Trois entretiensVladimir SolovievVladimir Soloviev, du pour du contre, le moins qu'on puisse dire est qu'il ne laissait pas indifférent. Il arrive dans les années 1860 en culottes courtes en plein dans les controverses intellectuelles qui agitent le monde estudiantin sous Alexandre II, dans cette ère nouvelle de la Russie qui voit là les premiers soubresauts qui décideront de la révolution 40 ans plus tard.
Ce petit fils de prêtre orthodoxe, ce fils du grand historien
Sergueï Soloviev, né à Moscou va apprendre vite et bien ; l'aura familiale aura raison de lui, l'éducation y est plutôt austère, stricte. Son intérêt ira vers les choses philosophiques et religieuses : il fera des études brillantes. Les grands philosophes que sont
Kant,
Schopenhauer, Schelling,
Spinoza .. qu'on lui a enseignés à la maison vont avoir une grande influence sur lui. Les géants littéraires que sont
Tourgueniev,
Dostoïevski, Tolstoï, vont forcément l'inspirer, il se déclare très tôt proche de
Tourgueniev quand celui-ci se penche sur la cause de Narodnik, puis de Tolstoï et de Dostoïevki pour leurs travaux respectifs
sur la religion. Mais entendons-nous bien, le garçon à la tête solide et veut assumer seul sa voie. Tant et si bien qu'il finira par se fâcher avec Tolstoï quant à ses idées sur le christianisme primitif, sa foi à lui est plutôt traditionnelle, dans une orthodoxie la plus rayonnante : ce sera celle qu'il va prêcher avec un aplomb considérable, et il sera écouté le bougre. Sa plume est au diapason de son intelligence qui est supérieure. Il va être considéré comme le grand philosophe russe de ces années là. Ses sentences résonnent encore dans les oreilles des russes d'aujourd'hui. Ces mêmes russes l'apprécient comme une fierté nationale. Pour les néophytes, il n'est pas rare qu'on se souvienne de sa physionomie légendaire de grand jeune homme hirsute, malingre, au regard habité, mystique, engoncé dans de lourds vêtements sombres, un poil plus distingué que Raspoutine tout de même ..