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EAN : 9782290141243
544 pages
J'ai lu (13/03/2019)
3.81/5   118 notes
Résumé :
Une enquête du commissaire Edwige Marion.
Un inconnu suit une petite fille. Il l'observe comme un animal. Il la veut, il l'aura.
Des ossements sans têtes sont découverts au zoo de Vincennes dans l'enclos des lions. Des enfants. Alix de Clavery, la criminologue de l'OCRVP, fait immédiatement le lien avec la jeune Swan, dont la disparition au zoo de Thoiry six ans auparavant continue à l'obséder. S'agit-il du même prédateur ? Alors que les forces de l'Of... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Le monde est féroce.
Le monde des fauves, bien sûr, par la nature sauvage de l'animal,  mais le monde des hommes aussi (enfin, n'allez pas vous imaginer que les femmes soient parfaites, parce que Danielle Thiéry va vous en apporter la preuve dans ce roman).
Elle sait de quoi elle parle, avant de devenir auteure de polar à succès, dois-je rappeler qu'elle exerça de hautes fonctions dans différents services de notre police nationale.
Donc dans notre monde de fous il en est de plus dangereux que d'autres.
Si la férocité des fauves peut s'expliquer et se comprendre, en revanche, celle de l'être humain laisse sans voix.
Dans Féroce, Danielle Thiéry aborde des sujets de la déconcertante actualité dont nous abreuvent les médias.
Alors, Féroce, c'est plus qu'un roman. C'est des personnages de fiction qui pointent du doigt les travers du monde dans lequel on évolue.
Ici, on parle pédophilie, féminicide, danger des réseaux sociaux.
Ici on traque.
Le fauve est abjecte, dangereux.
Il évolue sur deux pattes, portant sweet et pantalon ou jupe et talons aiguilles.
Quant aux proies... enfants, femmes, flics... la bête se nourrit de tout.
On retrouve des ossements dans la cage aux lions au zoo de Vincennes. Alix, la criminologue du groupe du commissaire Marion a une petite idée sur l'identité d'une des victimes.
Alors que l'on suit un mystérieux personnage qui semble épier une fillette, on retrouve l'adjoint du commissaire inconscient et sérieusement blessé.
Celà fait beaucoup pour Edwige Marion et son équipe, d'autant que notre commissaire victime de malaises se voit hospitalisée.
Un thriller implacable mené, une fois de plus, tambour battant par une auteure qui n'a plus rien a prouver dans le genre.
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Un polar qui se déroule en grande partie dans des zoos, voilà qui change un peu.
Tout commence au zoo de Vincennes où des ossements sont retrouvés enterrés sous l'ancien enclos désaffecté des lions, et on enchaîne ensuite avec une visite complète du parc zoologique de Thoiry, où une petite fille a disparu.
J'ai beaucoup aimé naviguer en eaux troubles, entre les réseaux de pédophiles et les bêtes sauvages des parcs zoologiques.
L'univers des parcs est abondamment décrit, que ce soit le travail des soigneurs ou celui des défenseurs de la cause animale, la vie des animaux en captivité ou le travail de réhabilitation des parcs pour offrir aux animaux des conditions de vie décentes.
Je n'ai jamais lu de romans de cet auteur mais tout est compréhensible facilement, les liens entre les différents personnages, leur parcours etc...
L'enquête est menée tambours battant, les indices s'accumulent et personne ne glande au bureau, mais parfois, les choses mettent du temps à se révéler.
J'ai dévoré ce roman captivant, tout comme les lions se jettent sur leurs quartiers de viande.
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Les ossements d'un cadavre d'enfants sont retrouvés dans les fouilles d'un chantier en plein zoo de Vincennes. Des os intacts près de la fausse aux lions, l'enfant n'a certainement pas été victime d'un fauve mais plutôt d'un prédateur humain des plus dangereux.

