AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 80 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis
«Un pamphlet réactionnaire d'écrivains accueillis par des chanoines traditionalistes [...] emphatique rumination antimoderne à la radicalité stupéfiante». Guillaume Gendron, "Libération".

Un ouvrage salué par toute l'extrême droite (Boulevard Voltaire notamment).

«[...]ce livre un pur projet de reconquête politique déguisé en livre de prière, dans un moment tout sauf innocent, tant dans le village qu'au niveau de la nation. Les écrivains conviés à ce projet le savent et en remplissent le cahier des charges, à commencer par Sylvain Tesson, très loin de son image grand public consensuelle, dont le texte est d'une radicalité réactionnaire inouïe.» Patrick Boucheron, médiéviste, professeur au Collège de France de la chaire «Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe – XVIe siècles ».
Commenter  J’apprécie          11

« Quand chacun des interlocuteurs vient de si loin, il faut du temps pour se comprendre. On s'écoute, mais on ne s'entend pas, ne fût-ce sur le plan du vocabulaire. Sauf pour ce qui touche les points sensibles en chacun de nous. En fin de compte, une rencontre authentique se situe toujours à un niveau plus profond ou plus élevé, ouverte sur l'infini. Par-delà les paroles, un regard, un sourire suffit pour que chacun s'ouvre au mystère de l'autre, au mystère toute autre. » François Cheng « L'Eternité n'est pas de trop »

Suis-je agnostique ou athée ? A mes yeux, cela n'a pas d'importance. Je suis une mécréante qui cherche la Lumière et ce n'est pas faute d'avoir prospecté. de temps en temps, mes pas me ramènent vers cette quête, j'éprouve toujours une attirance pour les lieux consacrés quels qu'ils soient, qu'importe l'Obédience, ils m'apaisent. Je me sens en communion avec ceux qui m'ont précédée, le temps n'existe pas. Etre touché par la grâce tel Eric-Emmanuel Schmitt dans Sa Nuit de Feu m'interpelle. Il se veut sans église, sans dogme, une très belle expérience.

Ce sont souvent des livres qui croisent mon chemin comme celui-ci qui, eu égard à mes lectures, me fut recommandé par Babelio. Les commentaires d'Aquilon62 et de Migdal m'ont motivée à partir en compagnie de ces quatorze écrivains et des moines sur les chemins de l'Abbaye de Lagrasse. Abbaye du pays cathare, née de la volonté de Charlemagne, j'entends « La Grâce », elle en a connu des vicissitudes, des destructions et des reconstructions jusqu'à l'arrivée de quelques chanoines qui mènent, entre ses murs, une vie de prière sous l'égide de la Règle de Saint-Augustin. La restauration a démarré en 2014 et comme pour toute rénovation, il faut de l'argent. Il a été convenu que le produit de la vente de ce livre reviendrait à l'Abbaye.

N'avez-vous jamais ressenti le besoin de vous isoler, loin de l'agitation extérieure et de ses tourments, l'impérieuse nécessité de vous retrouver face à vous-même, ce n'est pas une fuite mais plutôt un besoin de reprendre contact avec votre moi intime, de se recentrer. Il y a de très beaux endroits où se ressourcer mais pour avoir été en plein hiver, au moment des grandes marées, le Mont-Saint-Michel reste pour moi la halte idéale, propice à la méditation, pour demeurer seule avec moi-même.

Nicolas Diat nous offre une belle préface et le Père Abbé, Emmanuel-Marie le Fébure du Bus, conclut cette insolite mais féconde expérience qui a réuni une quarantaine de moines et quatorze écrivains aux croyances et sensibilités tellement différentes.

