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EAN : 9782358875639
56 pages
La manufacture de livres (07/11/2019)
3.86/5   11 notes
Résumé :
Ils ont dix-sept ans et pas grand chose de plus. Jeremy n’a jamais eu de papiers, il est né en France, sur le matelas d’un squat de migrants et a vécu en marge de tout. Esther a eu une famille dans l’Est, mais a fui loin de sa violence et de sa morosité. Ils sont ensemble parfois, parce qu’ils se ressemblent finalement. On leur apprend qu’en passant la frontière avec des capsules de drogue dans le ventre, ils pourront gagner de quoi vivre un peu mieux. De l’argent f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une novella de quelque 120 pages, mais puissante. On retrouve la faune dont Marc Villard sait si bien parler, les sans papiers de Barbès, émigrés de tous les pays en ruine, survivant souvent de tapinage ou de petits trafics. Jérémy, un ado né en France d'une mère nigériane sans papiers et prostituée, doit dont lui-même raser les murs pour éviter les flics. Un fait divers qui dégénère, l'hôtel de sa mère qui brûle dans un incendie, et elle avec, il doit se résoudre à un coin de squat, et vit chichement en vendant des inédits du chanteur défunt Féla Kuti, a qui sa mère avait dérobé deux cahiers de chansons inédites. Une vie de misère, où l'on croise dans la débrouille des compagnons d'infortune, mais une vie quand même. Les choses vont se compliquer quand on proposera au jeune garçon et à une amie de convoyer de la drogue en Angleterre.
Marc Villard a toujours les mots justes pour décrire ces quartiers de Paris laissés aux plus pauvres, Africains ou Pakistanais, qui essayent de s'en tirer en s'entraidant, au milieu de Parisiens indifférents. Il y met beaucoup d'empathie, jamais indifférent à la misère. Un livre coup de poing que l'on avale vite, comme un uppercut.
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C'est court et noir, comme un café bien serré.
Les phrases fusent au rythme des chansons de Fela Kuti.
C'est l'histoire d'un jeune paumé, de galère et d'amour, d'espoir et de solidarité, de Barbès à Brixton, de la malchance et de la débrouille..
Un roman noir mais poétique, sobre et puissant tout à la fois.

"Tout ceci n'a rien à voir avec l'émigration éperdue des africains, la tectonique des plaques, l'appauvrissement de la couche d'ozone, les guerres de religion, les soubresauts du CAC 40, les porcs qu'on balance et le drone métal. Nous sommes revenus ici à la préhistoire des hommes où, pour survivre, il faut tuer?"
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Pour échapper à une galère persistante, deux jeunes de Barbès prennent le bus pour Londres, l'estomac repréhensible, et changent de vie sans même le savoir. Cruel et paradoxalement poétique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/12/15/note-de-lecture-terre-promise-marc-villard/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Martin, le plus jeune des deux policiers, tire sur les fils de son casque audio. Il en a marre de Julien Doré. Son coéquipier se nomme Poulain, comme le chocolat. Concernant la couleur, ils sont tous les deux blancs et européens. C’est une erreur quand on s’apprête à serrer Farid Berchiche, un Maghrébin de 30 ans qui transite par l’hôtel Nadir, rue de la Charbonnière à Barbès. Car ceux qui vivotent dans les lieux sont pour la plupart africains. Les deux hommes hésitent à sortir de leur voiture de fonction garée à 30 mètres de l’hôtel, pratiquement à l’intersection avec la rue de Chartres.
– Je le sens pas, l’enfoiré de Farid, dit Poulain.
– On dit à Serner qu’il n’était pas là. On a planqué cinq heures mais le mec s’est pas montré.
– J’hésite. Serner est capable de me baiser pour ma mutation à Rennes.
– J’avais oublié ton plan de carrière.
Poulain ne répond rien. La façade est pisseuse, les passants sont issus de l’immigration. Trois étages. Le fugitif peut s’arracher par le toit. La couverture en zinc est glissante. Quel souk.
– On y va relax, sans annoncer la couleur, dit Poulain. – Comme les Témoins de Jéhovah ?
– Je t’emmerde. Ferme la caisse.
Poulain va sur ses 45 ans. Il a la tête de Goebbels et ressemble terriblement à un policier. C’est d’ailleurs ce que pense le guetteur de Farid qui l’aperçoit par la fenêtre du palier, situé au premier étage du Nadir. Le gamin file dans l’escalier. Les marches, les murs humides, chop, chop, la porte 31.
