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EAN : 9782897124922
130 pages
Mémoire Encrier (21/08/2017)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Renoncer. Sauter les barrières. Brûler les horizons. Résonnent les cris de trois anarchistes. Théo, Zev et Narr résistent. Ombre et lumière, musique et silence s'enlacent d'un même mouvement dans ces villes abîmées où l'homme qui tombe continue de tomber. Un roman troublant qui met le feu aux certitudes, au confort des complaisances.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Phototaxie » est le troisième roman de Olivia Tapiero (2017, Mémoire d'Encrier, 130 p.). Romancière tout juste trentenaire. Une maitrise en littérature à McGill University, Montréal et une maitrise en traduction à Concordia University, toujours à Montréal. Un roman « Les Murs » (2009, VLB, 160 p.) et le prix Robert Cliche qui va avec pour un auteur de plus de 17 ans et un premier roman d'au moins 150 pages. Changement d'éditeur pour aller chez « Mémoire d'Encrier » avec « Phototaxie », et plus récemment « Rien du Tout » (2021, Mémoire d'Encrier, 136 p.).

« Phototaxie », c'est un homme qui tombe, et qui continue de tomber. Déjà, dès le début de « Rien du Tout », il y avait cette première phrase « L'orifice premier s'ouvre au monde : oeil, fleur, cri. L'anémone de mer, la valve du coeur. Une faille de lumière dans le vide galactique ». Cela me pose question de savoir si l'auteur est comme ces insectes qui viennent se bruler les pattes sur les lampes le soi dans la nuit éclairée. Plutôt cette fascination d'un « horizon absolu d'un trou noir qui défigure l'espace-temps » que celle d'une attirance vers les feux de la rampe, qui mettent de façon provisoire les talents supposés des vedettes de nos jours. L'attrait du trou noir et l'appel vers la lumière en opposition à la disparition de celle-ci, happée par la gravitation qui l'empêche d'en sortir. Quoi attire quoi ou qui en est la cause. Quoiqu'il en soit un homme tombe et continue de tomber.

Et cette vidéo de l'homme qui tombe d'un immeuble fascine Théo Schultz. Un peu comme ce laveur de vitres qui, tombant de son échafaudage, salue les locataires au fur et à mesure des étages. On pense, bien entendu à ce pauvre Tim Finnegan dont « la grande chute du mur d'angle entraina à si brève échéance la pftjschute », chute à l'origine des 10 mots de cent lettres qui rythment le « Finnegans Wake » de James Joyce. « bababadalgharaghtakamminarronnkonnbronntonnerroonntuonnthunntrovarrhounawnskawntoohoordenenthurnuk! »

Attirance que Théo Schultz, pianiste de son état décrit sans vraiment la comprendre. «Avec lui je sens la légèreté qui précède les catastrophes. Je lui ouvre tout. Lui ne me laissera rien, pas même ce qui lui colle entre les dents. Il est ma fête, ma cathédrale, mon louveteau exquis. J'aime tout de lui, chaque détail, les paupières, la peau entre les orteils, l'enfonçure autour de l'annulaire. Je lui donne tout pour le voir jouir comme la pluie tremble ». Mais est-ce le fait de voir l'homme qui tombe « L'homme qui tombe se multiplie, télescopé dans l'oeil du pianiste Schultz » ou la durée répétée de sa chute. « Il n'est pas question du moment où on regarde l'homme qui tombe mais de ce qui subsiste dans la répétition de cette image ». Etonnant de l'entendre rejouer Brahms et non point Steve Reich.
Dans les autres chapitres, il y aura Zev, tout aussi anarchiste, tendance consumériste, canal vol à l'étalage pour « compenser la mendicité de l'achat ». C'est presque de la novlangue ou du moins du couper-coller des manuels du petit anarchiste, du moins dans son descriptif des valeurs bourgeoises comme le parc municipal. « Sa fonction hypocrite est de rendre plus vivable une existence urbaine, d'amortir l'émeute par la possibilité d'une promenade, l'illusion d'une bifurcation » Et Narr, jeune immigrante « Je n'ai pas peur de ma famille, je ne lui dois rien sauf la colère d'avoir misé sur moi »

Reste le décor qui échappe, par endroits, aux lois de la gravité « Aux rives, gonflées de méthane, les baleines échouées explosent sur les derniers commerces balnéaires, leur puanteur glorieuse s'incruste sous la peau pendant des jours ». Quitte à aller voir et sentir les baleines, je préfère celle de Paul Gadenne dans « Baleine » (2014, Actes Sud, 36 p.) ressorti sous couverture rigide. Animal que Pierre et Odile vont comme qui dirait, visiter « il parait qu'elle brille au soleil comme une montagne de neige ».

