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EAN : 9782253161264
224 pages
Le Livre de Poche (15/06/2011)
3.67/5   27 notes
Résumé :
Le garçon, Gabriel, n'avait rien à faire. Sa serviette à la main, il se tenait debout, face à la rue, dont les vitres légèrement embuées du café encadraient un tronçon. Il était trois heures de l'après-midi et il faisait sombre, dedans comme dehors. Dedans, c'était une pénombre riche, de la richesse des boiseries patinées qui recouvraient les murs et le plafond, de la richesse du velours pourpre des banquettes, avec, dans l'eau profonde des glaces biseautées, les re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Alain Malou a 17 ans, quand en rentrant de l'école, il est interpelé dans la rue : son père, Eugène, vient de se tirer une balle dans la tête. La population est sous le choc, car tout le monde connaissait Eugène Malou, un personnage en vue, mais aux abois. D'ailleurs, il n'y a plus un sou dans la maison, les meubles sont sous scellés, les huissiers sont passés.
Une fois les obsèques terminées, la famille éclate. Alain décide quant à lui de mener sa propre enquête sur ce père qu'il ne connaissait pas : qui était-il ? D'où venait-il ? Que faisait-il ? A quoi aspirait-il ?

Simenon nous livre ici davantage un roman d'apprentissage qu'un roman policier : pas de meurtre, mais une enquête sur la famille, sur la figure du père, sur les secrets et les non-dits familiaux. Connaître le père conduira le personnage à se connaître lui-même.

L'écriture est concise, mélancolique, et fait la part belle aux silences. Une étude de caractères très réussie.
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Un roman « dur » de Georges Simenon, écrit en 1947, dans lequel l'auteur met en scène un jeune homme de dix-sept ans, Alain Malou, en quête de son père, Eugène, un puissant entrepreneur immobilier, qui vient de se suicider après des déboires financiers qui l'ont conduit à la ruine et à la faillite. Timide et réservé, en quête aussi de lui-même et de ce qu'il veut devenir, Alain apprendra à connaitre qui était son père auprès des siens qui se déchirent allégrement, se haïssent ou se méprisent, sa mère, une femme du monde pour qui seuls l'apparence et l'argent comptent, sa soeur, Corine, une « marie couche-toi-là » qui, depuis son jeune âge, a bien compris le pouvoir que ses charmes exercent sur les hommes pour assurer son train de vie, et enfin Edgar, son demi-frère, né d'un premier mariage d'Eugène Malou avec une femme du peuple, qui ne pense qu'à consolider sa vie de petit fonctionnaire tranquille et sûre. Pour eux, Eugène Malou était un entrepreneur marron, capable de verser dans la corruption, à la limite de l'escroquerie mais toute la famille fermait sans difficultés les yeux sur tout ça tant que l'argent rentrait. Il découvrira cependant un autre aspect de la personnalité de son père auprès de proches comme Joseph Bourgues, un ancien bagnard, compagnon des années galère d'Eugène du temps où ils étaient anarchistes et François Foucret, ex-chef de chantier des établissements Eugène Malou et Cie qui mettront en avant le sens de la fidélité, la générosité et le sens de l'honneur qui font du suicidé un homme rare.
En dressant le portrait au vitriol et sans compromis des Malou, l'auteur se livre à une puissante étude de moeurs au sein d'une famille de parvenus dans une petite ville de province où le poids du qu'en-dira-t-on est lourd. Comme bien souvent dans ses romans, Simenon nous confie dans un réquisitoire sans appel tout le mépris qu'il ressent pour ces gens. Seuls trouvent grâce à ces yeux, les gens du peuple, les gens d'en bas, capables de gratitude, de reconnaissance et de compassion comme Mélanie, la patronne de la pension de famille qui héberge Alain et bien sûr François Foucret et Joseph Bourgues.
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Tout commence par le suicide du patriarche, Eugène Malou. Celui-ci criblé de dettes se tire une balle dans la tête en pleine rue. Par cet événement, le plus jeune des enfants, Alain va brusquement entrer dans l'âge adulte.
Lycéen, il ne vivait que pour ses études et le décès de son père, qu'il admirait sans oser le lui montrer, va lui ouvrir les yeux : une famille ruinée où les différents éléments se détestent. La mère qui ne pense qu'à ses bijoux. Edgar, le fils d'un premier mariage, homme mou et sans envergure, prenant ses distances, fuyant la réputation de la famille. Corinne, la fille, qui n'hésite pas à user de ses charmes pour obtenir ce qu'elle veut. Cette petite famille va exploser devant le regard froid de l'adolescent.
Celui-ci décide de rester dans la petite ville où il croit retrouver un certain équilibre : un premier travail dans une imprimerie, une chambre dans un hôtel où la patronne le choie maternellement, des amis enfin, les vrais amis de son père : un ouvrier et sa femme fidèles au patron, un ancien camarade de jeunesse, passé par les bagnes guyanais. Il découvrira, par sa soeur, puis par ce dernier ami, un portrait contrasté de son père qui lui permettra, une fois que tout s'écroulera autour de lui, de repartir du bon pied.
Un roman sombre et tragique de George Simenon, efficace, allant à l'essentiel et qui nous montre une bourgeoisie provinciale repliée sur elle-même, un pouvoir de l'argent destructeur et la force des règles régissant une société française timorée (Eugène Malou étant un homme d'affaires courant après l'argent pour mieux le dépenser et le distribuer ne fera jamais accepté dans ce milieu).
Et puis il y a l'idée de la transmission, le père déçu par son fils aîné et sa fille reporte ses espoirs sur un fils qu'il observe mais que l'époque lui interdit de se rapprocher vraiment.
Les non-dits sortiront violemment après la mort du père dans un roman initiatique totalement maîtrisé et réussi.
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Bonne étude de moeurs de la société de l'entre deux guerres et surtout de la petite bourgeoisie à laquelle Simenon appartenait et qu'il jugeait sans complaisance . Les personnages sont soit blancs ou noirs mais guère de demi-mesure.c'est toujours plaisant à lire et amusant de constater le bond énorme en avant de nos sociétés en moins d'un siècle . Simenon est quelque peu visionnaire lorsqu'il annonce par la voix d'un de ses personnages que sous peu chaque famille aura sa voiture et rêvera de confort individuel . Seul petit bémol la misogynie ouvertement affichée par l'auteur qui ne donne pas vraiment le beau rôle aux femmes et qui d'ailleurs les appelle sous le vocable de femelles régulièrement .
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Extrait du blog : Je suis en plein dans la lecture de certains romans « dur » de Simenon. Après Dimanche et Strip-tease me voici avec le Destin des Malou. Sans parler du style de Simenon, toujours implacable, juste et à -propos, le Destin des Malou est une histoire puissante, dense. La quête du père et qui devient la quête de soi. Dimanche m'avait enthousiasmé tandis que j'avais l'impression d'être passé à côté de Strip-tease. Avec le Destin des Malou, Simenon frappe fort.
La taille du roman peut laisser penser à une petite oeuvre simple, modeste mais en réalité, elle est riche et dense comme un roman qui ferait 3 fois cette taille. Simenon est un grand raconteur d'histoires, c'est indéniable.

