[...]Si on adhère à ce style malicieux et un peu bavard, bourré d'aphorismes et d'allitérations, on se prend à suivre avec intérêt les mésaventures des deux déménageurs dans la seconde nouvelle, avec cette association mystérieuse d'intellectuels rappelant, en plus léger, ceux qui président à la naissance du Rosemary's baby. La dernière, qui donne son titre au recueil, est encore davantage chargée de références et d'hommages (
Poe, bien sûr, mais aussi
Corneille – le narrateur se nomme Rodrigue et sa fiancée Ximena- ou encore
Borges, les fractales, l'ésotérisme). Toutes ont en commun non seulement de trouver comme point d'ancrage géographique les quartiers bourgeois de Thionville, les vieilles rues de Metz et l'inquiétante présence de la centrale nucléaire de Cattenom, mais aussi et comme en parallèle cosmique, certaines constellations comme Cassiopée ou la chevelure de Bérénice, la nébuleuse d'Andro
mède et l'étoile Aldébaran.
On est moins ici dans la SF pure et dure que dans une sorte de fantastique quotidien, entre
Andrevon et
Daniel Walther, mais sans aucun caractère inquiétant, sans rechercher les coups de théâtre et révélations finales (les explications, lorsqu'elles sont fournies, sont brumeuses et insatisfaisantes). A la frontière entre le merveilleux (les dragons), la dark fantasy et l'anticipation, avec des préoccupations très actuelles (le nucléaire, bien entendu, mais aussi l'écologie, l'éducation et certaines valeurs galvaudées comme la bienséance) et un goût immodéré pour les mots,
Pierre Stolze n'hésite pas à dénicher des synonymes improbables pour en constituer des litanies parfois indigestes, mais proférées avec ô combien de générosité ! [...]
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