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EAN : 9782714448422
216 pages
Belfond (01/01/2011)
3.57/5   58 notes
Résumé :
Par l'un des plus grands auteurs espagnols actuels, un jeu de piste virtuose entre réalité et fiction pour une enquête familiale échevelée. Peuplé de personnages extraordinaires, tour à tour héroïques et effrayants de sauvagerie, un conte magnifique de noirceur autour des thèmes récurrents de Soler : l'exil, la mémoire, la culpabilité, le poids de l'histoire familiale.

Lors d'une conférence, Jordi Soler rencontre une femme étrange qui lui remet une ph... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Journaliste et écrivain mexicain, Jordi Soler est né près de veracruz en 1963. C'est là qu'il a vécu dans une communauté d'exilés catalans fondée par son grand-père à la fin de la guerre civile espagnole.

A Argelès-sur-mer, ancien lieu de détention des républicains espagnols, une femme remet à Soler (ou son double littéraire) une lettre révélant que son légendaire grand oncle Oriol, que tout le monde croyait mort en 1939 ou exilé, a vécu toute sa vie, là, près de ce village. A la recherche de la vérité, l'auteur part sur les traces de son ancêtre et aboutit dans un petit village des Pyrénées, à Prats-de-Mollo, le jour de la fête de l'ours.

C'est pendant cette fête qu'un point final est mis à une légende familiale, car Soler y découvre que, ni un héros ni vraiment un salaud, son oncle est un homme ordinaire qui a tué parce que son manque volonté l'a rendu au monde sauvage. Découverte qui fait naître chez lui le sentiment de culpabilité de celui qui n'est plus le descendant d'un résistant au franquisme mais celui d'un meurtrier.

Entre fiction et réalité, Jordi Soler revient avec poésie sur ses thèmes de prédilection que sont l'exil, la culpabilité et la mystification familiale, pour mieux nous embarquer dans un monde envoûtant teinté de cruauté et de violence.
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La fête de l'ours dont le tître se rapporte à la fête de Prats-de-Mollo basée sur une légende d'ours dévorateur et de bergère non dévorée, ne prend sa signification qu'en fin de livre.
Cruel suspense!!!
C'est au coeur de cette fête que le narrateur Jordi Soler lui-même(écrivain consterné lors d'une "causerie publique" par les révélations d'une "étrange femme" sur la véracité des faits de son dernier roman) aboutira (après enquête) sur les traces de son grand-oncle, Oriol "soldat républicain" porté disparu (en héros) en 1939, alors qu'il tentait de franchir les Pyrennées avec un groupe de blessés (comme lui) pour fuir "l'armée franquiste qui bombardait du ciel".
J'ai remonté ma note de trois étoiles me sentant injuste et en voulant (!!) à l'auteur de toucher au tabou du mythe du héros.
C'est un peu ça le sujet du livre, comme ce petit-neveu admiratif,nous nous construisons nos propres repères,inventons nos légendes, croyons en nos dieux ou à un seul, et je me suis dit que si ce roman m'avait à ce point dérangée c'est qu'il était bon.
Que savons nous de nos propres frontières? de notre part d'animalité? Lorsque désespoir,souffrance et amputation sont au rendez-vous, la traversée du miroir, n'est-elle pas une lente descente aux enfers? Les diables bannis ne créent-ils pas d'autres diables, incapables de voir la poutre enflammée qui obstrue leurs yeux de bons pensants?
Un roman autobiographique de Jordi Soler (écrivain mexicain axé sur l'exil et la mémoire familiale) bien écrit, poignant et déroutant, avec ces mots "on sait" qui reviennent en vrille, obsédants comme pour s'accrocher à des pans d'histoire qui s'effritent à chaque pas.
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Avec La fête de l'ours je découvre la plume de Jordi Soler et j'ai appris un peu sur la guerre civile espagnole, la légende de l'ours dans ce petit village, Prat de Mollo dans les Pyrénées.
C'est l'histoire d'un écrivain mexicain qui part à la recherche de ses racines espagnoles. Il a écrit une histoire sur le frère de son grand-père qui serait mort vers la fin de la guerre civile en Espagne. Lorsqu'une vieille vagabonde lui remet une vielle lettre et une photo, Jordi Soler découvre que son grand-oncle aurait survécu à ses blessures. Commence alors une enquête qui va chambouler sa vie et voir ce grand-oncle sous un autre angle...