Et à tout prendre, mais il faut garder de la place pour le dessert le « Achab (Séquelles) » de Pierre Senges (2015, Verticales, 624 p.). On y voit Achab à New York, devenu liftier, garçon d'hôtel, confesseur, comédien et souffleur (normal pour un ex-baleinier), avant de proposer à Londres des pièces au théâtre, puis de même à Broadway et à Hollywood. Ah ces prestations avec les Ziegfeld Folies… ou ces réflexions sur comment faire entrer un baleineau au théâtre (en poisson rouge ?).

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Aux rives, gonflées de méthane, les baleines échouées explosent sur les derniers commerces balnéaires, leur puanteur glorieuse s’incruste sous la peau pendant des jours. Les manifestations ont cessé depuis longtemps. Guettant une montée en grade, les surveillants assidus procèdent à des contrôles d’identité officiellement aléatoires. Les populations relocalisées se heurtent ailleurs, expulsées par d’autres autorités à titre d’arrivantes. Ceux qui restent deviennent le plus souvent malades comme cette ville dont le corps ne filtre plus, les boyaux à l’air, les organes toxiques, tout est désormais visible, des zones autrefois souterraines jaillissent prodigieusement. Grillages électriques, caméras et détecteurs de mouvements surveillent les territoires inaffectés, invitent à la transgression. Les ornements du Conservatoire giclent leur dorure sur les passants.
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Avec lui je sens la légèreté qui précède les catastrophes. Je lui ouvre tout. Lui ne me laissera rien, pas même ce qui lui colle entre les dents. Il est ma fête, ma cathédrale, mon louveteau exquis. J’aime tout de lui, chaque détail, les paupières, la peau entre les orteils, l’enfonçure autour de l’annulaire. Je lui donne tout pour le voir jouir comme la pluie tremble
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L’onglet reste ouvert, l’image de l’homme qui tombe se répète, conservant pour Théo un mystère érotique malgré les mois qui passent, les centaines de reprises et son corps qui s’y vide, comme dopé. Il n’en parle à personne. Il cherche le moment de grâce, appuie sur pause chaque seconde, se repasse la séquence
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Lentement, les eaux refluent, les terres calent et se rompent, infertiles, tandis qu’une blessure se ravive, une blessure sans lieu, élancée aux frontières par les corps déplacés et qui passe comme les sangs, les mémoires, déracinée.
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Vidéo de Olivia Tapiero
DIFFICULT WOMEN donne la parole à un choeur de femmes inoubliables. Dans un style vif et déroutant, Roxane Gay sculpte des visages qui restent longtemps gravés en nous. Deux soeurs sont inséparables depuis qu'elles ont été kidnappées et violées, enfants. Une femme fait semblant de ne pas se rendre compte que son mari et son frère jumeau se font passer l'un pour l'autre au lit. Une strip-teaseuse, qui doit payer ses études, repousse les avances d'un client riche. Un homme fonce dans le soleil et absorbe toute la lumière du monde… Autant de voix qui racontent au quotidien la passion, l'obsession, l'amour et la violence des relations. Roxane Gay creuse les bas-fonds de l'Amérique moderne au miroir de ces femmes puissantes.
Traduit de l'anglais par Olivia Tapiero
Née en 1974, essayiste, professeure et éditrice, Roxane Gay est l'autrice des best-sellers "Bad Feminist" ("Bad féministe" – Edito, 2018) et "Hunger" ("Affamée: une histoire de mon corps" – Edito, 2019). Son recueil de nouvelles "Ayiti" est paru en 2020 chez Mémoire D encrier.
Feuilleter un extrait: https://rb.gy/d3h7vc
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