– Farid, c’est Chouchou, dit-il.
– Ouais, quoi ?
– Les keufs, mon frère.
La porte s’ouvre à la volée sur un Tunisien de 30 ans, survêt gris et torse nu. Une fille Black bouge dans son dos. Il passe la tête dans le couloir.
– Où ils sont ?
– Ils viennent d’entrer dans l’hôtel.
– OK, planque-toi.
Pendant que Chouchou, un guetteur du deal qui fait des extras pour le Nadir, se carapate, Rachid réapparaît, vêtu d’un blouson matelassé, un sac de sport dans la main gauche. Celui-ci contient les bijoux du magasin de la place Blanche, braqué voici deux jours. Dans la droite, le truand serre un Glock à 9 coups qui se soulève à l’apparition de Poulain au bout du couloir.
– Simone, sors de la piaule, hurle Rachid.
La prostituée camerounaise s’exécute, entièrement nue, et rampe au sol dans une tentative de fuite en brasse coulée. Rachid tire trois balles vers le policier mais la réplique est nourrie. Il prend un journal qui traîne sur le linoléum, sort son Zippo et lance sa torche en direction d’un paillasson à l’abandon. De suite, la corde s’enflamme et le plancher prend la suite. Rachid recule au fond du couloir, invisible mais coincé. Le vasistas.
– Simone, aide-moi à grimper.
– Putain, Rachid.
– Vite.
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La salle de ping-pong est en réalité un grand bar, situé à Ménilmontant, pourvu de dix tables dédiées à ce sport. Mosquito arrive le premier et commande une bière. Deux prénubiles s’activent autour d’une table à motifs verts et gris, plongeant le nez dans des sodas à intervalles réguliers. Mosquito avale sobrement une bière irlandaise. C’est un Nigérian un peu rondouillard, parlant un français impeccable et un anglais approximatif. Quelques proches connaissent son homosexualité. Jeremy est de ceux-là. Mosquito ne paie pas de loyer, protégé par un vioque, danseur exotique dans une boîte à travestis boulevard Rochechouart.
Derrière le bar, une femme brune se contemple dans une glace murale piquetée de rouille. Du coup, son visage évoque une maladie épidémique. Elle se dévisage longuement et s’amuse à faire ourler sa bouche.
– Tu as les raquettes ? dit Jeremy.
– Yes.
Ils font quelques balles d’échauffement et commencent à aligner des parties à 21 points, à l’ancienne. Mosquito tortille du cul, alignant des balles coupées avec vice, pendant que Jeremy tape comme un forcené sur tout ce qui se présente. Au bout d’une heure, c’est Mosquito qui indique la fin de la partie. Il a gagné, il est content. Ils prennent leurs bières et vont s’attabler près de l’entrée. Autour d’eux, les balles des tables voisines tintent sur le sol carrelé.
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Il reste ensuite, Catatonic, derrière sa tasse de café qu'il fait suivre d'une seconde. Le carrefour s'allume, les vendeurs de cigarettes s'installent peu à peu. Le métro ferraille sur le pont aérien, les sans-abri jaillissent de nulle part, traînant derrière eux de lourdes poussettes, les femmes de ménage africaines rentrent du boulot et se préparent à commencer leur second job de la journée. À 7 heures, il s'ébroue et gagne, le dos rond, le Mistral Gagnant situé près de Saint-Bernard. Mosquito n'est pas encore arrivé. Jeremy fait signe au jeune de garçon de café.
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Martin, le plus jeune des deux policiers, tire sur les fils de son casque audio. Il en a marre de Julien Doré. Son coéquipier se nomme Poulain, comme le chocolat. Concernant la couleur, ils sont tous les deux blancs et européens.
C’est une erreur quand on s’apprête à serrer Farid Berchiche, un Maghrébin de 30 ans qui transite par l’hôtel Nadir, rue de la Charbonnière à Barbès. Car ceux qui vivotent dans les lieux sont pour la plupart africains. Les deux hommes hésitent à sortir de leur voiture de fonction garée à 30 mètres de l’hôtel, pratiquement à l’intersection avec la rue de Chartres.
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"Dans les couloirs de l'hôtel, des Africains hagards et terrifiés courent pour échapper aux flammes, ouvrent les fenêtres sur rue, commençant à prier un dieu don le nom n'est pas le même en fonction des étages."
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