Tous les dossiers d'enfants disparus sont rouverts. Alix, criminologue à la PJ et spécialiste des crimes et atteintes graves aux enfants se souvient de Swann, une petite fille disparue six ans plus tôt dans le parc animalier de Thoiry.

Perché sur la branche d'un sequoia, Magnus observe Graziella dans sa chambre d'enfant. Magnus aime habiller les petites filles en femmes et les photographier. Il sait que Graziella sera la plus jolie petite fille de sa collection, de quoi satisfaire les clients pervers du site « PetitesMiss.com » Magnus doit enlever Graziella.

Première femme cadre supérieure dans l'histoire de la Police française, Danielle Thiéry à de la bouteille. Ecrivaine confirmée bardée de récompenses : Prix Polar à Cognac, Prix Exbrayat, Prix du Quai des Orfèvres. Danielle Thiéry sait de quoi elle parle, la violence faite aux enfants est son combat et de livres en livres elle ne cesse de la dénoncer.

Impossible de lâcher ce thriller rapide et fluide à l'architecture complexe. Cette nouvelle enquête de la commissaire Edwige Marion est aussi un polar choral très humain et élégamment gay friendly.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un pavé de 540 pages qui se dévore : Féroce est une majestueuse réussite, à l'image de l'animal de la couverture.

L'homme est un loup pour l'homme. Sauf que sa monstrueuse part d'animalité s'entrechoque parfois avec l'innocence et la volonté de justice.

Le roman permet de retrouver l'équipe de flics chère à l'écrivaine, puisque cette enquête se place dans la lignée de celles menées par la commissaire Edwige Marion. Même si elle n'est pas tout à fait prête à passer le flambeau, elle se trouve plutôt en retrait pour laisser la lumière à d'autres, dont Alix de Clavery, jeune psycho criminologue.

Personnages récurrents ne veut pas dire qu'il faut hésiter à prendre le train en marche, je suis convaincu que ce roman peut se lire individuellement. Il en a la force et le mordant.

540 pages, donc. On pourrait imaginer que Danielle Thiéry prend tout son temps et fait traîner les choses. C'est tout le contraire ! Après l'inévitable mise en place où on s'acclimate aux personnages, le récit prend à la gorge et ne vous lâche plus.

Incisif, cruel, réaliste, rythmé. Des adjectifs qui résument bien cette prenante lecture. Pas de cassure dans la cadence, au point que ce polar lorgne vers le thriller (chapitres courts, tension de plus en plus forte…). de la belle ouvrage, on est tellement pris dans l'histoire qu'on vibre aux cotés des enquêteurs.

L'originalité de l'intrigue vient de cette idée de placer de nombreuses scènes au sein d'un zoo et d'une réserve animalière. On y côtoie les deux « parties », gardiens et fervents défenseurs de la cause animale.

L'autre thème principal tourne autour du kidnapping d'enfants, sujet difficile que l'auteure manie avec habileté, sans jamais tomber dans l'excès ou le gratuit.

Rien n'est injustifié dans cette intrigue. Encore moins les relations entre les enquêteurs. En tant qu'ancienne commissaire divisionnaire, Danielle Thiéry a toute la légitimité pour parler de la police. Encore faut-il savoir le faire. Et pour ça, elle a du talent. Précision, crédibilité, tout sonne particulièrement juste. Y compris dans les relations humaines, avec des protagonistes aux sacrés caractères, mais qui mettent l'esprit de corps au dessus. L'équipe avant tout.

