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EAN : 9782262016791
232 pages
Perrin (19/06/2000)
3.61/5   23 notes
Résumé :
La succession du tsar Alexandre Premier, le vainqueur de Napoléon, aurait dû se dérouler sans heurt. Pourtant, à sa mort en 1825, trois longues semaines furent nécessaires pour que l'un des héritiers finisse par accepter, non sans hésitation, la fonction : Nicolas Premier.

Devenu tsar à la place de son frère Constantin qui refusait obstinément la couronne, Nicolas s'est bien peu préparé au gouvernement de l'empire.

Par ailleurs, sa pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nicolas Ier est l'un des tsars russes les plus méconnus. Coincé entre son illustre frère Alexandre, vainqueur de Napoléon, et certains de ses successeurs plus connus, pour leur pont célébrant l'alliance franco-russe comme Alexandre III, ou pour leur destin tragique comme Nicolas II, son règne peut apparaître comme une longue parenthèse de vingt neuf ans.

Pourtant ce sont ses choix politiques, des plus réactionnaires, qui vont poser sur l'avenir de la dynastie Romanov et la Russie en général.

Sous son règne le pouvoir se fait autoritaire, l'armée est disciplinée, comme le sont l'éducation des élites. La société est sous surveillance, toute incitation au libéralisme est proscrite.

A la même période, la France et le Royaume-Uni se dotent (ou sont déjà dotés pour les britanniques) de régimes politiques démocratiques qui favorisent les initiatives privées. La révolution industrielle est en marche, la Russie ratera ce train. Pire, l'immense majorité de la population reste concernée par le servage, qui, même s'il est assoupli, lie les hommes à l'exploitation agricole de domaines fonciers.

Nicolas Ier est aussi guidé par l'idée d'une grande Russie s'étendant vers l'est et le Caucase et contre l'Empire Ottoman. Ce qui d'ailleurs conduira à la guerre de Crimée, où une étrange alliance turco-franco-britannique défait les troupes russes. Nicolas Ier ne verra pas la paix qui en découlera puisqu'il décède en 1855.

Le livre de Troyat détaille le personnage et son temps, mais le souvenir que l'on a du livre après sa lecture est entaché par le côté psychorigide du personnage.
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Henri Troyat poursuit sa découverte des tsars russes avec cette biographie de Nicolas Ier, tsar de toutes les Russie de 1825 à 1855, succédant à son frère Alexandre Ier. Ce dernier avait déjà eu fort à faire pour réparer les folies de leur père, Paul Ier, brutal, sanguinaire et fantasque. N'étant que 3e dans l'ordre de la succession, Nicolas ne s'est pas préparé à devenir empereur. Mais à la mort d'Alexandre Ier, leur frère Constantin se retire de la succession et c'est donc lui qui se retrouve propulsé à la tête d'un empire de 55 millions d'habitants.

J'aime les biographies d'Henri Troyat : elles sont succinctes, claires, avec une touche de romanesque qui évite l'aridité de certains textes criblés de dates et de détails. Ici il va droit au but, nous présentant la vie quotidienne de la famille impériale, l'éducation des princes, puis le règne de Nicolas Ier.

Un règne qui ne va pas sans heurt : homme au caractère très militaire, le tsar aimerait que le pays fonctionne comme une caserne ou comme une écurie bien menée. Mais on peut pas mettre les Russes dans des cases aussi facilement qu'on y met des chiens ou des chevaux. le règne commence d'ailleurs mal : Nicolas hésite à accepter la couronne, et des révolutionnaires tentent de prendre le pouvoir pendant les trois semaines que dure l'interrègne. La première action du nouveau tsar sera de réprimer cette révolte dans le sang … Ensuite les complications s'enchaînent : Nicolas Ier a une haute idée de la Russie, et considère que la place du pays va de soi en Europe. Il enchaîne les conquêtes, tentant de forger des alliances, mais il va se retrouver seul peu avant sa mort, lâché par les grandes puissances européennes qui le considère comme un fou arriéré et conquérant à un moment où le monde entre dans la modernité. Quand il prend conscience de cette réalité, le tsar ne s'en remet pas et meurt pendant la guerre de Crimée, cuisant échec de sa politique étrangère. Les Romanov entame leur déclin, jusqu'à la date clé de 1917.

