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EAN : 9782081437425
510 pages
Flammarion (16/05/2018)
4.15/5   49 notes
Résumé :
État de Penang, Malaisie, 1939. Philip, un adolescent d’origine anglo-chinoise, rencontre Endo, un diplomate nippon qui lui apprend l’art de l’aïkido. Alors que la guerre menace et que les Japonais envahissent le pays, le jeune homme se retrouve déchiré entre son amitié pour son nouveau maître et sa loyauté envers sa famille ainsi que son pays. Hanté par la prophétie d’une vieille devineresse, Philip tente de tracer sa route sur les chemins périlleux et parfois obsc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Philip est un adolescent anglo-chinois vivant en Malaisie dans les années 30, on constate déjà que sa situation n'est pas de toute simplicité. Comme beaucoup de métis, il subit l'ostracisme, il n'est pas tout à fait chinois, il n'est pas tout à fait anglais non plus, il ne trouve pas sa place. Qui plus est, il vit sur l'île de Penang en Malaisie, du côté des colonisateurs anglais. Pour améliorer sa situation, il a seize ans en 1939 lorsqu'il fait la rencontre du japonais Endo-san, charismatique professeur d' "aikijutsu" (aïkido) dont il devient l'élève dévoué corps et âme. Ajoutons à ce savoureux cocktail l'invasion de la Chine par les japonais et le démarrage de la seconde Guerre Mondiale qui font peser sur la Malaisie la menace d'être à son tour attaquée et nous obtenons un mélange explosif à tous les points de vue.

Comment va réagir Philip, lui qui cherche sa place au sein de sa famille anglaise, qui découvre enfin ses puissantes racines chinoises et qui est fasciné par la culture japonaise et surtout par son "sensei" Hayato Endo ?

Le destin est au coeur de ce roman. Notre vie est-elle réellement déjà inscrite sur les petites tablettes de l'ordinateur central, avons-nous la moindre marge de manoeuvre où sommes-nous condamnés à répéter les erreurs du passé ? Tan Twan Eng nous soumet la question avec des personnages complexes et profondément humains, guidés par l'amour, la loyauté et le sens du devoir dans un cadre historique bouleversant où il n'est question que de pouvoir, de haine, de conquête et de soumission dans une lutte sans fin.

L'amour se mêle à l'histoire, l'histoire se teinte d'amour. Avec l'amour vient la trahison, et le sang coule autant que les larmes. Pourtant aucune éclaboussure ne vient tâcher ces pages, car tout est suggéré. Ce n'est pas de l'édulcoration c'est de la retenue, de la douceur dans un monde de brutes car la douleur est palpable et les émotions sont bien vivaces. La poésie est présente pratiquement à chaque page, l'"aikijutsu" et sa philosophie ainsi que le bouddhisme et la culture chinoise nous donnent des leçons d'amour et d'harmonie, des leçons de vie tout simplement.

