fidèle à ses habitudes, Maigret s'installe, fume d'innombrables pipes sans piper un mot et observe. Alors que le jeune policier rompu aux prélèvements d'indices, aux raisonnements et aux déductions, bref aux habituelles méthodes policières, s'interroge sur l'apparente passivité de son supérieur, le commissaire "sent" l'atmosphère, les interactions des uns et des autres et s'insère benoîtement dans le groupe de familiers du café. Un chien (celui du titre) brusquement apparu sur les lieux du premier crime l'intéresse tout particulièrement. D'où vient ce chien ? Qui est son maître ? Pourquoi ne quitte-t-il pratiquement plus le café ? Maigret impose son rythme à l'enquête, faisant fi des habituelles techniques d'investigation et s'imprègne de l'ambiance pour mieux en discerner les dissonances.
Sans profusion de détails mais en choisissant ceux qui seront les plus évocateurs, l'écriture parvient à nous faire saisir la vérité d'un personnage, au-delà du masque de sociabilité qu'il revêt. Ainsi d'Emma, la serveuse du café : "Il y avait en elle une humilité exagérée. Ses yeux battus, sa façon de se glisser sans bruit, sans rien heurter, de frémir avec inquiétude au moindre mot, cadraient assez bien avec l'idée qu'on se fait du souillon habitué à toutes les duretés. Et pourtant on sentait sous ces apparences comme des pointes d'orgueil qu'elle s'efforçait de ne pas laisser percer." (p.29). En quelques mots, le personnage acquiert une épaisseur, une vie qui se déploie souterrainement, camouflée derrière une façade protectrice. Est-ce qu'on est jamais ce que l'on dit être ? Ce que l'on croit être ? En s'éloignant des interrogatoires conventionnels, Maigret réussit à fissurer cette façade pour qu'apparaisse l'histoire vraie.
Je crois que ce "chien jaune" m'a mise en appétit et que je vais de ce pas engloutir quelques autres romans de Simenon !

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Le Chien jaune / Georges Simenon
Concarneau en cette soirée d'automne est une ville déserte et seule l'horloge lumineuse de la vieille ville trônant au-dessus des remparts bouge pour marquer vingt-trois heures moins cinq. La houle fait s'entrechoquer les bateaux dans le port et le vent balaie les ruelles. Quai de l'Aiguillon, tout est sombre excepté trois fenêtres de l'hôtel de l'Amiral qui illuminent faiblement la nuit.
Un client du bar de l'hôtel, l'honorable M. Mostaguen sort d'une partie de cartes pour rentrer chez lui et alors qu'il allume un cigare à l'abri de son manteau, un coup de feu éclate dans la nuit et une balle l'atteint à l'abdomen. Des faits troublants vont alors s'enchaîner et jeter l'émoi parmi la population.
le commissaire Maigret est diligenté par sa hiérarchie rennaise pour se rendre sur place et élucider cette affaire alors qu'un chien jaune se trouve constamment non loin des scènes de crimes. Et chose curieuse, le sort semble s'acharner sur les partenaires de la partie de cartes deux jours après l'arrivée du commissaire. Ainsi Jean Servières, journaliste local, disparait, sa voiture étant retrouvée maculée de sang. Et M. le Pommeret meurt empoisonné. le quatrième partenaire, le Dr Michoux craint pour sa vie et pour le protéger, Maigret le fait incarcérer.
La présence du chien jaune intrigue le commissaire qui se fait dire que l'animal appartient à un rôdeur que les gendarmes vont rechercher. Intrigue aussi Maigret la jeune Emma, fille de salle à l'hôtel restaurant qui semble dissimuler quelques secrets.
C'est une enquête policière extrêmement délicate que va mener Maigret.
Dans ce récit à suspense au style sobre publié en 1931, Simenon fait montre de tout son art en faisant apparaître que c'est l'intuition qui guide le commissaire, plutôt que l'esprit scientifique des techniques policières modernes, sachant parfaitement s'intégrer à la vie secrète des familiers de l'hôtel de l'Amiral pour découvrir les indices déterminants.





