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EAN : 9782213666631
304 pages
Fayard (04/01/2012)
3.38/5   12 notes
Résumé :
Un paisible avocat, veuf depuis longtemps, retiré dans l’Île Saint-Louis, enclave villageoise au cœur de Paris, chargée d’histoire mais sans histoires, est témoin d’une agression perpétrée en pleine rue par un inconnu. Ce fait divers fait irruption dans sa vie et le bouleverse. Le suspect ne serait-il pas cet individu qui ne cesse de le poursuivre jusqu’à son domicile, de le harceler pour lui extorquer de l’argent ? Au même moment, la présence d’une jeune femme vien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Frédéric Vitoux de l'académie française –
Jours inquiets dans l'île Saint-Louis ( Fayard – 299 pages- 19,50€)


Fédéric Vitoux instille le mystère dès le titre. En situant l'intrigue du roman dans l'île Saint-Louis, il nous offre deux facettes du lieu aux antipodes.
D'une part le passé historique, convoquant les sommités qui ont rayonné à l'hôtel Lambert. On croise les fantômes de Chopin, d'un poète polonais. Il y ressuscite la librairie' L'Étrave' qui reçut de nombreux cadors de la littérature dont Roland Dubillard ainsi que le bistrot 'Rendez-vous des mariniers' fréquenté par une pépinière d' auteurs: Rémy de Gourmont, Céline,Hemingway pour qui « Paris était une fête ».Il se remémore « l'érotisme de la lecture » et «  les extases procurées » à « écarter les pages » de ces livres non massicotés.
D'autre part on sent le pouls de cette île vibrer avec ses commerces d'où les rumeurs se propagent vite. A l'heure de Paris Plage, « la musique de bastringue » trouble « cette île inventée». Pourquoi ce lieu à l'écart des agitations, en retrait , calme «  un luxe de silence », où les résidents se connaissent devient subitement estampillé « Dracula- sur- Seine »?

Que se trame-t-il dans l'île Saint-Louis « immuable face au fleuve » pour qu'elle perde sa quiétude ?
Frédéric Vitoux y a installé une atmosphère automnale à la Simenon. Sous la pluie, l'île prenait des allures de décor de film « avec la mélancolie des réverbères reflétés par les pavés et l'eau noire de la Seine » «à charrier des cadavres ». Les traces de sang sur le trottoir intriguent, génèrent la psychose chez les insulaires. L'angoisse s'empare des protagonistes du roman. Qui sont -ils?

Charles, avocat, veuf souffre de solitude, et trompe son ennui par la lecture. Sa vie va basculer quand il offre l'hospitalité à Dorothy, la fiancée de son neveu, venue de Londres pour un stage à Paris. Ils s'apprivoisent. Un tsunami intérieur déstabilise Charles quand celle-ci dépose un baiser furtif sur ses lèvres. Il appert qu'un fossé de génération « un bloc d'années » et de culture les séparent. Ce qui donne une scène pétrie de tendresse paternelle, suscitée par le T.shirt qu'arbore Dorothy. Charles lui explique que le corbeau est en lien avec Edgar Poe , natif de Baltimore.
La personnalité de cette anglaise s'affirme, revendiquant sa liberté. Leurs différences peuvent-elles être « un rempart infranchissable »? Charles va-t-il se laisser vampiriser par Dorothy « cette grande bringue au léger strabisme »?ou la renvoyer à son neveu?
On croise et suit le quotidien des locataires de l'immeuble ( la concierge, addict aux jeux vidéo, un professeur en retraite, soucieuse de l'avenir de Toma, son protégé) où réside Charles.

La paranoïa est à son paroxysme quand Toma ( employé garagiste, logeant juste à côté de Dorothy) se retrouve témoin d'une agression. Traumatisé , il redoute une nouvelle mauvaise rencontre.
Un sérial-killer rôderait-il? La police va-t-elle confondre le coupable, en recoupant tous les témoignages?
le mystère entoure Jean Lefaur dont la visite laisse Charles perplexe. N'aurait-il pas dérobé un livre de sa bibliothèque qu'il essaye de monnayer?
Quant à Dorothy, refusant de dormir dans sa chambre de bonne, après avoir été menacée par un fou, ( s'agirait-il du même individu?), elle trouve auprès de Charles un refuge, une oreille bienveillante, une épaule réconfortante.
Frédéric Vitoux tient le lecteur en haleine jusqu'à ce que le carillon des cloches de l'église Saint-Louis annoncent le retour à la normalité, à la tranquillité d'esprit.

Les personnages de Frédéric Vitoux partagent ses propres goûts pour Dumas, Venise, Rossini, le fleuret, le cinéma, l'art, la beauté ainsi que son attachement à son quartier. Charles semble le double de l'auteur quand il confesse qu' « il existe très peu de livres qui bouleversent leurs lecteurs au point de les transformer à jamais »., précisant que pour lui ce fut ceux de Céline. Les lieux sont mémoire, pourtant « personne ne sait plus rien, il n'y a plus de mémoire de l'île »,déclare Pierre.
Zelda, « la petite chatte noire »,sait manifester sa présence quand la conversation s'anime.
Le questionnement sur la fugacité du temps, «  le zapping des sentiments», les réseaux sociaux sur le net qui rendent les liens avec autrui virtuels sont au coeur du roman.

Avec une plume d'épéiste , l'auteur signe une satire du monde politique et médiatique actuel: les magouilles éditoriales, les journées spéciales , les manifestations pour la retraite, les banquiers « tous des canailles ». Il étrille la situation de la France contemporaine: « ce pays décadent qui manifeste et qui ne veut rien foutre » pour Marc.
Il dénonce ce Paris Plage qui draine des individus peu fréquentables.
Il fustige ceux qui ont une prédilection pour le gore et la presse toujours à l'affût du sensationnel.

