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EAN : 9782253122340
217 pages
Le Livre de Poche (13/11/2008)
3.95/5   19 notes
Résumé :
A l'automne 1918, le magistrat Charles Marden juge les hommes et cultive ses pommes parmi les Indiens et les pionniers de l'île de Vancouver. Mais les grands maux de l'humanité le frappent de plein fouet : sa femme, Laura, est emportée par la grippe espagnole et son fils, le caporal William C. Marden, disparaît dans la mêlée des Flandres. Désormais seul au monde, Charles Marden entreprend un périple fou pour trouver l'endroit où la mort a fauché son fils. Dans sa qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"Il jugeait les hommes et cultivait les pommes, et cet automne -là n'était propice ni à la justice, ni aux vergers." C'est la première phrase de ce livre. Début d'automne 1918, sur l'Ile de Vancouver. Un homme, Charles Marden. Les pommes se couvrent de taches de rouille , car la fumée des incendies , non combattus faute de jeunes gens encore présents pour le faire, a traversé le détroit. Mais les insulaires disent que le coupable, c'est le gaz moutarde, "charrié par les vents depuis la lointaine France".. Quant à la justice, le magistrat Charles Marden n'a pas grand chose à faire non plus, depuis le début de la guerre les comportements sont exemplaires: " On aurait dit que tout le mal du monde ,transformé en liquide tourbillonnant, se déversait sur la France, suivant le cycle désespéré qui soufflait ensuite la fumée sur l'Amérique."

La femme de Charles Marden est morte trois semaines auparavant de la grippe espagnole. Son fils unique, Billy, fait la guerre depuis 2 ans. Et un courrier arrive, annonçant sa mort au combat dans un village belge au nom étrange.
Alors Marden va se mettre en route, pour mettre ses pas dans les pas de son fils, et jusqu'au bout. Pour aller sur place, à l'endroit exact où s'est terminée sa courte vie.
"Pour ne rien attendre......Avoir des attentes, après ce qui est arrivé....c'est intolérable. S'il y a une leçon à retenir de cette guerre, c'est bien celle-là. Il faut enterrer l'espoir là où il ne risque plus de nous déranger."Et puis, pour éviter de juger " juger d'avance, juger avant d'arriver, avant d'avoir vu, de ses yeux vu, l'endroit précis."
C'est le journal de cette quête que l'on lit, du Canada aux tranchées. Ils furent nombreux à faire ces sortes de pèlerinages ( et nombreux à y mourir aussi volontairement ou non). Charles Marden arrivera à cet endroit précis , et entendra le récit de la mort de son fils. Alors seulement, il pourra juger et ressentir:
" Billy s'est sauvé. En pleine guerre, malgré les responsabilités qui lui incombaient, l'ennemi devant lui, il s'est sauvé. J'avais pleinement conscience de ce que j'étais censé ressentir, de ce que les colonels, les généraux, les politiciens et tous ceux qui avaient envoyé ces garçons à leur perte voulaient que je ressente. de l'embarras, de la gêne, de la honte. Pourtant, je n'éprouvais rien de tel. J'étais heureux pour lui. Heureux de savoir que, au dernier instant de sa vie, confronté à une machine invincible, à une herse impitoyable, il était redevenu un petit garçon. Il avait réagi comme tout garçon l'aurait fait dans ces circonstances, avait couru de toutes ses forces vers la vie, la sécurité....Mon seul regret, celui que je garderai jusqu'à la fin de mes jours, c'est qu'il n'a pas couru assez vite."

C'est un texte magnifique, très retenu, sobre et pudique, très sombre bien sûr, mais avec une petite lueur à la fin. On sait que Charles Marden sera tenu d'"attendre " de nouveau, et que cela s'appellera continuer à vivre.
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Automne 1918
Charles Marden est un homme éprouvé : la grippe espagnole a emporté son épouse et son fils vient de périr en Flandre, sur cette ligne des combats, mouvante et terrifiante, autour d'Ypres.
Parce qu'il refuse de se laisser accabler par le destin, il se met en route pour aller faire siens les paysages sur lesquels son fils a posé le dernier regard et obtenir de connaître ce que fut son ultime moment.
Sur le long trajet qui le mène du Canada vers la Belgique, il découvre qu'il pose ses pas dans ceux d'une toute jeune femme, partie d'Angleterre, elle aussi désireuse de rendre mémoire à ce même Billy qui n'est plus.
Et puis, les cloches sonnent à la volée chassant le souvenir du tocsin, le 11 Novembre s'incarne...

