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sur 530 notes
J'ai assisté il y a environ un an, à une passionnante anthologie non exhaustive de la littérature japonaise.
Le conférencier insistait sur la nécessité de s'imprégner de "L'éloge de l'ombre" de J Tanizaki pour essayer de comprendre "ce qu'être japonais" voulait dire. Il a en outre, tenté de nous faire appréhender à nous les Occidentaux venus s'initier à cet attrait de la plume orientale, les concepts orientaux et ainsi les différences qui marquent nos cultures.
Si l'histoire des Occidentaux est empreinte de religion et de recherche de pureté tendant vers un paradis immaculé et lumineux, la vie japonaise qui perdure dans ses traditions et dans son rapport omniprésent à la nature, tend vers l'ombre.
Là où l'homme japonais a conscience de son altérabilité, de son imperfection, il se résigne dans sa finitude et se satisfait du charme des marques du temps, de l'expérience inscrite dans son environnement quotidien.
Ainsi, dans son architecture extérieure comme intérieure, les bâtiments créent des zones d'ombre pour inciter à la méditation. La vie courante montre aussi cette recherche des profondeurs par les matériaux utilisés comme les bois rehaussés d'or qui sont laqués dans des tons ténébreux (rouge, noir ou marron) pour en admirer le scintillement et l'éclat sous la moindre parcelle de lumière.
Le Japon traditionnel est là où l'ombre, la patine, le translucide, le flou, le rappel permanent à l'imperfection coexistent par opposition au brillant, au blanc, au cristallin, au net qu'idealisent les occidentaux.
Il en va de même dans tous les pans de la société japonaise y compris sa culture. Leurs arts s'épanouissent dans cette "mise à l'ombre" et notamment celle de ses trois théâtres où l'éclairage à la flamme de la bougie contribue, met en valeur, voire développe l'esthétisme et la sensualité des acteurs dans des scènes jouées et chantées.

J Tanizaki au travers de cet essai (1933), nous sensibilise à l'orient et sa sagesse par la mise en lumière de cette simple notion d'ombre indissociable de son alter ego, l'un mettant en scène l'autre dans une réciprocité nécessaire.
Lui qui a vu son pays être révolutionné par le modernisme créé et adapté par et pour les occidentaux, s'est initié à ce nouveau monde. Il était alors le plus à même de nous faire saisir une des nuances des traditions japonaises : l'ombre nécessaire à l'homme japonais.
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Ce livre nous plonge dans l'ancien temps japonais et sa culture de l'esthétique. L'auteur (sans aucune mesure) décrit et prône le goût de la nuance, du sombre, de l'ombre dans l'architecture, le théâtre et autres points clés de la culture japonaise. le style est soutenu et très beau.
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Ce texte, parmi les plus célèbres de la littérature japonaise du XXème siècle, pourrait à première vue — à la lumière de ce que nous pensons savoir — sembler avoir un peu mal vieilli.
La claire opposition lumière / obscurité - Occident / Orient semble en effet avoir vécu : la matérialité, avec son cortège de normes de sécurité, sa foulitude de nouveautés, son irrésistible et planétaire attrait, ne connait plus de frontières ni de limites.

Se cantonner à cette lecture ferait à tort oublier la profonde différence qu'il existe encore aujourd'hui ( plus que jamais peut-être ) entre une société dont la préservation de traditions culturelles n'appelle pas forcément de négation à la modernité, et une autre dont la justement convoitée modernité implique l'abandon, voire la dénégation, d'une part importante de cet héritage.
Contrepoint contemporain de cette lecture, évidement absent de ses pages, il rôde dans l'esprit du lecteur habitué à passer outre ces rideaux et cloisons érigés entre les peuples.

Son approche matérielle à vocation spirituelle rappelle à chacun le nombre limité d'objets réellement nécessaires à une vie simple et épanouie, l'entièreté du cycle alimentaire comme centre de gravité.
Des éléments constitutifs et sûrement impératifs à notre humanité ( en opposition, cette fois-ci, à l'animalité ) se nourrir, en l'enveloppant dans un nuage de rites sociaux et concrets, revêt une importance capitale, d'autant plus quand elle permet le respect, la conscience et la sobriété de cette alimentation.
La culture japonaise a toujours beaucoup à apporter, à nous autres reste du monde, à ce sujet.

