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EAN : 9782266052238
318 pages
Pocket (05/02/1993)
3.97/5   103 notes
Résumé :
Liban, Turquie, Iran, Thaïlande: à vingt ans, Béatrice Saubin est "une solitaire amoureuse de la route". Elle y oublie son enfance malmenée en poursuivant une quête effrénée du bonheur.
Un bonheur qu'elle croit enfin trouver en Malaisie, avec Eddy, son bel amant chinois à la peau sombre, au sourire éclatant. Ils doivent se marier en Europe. Béatrice part la première, avec la valise offerte par Eddy. Mais, à l'aéroport, les douaniers découvrent dans un double... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsque j'ai ouvert un compte sur Babelio, j'étais invité à mettre sur ma bibliothèque cinquante livres en guise de début pour favoriser les échanges. Il y avait donc cinquante livres lus mais à relire afin de pouvoir les chroniquer car la mémoire à ses limites. « L'épreuve » de Béatrice Saubin était le premier de la sélection. J'en avais gardé un bon souvenir.

Peu après ma première lecture du livre, j'avais un enregistrement VHS, qui était une adaptation téléfilm. Je l'ai regardé à de multiples reprises.

La lecture m'a fait rencontrer une femme intelligente, portée sur les voyages surtout en terre asiatique, trompée, offensée, injustement emprisonnée, révoltée, cherchant à s'adapter, ayant gouter aux bienfaits d'amitiés salvatrices, ….

« 7 septembre 1990. J'ai trente et un ans. En 1959 naissait à la clinique de Romilly une petite fille qu'on aurait pu aimer, épanouir, diriger. J'ai désormais presque le double de l'âge où ma mère accouchait de ce fardeau, ce poids, cette enfant de ses brèves amours … Je n'absous pas son abandon, mais je comprends à quel point, elle était trop jeune et démunie, abêtie de rêves. J'avais vingt ans quand les murs se sont refermés sur moi avec leur menace de mort. L'allure d'une enfant… Dix années viennent de passer. Incommensurable chemin entre l'abîme de la mauvaise enfance et cette liberté intérieure, patiemment acquise ? Que fuyais-je ? Que cherchais-je ? dix années étranges où j'ai peut-être appris à vivre, en dehors des chemins dit convenables. A vingt ans, mes voyages de plus en plus loin, de plus en plus fous, étaient une quête insatiable du changement, de la nouveauté, de la différence, de l'obsession de fuir Rumilly ».

Voilà, je crois, qui résume assez bien l'histoire de Béatrice. Elle décrit sa vie de sept à trente et un an. Un récit qui prend à la gorge, qui étouffe, émeu, qui nous décrit des travers et des valeurs de la vie, comme nous en connaissons tous.

Dix ans, emprisonnée en Malaisie de façon injuste. Elle est passée par les pires atrocités en prison pendant que la France entière parle de cette affaire.

Elle a laissé en France une grand-mère, qui savait que la finalité était une condamnation à mort par pendaison. Alors, il fallait remuer ciel et terre, car tant que Béatrice vivait et connaissant la Malaisie, il y avait un infime espoir de la sauver.

Béatrice voulait visiter l'Asie. Elle a réalisé ce rêve. Seule à Gorge Town, (Malaisie) un chinois s'est adressé à elle en anglais. Il lui a apporté le bonheur. Il l'a interrogé : le but de son voyage, ses projets, ses amis et amies, sans rien dire de lui, Il a offert à Béatrice une valise sur roulette. C'était un tafiqant de drogue, il a tenté de faire passer à l'insu de Béatrice, dans un double fond de la valise de la drogue. Cette valise, il ne l'a jamais récupérée à Zurich, puisque les douaniers ont saisi la drogue et que Béatrice a été emprisonnée sans que le coupable puisse être retrouver.

De la prison de Penang, elle décrit toutes les horreurs. Elle était réduite à exécuter les ordres des gardiens de prison. Pour facilités les contacts avec les codétenus et les gardiens, elle décide d'apprendre le malais. Une corde de plus a son arc car c'était une française qui parlait couramment l'anglais et l'allemand.