C'est d'abord un livre de rencontres, de mains tendues, de douleur partagée, de folie.
C'est un voyage choisi pour tuer l'espoir, pour ne plus rien attendre que contempler les solitudes. Ce voyage, nombreux proches l'ont entrepris comme un pèlerinage, comme un hommage, comme une dernière marche, parfois.
C'est un livre de descriptions en communion avec cette nature traversée, parfois consolatrice, souvent fracassée à l'image des pensées des hommes croisés ou de ceux dont les âmes sont restées sur les lieux. Une nature niée, ensevelie, effacée.
Ce livre raconte l'aube qui se lève au lendemain de l'une des plus terribles périodes de l'Histoire de ce début de siècle. Il dévoile les paysages ravagés, autant que l'existence presque "écrite" au fil des sentiers, auprès des arbres déchiquetés et des barbelés, de ceux qui se sont battus dans ces tranchées. Ce livre accroche à ces mêmes lieux la trace du souvenir de ceux qui y ont souffert ou ont laissé leur vie.

On ne peut qu'être ému devant cette écriture simple, franche, tout en retenue et qui, pourtant, dit tant des souffrances endurées et de la cruelle réalité.
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Automne 1918, Charles Marden vient de recevoir la lettre officielle annonçant la disparition de son fils William au cours d'un assaut en Flandre. Trois semaines auparavant, il a perdu sa femme Laura de la grippe espagnole. Il quitte donc son île de Vancouver pour trouver l'endroit où est tombé son fils « pour apprendre à ne rien attendre, une fois pour toutes ». Il va faire un long voyage : la traversée du Canada d'ouest en est, Vancouver à Halifax en train, puis la traversée de l'Atlantique en bateau jusqu'à Southampton. A Salisbury, au camp du régiment de son fils, il apprend qu'il ne pourra se rendre là où est mort son fils seulement lorsque la guerre sera fini. Il découvre également qu'une jeune fille recherche aussi William. Charles Marden a alors un nouvel objectif, retrouver cette jeune fille Elaine qui ne peut-être que l'amie de son fils. Il se rend donc à Londres où il apprend que la guerre est finie : plus rien ne l'empêche de continuer son long voyage vers la Flandre. Après la traversée de la Manche de Folkestone à Calais puis le voyage en voiture jusqu'à Amiens, en autocar jusqu'à Poperinghe en Belgique, il arrivera à pieds à Ypres sur les champs de batailles.

Ce livre est très bien écrit : l'auteur nous fait des descriptions superbes et précises des paysages traversés, des champs de batailles, des tranchées abandonnées... Il nous décrit également les sentiments qui envahissent cet homme en deuil avec sa douleur et sa solitude. Cette histoire sombre comme les ciels de novembre, nous évoque avec beaucoup de sensibilité l'horreur de la guerre en particulier pour les survivants. J'ai beaucoup aimé lire ce livre.


Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Que dire ?.... Un récit où les descriptions sont omniprésentes. le héros effectue son chemin de croix, dans les traces de son fils canadien tombé au champ d'honneur, si loin de chez lui. Sa femme a été aussi emportée par la maladie.
Presque un huit-clos entre ce héros et ses émotions. Un courage exemplaire, une grande pudeur dans cette douleur qui l'ettreint davantage au fil de son périple.
L'auteur a été capable de nous faire vivre cette douleur immense et a su nous faire comprendre ce que ressent cet homme seul au monde et pourquoi il a entamé ce voyage. Un beau récit à la fois triste et plein d'espoir sur le deuil.
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Charles Marden vit dans une petite île à quelques heures de Vancouver. Nous sommes en 1918, au début du mois de novembre, la guerre en Europe semble ne jamais vouloir finir. Charles vient de perdre sa femme, celle-ci partie en visite chez sa soeur à Vancouver a succombé à la grippe espagnole. Et puis quelques jours après, il apprend la mort de son fils unique, au front.

