C'est par ce roman que j'ai découvert le personnage culte de
Maigret qui m'a bien plu. Il est très intelligent sans forcément en avoir l'air. Sympathique, empathique, il se mêle bien aux gens, partout où il va. Il a une humanité qui lui permet de se connecter facilement aux gens. Comme il le dit lui-même, les gens ne peuvent pas s'empêcher de se confier à lui sans le vouloir. Il aurait presque une tête de confesseur. Cette humanité, il en fait preuve vis-à-vis des victimes bien sûr mais quelques fois aussi envers certains coupables dont l'histoire est plus complexe qu'il n'y paraît.
Maigret est aussi un flic à l'ancienne. Il fonctionne avant tout à l'intuition pour résoudre des enquêtes souvent difficiles. Je comprends pourquoi le personnage est devenu culte.
De plus,
Maigret forme avec sa femme un duo très curieux mais qui fonctionne à merveille. Ils se connaissent tellement bien qu'ils n'ont pas toujours besoin de se parler. C'est curieux et assez drôle à voir. Cela m'a rappelé Columbo et sa femme, même si contrairement à Mme
Maigret, on ne voit jamais Mme Columbo.
Ce livre raconte plusieurs histoires mettant en scène
Maigret hors de son élément, en dehors de Paris, alors qu'il est en vacances ou en cure par exemple. J'ai rapidement compris que les romans de
Maigret ont une grande force: l'ambiance générale, l'atmosphère d'un lieu, la personnalité des protagonistes, qui sont créés par l'auteur de manière magistrale. On est plongé dans un contexte particulier. Un village, un manoir, une petite ville. Dans ce livre,
Georges Simenon nous immerge dans la campagne française, ses petits villages, ses habitants et leurs secrets plus ou moins bien cachés d'ailleurs. En effet, les murs des maisons cachent parfois de bien vilaines choses mais il arrive parfois que ces secrets s'échappent et deviennent des rumeurs persistantes que rien ne peut arrêter. Dans l'une de ces affaires,
Maigret assiste au déchaînement de haine contre un présumé coupable sans beaucoup de preuves. La vox populi peut être très dangereuse et la pression qu'elle exerce sur la police peut la mener rapidement dans la mauvaise direction.
Un deuxième élément que j'ai beaucoup aimé : le fait que les enquêtes de
Maigret sont menées un peu à la manière d'Hercule Poirot. Avec peu d'actions, en s'appuyant peu sur des preuves physiques ou sur une expertise quelconque, mais sur beaucoup de réflexion et de psychologie. J'aime ce genre d'histoires, dans lesquelles ce qui compte au fond est de bien cerner la personnalité de la victime et des principaux protagonistes, car elle est la clé pour démêler les fils et comprendre les faits. le récit est donc loin d'être impressionnant et rocambolesque mais malgré tout, le suspens dans certaines histoires m'a franchement captivée au point de ne pas me faire lâcher le livre pendant des heures.
De plus, les personnages sont toujours nuancés. Les criminels se sont pas toujours les plus méchants, et méritent parfois autant de pitié que les victimes. Les limites entre le bon et le mauvais sont souvent très floues.
Les fins ne sont pas toujours ce à quoi on s'attend. Elles peuvent parfois laisser un goût d'inachevé ou amer et parfois même sont assez brouillonnes.
Mais le récit est en général passionnant de bout en bout. L'écriture fluide et simple de
Simenon bien que parfois évasive, les dialogues sans fioritures aident à s'imprégner et à rentrer dans l'histoire très facilement.