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4,14

sur 524 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai assisté il y a environ un an, à une passionnante anthologie non exhaustive de la littérature japonaise.
Le conférencier insistait sur la nécessité de s'imprégner de "L'éloge de l'ombre" de J Tanizaki pour essayer de comprendre "ce qu'être japonais" voulait dire. Il a en outre, tenté de nous faire appréhender à nous les Occidentaux venus s'initier à cet attrait de la plume orientale, les concepts orientaux et ainsi les différences qui marquent nos cultures.
Si l'histoire des Occidentaux est empreinte de religion et de recherche de pureté tendant vers un paradis immaculé et lumineux, la vie japonaise qui perdure dans ses traditions et dans son rapport omniprésent à la nature, tend vers l'ombre.
Là où l'homme japonais a conscience de son altérabilité, de son imperfection, il se résigne dans sa finitude et se satisfait du charme des marques du temps, de l'expérience inscrite dans son environnement quotidien.
Ainsi, dans son architecture extérieure comme intérieure, les bâtiments créent des zones d'ombre pour inciter à la méditation. La vie courante montre aussi cette recherche des profondeurs par les matériaux utilisés comme les bois rehaussés d'or qui sont laqués dans des tons ténébreux (rouge, noir ou marron) pour en admirer le scintillement et l'éclat sous la moindre parcelle de lumière.
Le Japon traditionnel est là où l'ombre, la patine, le translucide, le flou, le rappel permanent à l'imperfection coexistent par opposition au brillant, au blanc, au cristallin, au net qu'idealisent les occidentaux.
Il en va de même dans tous les pans de la société japonaise y compris sa culture. Leurs arts s'épanouissent dans cette "mise à l'ombre" et notamment celle de ses trois théâtres où l'éclairage à la flamme de la bougie contribue, met en valeur, voire développe l'esthétisme et la sensualité des acteurs dans des scènes jouées et chantées.

J Tanizaki au travers de cet essai (1933), nous sensibilise à l'orient et sa sagesse par la mise en lumière de cette simple notion d'ombre indissociable de son alter ego, l'un mettant en scène l'autre dans une réciprocité nécessaire.
Lui qui a vu son pays être révolutionné par le modernisme créé et adapté par et pour les occidentaux, s'est initié à ce nouveau monde. Il était alors le plus à même de nous faire saisir une des nuances des traditions japonaises : l'ombre nécessaire à l'homme japonais.
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Vieilles théières arabes en métal, pots et narguilés en cuivres ternis, verres dépolis et poussières auraient beaucoup plu à Tanizaki. Mon séjour est donc plus oriental qu'occidental !
Bien possible…

Je dois cependant avouer que je rechigne quand même à poser sur ma table des couverts anciens sans les avoir passés au Mirror ! 

Ce très court essai est donc, on l'a compris, l'éloge nostalgique d'un certain art de vivre japonais qui n'existe plus aujourd'hui terrassé par la culture clinquante et vulgaire de l'Occident.
C'est un parti-pris qui a ses limites.
Un parti-pris qui oublie la beauté du courant expressionniste, et avant lui des tableaux de nuit de Georges La Tour, Rembrandt, Van Gogh
Un parti-pris qui passe par dessus nos intérieurs d'autrefois qui eux-aussi faisaient la part belle à l'ombre.
Une approche finalement, qui plus que lumière et ombre, oppose modernisme et nostalgie des temps anciens.
Et beaucoup de répétitions et de digressions comme cette recette de sushi au saumon !

Non, cet essai est très loin d'être le chef d'oeuvre de Tanizaki !
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Junichirô Tanizaki (1886-1965) est un écrivain japonais. Etudiant à l'université de Tokyo, il publie en 1910 le Tatouage, une nouvelle qui lui apporte une célébrité immédiate. Il s'engage alors dans la voie littéraire, publiant de nombreux récits qui s'inspirent souvent d'un Occident et d'une Chine exotiques – jusqu'au grand séisme qui secouera Tokyo en 1923. Tanizaki quitte alors la capitale pour la région de Kyoto et Osaka et, après avoir publié Un amour insensé (1924) qui signe la fin de cette première période, il opte pour un retour aux sources japonaises. L'écrivain laisse une oeuvre unanimement considérée comme l'une des plus importantes du XXe siècle japonais.
Publié en 1933, Eloge de l'ombre est un essai dans lequel Tanizaki tente de cerner ce qui caractérise la culture japonaise, son âme profonde, en basant son argumentation sur l'ombre « qui nous apaise le coeur et calme les nerfs » et l'usage qui en est fait dans son pays. L'ombre devant être prise dans tous les sens possibles, que ce soit l'absence de lumière ou le clair-obscur dans un lieu ou bien la patine d'un objet. de petits paragraphes traiteront donc, de la qualité du blanc du papier japonais, de cuisine (la couleur de la soupe miso dans un bol), d'architecture, du théâtre nô ou plus improbable – mais néanmoins argumenté – des lieux d'aisance !
Une analyse qui s'appuie aussi sur la comparaison entre l'esthétisme japonais et occidental, le second préférant le clinquant, la brillance. Cet angle d'approche/d'étude n'est certainement pas le plus pertinent car trop simpliste, me semble-t-il, mais il démontre à travers maints exemples (électrification) que l'écrivain s'inquiétait pour l'avenir du Japon cédant aux sirènes de l'Occidentalisation en cours. D'un côté son coeur tient aux valeurs traditionnelles de l'ancien temps mais de l'autre, sa raison lui dicte qu'on ne peut refuser le progrès, reste alors la question essentielle, comment ménager la chèvre et le chou ? Junichirô Tanizaki ne le dit pas.
Eloge de l'ombre, un texte lumineux, pour tous ceux qui s'intéressent à la culture japonaise et veulent en comprendre quelques éléments.
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Louange de l'ombre. Eloge de l'ombre mais aussi éloge de la lumière. Ce livre, bien écrit, ne m'a pas convaincu. Une attirance pour l'Occident et les nouveautés technologiques n'empêche pas l'auteur, de préférer les caractéristiques du Japon traditionnel. Trop de nostalgie, à mon avis.
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Commenter un livre vénéré par beaucoup quand il nous a laissé dans une forme de perplexité, en se demandant si on n'est juste pas trop inculte pour l'apprécier, est toujours difficile. Mais essayons.