Féroce est un formidable roman, dense et captivant. Il n'y a pas que les fauves qui sont en cage, Danielle Thiéry nous tient entre ses griffes du début à la fin sans jamais lâcher prise. Un polar, un thriller oppressant et cruellement réaliste.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Mal à l'aise, perdu et révolté, mais séduit, voilà en quelques mots comment traduire mes sentiments à la suite de cette lecture proposée par Babelio dans le cadre de Masse critique. Un grand merci.
Je ne suis pas un habitué des polars, loin de là. Sans doute parce que dans ce genre, j'ai trop souvent rencontré des super héros, des clichés de flics. Autant vous rassurer, ce n'est pas le cas ici. Au contraire, on sent le vécu de Danielle Thiéry, qui nous fait découvrir les dessous d'une enquête difficile, le quotidien des flics, y compris familial.
Dans les déblais d'un trou creusé dans l'ancien parc des lions d'un parc animalier, on retrouve des os d'enfants, sans crâne. Et une minuscule dent....
Un gamin a disparu plusieurs années auparavant dans ce parc...Faut-il y voir un début de piste ?
Toute la section de recherche de l'OCRVP, l'un des offices centraux de la police judiciaire spécialisé dans la recherche des enfants disparus enlevés ou tués se met au travail aux ordres de la commissaire Edwige Marion...Un travail de recherches, de piégeage sur Internet, d'analyse du comportement de ces criminels.
Début d'un enquête afin d'identifier l'un de ces salauds dont le vice me dérange, me met très mal à l'aise, ce milieu des pédophiles.
J'ai été révolté par ces pages qui nous permettent de connaître leurs dépravations, leurs vices, leur psychologie, leurs modes de pensée, de préparation longue et minutieuse, de savoir comment ils peuvent appâter une gamine, pourquoi, de connaître leurs réseaux, le type de sites internet dans lesquels ils peuvent trouver de quoi faire alimenter et faire vivre leurs fantasmes...Je ne pense pas que l'on puisse rester indifférent face à cette turpitude, qu'a sans doute due affronter l'auteure dans sa vie antérieure de femme flic.
Le père et le papi-gâteau que je suis, a été retourné par ces pages.
Toute l'équipe d'Edwige Marion se met sur l'affaire qui s'avère complexe, les restes humains retrouvés étant peu nombreux. Une équipe composée d'une dizaine de personnes, hommes et femmes parmi lesquelles deux sortent un peu du lot, Alix de Clavery, criminologue et psychologue, qui travaille beaucoup à partir de la psychologie de ces dépravés, en tentant d'approcher leur mode de raisonnement et d'action, et Louis Zénard, commissaire-adjoint d'Edwige.
La première sera très active dans le déroulement de l'enquête, le second quand a lui, atteint par le démon de midi, posera beaucoup de problèmes à ses collègues quand on le retrouvera inconscient, en sang dans une voiture de service. Je n'en dis pas plus. Une affaire dans l'affaire.
J'avoue que j'ai été un peu perdu parfois par le nombre d'intervenants.
Je découvrais cette auteure et cette commissaire Marion, ses blessures anciennes, dues sans doute à une histoire racontée par Danièle Thiéry, dans un précédent ouvrage... Mais c'est un détail qui, même si on n'en connaît pas l'origine ne perturbe pas le lecteur. Par contre cette commissaire ne devient pas la personnage principal du roman, laissant le rôle à Alix, sans doute parce que l'approche psychologique de ces criminels est essentielle dans ce genre d'affaire.
Roman documenté également sur certains troubles neurologiques pouvant affecter le comportement de gamins ou d'adultes.
Roman très féminin, d'une part par son auteure, d'autre part, par le nombre de personnages féminins du roman. C'est assez inhabituel. Pas de super héros aux gros muscles et au QI surdimensionné ! Non des flics menant une vie normale, des vies banales de couple !
Quotidien du travail de ces flics, pour nous amener à une fin alambiquée, révoltante. Bigrement révoltante.
Bref, une lecture dans un monde malsain, celui des pédophiles recherchant leur plaisir, dans un environnement que les gamins adorent et qui font la joie de leurs parents et grand-parents, celui des parcs animaliers, dans lesquels on a plaisir à passer du temps avec eux, du plaisir à voir leur joie et leur bonheur.
En ce qui me concerne j'ai aussi eu le plaisir de cette lecture et de cette découverte d'auteure.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
25 septembre, mercredi après-midi


Il l’a repérée près de la grande volière. Elle est restée longtemps les mains accrochées au grillage, à contempler les oiseaux multicolores, les iguanes et les caméléons. Il a observé son profil, la délicatesse de sa bouche aux lèvres un peu boudeuses. La douloureuse tension dans son corps chaque fois qu’elle lâchait le métal pour relever une mèche obstinément vagabonde. Quelle chance il a eue aujourd’hui de tomber sur elle !

