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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 99 sur 103
EAN : 9782253142096
190 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.56/5   62 notes
Résumé :
– Tu l’as tuée pour la voler, n’est-ce pas ?
– Je ne voulais pas la tuer.
La preuve, c’est que je n’avais qu’un revolver d’enfant.
– Tu savais qu’elle avait beaucoup d’argent ?
– Je ne savais pas combien. Elle avait travaillé toute sa vie et, à quatre vingt-deux ou quatre-vingt-trois ans, elle devait avoir des économies.
– Combien de fois es-tu allé lui demander de l’argent ?
– Je ne sais pas. Plusieurs fois. Quand je venais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Une enquête du commissaire Maigret se déguste comme un bon verre de vin, bien assis dans un fauteuil confortable un sourire de satisfaction aux lèvre. Car c'est un plaisir renouvelé pour les lecteurs et plus encore quand le roman est de cette qualité. Un marchand de vin haït par tous les notables de Paris est assassiné alors qu'il sortait d'une maison de rencontre avec sa secrétaire. Les interrogatoires vont s'orienter immédiatement vers les époux des femmes dont il a été l'amant. Mais très vite, Maigret va se rendre compte que la bassesse et la lâcheté sont les marques de fabrique de ce milieu favorisé et que le coupable se trouve sans doute ailleurs. C'était un très bon livre dans lequel le célèbre commissaire faisait preuve plus que de coutume de sa bonhommie et de sa perspicacité habituelle. le suspect lui etant sympathique, c'est avec beaucoup de ménagement qu'il mènera cette enquête. A recommander même pour ceux qui apprécient peu le genre policier...
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Le roman débute sur l'interrogatoire, par Maigret en personne, d'un certain Théo Stiernet, chômeur de son état et dans les vingt ans à peine, qui vient de tuer sa grand-mère dans l'espoir de trouver son magot. Théo, qui n'est pas si bête qu'il en a l'air , précise que, au départ, il ne voulait pas tuer la veille dame : la preuve, monsieur le commissaire : il n'avait emporté qu'un pistolet d'enfant . Seulement, la grand-mère était solide malgré ses quatre-vingt-et-quelques années et ne devait pas avoir eu peur de grand chose dans sa longue vie : elle s'est retournée contre Théo et dame ... il a bien fallu qu'il se défende ! Théo est un beauf de la meilleure tradition, qui ne manifeste ni remords, ni apitoiement sur lui-même. Théo est un mystère, l'un de ces mystères que Maigret, comme tant de policiers, ont croisé au fil de leurs enquêtes. Tuer, pour ces gens-là, c'est un moyen dont ils ne semblent pas toujours saisir la conséquence inéluctable pour l'autre : la Mort.

Maigret vient à peine d'obtenir les aveux, si bourrés de sensibilité, de Stiernet qu'un coup de fil lui demande de se rendre dans le XVIIème. Quartier friqué en principe et que n'apprécie guère le commissaire mais un homme vient de se faire abattre de quatre balles en sortant d'une élégante maison de passe de la rue Fortuny, tenue d'ailleurs par une Mme Blanche que Maigret a connue quand elle n'arpentait que les trottoirs les plus humbles avec l'intention bien déterminée de réussir dans le métier. On le devine, Mme Blanche n'est pas très heureuse de voir débarquer Maigret mais elle lui fait confiance : s'il lui promet qu'il ne dira rien à la presse sur la maison d'où sortait le défunt, il tiendra parole.

Le défunt, justement, parlons-en, du défunt ... Physiquement, rien pour plaire. Moralement, c'était pire : il aiimait à humilier et à faire sentir qu'il était le maître - mais attention, il ne pratiquait pas le bondage. Pour le reste, fils d'un caissier du Crédit Lyonnais, qui, après avoir commencé par vendre des encyclopédies au porte à porte, s'est hissé, à la force du poignet, à la tête d'un commerce de vin, "Le Vin des Moines." Entreprise florissante . Chabut, qu'il s'appelait, le mort - Oscar Chabut. Marié à une très jolie femme qui avait été sa dactylo et à qui il lègue tout. Homme à femmes, il ne lui cachait rien de ses aventures et attendait qu'elle les acceptât sans rien dire, ce qu'elle faisait tout en s'autorisant elle-même un petit en-cas de temps à autre. Quai de Charenton, la Maison-Mère, Chabut couchait avec toutes les représentantes du sexe féminin. Personne n'ignorait la chose et chacune savait qu'elle n'était pas la seule. Avenue de l'Opéra, dans des locaux plus chics, faits pour les gros, gros clients, c'était à peu près pareil, mais plus discret. Régnaient là-bas surtout les hommes, le maussade et retors M. Leprêtre, sorte de Directeur commercial implacable, et un comptable spécialisé dont j'ai oublié le nom parce que ... Eh ! bien, si vous lisez le livre, vous comprendrez pourquoi. ;o)