L'urgence décroissante à recycler, en quelques outils de métal, la petite boîte lumineuse qui partout nous accompagne — hideux miroir rétro-éclairé — se reflète au blanc de ces jolies pages imprimées.
Le commerce de mode auto-destructif comme véritable écueil civilisationnel ; l'âge et l'histoire d'un objet comme authentique richesse.

Une lecture qui prise à temps et en son temps entraînera force réflexions lumineuses, d'autres beaucoup plus sombres, comme cette effrayante ( mais efficiente ? ) volonté de « pureté » culturelle de ce peuple insulaire. Mais ce n'est pas cette nonantaine de pages qui apportera quelques éclaircissements, laissant le choix de la facilité au lecteur…

À noter que la maison d'éditions Philippe Picquier, grande spécialiste de littérature extrême-orientale, n'a pas su résister à la tentation d'avoir ce texte majeur à son catalogue, nous livrant une nouvelle traduction outre-nommée « Louange de l'ombre », comme si la leçon de ce texte, ainsi que sa magnifique première traduction par l'exégète René Sieffert, étaient bonnes pour le placard, alors que de nombreuses ré-éditions existent, celle-ci très jolie chez Verdier.
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Une lecture ancienne m'était restée mémoire comme, justement, un reflet qui dans la pénombre vient miroiter sur un bol en laque. Et l'éloge de cette obscurité est très riche et très précise. Mais à la relecture, j'ai été frappé par tout ce qu'il raconte sur le corps des femmes, leur invisibilité (y compris celle, dit-il, de sa propre mère). Il ne semble pas s'en offusquer (les sensibilités changent) mais c'est presque terrifiant à lire. En effet, selon lui, les femmes sont reléguées dans ces intérieurs sombres, leurs peaux préservées et même recouvertes pour ne plus que briller par éclats, par fragments (visage et mains) comme un élément du décor. Je ne connais pas la réalité historique d'une telle relégation dans les espaces domestiques (les films de Mizogushi m'ont montré que les femmes travaillaient aux champs donc j'imagine que cela ne concerne que des castes privilégiées) mais cette évocation lue aujourd'hui n'avait plus le même sens.
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Commenter un livre vénéré par beaucoup quand il nous a laissé dans une forme de perplexité, en se demandant si on n'est juste pas trop inculte pour l'apprécier, est toujours difficile. Mais essayons.

Il y a des classiques qui, des dizaines d'années et des siècles plus tard, sont toujours aussi pertinents et passent l'épreuve du temps. Certaines pages de l'Éloge de l'ombre pourraient correspondre à cette catégorie : il y a des descriptions magnifiques sur l'obscurité comme élément indispensable pour apprécier la beauté d'une architecture, ou d'un objet. On tourne les belles pages de l'ouvrage en ressentant le calme d'un jardin japonais dont la lumière filtre doucement à travers le papier washi d'un shoji, la douceur de la vapeur d'un thé ou d'un bouillon magnifié par un bol de laque, la qualité de la couleur d'un morceau de yokan, cette pâtisserie japonaise gélifiée, et on a l'impression de voir le quotidien d'un autre oeil.

