Je n'ai rien reçu de vous depuis mon arrivée. J'espère avoir un mot cette semaine ! Mon adresse, jusqu'à la fin Juin toujours la même. Vous me manquez beaucoup. J'ai ici de gentils camarades mais quand je parle avec eux il me semble que nous ne donnons pas aux mots le même sens. Il faudrait tous les définir, un à un et encore ! Nous vivons sur des plans différents et ils ne s'en rendent pas compte. (En Europe quand ça arrive, on le sait, de part et d'autre. Du moins, je l'espère.)
C'est, quand je suis avec l'un d'eux, comme un dialogue entre une branche d'eucalyptus et une bicyclette. (J'ignore si je suis celle-ci ou celle-là, peu importe.)
CARTE POSTALE DU 17 NOVEMBRE 1928
Chers amis,
Je pense que vous aimerez les Brueghels du Musée de Vienne. (Et les Dürer et un prodigieux Tintoret !) Mais peut-être connaissez-vous tout cela et mieux que moi qui n'aurai passé à Vienne que trois jours.
Mes très cordiales amitiés
Julio S.
Jules SUPERVIELLE – Introduction à son œuvre (Conférence, 2017))
Une conférence d’Adeline Baldacchino, intitulée « Jules Supervielle - Cœur de vivant guetté par le danger », donnée le 4 février 2017 à l’Université Populaire de Caen.