Il y a des classiques qui, des dizaines d'années et des siècles plus tard, sont toujours aussi pertinents et passent l'épreuve du temps. Certaines pages de l'Éloge de l'ombre pourraient correspondre à cette catégorie : il y a des descriptions magnifiques sur l'obscurité comme élément indispensable pour apprécier la beauté d'une architecture, ou d'un objet. On tourne les belles pages de l'ouvrage en ressentant le calme d'un jardin japonais dont la lumière filtre doucement à travers le papier washi d'un shoji, la douceur de la vapeur d'un thé ou d'un bouillon magnifié par un bol de laque, la qualité de la couleur d'un morceau de yokan, cette pâtisserie japonaise gélifiée, et on a l'impression de voir le quotidien d'un autre oeil.

Puis il y a ces autres classiques qu'on se dit qu'on doit aimer car c'est un classique, mais où on se dit aussi que, bon sang, il a mal vieilli : parfois, un livre des années 30 devrait peut-être rester dans les années 30. Comme les pages de l'Éloge de l'ombre qui comparent les degrés de blancheur des peaux de différents pays, qui sexualisent des adolescents ou encore qui apparentent littéralement les femmes japonaises à des objets, et qui laissent un goût amer en bouche. Et même s'il essaye de faire preuve d'autodérision, parfois, Junichirô Tanizaki passe un peu pour un vieux con.
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Ne connaissant de ce livre que son titre et sa réputation de chef d'oeuvre, je m'étais faite toute une idée de ce qu'il pouvait bien contenir. Et malheureusement, ce que j'espérais était loin de la réalité. Évidemment, rien de pire que de débuter un livre avec trop d'attentes mais dans ce cas, je conseille à tous les futurs lecteurs de lire ne serait ce que les quelques lignes du résumé en quatrième de couverture pour se faire une petite idée du sujet. Une fois le sujet connu j'imagine que cet essai est tout à fait agréable. L'auteur nous fait découvrir avec beaucoup de soin aux détails la culture japonaise et son sens de l'esthétisme, détaillant au fil des pages les intérieures, les goûts vestimentaires, les représentations ou encore l'art culinaire. Cela est très riche d'information pour toutes celles et ceux qui aiment à découvrir l'Autre, mais c'est simplement un peu éloigné de ma conception de chef d'oeuvre.
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Annoncé comme un chef d'oeuvre, ce texte de Tanizaki, bien que court, m'a dérangée à plusieurs égards. L'éloge qui y est faite d'une esthétique japonaise, dont la finesse tiendrait essentiellement à l'habileté à créer des jeux d'ombres, pâtit selon moi d'une mise en contraste abusive avec ce que l'auteur présente comme son pendant occidental : l'attrait pour une clarté hygiéniste et quasi-exhibitionniste. le bon goût oriental tel que parvient à le dépeindre Tanizaki semble pourtant suffisamment à la hauteur pour ne pas nécessiter d'être mis en valeur aux dépens d'une autre culture. Aussi, la conception de la beauté féminine proposée dans ce livre m'a laissée perplexe, à savoir l'idée que la beauté du corps d'une femme n'existe que dans l'illusion de son absence induite jadis par les codes vestimentaires.

Ces premières considérations n'empêchent pas toutefois d'apprécier le talent de l'auteur dans la description du savoir-faire asiatique qui donne aux objets les plus triviaux l'aspect d'oeuvres d'art. Par les mots, Tanizaki nous donne accès à une représentation tout en nuances des éléments mis en scène dans une pénombre feutrée s'accordant bien avec le flou de la visualisation mentale du lecteur. de quoi aspirer à retrouver l'ambiance réconfortante d'une pièce où les sens ne sont pas surexcités par l'omniprésence des stimuli environnants.

Cette entrée en matière de l'oeuvre de Tanizaki me concernant est donc assez mitigée. L'envie persiste néanmoins de découvrir davantage d'écrits de l'auteur pour voir son sens de l'esthétique mis au service de la littérature puisque celui-ci se donne pour objectif, à travers elle, de « faire revivre (…) cet univers d'ombre que nous sommes en train de dissiper ».
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"L'éloge de l'ombre" de Tanizaki, lu par Angelin Preljocaj est un enregistrement sur CD qui rend hommage au livre culte d'un des écrivains les plus emblématiques de la littérature japonaise du début du 20ème siècle. Publié à l'origine en 1933, ce livre est un essai sur l'esthétique japonaise. L'auteur défend une esthétique de la pénombre comme par réaction à l'esthétique occidentale où tout est éclairé.
Angelin Preljocaj est un danseur et chorégraphe français de danse contemporaine. Il aime beaucoup travailler avec des artistes de tout horizon. Sa voix est l'occasion de donner vie au texte qui souffre de la traduction nécessaire, de nous proposer une autre approche de la littérature. Une idée intéressante de la collection "L'oreille des mots". On peut regretter cependant le caractère intimiste de l'oeuvre initiale. de même, la présence d'un chorégraphe que l'on ne voit pas procure une certaine frustration: n'y aurait-il pas fallu créer plutôt un DVD pour donner une interprétation complète?
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