Chaque fois que les cils sombres se relevaient sur son regard, la contraction de ses propres mâchoires l’obligeait à abaisser les jumelles pour respirer. Les mains tordues d’impatience, à attendre que son cœur cesse de l’assourdir pour qu’il puisse continuer à l’épingler à travers les optiques ou le zoom de l’appareil photo. Nom de Dieu ! Quelle élégance ! Un pur joyau.

Il l’a suivie, il a su, comme toujours, être inodore et incolore. Invisible. Elle a passé un temps infini au royaume des petites bêtes à épier la vie sourde de cette faune minuscule dont elle n’imagine même pas ce que certaines d’entre elles sont capables de faire.

Elle semble patiente. Sera-t-elle docile ?

Au contact des fauves, elle a exprimé de la réserve. Mais, étrangement, aucune peur. Il lui a expliqué les lions, en un murmure que, forcément, elle ne pouvait entendre.

À peine a-t-elle écouté, d’ailleurs, comme s’il n’avait rien à lui apprendre. Il a su tout de suite qu’elle serait différente, qu’elle montrerait de la perfection dans l’exhibition, Dieu soit loué, mais aussi autre chose qu’il a du mal à cerner et qui l’inquiète un peu.

L’heure a tourné, le temps a filé. Bientôt l’ombre va l’engloutir et elle disparaîtra dans une voiture, un train, un bus. Il la perdra à jamais. Impossible.

Il a poussé le bouton de son talkie-walkie pour le remettre en marche. L’appareil a grésillé, une femme a demandé « c’est qui ? ».

— C’est moi, a-t-il dit, et sa voix en surtension était méconnaissable.

— Magnus ?

— J’ai la fièvre, mal à la gorge…

— Ah oui ! Ça s’entend !

— Je rentre.

— Tu seras là demain ?

Il n’a pas pris le temps de répondre. Tout ce qui comptait c’était la silhouette qui s’estompait déjà dans la brume et qu’il allait bientôt perdre. D’un geste brusque, il a détaché la dragonne du talkie-walkie, a jeté l’appareil au sol et couru pour reprendre l’avantage. Il a longé ce chemin insoupçonné des visiteurs surplombant l’itinéraire qu’elle a emprunté pour quitter le parc. Arrivé au bout, il a recouvré souffle et contenance. Cette fois, il avait de l’avance sur elle. Il l’a vue arriver.

La queue-de-cheval dansait sur ses épaules. Elle a ri au ciel qui pleurait.

2

Un mois et demi plus tard…

Vendredi 14 novembre, 18 h 30


Au sixième étage de la rue des Trois-Fontanot à Nanterre, le chef du groupe des mineurs de l’OCRVP, un des offices centraux de la police judiciaire, occupait une pièce située pile entre les deux open spaces qui hébergeaient chacun la moitié des membres de l’équipe. Spécifiquement créé au sein de l’Office pour lutter contre les crimes et atteintes graves aux enfants, le groupe traquait au jour le jour les pédophiles qui, à l’abri derrière leurs écrans, matraquaient la Toile de photos immondes ou tentaient d’entrer en contact avec de jeunes victimes. Ses attributions s’étendaient aux enfants disparus enlevés, tués, enfouis quelque part, dans une forêt ou un lac. Des affaires complexes dont on savait qu’elles seraient longues à élucider, demanderaient un temps et un investissement que les services traditionnels ne pouvaient leur consacrer. Les dix membres du groupe s’appuyaient sur l’unité de psycho-criminologie au sein de laquelle Alix de Clavery, la dernière arrivée, s’était fait une spécialité de ces atteintes gravissimes à l’enfance.