Chabut, cela va sans dire, couchait aussi avec les épouses de ses "amis" et relations - et se faisait un malin plaisir pour que les maris ne l'ignorassent point. Mais le jour de sa mort, rue Fortuny, il se trouvait avec sa secrétaire particulière, la petite Anne-Marie, avec laquelle, chose qui étonne à peu près tout le monde, à commencer par l'intéressée elle-même, il se montrait naturel et presque sympathique. Pour Anne-Marie quoi que fît son amant-patron, ce n'était pas un méchant homme. Pas vraiment. Seulement, il avait une tare terrible et qui devait d'ailleurs se révéler fatale : pour se sentir exister, il devait humilier.

Et Maigret, qui souffre de plus d'une belle angine, soupire et en tousse de plus belle ! Avec un particulier de ce genre-là en effet, celles et ceux qui veulent se venger parce qu'il les a humiliés sont légion ... Des appartements chics où il recevait et était reçu jusqu'au modeste bureau du non moins modeste comptable de la boîte sise quai de Charenton, Chabut humiliait à tour de bras. C'était sa drogue, en quelque sorte et il lui en fallait de plus en plus ...

Le commissaire sue à grosses gouttes et a de plus en plus mal à la tête. Parmi tous ces gens, femmes, hommes, jaloux, indifférents de coeur, égaux sociaux de Chabut ou ses inférieurs, il y en a bien un (voire plusieurs) qui a cherché à se révolter. Et il est parvenu à se venger. Car enfin, le coup était prémédité : l'assassin de Chabut était parfaitement au courant de ses habitudes rue Fortuny ... L'arme était un 6.35, une arme de femme donc, en principe, mais, de près - et le meurtrier n'était pas loin - elle pouvait s'avérer redoutable. Et le meurtrier l'a peut-être utilisée pour détourner les soupçons vers la gent féminine, dont grouillaient pour ainsi dire la vie intime comme la vie professionnelle du défunt.

On perçoit le sérieux, la fascination avec lesquels un Georges Simenon véritablement passionné par son intrigue oppose deux personnalités qui, en dépit de leurs dissemblances apparentes profondes, ont un point commun de taille : tous deux, le mort comme son assassin, voulaient être respectés mais, l'un comme l'autre, tous deux n'étaient que des faibles. L'un, le mort, utilisant habilement son physique d'ours mal léché, cachait bien son jeu : il s'était endurci, peut-être pas à plaisir, mais il l'avait fait pour qu'on ne l'humiliât plus. L'autre, celui qui l'a tué, se montrait tel qu'il était mais lui non plus ne tolérait pas l'humiliation. Et celle, un chef-d'oeuvre de mesquinerie absolument gratuite (ou presque), que lui a infligée Chabut, est le catalyseur qui ranime en lui, en lui faisant tout perdre - épouse et situation, le peu d'estime qu'il éprouvait pour lui-même - un désir monstrueux de vengeance.

Monstrueux, à l'image de Chabut.

Et pourtant, la fin nous le prouve, notre assassin reste un "pauv' type", toujours prêt à s'apitoyer sur un sort qui, c'est vrai, ne lui a guère permis de se mettre en valeur. Malgré tout, on est frappé, et souvent, par le courage et même la froideur - une froideur aussi cynique, aussi coupante que le silex et qui n'est pas sans évoquer celle sur laquelle Chabut avait travaillé de son côté pour sortir du lot - qui émaillent son parcours à compter du moment où le désir de tuer s'éveille en lui.

