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Ryôji Nakamura (Traducteur)René de Ceccatty (Traducteur)
EAN : 9782752903273
336 pages
Phébus (28/08/2008)
3.89/5   9 notes
Résumé :

Tôru, douze ans, vit dans un monde sans éclat, privé de nuances. Tokyo, son collège, ses parents, ou plutôt ses "Beurks": tout lui semble envahi par la grisaille. Dans cet environnement. Tôru est le seul à rire et à rougir des espiègleries de Hikaru, et pour cause : son compagnon farceur reste invisible des autres élèves.

Tôru est le seul, aussi, à s'intéresser à Shirato, un mystérieux garçon en jupe. Le seul à rester muet sur les forums ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Hitonari Tsuji signe ici un roman étrange où la frontière entre réalité et surnaturel n'est plus très bien définie.
Ujiie Tôru, jeune collégien introverti et solitaire, passe son temps avec Hikaru, un ami que lui seul peut voir, en fait son double désinhibé. Il constate la présence accrue de ce qu'il appelle "la grisaille". Il s'agit une sorte de brouillard sur la ville qui masque le bleu du ciel et tend à s'insinuer dans l'âme et le coeur des gens, instillant angoisse et mal-être. Seuls quelques endroits échappent à cette grisaille et lui sert de refuge.
Dans son collège, une fillette a été retrouvée morte trois ans auparavant. et à nouveau, un enfant disparaît. Pour Tôru, pas de doute, la grisaille a un rôle dans cette disparition.
Pour lutter contre l'ambiance mortifère qui s'abat sur l'école, des collégiens vont décider de mener leurs propres rondes de surveillance. ce, à l'instigation de Shirato, jeune garçon à l'identité sexuelle trouble mais à l'âme entière et lumineuse. Il raconte tirer ses conseils auprès du fantôme de la petite fille assassinée. Se rapprochant de Tôru, qu'il force à prendre part et à sortir de sa solitude, les enfants vont mener l'enquête qui se transforme rapidement en quête initiatique.

L'ambiance du roman est lourde, empesée de toute cette grisaille qui plane sur la ville et le collège en particulier. Pourtant la relation toujours plus étroite entre Shirato et Tôru procure de belles bouffées d'oxygène. Shirato apparaît comme un adolescent très mûr pour son âge et plein de sages conseils. Grâce à sa persévérance et à son naturel plein de franchise, il réussit à briser la carapace autour de Tôru et l'aide à traverser une mauvaise passe faite de mépris et d'aversion, voire de violence envers ses parents (qu'il surnomme ses "Beurks"...).
La dimension fantastique rejoint une tradition littéraire japonaise dans laquelle les fantômes et autres réalités jouent un rôle important. En partant à la recherche du coupable et au dénouement de ces disparitions, Tôru se trouvera lui-même et affrontera son propre reflet.

Hitonari Tsuji raconte avec brio un récit complexe où les enfants vont suppléer des adultes complètement effacés, abattus par la grisaille. Il dénonce la sinistrose des grandes villes où tous se côtoient sans communiquer, y compris en famille. Il apporte également un beau message de tolérance par le biais de ses deux héros collégiens. de par la spécificité de Shirato, le lien très fort qui les unit déchire les cadres conventionnelles de l'amour et montre que l'important c'est l'être et non le genre.

Malgré les passages oppressants, ce livre est un grand moment de lecture, ambigüe, complexe, labyrinthique et pleine de symboles.
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L'école de Toru est étrange, peuplée semble-t-il de fantômes, et peut-être même du fantôme de la fille qui, trois ans auparavant, a été enlevée et retrouvée morte dans la piscine de l'école. Oui, cette école est peuplée de fantômes et de recoins sombres, c'est en tout cas ce que s'amusent à faire croire certains élèves pour faire peur aux camarades. Les rumeurs s'amplifient encore lorsqu'un deuxième élève disparaît. Un élève affirme alors qu'il communique avec le fantôme d'une fille qui cherche à leur délivrer un message d'espoir pour ne pas laisser gagner la grisaille environnante.

La « grisaille », c'est d'ailleurs le terme qu'emploi Toru pour désigner cette forme d'omniprésence mêlant des sentiments de désespoir, de peur, d'apathie, qui semblent peser sur l'ensemble des élèves. Toru ne parvient pas à l'exprimer de manière plus précise mais cette « grisaille » est de plus en plus oppressante. Il ne parvient pas non plus à déterminer qui est Hikaru, cet être toujours à ses côtés, plus qu'un frère, presque un double, et qui malgré ses pitreries et son esprit de contrariété flagrant, sa désobéissance et son manque de tact éhonté, ne peut être vu que par Toru. Mais il l'a accepté et vit avec quotidiennement sans se poser de question.

Présenté ainsi, ce livre peut revêtir les atours d'un roman policier aux allures de fantastique, mais Pianissimo, pianissimo est bien un roman réaliste, quoiqu'il joue sans cesse avec les limites de l'inquiétante étrangeté. Et c'est toute une ambiance poético-fantasque qui nous happe dès les premières pages.

Le récit prend place par le regard de cet enfant singulier et clairvoyant qu'est Toru qui tente de comprendre (par l'intermédiaire d'un imagier interne) le monde qui l'entoure. Ce monde de plus en plus incompréhensible, presque inhumain, en tout cas impalpable, pour un enfant de son âge.

Seul un écrivain japonais pouvait parvenir à évoquer le monde de cette manière : à l'aide d'une poétique de la personnification. le petit Toru ne nomme jamais ses camarades par leurs prénoms, ils sont réduits à des allocutions (« Quant-à-soi », « la fille au pain », etc.) qui semblent prendre à ses yeux les traits des maux de l'humanité contemporaine à travers une incarnation enfantine.

Avec son roman, Tsuji offre le regard de l'enfant japonais sur le monde contemporain, un regard peut-être plus clairvoyant que celui de l'adulte qui se noie dans des considérations terre-à-terre sans parvenir jamais à prendre suffisamment de distance pour le comprendre.
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Roman fascinant sur le monde de l'enfance, entre reve, cauchemar et réalité. On est dans un labyrinthe du début à la fin, on cherche a démêler le réel de l'imaginaire comme l'enfant qui nous sert de narrateur.

Une oeuvre très sombre et onirique, comme si ce livre avait été écrit en duo par Haruki Murakami et Ryu Murakami.
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