Une incroyable poésie, une sensibilité à fleur de peau, une écriture délicate et précise tel un papillon se posant sur la lame d'un katana, de l'aventure et du danger au coeur de la jungle malaisienne, le tout reposant sur une trame historique pleine d'enseignements, tous les ingrédients que j'aime sont réunis dans ce livre.
Sans hésiter un de mes coups de coeur de cette année ❤
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Ce grand roman malaisien raconte une seconde guerre mondiale dont nous ignorons généralement tout, celle qui s'est déroulée en Asie et qui voit la puissance coloniale anglaise se retirer sans gloire pour laisser la place aux Japonais, occupants brutaux, et même sadiques. Philip est un jeune garçon de la haute bourgeoisie, de père anglais et de mère chinoise, qui vit sa double appartenance comme une mise au ban plus fantasmée que réelle et qui découvre les arts martiaux avec le sentiment de pouvoir enfin exprimer sa nature asiatique. Part, en l'occurrence, plus japonaise que chinoise: on aura compris que le timing ne joue pas en sa faveur...
Impossible, pourtant, de lire cette histoire d'initiation sans faire le lien avec l'histoire européenne. Philosophique, d'abord, tant la relation du sensei et de son élève fait penser à l'éducation pédérastique prônée par Socrate pour un Alcibiade aussi beau que vertueux. Historique, ensuite, puisque le choix de Philip de collaborer avec l'occupant trouve beaucoup de résonance avec une situation française qui n'a pas fini de nous hanter.
Ce qui est passionnant dans ce livre, c'est de voir comment nos choix, généralement formés à partir de sentiments plus ou moins conscients, sont justifiés par l'éthique. Endo, qui aime véritablement Philip, l'utilise pour obtenir des renseignements et préparer l'invasion japonaise tout en l'éduquant à domestiquer sa souffrance et à dépasser un jour son maître. Philip, quant à lui, décide de servir les Japonais pour sauver sa famille et, devant leur refus indigné d'obtenir des passe-droits, se met au service de la Résistance locale, feignant d'ignorer que son double jeu n'est qu'un pis-aller bricolé pour justifier un choix intenable. L'un se peint en sauveur injustement dénigré, l'autre prétend que sa soumission aux dérives totalitaires de son pays lui est nécessaire pour se libérer enfin du cycle des réincarnations.
Mais il s'agit moins d'une tragédie de l'aveuglement que d'un grand roman sur le besoin de tenir ensemble tous les fils de nos vies, de s'inventer un destin pour trouver une unité.
Il est seulement dommage que Tan Twan Eng ait décidé que son héros se confesserait à une victime d'Hiroshima, comme s'il avait besoin de ce symbolisme appuyé (les Japonais bourreaux mais aussi victimes) pour tenir en équilibre les plateaux vacillants du bien et du mal.
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C'est une histoire pleine de bruit et de fureur.
C'est une histoire entre un sensei et son élève.
C'est une histoire entre un japonais et un jeune métis en Malaisie.
C'est une histoire terrible car c'est pendant la guerre ; et rien, des actions, des choix, ne pouvait changer l'issue de cette histoire.
Du libre arbitre à la route toute tracée, ce livre, c'est l'histoire de deux visions et deux vies qui se croisent et s'affrontent. C'est une histoire terrible, douloureuse, mais magnifique.
Honnêtement, je ne m'attendais pas à l'aimer autant, j'avais flashé sur l'écriture bien avant le résumé, mais c'est pourtant toute imprégnée de cette relation étrange, de cette dichotomie sur la vision de la vie, que je viens de fermer ce livre.

L'histoire a pour contexte la seconde Guerre mondiale en Malaisie et en Asie. le Japon est à l'époque belliqueux et cruel, et dans ce contexte deux hommes se rencontrent et nouent une relation. Seulement, le Japon est un pays ennemi, de fait la relation du jeune Philip Hutton avec un diplomate japonais Endo-San est mal vue et venue, et beaucoup la critique. Et même si certains comprennent cette amitié et les bénéfices sur le jeune Philip, il leur est malgré tout difficile pour eux de comprendre la place qu'elle prend dans sa vie. Qu'elle prend aussi dans cette Malaisie en guerre abandonnée par les Anglais, et dans cette Malaisie en souffrance et occupée où les japonais n'ont rien à envier aux allemands niveau atrocité. Oui, c'est une histoire compliquée.
Pour être franche, cette relation est aussi difficilement compréhensible par le lecteur, car elle s'approcherait presque d'une histoire d'amour insensée et malsaine devant les faits implacables de Endo-San. Mais pourtant, cette incompréhension qui m'a été donné par l'auteur, c'est pour moi la réussite de cette histoire, car avec ce livre le lecteur est ici quasiment un personnage. Il réagit à peu de chose près de la même manière que les protagonistes du livre, et même quand on apprend au fil des pages, que c'est une histoire sur plusieurs vies et qu'il faut qu'elle finisse, que c'est le destin qui agit et que chacun a ses raisons d'agir, l'attachement de Philip pour Endo-San reste quand même incompréhensible par moment, et ceci même si on n'a l'avantage de tout savoir.
Comme on le voit, ce roman ce n'est pas que l'histoire d'un malheur annoncé, c'est aussi beaucoup d'ambiguïté y compris pour le lecteur. Rien n'est clair, rien n'est gagné d'avance, puisque l'auteur joue énormément sur les sacrifices, avec la mort, sur ces faits et ces sentiments qui nous échappent et nous obligent à quelques actions - et pas toujours les bonnes d'un point de vue ou d'un autre.
Bref. C'est vraiment un roman puissant qui nous entraîne on ne sait où, et pour ma part ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre où je suis quasiment logée à la même enseigne que les perso. Et ça, je ne risque pas de m'en plaindre !

