Le pas du juge : autrement dit "le passage du juge" désignait jadis le chemin emprunté par un magistrat de la région pour se rendre de son domicile à son lieu de travail.
Dans l'esprit du jeune
Henri Troyat, cette appellation était devenue le symbole de la justice inexorable.
Ce livre relate les vies entremêlées des frères Chénier, Marie-Joseph et André et de leurs proches.
Engagé et partial, mais c'est un roman...
La première partie :
C'est
André Chénier qui parle de novembre 1789 (lors du succès de la pièce de son frère (Charles IX)) jusqu'au 6 thermidor an II (la veille de son exécution).
André Chénier y est décri comme un poète pré-romantique, porté plus par ses amours et ses impulsions que par ses idées : c'est en allant cherchant un carrosse pour des amies qu'i se fait arrêter le 17 ventôse an II (7 mars 1794).
Amoureux éconduit dans sa prison, le récit s'arrêt avant son appel pour la guillotine. Dommage, on aurait aimé connaître ses dernières pensées...
Ce récit est ponctué par des réflexions de sa mère très critique envers lui et ses idées.
La deuxième partie qui ne commence qu'à la page 151 (soit au 3/4 du livre !) relate les pensées de
Marie-Joseph Chénier, son frère après le 6 thermidor.
Dommage encore ! Il eut été intéressant de confronter les idées des deux frères parallèlement. Mais c'est le choix d'
Henri Troyat de privilégier le "poète maudit" !
Les deux dernières pages du roman sont réservées à leur neveu qui conclue à une supériorité du poète guillotiné sur l'académicien et à leur immortelle séparation.
Facile de vénérer un martyr qui a peu écrit plutôt qu'un homme engagé.
Marie-Joseph était un homme du XVIIIe siècle tandis qu'André annonçait le XIXe siècle.
Sur le style : c'est un roman très plaisant à lire, servi par une belle écriture et des descriptions très justes, notamment des prisons.