J'ai une "relation" particulière avec ce roman, relation qui date de près de 30 ans.
En 1993, au cours d'une soirée dans le 92 , nous étions une quinzaine de copains/copines, et parlions d'auteurs anglais et américains, et j'avais évoqué les grands noms de l'époque: Auster,
Don de Lillo, Barnes, Banks,
MC Carthy, Boyd, Boyle....Quelqu'un m'a demandé si j'avais lu "
La conjuration des imbéciles" d'un nommé Toole, m'en a fait une présentation digne d'un grand commercial, et m'a prêté son exemplaire.
Que j'ai gardé près d'un an sans le lire, et que j'ai rendu à la même personne en lui disant la vérité: je n'avais pas pu l'ouvrir, "je ne le sentais pas".
L'année dernière, en 2021, un ami qui déménage, me dit avoir quelques centaines de livres à donner, et je vais lui en piquer quelques-uns, dont cette "Conjuration des imbéciles", qui n'attendait que moi, et peut-être pour m'y faire adhérer.
Pas assez "imbécile" ou "trop", en tout les cas, je n'ai pas pu entrer dans ce club.
Enfin, si, j'y suis entré, mais m'en suis lassé au bout d'une centaine de pages, ne goûtant pas à l'humour de Kennedy Toole, qui par moments, dans sa structure et sa conception, ma rappelé un certain "Théâtre sans animaux" de Ribbes, avec cette continuité d'une certaine logique dans l'illogisme de départ et l'incongruité.
On se rappelera chez Ribbes, entre autres, du sketch d'un stylo de 500 kilos qui traverse le plafond et vient se planter en plein milieu dans une salle à manger, de la "discussion" entre le père et sa fille, puis de ce dernier avec son épouse. le père pense être "appelé" , de Là-Haut, et en profite pour quitter femme et enfant.
C'est également ce qui se passe à la fin du skecth de "Phèdre", toujours de J.M Ribbes, où le mari quitte sa femme, la goutte d'eau ayant fait déborder le vase étant d'avoir assisté à la représentation de Phèdre, interprêtée malheureusement par sa belle-soeur!!!
Chacun des personnages de cette "conjuration" est un peu particulier, atypique, et évolue dans sa propre logique et/ou pensée, qui n'est pas nécessairement la nôtre et/ni celle du voisin.
On dit souvent que toute oeuvre possède trois niveaux de lecture, et autant de niveaux de compréhension. Mon professeur de philo, citait souvent l'expression "heureux les simples d'esprit", qui dans la bible, ne signifie pas -du moins pour tout le monde, heureux les simplets et "oins-oins" (c'était son expression, mais je vous parle de la fin des années 1970, donc il y a prescription) , mais "heureux ceux qui n'ont pas accès à la connaissance, voire une "certaine" connaissance, car peut-être, toute vérité n'est pas bonne à entendre et surtout à connaître.
Bref, en lisant ce livre, j'ai dû rester au premier niveau et ne pas en saisir la portée et encore moins à en retirer la "substantifique moelle."..
Que devais-je y comprendre?
Que tant qu' Ignatus Reilly ne quitterait pas le cocon -litote dans ce cas d'espèce- familial, il n'arriverait pas à s'épanouir, ni physiquement, ni intellectuellement ?
Qu'on peut y arriver pour certains, seuls, mais que pour d'autres, une aide extérieure est nécessaire? (Myrna?)
Qu'on ne peut évoluer dans une société qu'en étant conformiste, (CF:
Rhinocéros de
Ionesco), autrement on vous montre du doigt ?
Qu'il n'y a pas de sots métiers , mais que de sottes gens? Et vendeur de hot-dogs, ça peut être pas mal, non?
Ou alors, étant écrit en 1980, doit-on y voir la critique de la société américaine du moment et la mise à mal d'un cerain idéal "made in USA? Et si je ne me trompe pas, en 1980, un certain Pablo Escobar et son cartel de Medellin commencent à envahir les USA de leur drogue, Miami, Los Angeles, New-York...Toole avait-il anticipé un "état d'esprit" qui allait devenir un "état de faits"?.
Bon, finalement, c'est à l'infini, ce qu'on peut trouver dans ce livre, c'est un peu comme à la Samaritaine.
Pour l'anecdote, un lecteur deBabelio a parlé de "marathon" pour le lire, du coup, l'image m'avait frappé, et je l'ai lu par petits bouts de 20, 30, voire -dans un moment de folie et/ou de desespoir, au choix-, de 50 pages. C'est ce qu'on appelle du fractionné, et tout cela, pour ne pas passer à côté de quelque chose.
Si vous voulez mon avis, je pense n'avoir rien loupé, mais ce n'est que mon avis.
Ah, si, satisfaction personnelle, je pourrai toujours dire que j'ai lu ce qui en son temps fut qualifié de chef-d'oeuvre, et peut-être, un de ces jours, dans un heureux concours de circonstances, rencontrerais-je quelqu'un qui l'a apprécié, et nous pourrons en débattre.
Allez, sans rancune...