Voici le roman vibrant d'une quête émouvante et fragile:
Les péres et les fils, qu'est ce qui se trame entre eux d'irréparable?
Et les petits fils?
Dans le dédale des squats de Barcelone,au sein de cette capitale Catalane bruyante, débordante d'énergie, étourdie par la crise, dans le vivier d'une jeunesse idéaliste et inventive qui refuse les trahisons et les renoncements des générations passées :"Car Barcelone bruisse aussi de son passé", un homme , Ioan,est venu chercher son petit fils, Valentin,fugueur, de dix sept ans..
Ioan fut un exceptionnel reporter de guerre,mais la mort accidentelle de son fils Simon, une obscure et lancinante culpabilité l'ont fait renoncer brutalement à la photographie.
Il a tout quitté, s'est exilé dans la solitude, la paix et l'oubli, au fin fond des Cévennes pour extirper sa peine.
Et voilà qu'un coup de fil insolite le rattrape, signalant la disparition de Valentin, dans la ville même où son propre pére a mystérieusement disparu en 1938, quand la Catalogne résistait héroïquement aux franquistes...
De quel côté était- il?
Du bon ou du mauvais?
Interrogations et quêtes se font écho.
Passé et présent se conjuguent comme si les abandons et les trahisons nouaient tragiquement et inexorablement la lignée et les destins des péres et des fils....
La recherche de Valentin l'insoumis et les rencontres à l'ombre de la Sagrada
Familia de Gaudi vont faire renaître le vieil homme taciturne.....
Il apprend à faire le deuil du pére et du fils à la fois....
Est ce que les deux sont mêlés ?.....
Un ouvrage empreint d'amour, de poésie, de regrets, de descriptions imagées.
L'écriture nous restitue une Barcelone et son ambiance fiévreuse, survoltée , avec ses marginaux,ses militants, sa violence, sa chaleur, son théâtre de rue, sa musique, ses trafics ....
Avec , en arriére plan, l'ombre vivace de la guerre d'Espagne, ses plaies anciennes et ses cicatrices...
Un roman prenant, coloré, libérateur, truffé de personnages hauts en couleur et attachants!
Une quête spirituelle belle et troublante!
Une renaissance, une ode puissante et émouvante à la vie!
Une oeuvre singulière et exigeante habitée par l'exil,la révolte, l'errance et l'histoire intime des hommes!
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Un livre dévoré en quelques heures.
Un homme désespéré par la disparition de son fils, en mer, choisit de vivre en ermite dans les Cévennes. Pour oublier sa souffrance, car il n'a jamais mais réussi à faire son deuil, il passe principalement ses journées, à relever des murs de pierre.
Un jour, il est contrarié en regardant des photos qu'il a prises dans le cadre de son activité professionnelle, lorsqu'il se rend compte qu'il a photographié un enfant dans les ruines de Beyrouth, alors qu'il a toujours évité de photographier des êtres vivants. le même jour, il reçoit un appel de sa belle-fille qui lui demandea de partir à la recherche de son petit-fils Valentin.
Après avoir hésité, il finit par gagner Barcelone avec une certaine crainte car il sait que son père a participé à la guerre d'Espagne mais de quel côté.
Il va donc à la rencontre de ses racines. Que va-t-il trouver?
Les coordonnées que lui a communiqué la mère de Valentin le conduisent dans le monde des squattes et des anarchistes qui vont lui apporter leur aide dans sa quête.
Un livre très émouvant.
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Quête à la fois intergénérationnelle et introspective, ce roman vibre de toute la puissance de l'espoir et, au final, du respect des choix de chacun, même si ces derniers s'inscrivent en marge de la pensée commune. Une écriture émotive et intime qui vaut le détour dans cette facette de Barcelone méconnue.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Presque en forme de poème, l'odyssée psychologique et spirituelle est troublante et belle.
Lire la critique sur le site : Telerama
Qui est cet enfant des marges qui apparaît et disparaît au gré de son errance?
Celui de la photo de Beyrouth au regard fixe?
Valentin pour qui il a pris la route?
Simon, son fils disparu?
Ou son propre reflet d'enfant qui se dévoile peu à peu?
Pour raconter vos luttes vous ne dites pas "je" mais "nous" comme si vous étiez le corps d'un seul être fabuleux qui traverse les générations en changeant de peau sans changer de sang. Je ne connais pas cette continuité du vivant, je vous envie.
... Comprends que tu peux aussi donner, ça épongera ta peine, c'est même le seul remède pour la soulager, donne au lieu de quémander comme un mendiant des miettes d'attention et tu deviendras plus libre qu'un prince ...ne te complais pas dans ton malheur. (p 134)
A la mort de Simon, Laura s'est retranchée avec Valentin dans une forteresse dont elle a coupé les voies d'accès, laissant Ioan à la porte. C'était la punition infligée à celui qui avait le mauvais goût de survivre à son fils. Il s'est effacé, dégâts collatéraux des deuils.
Faire l'amour avec un homme qui se cherche encore, c'est serrer l'avenir dans ses bras.(p230)
LECTURE Matin brun par Caroline DUVAL et entretien avec Franck PAVLOFF au 35e Festival du Livre de Mouans-Sartoux