Béatrice se plaignait de n'être qu'un numéro de matricule. Les choses changent car Maître Paul Lombard la responsabilise : « traduisez-moi les arguments à votre encontre ». Il l'encourage : « Ensemble nous allons y arriver ».

Le procès est gagné. La peine de mort est supprimée.

Elle se fait des amies en prison : Barbara une australienne. Noor une musulmane malaisienne. C'est plus que de l'amitié. Avec Noor, elle trouve le paroxysme de la volupté. Arrive le moment ou Noor est libérée. Aussitôt Béatrice demande son transfert dans une autre prison. Elle sera à Kajang, une prison neuve, moderne, cellule quatre fois plus grande, équipée, confortable où il n'y a que des prisonnières. Là, elle sera, suivant les années nommée, animatrice, conductrice des travaux de jardin, assistante du docteur au dispensaire. La confiance, lui est accordé. Elle est valorisée. Elle ne sera plus un numéro.

Cette lecture m'a plu. C'est dans mes affinités. Il n'y a pas de bons ou mauvais goûts. A chacun les siens.

Après quelques recherches web au sujet de Béatrice, j'apprends avec stupéfaction qu'elle est décédée à l'âge de 48 ans. Elle a été retrouvée morte à son domicile. Elle a surmonté tant de choses au cours d'une longue détention et après la chute. Inimaginable ! Elle était anorexique, alcoolique. Comme tous les prisonniers, elle n'était pas préparée à sortir après une longue détention. Elle n'a pas supporté le décès de sa grand-mère, mère, le père Jean et soeur Nicole qui l'ont soutenue lors de sa détention.

Bien conscient que nous avons tous nos limites, et que nous sommes inégaux devant le destin, Béatrice, je t'admire.

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Il y a une vingtaine d'années j'étais en week-end chez ma soeur à Bruxelles et un soirj'ai trouvé ce bouquin et j'ai commencé ma lecture. le lendemain, je devais rentrer à Ostende et mon beau-frère qui l'avait acheté me l'a offert, le livre s'est donc retrouvé dans mes bagages en rentrant chez moi à Ostende. le soir de mon retour je me suis mise au lit et je me suis remise à la lecture de "l'épreuce" plus pour ne pas oublier le français (la Belgique et ses fichues frontières linguistiques!) que par envie. Béatrice Saubin m'a agréablement surprise! Elle ne pleure pas sur son sort et a (avait, elle est décédée) une très belle plume! J'ai aimé ce livre, les récits de son enfance chez sa grand-mère, son envie de liberté, de voyages. Elle en parle beaucoup d'ailleurs de ses voyages, des amis qu'elle s'est faite sur la route en Iran, en Asie, ce continent qu'elle a tant aimé. Je me souviens de très belles descriptions des montagnes en quittant la Turquie, un moment magnifique dans lequel elle s'est hissée sur le porte bagages d'un de ces vieux bus qui partaient de la Turquie vers l'Asie pour mieux profiter du paysage, du ciel et des montagnes! Je me suis presque crue dans "Baby driver" de Jan Kerouac. Puis vient son arrivée en Thaïlande, sa première déception amoureuse qui la pousse à continuer son voyage jusqu'en Malaisie où elle va rencontrer le "Grand Amour" et puis la valise, la prison: l'horreur mais aussi de très belles histoires d'amitié avec Nicole et Jean, une soeur et un prêtre français qui vont devenir un peu les parents qu'elle n'a jamais eu. Non, j'ai vraiment aimé ce livre! À un tel point que j'ai commis l'erreur de commander les suites: "Lorsque la porte s'ouvre" qui reste assez bon et ensuite "La corde au coeur" qui (pardonnez-moi, amis et voisins français) devient trop le roman typique "pompeux et égocentrique francophone contemporain" par excellence, le style de romans qui fait que je la littérature française m'a déçue à une époque et qui m'a fait découvrir de fantastiques auteurs américains contemporains comme David Vann, Laura Kasischke, Louise Erdrich., Jim Harisson et tant d'autres! Attention! J'adore Camus et d'autres grands écrivains français mais (et je constate que je ne suis pas la seule) que la littérature francophone est devenue un peu pompeuse à mon goût, sans poésie et trop nombriliste contrairement aux américains qui préfèrent laisser assez de place à leurs sens, ce dont merveilleux don de l'observation de Mère Nature et ses habitants avec toutes leurs faiblesses qui font des livres comme ceux de Steinbeck pour ne citer qu'eux! Béatrice Saubin m'avait séduite avec ce premier roman pour cette même raison: les récits de ses trois voyages avant celui pour l'enfer! Et puis le récit des années passées en prison ou elle ne laissait pas de place pour la mièvrerie mais pour des passages très touchants, avec des anecdotes amusantes! Un livre que je recommande vivement à ceux qui aiment les histoires qui se déroulent en prison tout autant que les rêveurs amoureux de la route!
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Il y a déjà quelques années que j'ai lu ce livre et je m'en souviens très bien tant il m'avait ému, angoissée et stresser. Amoureuse des voyages, Béatrice tombe dans un terrible traquenard d'un garçon dont elle était éprise en Malaisie. Après une promesse de mariage, et des étoiles pleines la tête en se rendant à l'aéroport elle se fait coincer par les douanes Malaisiennes avec de la drogue au fond de sa valise. Commence alors un enfer dans la prison pour femmes dans ce pays.Condamnée à mort, la jeune femme va y passer 10 ans de sa vie (en essayant d'y survivre !) pour finalement à force de courage et de persévérance de la part de sa famille elle sortira de l'enfer carcéral.
Moi qui suis une grande voyageuse ce livre m'a bouleversé et a changé beaucoup de choses lors de mes voyages : toujours se méfier d'autrui .. sans tomber dans la paranoïa et ne jamais confier ses bagages à qui que ce soit !
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Ce livre m'a fait passé d'un sentiment de bonheur, à des pleurs. Il est à la fois révoltant et émouvant.