Sur une impulsion Charles quitte son île et prend le train vers l'est, il traverse tout le continent nord-américain et prend le bateau pour aller là où son fils à trouver la mort. C'est la seule chose qui lui semble possible. Lors de l'embarquement il découvre avec étonnement les premières conséquences visibles de cette guerre, une armée de veuves, toutes vêtues de noires qui se dirigent vers les champs de bataille qui ont vu la mort de leurs maris et de leurs fils.

Tout juste débarqué en Angleterre, Charles apprend au même moment la fin de la guerre, et qu'une jeune femme a entrepris les mêmes recherches que lui pour découvrir où son fils est mort.

Un livre saisissant et marquant qui m'a plongé dans cette Europe sanglante et endeuillée. L'histoire se déroule quelques jours juste après l'armistice, on découvre des champs de bataille encore boueux et parsemés d'obus qui peuvent explosés à tout moment. Les habitants du village de Ypres voient arriver les pèlerins à la recherche du souvenir de proches et déjà les premiers touristes.

Une lecture intense qui sait mêler l'histoire de personnages attachants à la grande histoire.

Lien : http://l-ivresque-des-livres..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dans sa dernière lettre, Richard m'a décrit la forêt à proximité de laquelle ils se trouvaient, ses camarades et lui. En France, toutes les forêts ont un nom, mais pas celle-là : elle était trop petite. Un marais la ceinturait : personne n'aurait pu y creuser des tranchées. C'était comme si des douves la protégeaient. Les obus et même les gaz toxiques l'avaient ratée. Il y avait des hêtres, des feuilles, même des oiseaux. Il passait ses journées à l'admirer par son périscope. Elle l'apaisait. Voilà ce que je veux retrouver : la forêt qui lui a rendu la paix.
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Ypres – et pourtant, je ne voyais qu'un nuage. Comme si la ville en ruines avait la couleur et la consistance d'un nuage. Un nuage brisé. Un nuage effiloché et déchiré, d'où aurait fui le fluide et le doux, un nuage dont il ne serait resté que des scories acérées et tranchantes, un nuage blessé. Derrière se profilait une silhouette crénelée, semblable à une lointaine chaîne de montagnes. A la longue, j'ai fini par y reconnaître des vestiges d'immeubles. Plus près, les montrant du doigt; aurait-on dit, des arbres en forme de glaives, comme ceux que nous avions déjà aperçus, clouaient le nuage au sol. L'odeur du plâtre mouillé était accablante. Seulement, elle s'accompagnait maintenant d'une puanteur fuligineuse. Plus moyen de respirer sans étouffer. Chacun regardait – jusqu'au bout de la route, les pèlerins étaient tournés du même côté, hypnotisés par la silhouette édentée, les nuages en lambeaux, les ruines déchiquetées.
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La voie a été obstruée par une multitude de soldats marchant vers l'ouest. Bien différents de ceux des deux premiers jours. Finis les détachements organisés: ce sont des retardataires, et encore là, le terme leur confère plus de consistance qu'ils n'en ont en réalité. Des perdus, des confus, des hébétés. Difficlie même de déterminer de quel côté ils se sont battus. Il y a là des Allemands couverts de guenilles grises, des Tchèques la tête enveloppée dans un foulard, des Portugais, des Brésiliens, des ouvriers Chinois, mêmes des Russes. La plupart ont l'air minuscules, comme si, après avoir passé des années la tête baissée, ils n'arrivaient plus à la redresser.
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La mort n’aurait pu choisir un meilleur messager. Il y avait tant de laideur familière dans son visage buriné par le soleil, tant de sincérité dans son expression timide, tant de force répartie également dans tout son corps, qu’on avait peine à l’imaginer porteur de nouvelles sans gravité.
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Tous ces gens, sans exception, espèrent retrouver leurs fils vivant. Nous sommes venus, nous sommes tous venus pour le réchauffer, le nourrir, le ramener à la maison.
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