Enfin, un autre atout de ces lignes (que j'ai vite abordé quelques lignes plus haut), c'est que ce livre réunit à une histoire, l'Histoire de la Malaisie à cette époque ; et même si tout n'est pas vrai, par exemple sur la Chine, j'ai apprécié découvrir la seconde Guerre mondiale de ce côté-ci du globe. Ça change des mêmes histoires que l'on raconte ici, et que d'ailleurs je ne lis plus car c'est toujours la même chose et que c'est chiant. Voilà, en plus de l'histoire, le contexte, bien que terrible, vaut le détour par ces pages car on apprend des choses et on ne peut pas se plaindre de ça.

En conclusion, je n'ai rien à dire de mauvais sur ce livre. Oui il est épais, oui ce n'est pas une lecture facile, oui c'est philosophique, oui c'est triste, mais c'est tellement bien raconté, dosé, profond et beau, que je ne peux que vous conseiller de lire ce livre. Pour tout ce qu'il raconte et nous apprend, on doit le lire.
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Un livre sur lequel je suis tombée un peu hasard, et qui m'a tout de suite interpellée !
1939, nous sommes en Malaisie, dans l'état de Penang. Philip est un adolescent d'origine anglo-chinoise et, du fait de ces origines métissées, a toujours été mis à l'écart. Solitaire, il n'entretient pas énormément de relations avec sa famille... Un jour, un locataire prend possession d'une petite île où il aime se réfugier. Cet homme s'appelle Endo, et est un diplomate nippon. Ils vont se lier, et entamer une relation maître-élève lorsque Endo va enseigner l'art de l'aïkido à Philip.
Mais la guerre menace et les Japonais envahissent le pays. L'inimité des habitants envers les Japonais s'embrase, et c'est maintenant une véritable haine qu'ils éprouvent pour les occupants. de son côté, Philip est déchiré envers la loyauté nouvelle pour son maître et celle qu'il éprouve pour sa famille et son pays. Quel chemin choisir ? Qui choisir ?
Le don de la pluie m'attirait énormément, spécialement à cause de son thème et de la location de l'intrigue. J'ai très peu lu de romans se passant en Malaisie, et c'est un lieu que j'ai apprécié découvrir, spécialement à cette époque ! Même si j'ai lu quelques romans sur la Seconde Guerre Mondiale, le fait d'avoir le point de vue d'un homme anglo-chinois habitant en Malaisie est très nouveau pour moi. C'est vraiment passionnant d'avoir un regard différent sur cette époque ! de plus, Tan Twan Eng a parfaitement agencé son roman : les points de vue alterne entre deux époques, la jeunesse de Philipp et lorsqu'il est un vieillard. Il va raconter son histoire à une femme, une amie d'Endo, ce qui le fait se replonger dans ses souvenirs. le fait d'alterner ainsi les époques permet d'avoir un certain suspense, de garder de l'intérêt intact. En plus de cette alternance, Tan Twan Eng a parfaitement décrit l'époque, les lieux, et j'étais captivée du début à la fin.