Le Destin des Malou est une quête du père mort par le fils cadet d'une famille au bout de sa déchéance. La quête du père, la quête de soi et, en fond, les changements d'une époque. La société qui se transforme par paliers. En cela, je trouve que c'est un roman majeur car il est révélateur d'un large faisceaux de comportements humains et annonciateur de transitions…
Lien : http://livrepoche.fr/le-dest..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le garçon, Gabriel, n'avait rien à faire. Sa serviette à la main, il se tenait debout, face à la rue, dont les vitres légèrement embuées du café encadraient un tronçon.
Il était trois heures de l'après-midi et il faisait sombre, dedans comme dehors. Dedans, c'était une pénombre riche, de la richesse des boiseries patinées qui recouvraient les murs et le plafond, de la richesse du velours pourpre des banquettes, avec, dans l'eau profonde des glaces biseautées, les reflets de quelques ampoules électriques déjà allumées.
Dehors, c'était la rue de Moulins, la grande route en somme, trop étroite, avec ses autos, son tram, ses magasins et son Prisunic à la façade agressive ; c'était trois heures et c'était l'hiver, sans pluie, sans neige, avec de l'humidité froide en suspens dans l'air sous un ciel de crépuscule.
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Jamais, il n'avait vu la ville aussi propre, aussi claire, aussi gaie, grâce à la gelée et au soleil d'hiver. Derrière un mur d'école, il entendit le vacarme d'une récréation et il s'arrêta en pensant à toutes les récréations qu'il avait connu.
Il n'était pas triste. Il ne serait plus jamais triste. Il avait compris ce que Joseph Bourgues avait voulu dire quand il avait prononcé : "Ton père était un homme."
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Il fut, pendant ces deux jours là, comme un convalescent. Il en avait les mouvements lents et prudents, et aussi ce sourire à peine esquissé, un sourire qui s'adressait aux choses comme pour les rendre bienveillantes, ou pour les remercier de ne pas être hostiles.
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Dix fois au moins on a essayé de me marier. on ne regardait pas l'âge, je te le jure ! ... Pourvu que ce fût un parti reluisant... Ou bien de l'argent, beaucoup d'argent, ou bien un titre... Ou bien encore une situation importante dans le politique.
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Il rougit en franchissant le seuil de la salle à manger, parce qu'au moment d'entrer dans la vie il se rendait compte de toues ses gaucheries, de toute son ignorance. Il avait l'impression d'arriver les mains tellement vides.
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"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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