Les hôtes comme les invités ont tout partagé dans le silence de ce lieu consacré. Imaginez les moines glissant sur le sol carrelé au petit matin pour se rendre à l'office, tous vêtus de blanc, psalmodiant les prières, entonnant les chants grégoriens, la liturgie latine reprenant toute son épaisseur et son mystère, imaginez les invités, basculant dans un monde qui leur est tellement étranger, déjeunant d'un modeste repas, partageant le pain qu'il soit celui de l'officiant à la messe ou celui du réfectoire, sans un mot, concentrés sur la lecture du jour , attendant patiemment les échanges qui se font autour du café. Ils ne rencontreront que la Paix, l'amitié, l'écoute, des contraintes aussi qui viennent rompre avec l'immédiateté de notre vie moderne mais qui donnent toute l'intensité aux instants vécus.

Bien évidemment, certains d'entre les écrivains se questionneront sur la vie en communauté, après tout, les moines sont des êtres humains même s'ils sont parvenus à domestiquer leur égo, si leur être tout entier semble porter la lumière, il n'en reste pas moins qu'ils sont des hommes. Leur emploi du temps est intense et laisse peu de place aux aspérités, le rituel les relie. Les journées sont rythmées par les Offices (sept), la prière, l'étude, le travail manuel, le jardinage – j'ai beaucoup aimé la description du jardin et des essences diverses - les visites aux malades, les hôpitaux dans les services de soins palliatifs. Saint-Augustin veille sur eux, dans chaque cellule, ses confessions les rappellent à l'ordre. Il guide les frères dans sa vision de l'amour fraternel.

Ce livre représente la somme des différents dialogues ou écrits de chaque écrivain. Ils y ont apporté une part d'eux-mêmes, que ce soit l'athée qui humblement parle de son questionnement, que ce soit celui qui se réfugie derrière l'histoire de l'Abbaye pour éviter de se livrer, que ce soit le tourmenté comme Beigbeder ou Liberati ou la lucidité de Boualem Sansal, ce livre est très beau ! C'est le cheminement pendant trois jours d'hommes différents qui ne cherchent que la bienveillance en toute simplicité, dépouillés de leurs préjugés, sans jamais chercher à convaincre, C'est le dialogue – dias logoi – deux visions différentes qui se complètent et non qui se censurent, s'interdisent. Toutes les réflexions sont à savourer, à relire aussi. Certaines pensées m'ont particulièrement émue que ce soit par la beauté ou par l'humilité.

« Et penser à ces hommes agenouillés, m'aide à tenir debout » Frédéric Beigbeder

NdL : Pour @afriqueah, notre Francine dont je lis les mémoires, une page du livre s'ouvre sur une pensée de Saint-Augustin. J'aime ces clins d'oeil de l'Univers.
Commenter  J’apprécie          6418
Ce livre est né d'un "projet un peu fou" de Nicolas Diat d'inviter quinze écrivains à passer trois jours et trois nuits à l'abbaye de Lagrasse puis à partager par écrit leurs impressions. Chaque invité, selon son tempérament et ses centres d'intérêt, va soulever tel ou tel aspect. Certains seront touchés par le silence ou la qualité des dialogues avec les moines, la musicalité des chants grégoriens ou la profondeur des psaumes, la beauté du lieu ou la lumière sur la pierre. Au gré de leur plume s'écrira le récit de l'histoire de l'abbaye, son architecture, son organisation quasi militaire, sa liturgie sacrée. Tous les hôtes-écrivains ont été "frappés par l'accueil des moines, leur douceur, leur gentillesse, leur sourire, comme s'ils avaient purgé en eux les poisons qui animent nos existences survoltées : l'ambition, la soif de paraître, la jalousie, tous ces appétits qui nous rongent, car on ne peut ni les satisfaire ni les apaiser". Et plus surprenant, tous ont été marqués par le réfectoire où un frère, juché sur un petit pupitre, lit à voix haute une vie de saint "afin que l'esprit se nourrisse en même temps que le corps".