Comment s'imaginer passé d'un paysage idyllique d'Asie du sud à une prison de Malaisie.

Je n'ai qu'une chose à dire ce livre est touchant, il faut le lire.
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"...Finalement, après avoir passé plusieurs années en prison, les autorités malaisiennes la libérèrent, à un moment où elle s'était enfin appropriée sa vie, sa situation. Elle avait lu, enseigné à compagnes de cellule, aimé, créé un véritable potager, dans cet enfer elle s'était construite une vie, enfin..."
"...Mais j'ai dévoré son livre, et j'aurais vraiment aimé la rencontrer. "L'épreuve" est un véritable témoignage de la rage de vivre d'un être humain, et une magnifique leçon de l'évolution d'un être humain vers la sagesse.

Si j'étais enseignante, son livre serait au programme. En fuyant sa condition de fille pauvre et paumée en France, elle s'est finalement trouvée à l'autre bout du monde. Et aura su plus tard mettre des mots dessus..."
Lien : http://theflyingelectra.blog..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Une fois le dernier invité parti, j’aide Rachid à tout ranger. Puis je mets les choses au point :
― Je ne veux pas être à ta charge. Je tiens à partager les frais. C’est très important pour moi. Je vais trouver un travail rapidement.
Rachid avant de partir, m’indique au bas du journal une annonce : « Chaîne d’hôtels internationale cherche réceptionniste : bonne présentation. » Ce serait bien pour toi dit Rachid. Sami doit passer tout à l’heure en moto. Il pourra t’y déposer … […].

Nous stoppons pile devant le palace. Je fonce dans le hall. Je demande le chef de la réception. J’enlève d’un seul coup mon casque. Quelle aberration de chercher, attifée ainsi, un job qui exige tailleur et talons aiguilles !

