L'Humanité a fui la Terre devenue planète morte à bord d'une armada de vaisseaux qui constitue un havre technologique pour tromper l'ennui en attendant d'atteindre un lieu propice à la vie. Jofe D'mahl, créateur de simulations artistiques spectaculaires rencontre un membre des avaleurs de vide, groupe à part des éclaireurs chargés de repérer une planète habitable, et accepte la proposition de l'accompagner dans sa mission.
Cette science fiction dans ses descriptions est chatoyante, fourmille de trouvailles synthétiques remplaçant une dimension biologique en sursis et une nature en exil. La totalité que forme le convoi dans sa fuite en avant est un réseau, un cocon fermé à ce qui l'entoure, comme aveugle et immobile, se nourrissant d'orgueil et de divertissement. La métaphore sociologique est puissante, le peuple se complait dans l'illusion, grisé par une Histoire manipulée et un espoir devenu vital, une vanité pour ignorer la vacuité. La question du rôle de l'art par rapport à la vérité se pose alors, et celle du pouvoir solitaire et éclairé avec. le secret est un fardeau qui assure la cohésion générale mais qui escamote aussi la valeur et la fragilité de la vie dans un cogito ergo sum simpliste cachant la rareté et l'insignifiance de la vie consciente dans le cosmos, vertige ontologique décourageant. Finalement, le néant renvoie à la cosmogonie et à la théologie, la création et la mise en abyme dans un élan pour donner du sens, même absurde. « Pourquoi y'a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »
Leibniz.
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