Dans ce court poème Voltaire fait l'apologie du luxe, de la mollesse et des plaisirs de son temps par opposition à la vie austère, de sacrifice, prônée par les jansénistes bien-pensants.
Pour étayer son propos et par opposition au luxe de son époque il va jusqu'à présenter le jardin d'Eden et Adam et Eve comme des ignorants à qui manquaient l'industrie et l'aisance.
Le texte est plein d'humour et le ton fantasque, mais c'est avant tout une provocation dont Voltaire comprend qu'elle peut lui coûter cher et qui le pousse à s'exiler au Pays-Bas pour éviter les représailles.
Cette édition est augmentée de plusieurs textes : lettres et réponses aux critiques faites au poème "le mondain". Cette matière supplémentaire qui contextualise la lecture, la rend encore plus intéressante.
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J’aime le luxe, et même la mollesse,
Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,
La propreté, le goût, les ornements :
Tout honnête homme a de tels sentiments.
Il est bien doux pour mon cœur très immonde
De voir ici l’abondance à la ronde,
Mère des arts et des heureux travaux,
Nous apporter, de sa source féconde,
Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
L’or de la terre et les trésors de l’onde,
Leurs habitants et les peuples de l’air,
Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.
Ô le bon temps que ce siècle de fer !
Parlant d'Adam et Ève :
Il leur manquait l'industrie et l'aisance :
Est-ce vertu ? C'était pure ignorance.
Quel idiot, s'il avait eu pour lors
Quelque bon lit, aurait coucher dehors ?
VOLTAIRE / CANDIDE / LA P'TITE LIBRAIRIE