Puis il y a ces autres classiques qu'on se dit qu'on doit aimer car c'est un classique, mais où on se dit aussi que, bon sang, il a mal vieilli : parfois, un livre des années 30 devrait peut-être rester dans les années 30. Comme les pages de l'Éloge de l'ombre qui comparent les degrés de blancheur des peaux de différents pays, qui sexualisent des adolescents ou encore qui apparentent littéralement les femmes japonaises à des objets, et qui laissent un goût amer en bouche. Et même s'il essaye de faire preuve d'autodérision, parfois, Junichirô Tanizaki passe un peu pour un vieux con.
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Éloge de l'ombre / Junichirô Tanizaki (1886-1965)
Ce petit ouvrage d'une centaine de page est un essai évoquant et analysant l'esthétique japonaise. Publié en 1933 au Japon, il le fut en 1977 en France avec une magnifique traduction de René Sieffert.
Junichirô Tanizaki, tout au long de cet essai très facile à lire et extrêmement intéressant, défend une manière d'esthétique de la pénombre en réaction parfois à l'esthétique occidentale où la lumière fait loi.
Par ailleurs il compare les divers usages de la lumière chez les Japonais et les Occidentaux. L'exemple du très symbolique « tokonoma » nippon (alcôve décorative dans la maison traditionnelle japonaise), chef d'oeuvre du raffinement, vient illustrer ce goût du clair-obscur.
L'esthétique du « sabi », c'est-à-dire la patine du temps, fait partie des canons de la beauté chez les japonais, et s'oppose à la manie de la netteté chez les Occidentaux.
Tout l'art nippon est ainsi passé en revue, l'architecture, la peinture, la décoration, et aussi les maisons et les matériaux utilisés, bois, chandeliers, papiers des « shôji » (cloisons) et « fusuma » (porte coulissante), couleurs des peintures, lumière des toilettes. Tanizaki écrit :
« La lumière indirecte et diffuse est le facteur essentiel de la beauté de nos demeures…En jouant sur le degré d'opacité de l'ombre, on se passe de tout accessoire. ».
L'art de choisir un chandelier est lié au besoin d'obtenir une lueur incertaine qui mette en valeur la beauté des laques japonais. L'auteur va même jusqu'à dire que l'obscurité est la condition indispensable pour apprécier la beauté d'un laque. La couleur d'un bol est capitale pour apprécier une soupe miso : il doit être de laque noir. Et tout l'art culinaire et gastronomique est ainsi analysé. Pour que ce soit bon, il faut que cela soit beau et pour ce faire il faut accorder cette cuisine avec l'ombre.
Les Japonais ont une préférence pour les tons et les reflets adoucis et voilés, ainsi que la patine alors que les Occidentaux aiment la netteté et la nitescence. L'exemple du papier hôsho est bien développé qui occupe une place importante dans l'agencement des pièces des maisons japonaises : il absorbe la lumière mollement au lieu de la refléter.
Est abordé aussi l'exemple du cinéma et du théâtre nô japonais qui aime les jeux d'ombres et l'art des contrastes. Même réflexion pour l'art photographique. L'art oratoire est même évoqué en ce sens que l'auteur compare les pauses à des ombres. L'orateur japonais aime cultiver l'ellipse et la métaphore et accorde une importance capitale aux silences. La création artistique selon l'auteur, que ce soit la peinture ou la sculpture ne peut créer de la beauté qu'en faisant naître des ombres dans des endroits par eux-mêmes insignifiants. Et il ajoute : « le beau n'est pas une substance en soi, mais rien qu'un dessin d'ombres, qu'un jeu de clair-obscur produit par la juxtaposition de substances diverses…Le beau perd son existence si l'on supprime les effets d'ombre. »
L'esthétique de la femme japonaise est également abordée livrant des clés pour la compréhension d'un des types de femmes qui hantent la plupart de ses romans, à savoir la « femme de l'ombre ».
À la fin, c'est le paradoxe absolu, Tanizaki se désespère de voir que le Japon use de l'éclairage sans compter dans les villes, dépassant l'Europe et presque l'Amérique et il ajoute : « Nous voyons à quel degré d'intoxication nous sommes parvenus, au point qu'il semble que nous soyons devenus étrangement inconscients de l'éclairage abusif. » de nos jours, ces lignes sont devenues prémonitoires.
En cadeau de fin, Junichirô Tanizaki nous offre la recette complète des sushi aux feuilles de kaki, son mets préféré.


Ce petit ouvrage est considéré par nombre de spécialistes comme son chef-d'oeuvre, livrant au lecteur attentif ses réflexions sur la conception japonaise du beau.
Junochirô Tanizaki, un des plus célèbres écrivains japonais, a toujours voulu rester étranger à toutes écoles et tendances littéraires, et offre de ce fait une oeuvre exceptionnelle extrêmement divers, tout à fait hors catégorie. Accusé de diabolisme, il en rajouta une couche afin de bien persuader les moralistes de l'insondable noirceur de son âme. Il fut alors taxé d'esthétisme décadent et en rit.
Mot final : « J'aimerais élargir l'auvent de cet édifice qui a nom « littérature », en obscurcir les murs, plonger dans l'ombre ce qui est trop visible, et en dépouiller l'intérieur de tout ornement superflu. » Pour qui a lu ses beaux romans, ces lignes annonçaient la couleur.