Je ne sais pas si cette histoire est vraie ou si c'est une fiction ou si c'est peut-être un mélange des deux. Je suis passée par plusieurs sentiments : de vouloir savoir que s'est il passé vraiment, de la lassitude et aussi la découverte une partie de l'histoire : la guerre civile espagnole dont j'ignore quasiment tout. La lassitude est lié au fait que j'ai trouvé certains passages trop longues, trop détaillés. Cela me freinait dans ma lecture.

Je suis contente de ma découverte et malgré quelques longueurs j'ai passé un bon moment de lecture.

Challenge Multi-défis
Challenge Riquiqui
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"Parce qu'il n'y avait personne
dans la montagne
Sauf les dernières étoiles
Et l'air était un immense cauchemar".

A l'écart de la seconde guerre mondiale et à l'écart de tout, dans la montagne, un homme, Oriol, que tout le monde croyait mort a vécu une toute autre histoire que celle qu'on lui avait bâtie sur base de rares témoignages.
Son petit-neveu mène une enquête longue et douloureuse pour découvrir la vérité sur cet homme qu'il croyait pianiste, soldat républicain fuyant le régime franquiste.
Tout le livre retrace cette recherche de l'autre, avec ses gifles et ses déconvenues, ses rencontres touchantes ou glaciales.
J'ai tout de suite été séduite par l'épigraphe de ce roman. Et si, par moment j'ai trouvé l'enquête un peu poussive, les descriptions des événements marquants un peu longues, en fermant le livre, cette épigraphe a apporté un nouveau regard à cette histoire, un éclairage un peu différent, un peu de compréhension à l'égard d'Oriol.

C'est une sensation étrange d'apprécier un livre pour le choix d'une citation, mais c'est ça aussi, la magie de la littérature et le fait qu'on ne s'en lasse jamais.