"Maigret & le Marchand de Vin", finalement, c'est l'histoire de deux "pauv' types", l'un hâbleur, hargneux, qui a eu de la chance et qui était une teigne de nature, et le second, incapable de jouer la comédie, en tous cas au début, aigri mais comme résigné au malheur (il y a des gens comme ça), qui, au contraire, n'avait pas eu beaucoup de chance mais qui, à l'opposé du bourreau dont il fera sa victime (lequel n'a cessé de courir après Dame Fortune), semblait plutôt prendre plaisir à la fuir. Une vraie teigne, lui aussi, en un sens, mais une teigne pleurarde, collante, qui aimait son rôle de victime. Certes, Chabut aussi se voyait en victime mais lui, il pensait avoir gagné la partie - ne plus l'être du tout sauf peut-être quand il se confiait à Anne-Marie. Alors que, pour son assassin, c'était de sentir, de vivre cet état de victime qui le faisait jouir, quoi qu'il en pensât.

Enfin, telle est l'impression que j'ai retirée de ce roman qui perd un peu trop, avouons-le, à se trouver immédiatement placé après "Maigret et le Tueur" . Mais l'analyse est fine, avec quelque chose d'hypnotique qui fait que, au début, on n'y croit pas et puis, tout à la fin, on se rappelle brusquement avoir croisé dans sa vie au moins un Chabut, au moins un ...

... un "X." Si vous voulez connaître son identité et assister à son incroyable entretien avec le commissaire malade, chez lui, boulevard Richar-Lenoir, lisez "Maigret et le Marchand de Vin." Ce n'est peut-être pas le meilleur de la série mais il mérite qu'on s'y arrête en étape. ;o)
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Ecrit en 1969
Après avoir « rarement vu autant de personnages peu ragoûtants dans une seule enquête », Maigret tire la conclusion que « chacun de nous est plus ou moins à plaindre ». Il est difficile de déterminer si le « héros » est la victime ou l'assassin.
Oscar Chabut, riche négociant en vin, est assassiné alors qu'il sortait d'une maison de rendez-vous avec sa secrétaire. Maigret enquête auprès de sa famille et du personnel de l'entreprise dont il était le directeur. Il se rend bientôt compte qu'il est suivi en permanence par un homme qui se cache et lui échappe sans cesse mais qui ne perd rien de ses faits et gestes. Qui est-il ? Que lui veutil ? Est-ce l'assassin ? Maigret se plonge dans le passé de la victime et découvre que le négociant était un homme cynique et dominateur, qui écrasait sans scrupules ses concurrents, profitait de son pouvoir sur les femmes de son entreprise et ne manquait pas d'utiliser les faiblesses de ses collaborateurs pour les humilier. de quoi donner lieu à nombre de haines... Mais, de là à aller jusqu'au crime ?
Un polar de littérature classique policière agreable et distrayant.
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après la mort d'un marchand de vin, le commissaire Maigret va decouvrir le monde obscur de la débauche, de l'indelité où parfois la femme se chosifie elle-même pour se faire un nom...
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Un bon Maigret, avec un suspect que l'on comprend tout à fait : quel ignoble personnage ce marchand de vin ! Maigret a bien du mal aussi à rester objectif, sans compter un vilain rhume qui l'empêche d'être au mieux de sa forme...
Une enquête dans un froid novembre, dans un milieu dans lequel Maigret n'est jamais tout à fait à l'aise, avec des personnages bien trempés.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Ils s'étaient arrêtés dans le salon, mais personne ne s'était assis. On entendait des voix, des allées et venues sur le trottoir où la bise était si froide alors que la maison était surchauffée comme une serre. Comme dans une serre aussi, il y avait d'immenses plantes vertes dans des vases chinois.

- "Qu'est-ce que vous savez du meurtre de votre patron ?

- Ce qu'elle m'en a dit," répondit la Sauterelle en désignant Mme Blanche. "Que quelqu'un lui a tiré dessus et l'a blessé. Que le concierge de l'immeuble voisin est sorti et a sans doute téléphoné à la police car celle-ci est arrivée quelques minutes plus tard."

Le commissariat était à deux pas, avenue de Villiers.

- "Il est mort sur le coup ou à peu près ?

- Oui."