L'un notera : "Les chanoines blancs de Lagrasse vivent dans une faute d'orthographe : pourquoi ne pas assumer de vivre dans La Grâce en deux mots ? "
Dans ce lieu humain, divinement habité, quarante moines d'horizons et de tempéraments très divers ont répondu à l'appel de Dieu pour vivre et prier ensemble le restant de leurs jours. Un lieu habité où règne le silence et où les rares paroles échangées vont à l'essentiel. Un lieu de paix et de joie intérieure, où tout se vit dans la lenteur, la sérénité, le recueillement, la densité de l'instant. Un Lieu de rayonnement et même d'escalade à l'initiative d'un des écrivains.

Trois jours et trois nuits pour une rencontre avec un lieu, avec des hommes de Dieu, avec soi-même. Pour les quinze écrivains, croyants ou non, ce fut une expérience insolite et marquante. Pour les moines également. Pour le lecteur aussi.
Comme l'écrira un des quinze après cette expérience : "Penser à ces hommes agenouillés m'aident à tenir debout".
La conclusion revient au père Abbé : "Ce recueil prouve que la littérature est et doit rester un appel à l'Absolu, à la transcendance ; que la culture peut encore s'épanouir en désir d'Éternité. Ainsi cet ouvrage, dans un monde sombre, apparaîtra comme un signe d'espérance".
Commenter  J’apprécie          91
Quinze écrivains rapportent ce que leur inspire un séjour de trois jours et trois nuits parmi les chanoines augustiniens de l'abbaye de Lagrasse en pays occitan. Enfant terrible incorrigible, Sylvain Tesson s'y présente en retard. Il a dans son sac ses cordes, avec l'idée de jouer à l'araignée sur la tour de l'édifice. Pour incongru que cela semble, le turbulent Frédéric Beigbeder se prête aussi au jeu. D'autant plus qu'il s'agit de sa troisième expérience de retraite dans un monastère. Egal à lui-même, il ne dépare pas son récit du ton qui lui est propre, à savoir direct, cru, sans compromis. Il transmet l'invitation à Michel Houellebecq, qui, rebelle, refuse de se plier à l'expérience monastique, passant à côté d'une opportunité de soigner sa sempiternelle dépression, ne serait-ce que pour trois jours et trois nuits. le rendez-vous est manqué aussi, mais pour raison de Covid, pour Boualem Sansal. Il apporte malgré tout sa contribution de athée à l'ouvrage.
On retrouve des constantes dans les textes, aussi variés soient-ils. C'est l'ambiance sonore avec les oiseaux, les cigales et les grenouilles. C'est encore la notion de temps si particulière parce que rythmée par les offices ; les journées passent vite.
Certains font une synthèse de la pensée augustinienne, d'autres retracent l'histoire du monastère. le rite tridentin, avant Vatican II, est souvent mentionné. le grégorien et le latin exercent leurs vertus apaisantes. Un parallèle est dressé entre discipline monastique et militaire. Il est souvent fait référence au film Des hommes et des dieux.
Louis Henri de la Rochefoucauld est renvoyé à ses souvenirs d'enfance et de famille. Son récit plein d'humour et d'autodérision est assez sympathique.
L'ouvrage s'adresse aux non-croyants comme aux croyants, catholiques ou non. Son intérêt réside dans la diversité des perceptions des quinze élus. Après les confinements Covid, c'est une autre expérience de l'enfermement qui y est exposée. Celle d'une retraite choisie, rythmée par la prière, et qui dégage pour tous paix et sérénité.
Commenter  J’apprécie          20
Nicolas Diat, journaliste chrétien et grand connaisseur de la vie monastique, a eu l'idée de proposer à 14 auteurs contemporains de venir passer trois jours et trois nuits à l'abbaye de Lagrasse, près de Narbonne, où une communauté de chanoines de Saint Augustin relève le défi de rénover et réhabiter une abbaye millénaire.
Ce livres regroupe donc 14 regards, plus ou moins sceptiques, sur la vie de ces religieux, qui parait si décalée dans notre monde contemporain. Pourtant tous ceux qui ont gouté à cette fraternité ont relevé l'importance de la persistance de cette vie monastique (ou canoniale en l'occurrence) et de son mystère pour le monde contemporain.
Au fil des pages, nous retrouvons le visage de ces auteurs, avec leurs travers, leurs egos, leur talent, mais surtout leur humanité.
Un beau livre, à la croisée de la spiritualité, de la littérature et de la nostalgie, qui s'emploie plus à bâtir des ponts qu'à jeter des anathèmes.
Commenter  J’apprécie          70
Il n'est pas nécessaire d'être croyante pour être séduite par la beauté d'un monastère, fascinée par la vie des moines et moniales et regretter d'être une incurable mécréante.
J'admire leur foi (non dépourvue de doute, parfois), leur volonté de quitter le monde, tout en y étant présents par leurs actions et leurs prières.
Ils me rassurent, ils sont là.
Aussi curieux que cela puisse paraître, les monastères au plus près des règles strictes attirent la jeune génération de futurs moines (ou chanoines comme à Lagrasse).
Alors trois jours de "retraite", cela peut paraître peu, sans doute, mais j'ai été sensible à la pluralité des approches des différents écrivains, certains plus axés sur leur ressenti et d'autres sur une démarche plus intellectuelle ou historique.
Il y a deux ans, j'ai visité cette abbaye. La partie conventuelle étant fermée, je me suis donc limitée à celle appartenant au Conseil Général. Je regrette maintenant de ne pas y être revenue aux horaires d'ouverture !