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La petite ville fortifiée de Concarneau, habituellement tranquille, est soudainement plongée dans une atmosphère de drame suite au coup de feu tiré sur un citoyen respectable et sans histoire alors qu'il rentrait chez lui après une soirée passée avec des amis au Bar de l'Amiral. Et ce n'est que le début d'une série d'événements aussi inquiétants qu'inexplicables qui plongent bientôt la cité dans l'effroi : on retrouve du poison dans une des bouteilles de Pernod destinée aux clients du bar susnommé, puis l'un des compères de la victime de l'agression disparaît, laissant derrière lui une voiture aux sièges ensanglantés.
L'enquête est confiée au Commissaire Maigret, qui, je ne sais plus pour quelle raison, est détaché dans la région. Il y est accompagné de Leroy, jeune inspecteur frais émoulu de l'école de police, qui, fort consciencieux, s'attache à recueillir témoignages et indices techniques. Il est un peu gêné par l'inertie de son patron, mais, respectueux de la hiérarchie et de l'expérience de son supérieur, n'en laisse rien paraître…

Il faut dire que la méthode d'investigation, ou plutôt l'absence de méthode du commissaire peut laisser perplexe. Restant en retrait, apparemment davantage préoccupé par des broutilles sans rapport avec le crime que par le crime lui-même, il laisse le monde s'agiter autour de lui sans s'embarrasser d'amabilités, s'irritant de l'impatience du maire qui attend des résultats, de l'effervescence des journalistes accourus sur les lieux, sympathise avec une jeune serveuse quasi transparente qu'il trouve d'emblée attachante malgré son manque de charme… son humeur semble à l'avenant de la grisaille humide qui plombe l'air ambiant.

L'auteur lui-même en dit très peu sur Jules Maigret, se posant en spectateur de cette apparente inertie, comme s'il avait lui aussi du mal à l'interpréter. Ceci dit, il est à peine plus prolixe sur les autres personnages de l'intrigue, se contentant, tout en économie et loin de toute analyse psychologique, de donner quelques repères, énonçant des faits, des comportements, laissant le lecteur appréhender l'ensemble pour se faire sa propre idée. C'est, ce faisant, l'occasion d'un "plongeon dans la vie provinciale" d'une petite ville attachée aux convenances, un microcosme dont on découvre l'hypocrise en même temps que les dessous peu reluisants -notables débauchant de jeunes ouvrières désargentées, trafics et pots-de-vin…

Il ne faut évidemment pas se fier aux apparences. Après s'être imprégné des atmosphères et s'être attaché mine de rien à décrypter les physionomies, ayant subitement décidé qu'il en avait marre de Concarneau, Maigret résout l'énigme en deux coups de cuiller à pot, dévoilant le rôle de ce chien d'aspect miteux, haut sur pattes et pourvu d'une grosse tête, qui traîne depuis le début de l'enquête dans les rues pavées de la cité bretonne…

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J'ai vu il y a quelques temps le film de 1932 interprété par Abel Tarride. Ce film m'avait marqué pour son ambiance sombre avec un Maigret placide. Un bon gros bonhomme qui enquête LEEENTEMEEENT.
Je dois dire l'acteur a bien repris les traits du personnage.
Je connais Maigret qu'au travers des séries et films.
Je n'ai pas été déçu, Simenon nous dépeint un Commissaire imperturbable, tranquille presque distant.
L'ambiance brumeuse et angoissante sur un périmètre restreint, le tout articulé autour de notables pas très respectables constitue la colonne vertébrale de l'intrigue.
Les personnages sont suffisamment bien construits notamment le docteur Michoux ainsi que le maire. On ressent l'effervescence envahir cette ville tranquille. L'invasion des journalistes qui bouleverse la quiétude de ce bourg breton. La (fausse) nonchalance du commissaire contraste avec ce petit monde. Il faut attendre le dernier chapitre pour que le détricotage des multiples faits deviennent cohérent avec le fameux mobile.
Une histoire qu'on ne lâche pas et se lit rapidement.
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le Chien Jaune ce polar de Georges Simenon écrit à l'époque où les bagnes étaient encore actifs. Cela nous plonge directement dans des sentiments brumeux comme cette ville de Concarneau.
Mais aussi dans la peur vis-à-vis de la justice et du gendarme, de l'erreur judiciaire et de l'inégalité entre la voix d'un notable par rapport aux petites gens.
Le tout jeune commissaire Maigret flairant l'entourloupe en observant les différents acteurs met au point l'engrenage nécessaire pour confondre le coupable tout en disculpant le suspect et malgré les pressions politiques et médiatiques de cette affaire.
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Roman d'atmosphère, comme très souvent chez Simenon. Cette enquête de Maigret se déroule entièrement à Concarneau : un notable est blessé d'un coup de revolver au ventre en sortant d'un café où se retrouvent les bourgeois du coin. Les tentatives de meurtres se poursuivent sur d'autres membres de cette petite bande d'habitués. Maigret aura fort à faire pour trouver la vérité dans ce noeud de vipères, tous, jusqu'au maire, étant désireux de faire porter le chapeau à un vagabond, ancien marin accompagné de son chien. Mais il y parviendra et saura même faire en sorte de prendre sur lui une partie des accusations pour épargner la serveuse du café, qui est responsable de tentative d'empoisonnement...
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Mon premier Simenon, mon premier Maigret sur papier, inscrit avec des mots.