À travers les portes toujours ouvertes, la capitaine Valentine Cara avait en ligne de mire tous ses collaborateurs et les quelques unités centrales qui moulinaient en permanence pour repérer les publications toxiques. Elle avait entendu l’exclamation du lieutenant Grégory Fix.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle.

— Un site…

Rien d’exceptionnel, exprima la moue de Cara qui fit mine de se replonger dans la rédaction de son rapport d’enquête sur une filière tentaculaire concernant des échanges de photos pédopornographiques de très jeunes enfants, avec quelques dérapages du côté de la zoophilie. Dix personnes avaient été arrêtées et le dégoût n’en finissait pas de ronger l’équipe. Il avait fallu affronter ces images et ni le professionnalisme, ni la distance nécessaire au bon déroulement de l’enquête n’avaient suffi à contenir quelques débordements violents à l’égard des mis en cause. Edwige Marion, la directrice de l’Office, avait imposé que deux des policiers les plus touchés prennent quelques jours de repos, réduisant ainsi l’équipe.

— Tu peux venir ? relança le lieutenant Fix.

Valentine Cara enregistra le paragraphe qu’elle venait de rédiger, se leva. Ses rangers firent résonner les dalles de plastique tandis qu’elle traversait la pièce commune où les bureaux étaient accolés les uns aux autres. Debout entre deux postes de travail inoccupés, une femme brigadier nouvellement affectée semblait encore se demander où elle était tombée. Comme si elle n’était venue là que pour prendre son « galon ».

Cara l’interpella avec brusquerie :

— Amène-toi, Jessica ! Tu vas t’instruire et tu auras moins l’air de t’emmerder !
La jeune policière remua le buste avec nonchalance pour montrer que le sarcasme ne l’avait pas atteinte. La capitaine, elle, ne décolérait pas : pour intégrer l’Office, il fallait être volontaire et ensuite, s’accrocher. Ce n’était pas un lieu de passage. Tous les agents avaient plusieurs années de présence dans le groupe et avaient postulé, après avoir servi dans d’autres unités. Ainsi, elle, Valentine Cara, avait demandé instamment à Edwige Marion de lui en confier les rênes, un an auparavant, parce qu’elle avait besoin de ce défi dans sa carrière où elle avait déjà vu des horreurs sans encore rencontrer les pires. Les candidats ne se bousculaient pas, cela étant. Aucun homme, après le départ du précédent chef de groupe, ne s’était porté volontaire. Cara évitait de se demander combien de temps on peut tenir dans un environnement comme celui-ci. Les plus motivés restaient parfois une dizaine d’années, les autres guère plus de trois ans et la directrice veillait à ce que la lassitude et l’écœurement n’obèrent pas la qualité du travail en forçant parfois le turnover.

Cara se pencha sur l’épaule gauche de Grégory Fix, la brigadière Jessica Manière sur l’autre. Le lieutenant agrandit l’image. Le nom du site apparut : petitesmiss.com

Dans un silence tendu, les images défilèrent. Des fillettes, classées par tranches d’âge, posaient en tenue légère. Affublées de lingerie sexy, elles arboraient des postures suggestives. Les plus jeunes avaient moins de 2 ans, les plus âgées pas plus de 11 ou 12. Le défilé de mode prenait, par moments, des allures pathétiques soit parce que les enfants semblaient mal à l’aise soit, au contraire, motivées à l’excès par l’exercice ou, plus sûrement, stimulées par un adulte invisible. Mimiques outrageuses, provoc affligeante. Chaque ensemble de lingerie portait un nom et le prix de vente était indiqué en dessous, en tout petits caractères. Le moindre string, le plus minuscule soutien-gorge ou porte-jarretelles valait une fortune qui doublait ou triplait dès que l’article comportait un élément de luxe : fourrure, strass, cuir. Pour bien montrer l’intention du vendeur, plus le linge se voulait allusif, plus les attitudes des modèles étaient démonstratives.