Commenter  J’apprécie          70
A la découverte de ce livre, je me suis dit mais quelle bonne idée, envoyer des écrivains quelques jours en retraite auprès des chanoines de Lagrasse. Au final un recueil d'une quinzaine de récits sur cette expérience, inédite pour certains. Forcément sur le nombre certains textes m'ont bien plus et d'autres beaucoup moins...
J'aurai aimé un peu plus d'émotion et de profondeur et un peu moins d'analyse et d'exercice de style.
Néanmoins un bel ouvrage et une belle brochette de textes.
Commenter  J’apprécie          50
Quatorze écrivains entrent à l'abbaye Sainte-Marie de Lagrasse. Il y a ceux qui croient, ceux qui se déclarent athées, d'autres agnostiques.
Trois jours et trois nuits d'une présence discrète, silencieuse et agrémentée d'échanges.

Réfléchir au sens de la vie consacrée de ces frères.
Se laisser porter par les chants. Accueillir les notes et le latin des offices, le rai de lumière qui transperce le vitrail. Observer le ballet des déambulations. Se laisser prendre par un nouveau rythme.

J'ai beaucoup aimé :
-les mots de Jean-René van der Plaetsen.
-l'humour de Frédéric Beigbeder -le tranchant de Franz-Olivier Giesbert et Pascal Bruckner.
Les témoignages de Boualem Sansal et Simon Liberati sont ceux qui m'ont le plus émue.
Des textes qui redisent la puissance et la nécessité de l'exigence et du beau. Certains évoquent leur enfance tandis que d'autres se focalisent sur les psaumes. Des mots pour dévoiler l'intimité de son coeur, de son enfance et s'interroger sur la vie de Jésus.

Ces hommes sont venus et ont été accueillis tels qu'ils sont.

Ils nous laissent un témoignage de leurs réflexions, de ce qu'a suscité en eux leur présence et celle des chanoines. Les murs, la solitude, la clôture, le silence, permettent au corps et à l'esprit d'accueillir ce temps présent, ce qui se révèle et aussi de se souvenir. S'abandonner à ce que l'on y trouve, accueillir ce que l'on ressent.