Si la culture va à vau-l'eau, Frédéric Vitoux témoigne d'une vaste culture cinéphile et littéraire. Il nous gratifie d'une pléthore de références et d'une lucide définition de la culture: « c'est d'abord ce qui reste quand on s'est mis à l'abri de l'écume de l'actualité, laquelle vous éclabousse et vous empêche de voir ».

Frédéric Vitoux se montre aussi habile dans l'art du portrait , du suspense que dans la peinture de Paris à deux époques. Son évocation de l'île Saint-Louis est teintée de nostalgie.
Comme Amélie Poulain a mis en exergue un arrondissement de Paris, pourquoi ne pas initier une déambulation littéraire sous la houlette de Frédéric Vitoux, arpentant les quais , les ponts de Paris?
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L'île Saint-Louis a beau se trouver au coeur de Paris et être reliée par des ponts aux rives droite et gauche de la Seine, elle n'en reste pas moins une île pour une partie de ses résidents permanents, un quartier à part, "provincial" au sens où l'entendent les Parisiens, quelque peu préservé du tumulte de la grande ville. Charles, avocat retraité, est de ces habitants qui n'ont que rarement quitté ce havre de paix et n'imaginent pas que ce calme puisse être un jour troublé par le bruit et la fureur qui règnent de l'autre côté du fleuve. Or sa sérénité est mise à mal par plusieurs événements sans liens apparents : une agression est commise sur l'île, puis une autre, qui font naître chez les autochtones la crainte horrible qu'un tueur en série se balade dans le quartier ; un écrivain passablement paranoïaque que Charles a jadis défendu dans un procès vient lui rendre visite pour le taper de quelques billets ; la petite amie anglaise de son neveu, Dorothy, qui effectue un stage dans une maison d'édition parisienne et qu'il héberge gracieusement, vient se réfugier chez lui quelques jours plus tard car elle a également reçu la visite du littérateur désargenté.
Ce roman, bien que non écrit à la première personne et mettant en scène, comme personnage principal, un avocat et non un homme de lettres, relève sans aucun doute de l'autofiction, l'arrière-plan spatial et le milieu sociologique étant bien connus de l'auteur. de même, le dialogue, la confrontation parfois, entre le bourgeois installé mais vieillissant et la jeune adulte virevoltante à la culture nullement comparable, sent le vécu.
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Automne 2010 - Prenant comme fil rouge une intrigue policière originale, l'auteur nous fait visiter cet endroit, peut-être encore un peu préservé, qu'est l'île Saint Louis à Paris. Voyage dans le temps, dans les rues, à travers le regard et le souvenir de ceux qui y ont vécu ou qui l'ont traversée... Découverte, ou redécouverte, des lieux, des évènements, des oeuvres... litttéraires, cinématographiques... promenade tout à fait reposante et instructive, à recommander à tous les amoureux de Paris... qui peuvent ainsi s'offrir un voyage immobile en compagnie d'un bon auteur
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critiques presse (3)
Lexpress
15 mars 2012
Tendre et délicat, voici le roman du temps qui passe.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LePoint
22 février 2012
Bref, Vitoux charme, raconte, disserte de l'air du temps, évoque les grèves du moment ou l'affaire Bettencourt tout en s'en moquant, nous promène, nous intrigue et nous séduit en nous menant par le bout du nez.
Lire la critique sur le site : LePoint
Bibliobs
20 février 2012
Cruelle et magnifique leçon. Cruel et magnifique roman.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le monde était tragique ? La belle affaire ! Qui l'ignorait ? Les pessimistes se persuadaient que le monde devenait de plus en plus tragique, les optimistes de moins en moins et ces 2 croyances étaient également stupides puisqu'elles tendaient à nier, si l'on peut dire, la constance de tragique, cette fonction de l'humanité comme on dirait en mathématiques, sa constance de violence, sa constance d'écartèlement entre les illusions qui font vivre et la mort qui triomphe.
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Des poêtes ou des chanteurs en mal d'inspiration avaient comparé l'île Saint-Louis à un navire - ce qui avait toujours paru à Charles un abominable lieu commun doublé d'une sottise. Un navire prend le large, il gagne d'autres horizons. L'île Saint-Louis ne prenait rien, ne bougeait pas, c'est la Seine, c'est la berge en face, c'est le monde qui s'affolaient tout autour. L'île Saint-Louis restait à l'écart. Elle était toujours restée à l'écart. L'île Saint-Louis était un point fixe - et seuls les points fixes permettent d'observer ce qui bouge, au-delà, Paris-plage et le reste.
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Videos de Frédéric Vitoux (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frédéric Vitoux
Frédéric Vitoux "Je veux croire en l'immortalité de l'esprit" (vidéo publiée par KTO TV le 20/04/24)
Parmi les nombreux romans, biographies et essais écrits par Frédéric Vitoux, de l'Académie française, certains ont été récompensés, notamment par le Prix Goncourt de la biographie pour sa « Vie de Céline » (Grasset). Dans son nouvel ouvrage, intitulé « L'Assiette du chat » (Grasset), présenté pour la première fois sur KTO, il invite le téléspectateur à découvrir une sorte de madeleine de Proust, dévoilant les dessous de sa propre histoire familiale. Devant Marie Brette, il accepte de lever aussi le voile sur ses sujets d'inspiration et autres secrets de famille. Bien que se définissant comme catholique, l'écrivain partage ses doutes avec sincérité : « Je suis catholique, ce qui ne m'empêche pas d'être pétri d'incertitude... Je veux croire en l'immortalité de l'âme ».
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