Mon humeur est excellente. L’envie de sourire éclate sur ma bouche. Ni l’angoisse, ni la perturbation d’usage quand on se présente à un employeur. Si on me prend tant mieux. Sinon, tant pis pour eux. On me dit d’attendre. Plusieurs hôtesses s’activent derrière le rutilant comptoir d’acajou, toutes vêtues d’un costume standard. Tailleur bleu marine, chemise à rayures vertes. Escarpins vernis qui glissent sur l’épaisse moquette. Bas impeccables. Maquillage obligatoire. Le contraire de toutes mes tenues.
Le chef du personnel me reçois enfin ; Il ne me regarde pas, il fixe mon casque. Il me pose quelques questions ; Quelles langues ai-je apprises ? Ai-je déjà travaillé en hôtellerie ? Quels voyages ai-je faits ? L’Afghanistan semble l’épater. Il me fait parler anglais, allemand.
― Vous faites de la moto ? dit-il.
― Présentez-vous demain, dit-il ; Je crois que ça ira.
Grâce à une moro, j’ai obtenu ce job bien payé.
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J’ai sept ans. Je suis assise sur les marches de la maison. Une voiture s’arrête presqu’à mes pieds. J’au du mal à reconnaître ma mère. C’est bien elle, parfaitement maquillé, ses cheveux noirs, laqués, brillants. Le pantalon moulant en un tissu scintillant, un pull rouge épouse toutes ses formes. Elle avance d’un pas ferme, sur de très hauts talons. Elle vient vers moi, un gros paquet cadeau au bolduc rose. Elle se penche, un lourd parfum de muguet, de lilas, je ne sais trop, émane de cette femme très belle dont les ongles sont peints en rouge vif. Elle effleure mes joues, profite de ce gros paquet ― « Bon anniversaire, Béatrice ! » […]
Je ne défais même pas le paquet cadeau dont grand-mère fera sauter avec rage les cordelettes. Une poupée, une poupée de velours et de taffetas rose dont les yeux s’ouvrent et se ferment et qui dit « maman ».
Josette a disparu. La portière de la voiture a claqué. La rue est devenue déserte. Mon cœur aussi. J’ai jeté à la volée la poupée contre le mur. Elle s’est brisée le crâne. J’éclate alors franchement en sanglots, d’autant plus que je sais que Josette disparaîtra au moins jusqu’au prochain anniversaire.
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Me faudra-t-il monter sur les épaules d'un gardien ? [?] Ou faudra-t-il me traîner, me lancer telle une balle coincée ? Le bruit des vertèbres brisées monte-t-il en un flot de sang dans la bouche, d'où pend une langue bleue ? [?] Je ne veux pas mourir. Voilà ma seule vérité. Mon unique hurlement
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Je vécus la première symbolique de l’humiliation.
La prison où qu’elle soit, c’est l’humiliation nuit et jour.
Dans l’immense porte de Penjara Penang est incrustée un portillon minuscule. Il oblige le condamné à se baisser pour franchir cette frontière de la honte. Se courber, atteindre le niveau de la poussière. Savoir qu’il la mordra plus d’une fois. Qu’il est devenu un animal. Un caillou du sol. Qu’il a perdu toute trace de son identité d’avant. Se courber pour vivre la première punition morale. Expression : courber l’échine. Pâtir, endurer, ployer, plier. Être le roseau penché, penchant. Annulé, inexistant …
Courbée, réduite en femme au dos cassé, je franchi cette porte.
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Second coup de téléphone. Sa secrétaire l’avertit qu’une « certaine Mme Michelot » est au bout du fil … Paul Lombard prend le combiné. Des sanglots, des sanglots de vieille femme entrecoupés de : « Sauvez-la, Maître, sauvez ma petite fille, je n’ai qu’elle au monde. »
Comment résister à ces supplications, à ces larmes ?
― Calmez-vous madame Michelot. Calmez-vous. Ne pleurez plus. Je prends cette affaire en main. Vous n’êtes plus seule. Je vais me rendre en Malaisie examiner sa situation exacte. Faites-moi confiance ? Ensemble nous sauverons votre petite-fille.
― Maître, je n’ai pas d’argent pour vous payer …
― Qui vous parle d’argent ?
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>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Politiciens, économistes, juristes, enseignants (844)
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