Une très belle lecture
Commenter  J’apprécie          40
Une envie de sérénité avant les vacances : je me suis offert trois jours et trois nuits… dans un monastère ! Bon en vrai, j'aurais bien aimé mais par manque de temps, je me suis offert cette retraite par procuration, grâce à la littérature. Avec moi, une quinzaine d'auteurs a été invité à vivre une retraite de trois jours et trois nuits au coeur de l'abbaye de Lagrasse, en clôture, c'est-à-dire dans le carré VIP avec les chanoines. En retour, chacun d'eux a offert un texte que leur a inspiré cette expérience. A mon tour d'en commettre un retour.


La liste des auteurs est variée mais étonnamment, l'ensemble des écrits est plutôt homogène, et leur complémentarité rend l'ensemble harmonieux. Sur les quinze, seuls trois ou quatre m'ont paru plus hermétiques, principalement ceux qui décryptaient le plus précisément certaines paroles ou histoires bibliques. Je les ai trouvé moins accessibles et moins intéressantes car moins focalisées sur l'expérience personnelle de leur auteur. J'ai apprécié en revanche les contributions où les auteurs livraient beaucoup d'eux-mêmes, soit en anecdotes personnelles, soit en réflexions, émotions, observations et descriptions de leur expérience à Lagrasse. C'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant parce que le plus généreux, le plus humain… Des qualités qui sont à l'origine de ce livre, puisqu'en échange de cette expérience, les auteurs reversent leurs droits aux chanoines de Lagrasse, pour la restauration de leur abbaye. Cette fois, vous ne culpabiliserez pas d'ajouter un livre à vos PAL !


Même si l'ensemble est homogène, je ne me suis pas ennuyée parce que chaque récit étant personnel, ils sont tous différents, évoquent un vécu et/ou un ressenti différent. Et puis les plumes et anecdotes sont savoureuses selon les auteurs. Allez, je le confesse ici : je connaissais très peu d'auteurs dans ce panel, mais avec certains je me suis régalée. J'ai trouvé Beigbeder particulièrement émouvant et drôle, dans son texte, alors même que je connais très peu l'auteur et encore moins la personne. On y retrouve aussi Sylvain Tesson, qui ne pourra s'empêcher de descendre le clocher en rappel, entrainant avec lui une poignée de frères ! Même le récit totalement historique de Camille Pascal, que je craignais de moins apprécier, est en réalité hyper enrichissant et joue un rôle très important dans l'enchainement des textes.


Mais si l'approche est différente selon les personnalités, on retrouve dans la plupart des textes des thèmes récurrents : la beauté de l'endroit et la sérénité que l'on y ressent, la crainte d'attaques terroristes, la bonté des chanoines, leur bonne humeur, le silence comme espace de pensée, l'importance de la liturgie et du mystère (du cérémonial comme de la langue utilisée pour les messes) dans l'attractivité de la foi, la langue latine comme approche poétique de la religion, des rapprochements avec la vie militaire, à laquelle ont d'ailleurs goûté certains auteurs comme certains chanoines ; le côté rassurant d'une vie bien réglée, et son efficacité pour retrouver du temps. Les confidences entremêlées sont intéressantes et donnent envie de faire l'expérience de cette humanité qui fait du bien, loin de l'agitation mercantile et de la course à l'individualisme du siècle. Et l'on y trouve quelques références littéraires à explorer.


Le calme, ainsi que la paix intérieure qui m'envahit dans ces lieux, m'ont toujours attirée. le silence m'y remplit, et je peux enfin entendre et ressentir toutes les émotions qui souvent crient et se bousculent, ignorées, remises à plus tard, quand on aura enfin ce temps qu'on ne prend jamais. C'est souvent un moment très intense, que j'ai éprouvé de nombreuses fois en m'arrêtant dans de tels lieux sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Je me suis toujours dit qu'un jour je m'offrirai ce genre de retraite même si, pour l'instant, l'occasion ne s'est pas encore présentée.