Un novembre plutôt lugubre, un soir de tempête sur Concarneau. Sur le quai, seul le café est éclairé. Un homme en sort et reçoit une balle, dans la rue déserte. Enfin pas tout à fait déserte car un chien jaune, plutôt sale et hideux, renifle le blessé couché dans la boue.
Le lendemain, Maigret arrive.

Des descriptions épurées qui ont le pouvoir d'instaurer immédiatement une ambiance, une atmosphère particulière.
Les interrogations du commissaire sont plutôt brusques, sans politesse ou si rarement. Avec son côté bourru qui va à l'essentiel, il économise ses mots. Ses réponses sont laconiques, il grommèle souvent mais derrière sa pipe, on devine un homme juste, observateur, perspicace et très humain comme le prouve la fin de cette enquête.
En quelques mots, Simenon réussit à nous décrire ses personnages et il n'y a pas besoin de plus pour s'en faire une idée précise.
J'ai beaucoup aimé les mots employés par l'auteur pour les descriptions du temps et des lieux, c'est en même temps simple et recherché, des petites phrases très jolies à lire !
Le ciel est gris, la pluie glacée, les vents violents. Les Concarnois oscillent entre peur et curiosité. La presse parisienne envahit les lieux. Et avec le retour du soleil, Maigret résout cette affaire.

J'ai trouvé cette lecture vraiment sympathique et je compte bien découvrir les autres atmosphères des enquêtes de ce fameux commissaire Maigret.
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Polar à ancrage local, le chien jaune ne quitte à peu près jamais Concarneau et donne une étrange impression de huis clos qui enserrerait toute une ville. Maigret, j'ai longtemps considéré cela comme du polar pour personnes âgées: c'était le héros de polars préférés de mon grand-père. Alors soit je vieillis, tristement vrai, soit j'avais bien tort à quinze ans d'estimer que cela disqualifiait forcément le héros de Georges Simenon ! Probablement un peu les deux et j'ai lu avec plaisir le récit de cette série d'attaques mystérieuses s'en prenant aux notables du coin. Coup de feu, strychnine, et par dessus le maire qui pique des rognes en trouvant que cela n'avance pas assez vite: Maigret a bien à faire mais cela ne semble pas vraiment le bouleverser.
Massif, intelligent, observateur, il s'interdit les déductions automatiques et saura mener l'affaire à son terme, protéger les innocents, parfois malgré eux, et envoyer les affreux au trou!
Plutôt que de m'obstiner avec les auteurs de polars récents, je crois que je vais plutôt découvrir un peu mieux Simenon!
A recommander, donc.
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Poisseux, brumeux, filandreux... En plongeant dans Simenon, on barbote dans une France provinciale qui a disparu, à la fois proche et lointaine. On s'émerveille de son style sobre où la fulgurance poétique éclaire soudain le tableau gris d'un pinceau lumineux. On ouvre son col à la recherche d'un peu d'air face à l'univers dépeint : médiocrité partout, romantisme nulle part. Une histoire qui laisse un goût dans l'arrière gorge, des personnages qui collent aux doigts, aucun spectaculaire, juste du sordide et une intrigue aussi alambiquée que menée d'une main de maître.
Je bourre ma pipe, la coince entre les dents et grommelle : fortiche, le gars.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Il fait bon de redécouvrir de vieux policiers
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