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J'ai beaucoup aimé ce livre auquel j'ai trouvé une double interprétation, peut-être non voulu par l'auteur qui lui est très tourné vers l'aspect esthétique et traditionnel, mais qui pourrait très bien s'appliquer à l'être humain. Car oui, à force de vouloir toujours mettre de la lumière partout, on a tendance à oublier que la beauté réside parfois dans les coins les plus sombres et ce sont tous ces jeux d'ombre et de lumière qui sont marqueurs d'authenticité et de beauté. Ce livre est à la fois très critique et en même temps teinté d'une douce poésie le rendant très agréable à lire.
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En 1933, en pleine force de l'âge et de son expérience de la vie, Tanizaki délivre un petit bijou en ce qu'il se veut un concentré de ce qu'est l'âme japonaise, en particulier un goût particulier pour les ambiances ombragées, à l'opposé de la pleine lumière, de l'éclat et des couleurs tapageuses que rechercheraient les occidentaux. Et pour le coup, on peut dire que son discours, rondement mené en moins de 80 pages, est des plus brillants !

Ce qui frappe est la banalité, voire la trivialité des thèmes et exemples retenus pour les besoins de sa démonstration, ce qui renforce d'autant la popularité et le crédit du propos. Je ne reviendrai pas sur les cabinets de toilette, tous les lecteurs qui m'ont précédé ici en ont été frappés, c'est vrai que c'est assez croustillant…Eloge du silence et de la nature, ou le cabinet comme lieu d'introspection méditative…Ailleurs dans la maison, il expose le rôle fondamental du toko-no-ma, ce petit renfoncement dans un mur où se loge généralement un tableau, une estampe, et sur la marche située en-dessous un petit vase contenant une sobre décoration florale ikebana. Spécifiquement japonais, il est à l'abri de la lumière directe. Il paraît que l'effet produit par le toko-no-ma dit tout de la qualité de confort et de tenue de la maison (il faut lire ici le livre du thé de Kakuzô Okakura, complément indispensable à Eloge de l'ombre). Tanizaki tient pour supérieure cette tradition de l'ombre, du sombre, de la patine sur les objets qui s'installe avec le temps et à force de toucher, quand les occidentaux ne penseraient qu'à les lustrer. N'oublions pas que chez les Japonais la charge symbolique des objets est très forte, presque à en avoir une âme…Autant dire que les lustrer comme au premier jour de leur existence, c'est les aseptiser et leur ôter tout le charme du vécu. Il admet au passage que c'est aussi un moyen de masquer dans une semi-obscurité un côté pas toujours bien net de propreté…L'exemple sur lequel il s'étend le plus est toutefois la question de l'éclairage électrique, une véritable calamité venue tout droit d'occident dont il regrette la généralisation et l'emploi excessif, y compris dans des grands hôtels japonais qu'il ne se gêne pas pour nommer. Mais il évoque aussi le papier, la vaisselle (les laques), et s'aventure assez longuement sur le terrain interne du théâtre japonais, préférant la sobriété d'effets du Nô au clinquant du Kabuki.

Son discours nous fait sourire souvent, tellement transpire l'agilité intellectuelle de ce génie, mêlant humour et parfois mauvaise foi, modestie et auto-dérision vraie ou fausse…Tanizaki feint parfois de geindre et jouer les nostalgiques, tout en admettant qu'il faut bien se faire une raison, on ne reviendra pas en arrière. L'Occident a gagné la partie, il faut tenter de sauver ce qui peut encore l'être mais ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain de confort apporté par la modernisation à marche forcée de l'ère Meiji, achevée vingt ans plus tôt.

Personnellement, plus que l'affaire des toilettes, c'est le dernier quart du livre qui m'a le plus impressionné. D'une part, sur la question des lampes, il affirme avec force et clairvoyance si j'ose dire, que la débauche de lampes dans les restaurants et autres lieux de plaisirs ne fait que générer une nuisible chaleur supplémentaire, aberration durant la saison d'été, d'autant que pour lutter contre cette chaleur devenue excessive on fait tourner les ventilateurs. Il faudrait réduire, économiser, quitte à monter un peu l'hiver. En ce XXIème siècle de réchauffement climatique, de risque de pénurie de ressources énergétiques et de pollution lumineuse des villes, ce discours qui a 90 ans d'âge est saisissant d'actualité !