Pour l'anecdote, elle s'est en revanche présentée de manière inattendue pour l'une de mes meilleures amies : Très croyante, et ayant organisé son mariage presque entièrement, elle a laissé le soin à son mari d'organiser le voyage de noces contenant la FAMEUSE nuit de noces ; Depuis des mois elle me confiait, avec les yeux qui pétillent, ses tentatives de deviner où l'homme de sa vie avait décidé de l'emmener passer cette folle nuit… Vint enfin le moment fatidique de vérité et là… SURPRIIIIIISE !! Voyage de noce dans un… Monastèèèèère !!! Incompréhension de mon amie qui rêvait de sa nuit de noces, tandis que son mari était absolument convaincu de lui faire plaisir !! Résultat : nuit de noces en cellules, et dans le silence… L'histoire ne dit pas s'ils y sont restés trois jours et trois nuit, mais peut-être que vous, vous aurez envie d'en faire l'expérience avec ce livre ! L'avez-vous faite en vrai ?
Commenter  J’apprécie          6850
"Un monastère est comme un livre", écrit Xavier Darcos à la fin de sa contribution à cet ouvrage, "il existe une parenté invisible entre la fréquentation d'une abbaye et le miracle de la lecture... [La] porte d'entrée pivote sur ses gonds, et nous passons d'un monde à l'autre, comme la couverture d'un livre se plie suivant la reliure, ouvrant à l'esprit de nouvelles perspectives." (p. 331) Quatorze écrivains français, les uns connus, les autres intéressants, parfois les deux, ont fait un séjour de trois jours et trois nuits à l'abbaye de Lagrasse, près de Narbonne, et ont contribué par leur témoignage à cet ouvrage collectif.
*
Ce livre sera profitable pour des raisons culturelles, puisqu'on connaîtra des auteurs contemporains d'intérêt inégal, en de courts textes qui permettent au lecteur de satisfaire rapidement sa curiosité. Trois au moins de ces textes, dont celui de Xavier Darcos, retracent la longue histoire de la tradition latine et romaine dont procède Lagrasse, édifiée au temps de Charlemagne pour opposer à l'invasion islamique une "muraille de prières", prières selon la règle monastique de Saint Augustin et du Bréviaire latin. de façon générale, les réflexions sur la culture et sur ses liens avec le christianisme sont profondes et éclairantes.
*
Puisqu'il s'agit de vie monastique, l'ouvrage a une portée spirituelle : on y insiste beaucoup sur la vie quotidienne des moines, sur le sens spirituel de leur traversée du temps et de l'histoire, ainsi que sur leurs parcours personnels en quête de Dieu. Enfin, le séjour de ces écrivains à l'abbaye leur est souvent l'occasion de faire le point sur l'état de leur âme et de leur vie, de leurs certitudes ou de leurs doutes. Devant pareil exercice introspectif, le lecteur en fera autant, au contact de la tradition chrétienne ancienne, généreuse et profonde d'examen de soi, dont témoignent les Confessions de Saint Augustin.
*
Ce livre collectif paraît dans une France où des églises sont brûlées, des prêtres et des fidèles tués en raison de leur foi, dans l'indifférence et l'inertie des autorités, le silence des "grandes consciences" pharisaïques des médias. Il nous offre l'occasion de réfléchir à ce que deviennent historiquement notre nation, notre culture, et nous-mêmes, entre les mains de mauvais pasteurs. La chronique de Camille Pascal, troisième texte du volume, nous y invite aussi, en racontant la fondation de Lagrasse par Charlemagne de retour d'Espagne, en 778. En 2022, le produit de la vente de ce volume servira à la restauration du transept roman de l'église abbatiale, ravagée en 1792. A méditer entre ces dates, on prend conscience que la France n'est pas née en 1789 et que son message ne se réduit pas aux creuses "valeurs de la république".
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (206) Voir plus



Quiz Voir plus

Sylvain Tesson

Quelle formation a suivi Sylvain Tesson ?

histoire
géographie
russe
urbanisme

10 questions
329 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvain TessonCréer un quiz sur ce livre

{* *}