C'est dans ce roman que se constitue l'équipe des « évangélistes » qui reviendront dans d'autres romans de Fred Vargas et qui mènent leur première enquête sur la disparition d'une cantatrice, peu après qu'un hêtre soit mystérieusement apparu planté au fond de son jardin. Je me suis régalé de la cocasserie des portraits des « évangélistes ». Je vous recommande ce roman policier joyeux, dont le suspense se maintient jusqu'au dernier chapitre !
J'ai découvert
Fred Vargas il y a plus de quinze ans en lisant «
Pars vite et reviens tard ». J'avais été séduit par son idée de mélanger les époques en introduisant une menace de peste dans le Paris du 20e siècle. Cela m'a donné l'envie de découvrir ses autres romans, dans lesquels j'ai retrouvé avec grand plaisir ce côté fantastique ou mystérieux qui la caractérise et qu'elle met en place en introduisant un élément venant d'une autre époque, ou un élément lié à une légende.
Dans «
Debout les morts », cette caractéristique est moins marquée: l'élément « mystérieux » est banal, il s'agit d'un hêtre bien de chez nous. Mais il est tout de même hors du commun car il apparaît du jour au lendemain dans le jardin parisien d'une cantatrice, sans que personne n'ait vu qui l'avait planté là. Peu après, la cantatrice disparaît et l'enquête commence. Elle est menée par Mathias, Marc, Lucien, surnommés « les évangélistes » (Mathieu, Marc et Luc), accompagné du parrain de Marc, qui est un ancien flic. Je ne vous en dirai pas plus sur l'intrigue, si ce n'est que
Fred Vargas maintient le suspense et mène le lecteur sur de fausses pistes jusqu'à la fin du récit.
Les « évangélistes » seront les enquêteurs dans plusieurs autres romans de Fred Vargas. «
Debout les morts » est celui où ils font leur première apparition et l'on apprend comment ce petit groupe s'est constitué. Il s'agit de trois historiens complètement immergés dans leurs petits mondes, qui marquent leurs personnalités: pour Mathias, il s'agit de la préhistoire, pour Marc, du Moyen Âge, et pour Lucien de la Grande Guerre. On les voit se rencontrer par hasard, à la recherche d'une colocation. Avec le parrain de Marc, ils s'installent donc dans une maison presqu'abandonnée, dans le voisinage de celle de la cantatrice; chacun y occupe un étage.
Fred Vargas consacre une bonne partie de son texte à décrire ces personnalités caricaturales et c'est un régal de cocasserie ! Je dirais que ce roman est un policier joyeux. Si vous cherchez une lecture pour vous mettre de bonne humeur, tout en vous tenant en haleine, je vous recommande assurément ce petit bijou ! le style est enlevé et fort plaisant, un excellent moment de détente !
Je termine en partageant quelques éléments biographiques que je viens de collecter (voyez aussi cet intéressant entretien de 2007: https://www.lexpress.fr/culture/livre/qui-est-vraiment-fred-vargas_812118.html ).
Fred Vargas est née
Frédérique Audouin-Rouzeau le 7 juin 1957. Sa soeur jumelle, Joëlle, est peintre et a choisi le pseudonyme de Jo Vargas, en référence au rôle de Maria Vargas joué par Ava Gardner dans « La comtesse aux pieds nus » de Joseph Mankiewicz. Sa soeur l'a suivie en adoptant le nom de plume de Fred Vargas.
Un temps chercheuse au CNRS,
Fred Vargas est titulaire d'un doctorat en histoire, spécialisée en archéozoologie («J'ai passé des mois à trifouiller des intestins de puces pour étudier l'épidémiologie de la peste»). On ne s'étonnera donc pas de la justesse des portraits qu'elle dresse de ses « évangélistes » ! Son frère Stéphane est également historien, spécialisé dans l'histoire de la Grande Guerre (plus récemment, il a travaillé sur le génocide des Tutsi au Rwanda). Leur père,
Philippe Audoin, a été un écrivain discret et l'un des derniers surréalistes français. Son père, Robert Audoin, a été sous-lieutenant d'artillerie pendant la Grande Guerre, pour être à nouveau mobilisé pendant la Seconde Guerre. Vous aurez compris les influences…
Je vous recommande
Fred Vargas avec enthousiaste et je m'empresse d'ajouter sur ma pile «
Quand sort la recluse », qu'elle a publié en 2017. C'est le seul de ses romans que je n'ai pas encore lu et je suis tout tristounet de constater que c'est le dernier de sa production. Entretemps, elle s'est en effet tournée vers d'autres combats: en 2019, elle a publié «
L'humanité en péril », consacré aux problèmes relatifs au climat et à la biodiversité. Je ne sais pas si cela signifie qu'elle abandonne sa carrière de romancière; j'espère que cela ne sera pas le cas…