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Jordi Soler n'a qu'une obsession, la Guerre d'Espagne et ses ramifications jusqu'à aujourd'hui. Ses trois livres traduits en français (celui-ci est le deuxième que je lis) ressassent inlassablement ce sujet. Bien que romans, ils sont écrits à la première personne, et je ne saurais démêler la part de l'histoire familiale de celle de l'imagination.
Ce livre s'attaque à un sujet peu traité, celui de la part sombre des protagonistes d'un conflit, même s'ils sont du « bon côté », du côté des gentils. Non, il n'est pas question de purges ou de règlements de compte, juste d'un individu qui ne se conforme pas à l'image d'Epinal du bon soldat.
Sujet tabou, mais tabou que Jordi Soler ne brise pas tout à fait. Quand il est héros, son personnage, Oriol, n'est qu'un piètre héros et quand il est salaud, il n'est pas un salaud de bien grande envergure. Ne me faites pas dire ce que je n'écris pas, mais bon, des vols et un accident, ça ne fait pas vraiment un salaud. Alors certes, le questionnement sur l'intérêt de fouiller le passé, de ressasser les vieilles histoires, de vouloir à tout prix connaître la vérité est intéressant, bien que trop peu effleuré dans ce livre court (un reproche identique à celui du précédent livre de Jordi Soler que j'ai lu, Les Exilés de la Mémoire), mais l'histoire qui illustre ce propos est en définitive assez peu convaincante.
Sur ce sujet, je préfère de loin Un Métier de Seigneur, de Pierre Boulle, qui dresse le portrait d'un vrai salaud du bon côté de la barrière, lors de la Seconde Guerre Mondiale. Ce roman, que j'ai lu quand j'avais 16 ans avait été une claque (comme l'on dit familièrement) et je me souviens encore de nombreux détails aujourd'hui. C'est cette lecture-là que je préfèrerais recommander si ce thème vous intéresse…
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critiques presse (1)
Lexpress
12 mai 2014
Le romancier s'y entend plus que jamais, dans ce troisième volet consacré à sa très riche histoire familiale, pour mêler en majesté fiction et réalité, fantaisie et mémoire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
On sait que depuis plusieurs semaines Oriol avait des éclats de grenade dans une fesse, et que sa blessure, soignée à la va-vite par un médecin au milieu du champ de bataille, était à mi-chemin entre la putréfaction galopante et la gangrène, état propice à la fièvre permanente et au délire, et bien peu adapté à un bombardement : c'était presque le comble du malheur, car la guerre était perdue et Oriol ne désirait plus que passer en France pour se mettre à l'abri des représailles de l'armée franquiste qui les bombardait du ciel et qui sur terre était sur leurs talons. Le plus facile pour lui aurait peut-être été de s'accrocher à sa première pensée, de reconnaître que ses chances de survivre étaient minces, et tout simplement de se rendre, de s'abandonner, de cesser de se consumer devant un avenir bref et pauvre, un avenir qui n'irait probablement pas au-delà de la bombe suivante, et de toute façon, acculé comme il l'était par les explosions et l'embrasement colérique, se faire des illusions était inutile et inopportun. On sait qu'Oriol, voyant la guerre perdue, avait laissé sa femme à Barcelone et que, cherchant à quitter l'Espagne, il avait erré de-ci de-là avec son frère jusqu'au moment où, sa blessure le faisant de plus en plus souffrir, il avait accepté d'être interné dans ce baraquement où il récupérait avec quatre-vingt-quinze autres soldats républicains, prostrés sur des lits semblables au sien, ou à même le sol, affligés de blessures et d'infirmités diverses, certains amputés d'un membre, manchots, boiteux, borgnes, désastreux bataillon de soldats grièvement blessés et moribonds. On sait que ces soldats n'avaient presque pas de médicaments, que personne n'aurait la moindre commisération pour eux, et on sait aussi qu'il y avait un médecin qui faisait ce qu'il pouvait et qui, dès le premier bombardement, après ces râles de lumière qui grimpaient le long des murs et plongeaient les soldats dans le désespoir, leur avait promis qu'un car viendrait les chercher pour les emmener dans un hôpital en France, où ils seraient à l'abri des représailles et pourraient guérir grâce à une équipe de médecins à la hauteur de leur malheur, un peloton blanc, soigné et souriant qui, vu de cette clinique improvisée et infecte, ressemblait à une hallucination.
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On sait qu'Oriol, voyant la guerre perdue, avait laissé sa femme à Barcelone et que, cherchant à quitter l'Espagne, il avait erré de-ci de-là avec son frère jusqu'au moment où, sa blessure le faisant de plus en plus souffrir, il avait accepté d'être interné dans ce baraquement où il récupérait avec quatre-vingt-quinze autres soldats républicains, prostrés sur des lits semblables au sien, ou à même le sol, affligés de blessures et d'infirmités diverses, certains amputés d'un membre, manchots, boiteux, borgnes, désastreux bataillon de soldats grièvement blessés et moribonds. On sait que ces soldats n'avaient presque pas de médicaments, que personne n'aurait la moindre commisération pour eux, et on sait aussi qu'il y avait un médecin qui faisait ce qu'il pouvait et qui, dès le premier bombardement, après ces râles de lumière qui grimpaient le long des murs et plongeaient les soldats dans le désespoir, leur avait promis qu'un car viendrait les chercher pour les emmener dans un hôpital en France, où ils seraient à l'abri des représailles et pourraient guérir grâce à une équipe de médecins à la hauteur de leur malheur, un peloton blanc, soigné et souriant qui, vu de cette clinique improvisée et infecte, ressemblait à une hallucination.
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Novembre avait étendu par terre les deux corps, celui d’Oriol et celui de la chèvre, puis avait fait du feu dans la che­mi­née. De la même façon que mon grand-oncle se défit dans cette mai­son de son iden­tité, Novembre réorienta la sienne. Après ce sau­ve­tage, il lui sem­bla qu’en plus de s’occuper de ses chèvres il pou­vait sau­ver des gens per­dus dans la mon­tagne, et avec cette naï­veté, sans autres éléments que ceux qu’il avait sous le nez, il entre­prit de le faire.
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En réalité, on peut faire très peu de chose contre l’oubli, ériger un monument, apposer une plaque, écrire un livre, organiser une causerie et à peine plus, ce qui est naturel, justement étant d’oublier, et sur ce point, et à ce moment de l’histoire que je raconte, je me demande : et si tout ce qui se rapporte à cette putain de guerre et à ses séquelles n’était qu’un poids mort ? (p. 37, Chapitre 2).
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« Vous n’auriez rien pu faire, même si vous l’aviez voulu », lui dit alors le guérillero, empressé et galant, et la dame lui répondit que cela ne la disculpait pas, que savoir s’il aurait été utile de crier ou de se débattre était sans importance, ce qui importait c’était de protester d’une façon ou d’une autre contre cette injustice et de dire ainsi à son mari : « On t’arrache à ma vie et ça me fait mal », « Je suis avec toi », « Tu verras, je ferai tout pour que ces brutes te libèrent. » (p. 84, Chapitre 5).
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Videos de Jordi Soler (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jordi Soler
A partir du livre "Ce Prince que je fus" de Jordi Soler, réflexion sur la relation entre la fiction et la vérité historique (disponible aussi en podcast).
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