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EAN : 9782070326990
176 pages
Gallimard (01/01/1992)
4/5   12 notes
Résumé :
Valéry aborde la peinture, les mathématiques, l'architecture, la mécanique et la physique avec une aisance et une érudition déconcertantes. Par delà la réflexion à caractère scientifique, ce premier essai en prose contient les grandes lignes de l'esthétique de Valéry.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Paul Valéry a publié l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci en 1894. Il est revenu dessus en 1919 pour ajouter quelques approfondissements. Enfin, ce livre contient également une préface écrite en 1929, sous la forme d'une lettre intitulée Léonard et les philosophes. Ultime révision, il a corrigé et précisé l'ensemble de ces trois parties par des commentaires, écrits apparemment en 1930, que l'on retrouve dans les marges du livre.
L'essai originel n'a rien à voir avec une biographie et il n'est même fait mention qu'évasivement des oeuvres du maître florentin. Cet essai a plutôt un intérêt philosophique, celui d'une étude sur le fonctionnement de la conscience humaine. Comment l'homme perçoit les formes et les mouvements, quels rôles jouent le temps et l'espace, à quoi servent les analogies et les métaphores dans le langage, à quel moment l'imagination succède à la perception, la production à la compréhension et finalement qu'est-ce que la création ? Mais Paul Valéry préfère employer le terme de construire plutôt que de créer. Construire, trouver de nouvelles possibilités, de nouvelles combinaisons, faire des liens, pousser l'intelligence au-delà de ses limites jusqu'à l'imagination.
Quinze ans s'étaient écoulés lorsqu'en 1919 Valéry rajouta Note et digression. Il y précise ce qu'il a tenté de faire dans cet essai et à quel point sa situation personnelle, sa stérilité poétique et ses aspirations, étaient liées aux réflexions qu'il avait menées à cette époque sur la conscience humaine. Cet addendum est moins aride que l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, même s'il est toujours beaucoup question de philosophie, notamment de la vision naturaliste qu'avait Léonard de la vie, de la mort et de l'amour. Tout cela aboutissant à une pensée de Valéry sur le Moi très épurée. Des réflexions passionnantes sur l'identité, la personnalité, la conscience de soi et l'universalité.
Dans Léonard et les philosophes, il est plus étroitement question de l'esthétique, de son évolution à travers les temps, de son impossibilité. Mais il aborde également l'éthique ou la métaphysique et le travail des philosophes en général. Sans porter de jugement, il analyse la situation de la pensée au début du vingtième siècle, les insuffisances du langage verbal et, finalement, assimile les philosophes à des artistes. C'est d'ailleurs une constante de ce livre, rechercher ce qui relie le scientifique et l'artiste, le savant et le créateur, les connaissances et les possibilités, l'universel et le personnel, leur complétude. Ce que Léonard de Vinci - architecte, peintre, ingénieur, anatomiste - représente parfaitement.
Paul Valéry est un écrivain extrêmement précis. Il y a dans son écriture une aisance crispée, une subtilité qui ne se trouve jamais assez subtile, qui rend chaque mot écrit par lui précieux. Cette conscience exacerbée le pousse dans une dialectique dont la résolution ne peut que demander un certain consentement du lecteur. L'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci baigne donc dans une vague philosophie pourtant complexe. On n'y trouve aucune anecdote biographique. Même les oeuvres sont à peine évoquées, c'est seulement le processus créatif de Léonard qui a intéressé Paul Valéry, en ce qu'il reflétait son propre questionnement.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
J'étais placé dans la nécessité d`inventer un personnage capable de bien des œuvres. J'avais la manie de n'aimer que le fonctionnement des êtres, et dans les œuvres, que leur génération. Je savais que ces œuvres sont toujours des falsifications, des arrangements, l'auteur n'étant heureusement jamais l'homme. La vie de celui-ci n'est pas la vie de celui-là : accumulez tous les détails que vous pourrez sur la vie de Racine, vous n'en tirerez pas l'art de faire ses vers. Toute la critique est dominée par ce principe suranné : l'homme est cause de l’œuvre - comme le criminel aux yeux de la loi est cause du crime. Ils en sont bien plutôt l'effet ! Mais ce principe pragmatique allège le juge et le critique; la biographie est plus simple que l'analyse. Sur ce qui nous intéresse le plus, elle n'apprend absolument rien... Davantage ! La véritable vie d'un homme, toujours mal définie, même pour son voisin, même pour lui-même, ne peut pas être utilisée dans une explication de ses œuvres, si ce n'est indirectement et moyennant une élaboration très soigneuse.