Il lui sembla qu'elle devenait un peu plus pâle mais elle ne pleura pas. C'était seulement comme si elle avait reçu un choc. Elle continuait machinalement :

- "Je voulais partir tout de suite, mais elle n'a pas voulu.

- Pourquoi ?" demanda Maigret à Mme Blanche.

- "Elle serait tombée dans les mains de votre collègue qui venait d'arriver. J'aurais préféré la tenir et tenir la maison en-dehors de tout ça. Si les journaux s'en mêlent, ce sera presque sûrement la fermeture.

- Dites-moi exactement ce que vous avez vu. Où se tenait l'homme qui a tiré ?

- Entre deux voitures, juste en face de la porte.

- Vous avez pu bien le voir ?

- Non. Le candélabre est assez loin. Je ne distinguais qu'une silhouette.

- Il était grand ?

- Plutôt petit, large d'épaules, habillé de sombre. Il a tiré trois ou quatre fois, je ne les ai pas comptées. M. Oscar a porté la main à son ventre, a oscillé un moment et est tombé en avant."

Maigret observait la jeune fille qui était impressionnée mais qui ne donnait aucun signe de désespoir.

- "Vous l'aimiez ?

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?

- Il y a longtemps que vous étiez sa maîtresse ?"

Elle paraissait surprise par ce mot.

- "Ce n'était pas tout à fait ce que vous croyez. Il me faisait signe quand il avait envie de moi mais il ne parlait jamais d'amour. Je ne pensais pas à lui comme à un amant ... (...) [...]
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[...] ... Rue Fortuny, des agents arrêtaient la circulation et empêchaient les curieux d'approcher d'un corps qu'on voyait étendu sur le trottoir. Quatre ou cinq hommes allaient et venaient autour de lui.

Fourquet était là et s'avança vers Maigret.

- "Le commissaire du quartier vient d'arriver. Le docteur aussi."

Maigret serra la main du commissaire qu'il connaissait bien. C'était un homme élégant, aimable.

- "Vous connaissez Oscar Chabut ?

- Je devrais le connaître ?

- C'est un homme assez important, un des plus gros négociants en vin de Paris. Le Vin des Moines. Vous avez lu ces mots-là sur les camions, sur les affiches. Il a des péniches sur l'eau, des wagons-citernes."

L'homme étendu sur le trottoir était corpulent sans être gras. Il était plutôt bâti comme un joueur de rugby. Le médecin se redressait et époussetait son pantalon qui s'était couvert de neige poudreuse jusqu'aux genoux.

- "Il n'a pas dû survivre plus de deux ou trois minutes. L'autopsie en dira davantage."

Maigret regardait les yeux fixes, d'un bleu très clair, presque gris pâle, le visage taillé à grands coups, avec une mâchoire solide qui commençait à s'affaisser.

La camionnette des gens de l'Identité Judiciaire s'arrêtait au bord du trottoir et les spécialistes en sortaient leurs appareils comme l'aurait fait une équipe de cinéma ou de télévision.

- "Vous avez averti le bureau du procureur ?

- Oui. Il va envoyer un substitut et un juge d'instruction."

Maigret chercha Fourquet des yeux, le trouva à quelques pas, se battant les bras de ses longs bras pour se réchauffer.

- "Quelle est sa voiture ?"

Il y en avait cinq ou six arrêtées au bord du trottoir, toutes des voitures chères. Celle de Chabut était une Jaguar rouge. ... [...]
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Ils furent tous deux assis à nouveau et alors Pigou prononça:
- Je dois tout d'abord m'excuser d'être venu vous déranger chez vous, au milieu de la nuit par-dessus le marché ... J'avais peur de me rendre au Quai des Orfèvres. Et je ne pouvais pas continuer à marcher seul dans les rues de Paris.
Maigret ne perdait pas une expression de son visage. Dans l'intimité de l'appartement, un grog à portée de la main, sa pipe à la bouche, il avait l'air d'un aîne bienveillant à qui l'on peut tout dire.
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- Pourquoi faites-vous tout pour qu'on vous déteste ?
- Parce que je suis incapable de me faire aimer. Alors, autant qu'on me haïsse à fond.
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La bise soufflait, faisant voleter de minuscules flocons de neige qui glissaient sur les pavés comme de la poussière.
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