(Voir mon avis complet sur mon blog.)
Lien : https://chezlechatducheshire..
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A Penang en Malaisie à l'issue d'une vie d'homme d'affaire bien remplie Philip Khoo-Hutton reçoit la visite d'une japonaise âgée qui va lui faire ouvrir les vannes de son passé.
Fils d'un riche anglais et d'une jeune chinoise, au moment où, tiraillé entre ses origines et au milieu de malais et de japonais, il cherchait son identité, sa rencontre avec Endo-san va changer sa vie. Ce mystérieux japonais va l'initier aux arts martiaux, au zen et à d'autres choses peut-être.
Dans ce roman d'une grande richesse se retrouvent la quête de soi, le sentiment de l'appartenance familiale, communautaire et amicale. Comme l'histoire se déroule pendant la 2ème guerre mondiale en Asie, les protagonistes devront choisir leur camp parfois en contradiction avec leurs identités.
L'inévitable tragédie va se mettre en place avec son lot de manipulations, trahisons et désillusions.
Le récit est prenant et émouvant mais toutefois sans réelles surprises, ce qui après tout est cohérent avec une réflexion, très asiatique, sur le déterminisme, la réincarnation et la dette à payer pour ses vies précédentes. En conclusion une belle méditation à la fois tragique et contemplative sur l'existence et le libre-arbitre.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Des pensées s'agitèrent en moi comme des papillons ivres. Je pourrais m'occuper de lui, préparer ses repas, passer le reste de ma vie à suivre son enseignement. Ces pensées resteraient à jamais des pensées, ne deviendraient jamais réalité, en ce monde où même le reconnaître en public était périlleux. Toutes ces choses qui semblaient aller de soi pour la plupart des gens.
"À quoi pensez-vous ?" demanda-t-il en bâillant.
Je répondis, rempli de tristesse à l'idée de l'ordre établi :
"À des papillons."
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"Représentez-vous votre souffle comme une longue corde, me disait-il. En respirant maintenant, tirez-la à l'intérieur de vous, dans les profondeurs. Plus loin que vos poumons, jusqu'à l'endroit juste sous votre nombril, votre "tanden". Faites une pause, laissez-la tournoyer puis imaginez-vous qu'on tire dessus pour la faire sortir à l'instant où vous expirez. Vous n'avez besoin de penser à rien d'autre, dans le "zazen". Plus tard, quand vous aurez progressé, vous n'aurez même plus à y penser. Vous ne remarquerez même pas que vous respirez. Cela viendra avec le temps."

N.D.L. : "zazen" = méditation assise du zen.
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Les triades sont un phénomène historique singulier. Elles doivent leur nom à l'usage d'une figure triangulaire symbolisant la relation entre le Ciel, la Terre et l'Homme. À l'origine, il s'agissait d'un mouvement de résistance aux Mongols devenus maîtres de la Chine. Il était fortement influencé par le bouddhisme - en fait, la plupart des membres fondateurs étaient des moines. Mais les détails se sont perdus dans les brumes du passé.
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La mer poussait un soupir chaque fois qu'une vague s'effondrait sur le rivage, comme un coureur de fond sur la ligne d'arrivée. J'ai toujours trouvé la mer plus attirante la nuit. Dans la journée, elle est magnifique, avec ses vagues puissantes et bruyantes, heurtant la plage avec toute la force de l'océan derrière elle. Mais quand la nuit tombe, cette force disparaît et les vagues déferlent sur le rivage avec le détachement d'un moine déployant un manuscrit.
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Son père avait fait en sorte que ses enfants n'oublient jamais leur passé, si bien qu'Endo-san avait passé son enfance à s'initier aux talents des samouraïs : le combat au corps à corps, le tir à l'arc, l'équitation, le sabre, l'arrangement floral et la calligraphie.
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