Lorsqu'on lit cette biographie, on se rend compte que les différents tsars du XIXe siècle ont tenté de faire fonctionner leur pays comme il a toujours fonctionné. A un moment, Nicolas Ier essaie pourtant, quoique mollement, d'abolir le servage. Mais l'aristocratie s'y oppose et il abandonne l'idée : on ne peut faire cohabiter liberté et régime autocratique, à moins d'accepter d'affaiblir ce régime, ce que les tsars successifs refusent de faire, alors que la France et d'autres pays enchaînent révolutions et révoltes et entrent dans une nouvelle ère dans laquelle la Russie tsariste ne trouve pas sa place.

Dans ce texte, on croise aussi avec plaisir Pouchkine (très malmené), le jeune Dostoievski (qui a failli être exécuté pour rébellion), Lermontov, Gogol, le jeune tolstoï … C'est le début de la grande littérature russe, qui prend son essor malgré une censure implacable.

En bref, cette biographie est très intéressante car elle contient les germes de ce qui sera la révolution russe de 1917. Henri Troyat choisit pourtant de nous dresser un portrait nuancé de ce conservateur, bon père de famille, tiraillé entre ses contradictions, qui tente timidement de réformer la Russie (codification, servage) mais sans savoir comment s'y prendre…
Lien : https://missbouquinaix.com/2..
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Excellente biographie. Livre très bien écrit et instructif.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Certains nobles vivant sur leurs terres ont à leur disposition des tailleurs, des cordonniers, des carrossiers, des peintres, des musiciens, des acteurs, tous serfs, qui sont susceptibles d'être vendus du jour au lendemain. On lit dans les journaux des annonces ainsi rédigées : "A vendre un coiffeur et, en plus, quatre lits, des édredons et autres ustensiles." Ou : "A vendre une fille de seize ans de conduite exemplaire et une calèche quelque peu usée." Ou encore : "A vendre un cuisinier, un cocher et un perroquet." Le prix d'un serf est d'ailleurs relativement peu élevé. Pour un chien de race, un seigneur paie jusqu'à deux mille roubles, pour un paysan, trois cents à quatre cents roubles. En vérité, le serf russe était plus libre au Moyen Age.
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" Nicolas a décidé de rappeler à Moscou le poète Pouchkine, que l'empereur Alexandre Ier avait jadis assigné à résidence dans ses terres de Mikhaïlovskoïe [...] Brusquement tiré de son exil, il arrive tout moulu, tout crotté, devant Nicolas qui lui demande à brûle-pourpoint :"Aurais-tu pris part au soulèvement du 14 décembre si tu avais été à Saint-Pétersbourg ? - Sans nul doute, Sire, réplique Pouchkine. Tous mes amis étaient du complot; il m'eût été impossible de leur fausser compagnie. Seul mon absence m'a sauver et j'en remercie Dieu." "
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"Jamais la vie intellectuelle russe n'a été aussi riche et aussi mouvementée que sous le règne écrasant de Nicolas. De grands peintres affirment leur, tels Ivanov, Brullov, Tropinine, Venetsianov, et les amateurs s'arrachent leurs toiles. Des musiciens, comme Glinka, rivalisent dans la faveur du public avec les compositeurs occidentaux. Mais c'est surtout la littérature qui connaît un prodigieux essor en Russie. A croire que la contrainte, l'injustice, la mesquinerie ambiantes exaltent l'inspiration des véritables créateurs. Dans l'ombre redoutable de Nicolas, s'épanouissent les œuvres de Pouchkine, de Joukovski, de Lermontov et de Gogol; les jeunes Tourgueniev, Dostoievski, Tolstoi, Gontcharov, Ostrovski, Leskov, Saltykov-Chtchedrine, Soloviev, Neskrassov font leurs débuts [...]"
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