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Intérieurement, il y a un drame. Drame, aventures, agitations, tous les mots de cette espèce peuvent s'employer, pourvu qu'ils soient plusieurs et se corrigent l'un par l'autre. Ce drame se perd le plus souvent, tout comme les pièces de Ménandre. Cependant, nous gardons les manuscrits de Léonard et les illustres notes de Pascal. Ces lambeaux nous forcent à les interroger. Ils nous font deviner par quels sursauts de pensée, par quelles bizarres introductions des événements humains et des sensations continuelles, après quelles immenses minutes de langueur se sont montrées à des hommes les ombres de leurs oeuvres futures, les fantômes qui précèdent.
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Il me faut excuser d’un titre si ambitieux et si véritablement trompeur que celui-ci. Je n’avais pas le dessein d’en imposer quand je l’ai mis sur ce petit ouvrage. Mais il y a vingt-cinq ans que je l’y ai mis, et après ce long refroidissement, je le trouve un peu fort. Le titre avantageux serait donc adouci. Quant au texte… Mais le texte, on ne songerait même pas à l’écrire. Impossible ! dirait maintenant la raison. Arrivé à l’ennième coup de la partie d’échecs que joue la connaissance avec l’être, on se flatte qu’on est instruit par l’adversaire ; on en prend le visage ; on devient dur pour le jeune homme qu’il faut bien souffrir d’avoir comme aïeul ; on lui trouve des faiblesses inexplicables, qui furent ses audaces ; on reconstitue sa naïveté. C’est là se faire plus sot qu’on ne l’a jamais été. Mais sot par nécessité, sot par raison d’État ! Il n’est pas de tentation plus cuisante, ni plus intime, ni de plus féconde, peut-être, que celle du reniement de soi-même : chaque jour est jaloux des jours, et c’est son devoir que de l’être ; la pensée se défend désespérément d’avoir été plus forte ; la clarté du moment ne veut pas illuminer au passé de moments plus clairs qu’elle-même ; et les premières paroles que le contact du soleil fait balbutier au cerveau qui se réveille, sonnent ainsi dans ce Memnon : Nihil reputare actum…
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Cet Apollon me ravissait au plus haut degré de moi-même. Quoi de plus séduisant qu’un dieu qui repousse le mystère, qui ne fonde pas sa puissance sur le trouble de notre sens ; qui n’adresse pas ses prestiges au plus obscur, au plus tendre, au plus sinistre de nous-mêmes ; qui nous force de convenir et non de ployer ; et de qui le miracle est de s’éclaircir ; la profondeur, une perspective bien déduite ? Est-il meilleure marque d’un pouvoir authentique et légitime que de ne pas s’exercer sous un voile ? — Jamais pour Dyonisos, ennemi plus délibéré, ni si pur, ni armé de tant de lumière, que ce héros moins occupé de plier et de rompre les monstres que d’en considérer les ressorts ; dédaigneux de les percer de flèches, tant il les pénétrait de ses questions ; leur supérieur, plus que leur vainqueur, il signifie n’être pas sur eux de triomphe plus achevé que de les comprendre, — presque au point de les reproduire ; et une fois saisi leur principe, il peut bien les abandonner, dérisoirement réduits à l’humble condition de cas très particuliers et de paradoxes explicables.
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Quoique j’eusse vingt-trois ans, mon embarras fut immense. Je savais trop que je connaissais Léonard beaucoup moins que je ne l’admirais. Je voyais en lui le personnage principal de cette Comédie Intellectuelle qui n’a pas jusqu’ici rencontré son poète, et qui serait pour mon goût bien plus précieuse encore que la Comédie Humaine, et même que la Divine Comédie. Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calcul, avait trouvé l’attitude centrale à partir de laquelle les entreprises de la connaissance et les opérations de l’art sont également possibles ; les échanges heureux entre l’analyse et les actes, singulièrement probables : pensée merveilleusement excitante. Mais pensée trop immédiate, — pensée sans valeur, — pensée infiniment répandue, — et pensée bonne pour parler, non pour écrire.
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Vidéo de Paul Valéry
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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