— Tu as un contact ? demanda la capitaine comme si cela coulait de source.

— Non, ils ne répondent pas. Je ne suis pas certain que ce soit un site vivant. Plutôt une vitrine… Il est probable qu’ils organisent des défilés, en plus des séances photos, expliqua le lieutenant, ces articles pourraient servir à des concours clandestins de mini-miss…

Apparut à l’écran une enfant de 4 ou 5 ans, à quatre pattes, appuyées sur les coudes, et tenant, entre ses mains jointes, une glace qu’elle léchait en coulant au photographe une œillade qui n’était que déchirante. Une plus jeune encore cachait une main dans sa culotte de soie et dentelle, yeux mi-clos, un sourire artificiel sur les lèvres.

Le lieutenant Fix avait relevé l’essentiel de ce qui était accessible via le site : vente en ligne uniquement, paiement idem. Pour ce dernier point, le circuit prenait sûrement quelques détours avant d’atterrir en Russie ou dans un de ses anciens satellites dont on connaissait le peu d’empressement à partager les informations et à l’entraide judiciaire. Les livraisons se faisaient, en principe, par la Poste qui confirmait ainsi son statut involontaire de vecteur de nombreux trafics. Mais Grégory Fix doutait de ce dernier point. Il subodorait des dessous, si l’on pouvait dire, autrement plus trash.

Valentine Cara se releva brusquement :

— Identifie-moi ces salopards ! ordonna-t-elle.

— J’ai déjà essayé mais comme je te l’ai dit…
— Persiste !… Jessica, tu te mets là-dessus avec Grégory !

— D’accord, acquiesça la nouvelle recrue, comment on fait ?

— Vous vous débrouillez pour établir le lien et on avise.

— Et pour la qualif ?

La jeune femme rechignait, soit parce qu’elle manquait vraiment de motivation, soit parce que la tête du coéquipier que venait de lui imposer la chef de groupe ne lui convenait pas.

— Je doute, fit Valentine qui sentait la moutarde lui monter au nez, que ce site détienne l’agrément nécessaire à l’emploi de jeunes enfants comme mannequins… Qui plus est, pour ce genre de fringues.

La capitaine posa sur Jessica Manière un regard pénétrant :

— Pour ta gouverne, les concours de miss sont interdits en France pour les moins de 13 ans depuis 2013. Ce genre d’exhibition l’était déjà avant, pas besoin de préciser.

— C’est courant aux États-U
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La colère, professait Sénèque, est un acide qui peut faire plus de mal au récipient que ce sur quoi on le verse.
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Deuxième principe de la police en opération : ne jamais rien laisser au vestiaire. S'il fallait partir en vitesse au cul d'une cible, autant ne pas piétiner derrière dix péquins qui attendent leurs vêtements ou être obligé de filer sans rien sur le dos …
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Zénard sentit la nausée lui retourner l'estomac. Il avait tellement mal que des vertiges incessants le sonnaient. Le sang battait dans sa main, jusqu'à l'extrémité de ses doigts qui lui paraissaient mener une vie indépendante en jouant de la baguette avec des fers chauffés à blanc.
Son cœur cognait trop vite, aussi, et son plexus semblait pris dans un étau.
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La plupart des gens diraient que c’était un soulagement, une crapule de moins. Un dingue, criminel de surcroît, privé de vie, c’est comme une étoile qui renaît dans le ciel. Pour Alix, c’était une frustration, comme ça le serait pour les familles des victimes. Ces gens ne sauraient jamais pourquoi il s’en était pris à leur enfant et pourquoi pas à celui du voisin. Ils ignoreraient comment s’étaient passées ces heures avec lui. Combien d’heures ou de jours, de semaines peut-être. Ils continueraient à se torturer à imaginer ce qu’il lui avait fait. Si l’enfant était mort, ce qu’il avait dit au dernier soupir. Est-ce qu’il avait appelé « maman » ou bien rien dit du tout ?
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Vidéo de Danielle Thiéry
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