Pour autant, Tanizaki est un réaliste qui ne tournera pas le dos au progrès, l'affaire est entendue, mais dans ces dernières pages il s'auto-investit de la mission de sauver ce qu'il reste de l'esprit japonais, pour la postérité, à travers ses romans et écrits comme celui-ci. C'était quasi peine perdue, et il le savait bien, constatant que les Japonais ont largement adopté la mode occidentale. Sa vision est déjà celle du passé, quand il se souvient de sa mère cousant dans une faible lumière, à l'aube du XXème siècle. Mais il sait très bien qu'à toutes les époques, les vieux sont toujours nostalgiques, touchés par le syndrome du c'était mieux avant, du temps de leur jeunesse, donc il faut relativiser ces plaintes. Quant à la validité de sa thèse, si tant est qu'elle ait été juste et non pas un peu caricaturale, elle est aujourd'hui très discutable, justement en raison de l'uniformisation des goûts apportée par la mondialisation, et aussi du fait de la seconde période d'innovation effrénée qui a eu cours de l'après-guerre à la fin des années 1980 et qui a projeté le pays en pleine lumière, dans tous les sens du terme, l'électronique en étant friande. Aujourd'hui, les Japonais urbains vivent au moins autant dans la lumière que les Occidentaux.

Pour finir, on ne peut pas faire l'impasse sur le rôle du traducteur René Sieffert, qui fut vraiment une des grandes figures de la diffusion de la connaissance de la littérature et de la civilisation japonaise en France. le texte qu'il nous livre est d'une langue à la fois distinguée, impeccablement française, et pour autant pas démodée, donnant une incontestable épaisseur à l'ouvrage. Il semble que la récente et nouvelle traduction des éditions Picquier « Louange de l'ombre » soit heureusement d'un bon niveau également, mais je m'interroge toujours sur la pertinence de retraduire des textes dans un français actuel, au risque de perdre toute la saveur de la traduction originale. Il faudrait avoir connu l'auteur japonais, le Japon de son époque, et en plus parler parfaitement le japonais, pour s'imprégner au plus juste de sa pensée…Mais faisons avec ce que l'on a, car là non plus on ne reviendra pas en arrière, et le fait que ce petit livre en apparence anodin suscite encore aujourd'hui tant d'appétit de traductions et des notes aussi vertigineuses sur Babelio en dit long sur sa qualité intrinsèque !
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Malgré quelques incursions, je connais peu la littérature japonaise
Éloge de l'ombre de Junichirô Tanizaki m'a été offert par une amie très proche dans des circonstances particulières, il y a environ un an et demi, alors que je traversais une période très difficile… La hauteur de ma PAL fait que je l'ai lu seulement ces jours-ci…

Cet essai regroupe des réflexions de Junichirô Tanizaki sur la conception japonaise du beau.
Dans un style particulièrement fluide et accessible, il nous propose d'éteindre les lampes, de créer des zones obscures pour mettre en valeur la beauté qui nous entoure.
L'auteur nous parle d'architecture, de contraintes dans la construction des maisons japonaises. Il développe longuement des raisonnements sur la décoration des intérieurs, privés ou destinés à un usage public, sur le mobilier, la vaisselle, les matériaux, la gastronomie… Personnellement, je vais considérer d'un autre oeil les objets en laque, la préparation des sushis, la forme des toitures japonaises, etc.
Il évoque aussi la condition féminine, les standards de beauté très différents des normes occidentales…
Sa conclusion, en direction des lettres et des arts, est en faveur d'un dépouillement, d'une diminution de l'éclairage pas seulement électrique, mais aussi médiatique… L'occident gagnerait sans doute à adopter, un peu, la culture de l'ombre.

Toujours encline à mesurer les enjeux de la traduction, je m'interroge sur le travail mené par le traducteur, René Sieffert, qui nous donne à lire des ressentis complexes et intuitifs dans une langue belle, poétique, convaincante, didactique, respectueuse sans aucun doute du texte original car sa préface démontre une réelle connaissance de son sujet.

J'ai adoré ce petit livre (90 pages), lu par petites doses, savouré.
Une pause bénéfique.

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Louange de l'ombre. Eloge de l'ombre mais aussi éloge de la lumière. Ce livre, bien écrit, ne m'a pas convaincu. Une attirance pour l'Occident et les nouveautés technologiques n'empêche pas l'auteur, de préférer les caractéristiques du Japon traditionnel. Trop de nostalgie, à mon avis.
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