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Marc de Gouvenain (Traducteur)Lena Grumbach (Traducteur)
EAN : 9782868699954
194 pages
Actes Sud (10/08/1993)
3.85/5   10 notes
Résumé :

De l'émouvante histoire d'Arielle, petite fille née avec des ailes, à l'absolue solitude de Stella, persuadée d'être " ce qu'elle-même connaissait de plus laid ", ou à l'odyssée d'Isaac et Sacha, enfants juifs s'exilant de Russie et ballottés sans protection à travers le monde, Göran Tunström nous fait entrer de plain-pied dans un univers bouleversant de démesure. La souffrance, dans ces r&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai résisté pendant un moment avant d'emprunter un autre Tunström… c'est un peu comme d'avoir du bon vin dans sa cave : on prend plaisir à le laisser vieillir, on sait qu'il est là, qu'il nous attend, et puis un jour on ne résiste plus, on l'ouvre. de Tunström je sais que c'est une littérature qui peut vieillir indéfiniment dans ma bibliothèque sans risque d'être étiolée ou bouchonnée par le temps (on ne peut pas en dire autant de beaucoup : souvent, on attend trop, et le livre n'a plus aucune saveur ; ou pas assez, et il répond à des questions qu'on ne s'était pas encore posées, du coup on en perd la trace, et la saveur…)


J'ai donc emprunté celui-ci parce que c'était le seul qui restait à notre bonne vieille bibliothèque de Moulins. Ai-je été déçue ? Non en vérité (ce qui est toujours un risque quand le premier bouquin lu marque avec une force si vigoureuse !!!). le style est toujours aussi fluide et limpide, l'art du récit est parfaitement maîtrisé, les « proportions » (je ne sais pas comment appeler ça, les dimensions du récit, début-suite-fin, le schéma narratif quoi) sont exemplaires. le fond par contre m'a moins enthousiasmée, à part la première histoire mais sinon sans plus. Dans « la vraie vie » il raconte le trajet de deux enfants juifs de la Suède jusqu'en Palestine : trajet tragique qui s'achèvera par la mort du plus jeune alors qu'ils sont enfin arrivés sur la terre de leur quête, mort qui ressemble à un suicide. Si on voulait pousser le vice (le vice : la façon dont en fac de lettres on nous apprend à rapprocher des oeuvres de la façon la plus éhontée qui soit) on pourrait dire que c'est la métaphore de l'exil du juif (ô oui ce thème si cher à la littérature juive, que l'on retrouve dans Gary forcément mais surtout chez albert Cohen et …merde c'est quoi son nom déjà ? là faudrait que je me lève pour aller voir dans la bibli mais trop la flemme…c'est pas vous qui vous trimbalez 23 kilos de ventre !)


Dans « petite musique de salon » c'est encore une histoire de juif, d'un juif prof de piano qui fait apprendre la musique à différents hommes membres de différents partis politiques : la musique finira par être une révélation pour certains, surtout pour le prof qui retrouve l'amour et oublie le passé grâce à elle (passé douloureux où il a vu mourir ses parents). Là aussi on pourrait faire une vaste analyse…mais la métaphore manque de « symbolique » (l'auteur en a trop dit, ou pas assez : le sens est apparu trop évident, trop « lisible » et la poésie de la métaphore a disparu…)


Dans « mariage fictif », c'est un discours sur le non-temps et le non-espace qui peut exister par le biais de l'imagination, ce qui fait qu'un instant ne s'arrête jamais, que des conversations continuent de se nouer entre des gens sans qu'ils ne se voient, que des liens se créent pouvant même aller jusqu'à l'amour !!! Mais à la fin les masques tombent et l'homme et la femme s'aperçoivent qu'en fait ils ne sont pas « sur la même longueur d'onde »…


Dans « Stella »… un peu compliqué comme récit… une petite fille en proie à l'inamour parental… veut un perroquet le vole et veut le tuer…fait la connaissance d'un garçon dont elle voudrait devenir l'amie mais qu'elle rejette… un univers tout entier concentré dans la contradiction, l'envie et le refus, le bien et le mal, l'amour et la haine.


« Arielle » m'a rappelé quelque chose mais je n'ai pas su retrouver quoi : une mère donne naissance à une petite fille qui porte des ailes. S'ensuit un amour fusionnel entre la mère et la fille, dont le père est exclu. La mère aime les ailes de sa fille et en fait la métaphore de la liberté tout en se posant la juste question « a-t-on droit à cette liberté ? » à la fin du récit le père répond à cette question : il coupe les ailes de sa fille, retrouvant pas le même coup sa liberté à lui (il ne sera plus exclu de l'amour de sa femme et de sa fille puisqu'il les a « descendues » au même niveau que lui).


Ma préférée, c'est la première histoire : j'ai retrouvé le même style que dans l'autre Tunström, à savoir des tournures de phrase très garyennes, comme « elle était assise là, en face de moi, et mit un verrou aux mots qui avaient autrefois composé notre réserve commune » ce qui fait que j'applaudis le traducteur des deux mains (Marc de Gouvenain et Lena Grumbach) parce que là pour faire un boulot comme ça faut vraiment être fort. Donc, dans « merci pour Kowalowski », le narrateur vient de divorcer, il a passé sa vie dans l'indifférence la plus totale, à ne s'intéresser à rien ni à personne et en étant transparent dans le regard d'autrui. Quand, un jour, un homme dans un café, le prenant pour quelqu'un d'autre, lui dit « merci pour Kowalowski ! ». a partir de là, le narrateur recherche désespérément qui est ce Kowalowski : théâtre, opéra, livres, tout y passe sans qu'il ne découvre rien, à part l'amitié d'une vieille dame, Dagmar, avec qui il se rend à Vienne. Là, par hasard, il tombe sur un Joseph Kowalowski dans l'annuaire, le rencontre, lui ainsi que sa mère et sa fille dont il tombe amoureux. le Joseph en question est un individu perturbé par son passé (il a tué des juifs) et à qui le langage fait défaut (genre certains dialogues dans clair de femme…). Pour lui rendre ses mots, le narrateur écrit son histoire, et insiste pour que l'homme qui tienne le rôle principal soit celui qui lui a dit « merci pour Kowalowski ». la chute, surprenante, montrera que le parcours du narrateur sera parti d'une méprise, double en l'occurrence puisque l'homme du café l'a pris pour quelqu'un d'autre mais qu'en plus le mot qu'il avait prononcé n'était pas celui de Kowalowski mais un autre. Alors, dans quelle mesure notre vie est-elle conditionnée par ce genre de petits faits dûs au hasard ?
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C’est incroyable ce que nous exploitons peu de nous-mêmes ! À quel point une grande part de nous reste en friche !
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Video de Göran Tunström (2) Voir plusAjouter une vidéo
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