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Cécile Messadié (Traducteur)
EAN : 9782253143291
349 pages
Le Livre de Poche (29/10/1997)
3.8/5   45 notes
Résumé :
Au fin fond de la Calabre, dans l'Italie chaotique de l'agrès-guerre,des voix s'élèvent pour demander la béatification d'un nommé Giacomo Nerone, déjà vénéré par les fidèles de Gemelli dei Monti.
Quoique épuisé par le cancer, Mgr Blaise Meredith accepte des autorités vaticanes la mision d'aller sur place, et de souligner sans faiblesse - c'est la règle - tout ce qui peut rendre la cause douteuse ou inacceptable.

La méfiance, les non-dits, le je... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'avocat du diable/Morris West
Cinquante après une première lecture, je redécouvre ce roman magnifique qui m'avait alors enthousiasmé.
Morris West : un très grand écrivain.
Né en 1916 à Melbourne il a connu une vie riche en diversité. Entré dans l'ordre sévère des Frères Chrétiens à l'âge de 15 ans, il y restera onze ans avant de renoncer à prononcer ses voeux. Il entre alors dans l'armée et participe à la guerre du Pacifique.
Producteur radio après la guerre, il se marie et devient un romancier célèbre.
Il est mort à Sydney en 1999.
Le thème du livre.
L'évêque Blaise Meredith apprend de son médecin qu'il est atteint d'une maladie incurable.
« C'était son métier de préparer les autres à la mort ; il fut bouleversé d'être si peu préparé à la sienne. » Ainsi commence ce bouleversant roman.
Au crépuscule de sa vie, Meredith à qui il reste douze mois à vivre, songe :
« Rien n'était aussi doux à l'homme que le vie ; rien n'était plus précieux que le temps, rien de plus rassurant que le contact de la terre et de l'herbe, le murmure de l'air en mouvement, le parfum des floraisons nouvelles, la rumeur des voix et de la circulation et des chants aigus des oiseaux. »
Alors une tâche ardue lui est encore réservée…
Le cardinal Eugenio Marotta, chef de la Congrégation des Rites au Vatican doit statuer sur l'opportunité de canoniser en béatification Giacomo Nerone, martyre exécuté par les communistes à la fin de Seconde Guerre Mondiale. Nerone, un homme dont la vie est entourée de mystère et de secrets, venu d'on ne sait où, en pleine guerre. Cet homme de nulle part prit femme, lui fit un enfant, puis se retira en ermite dans la montagne et commença de faire le bien autour de lui. Un homme perdu qui devint subitement un saint homme. Riche de gratitude, de compassion il se fit aimer pour ne pas dire vénérer. Mais le mystère de son origine et de sa motivation est demeuré total même après sa mort.
La béatification est basée sur la biographie du saint et l'historique des miracles.
Pour ce faire, Marotta doit désigner deux hommes de Dieu, sages et pieux, l'un en temps que postulateur de la Cause, pour diriger l'enquête et la faire avancer, l'autre comme promoteur de la Foi, l'avocat du diable, pour soumettre le témoignage et les témoins à l'examen minutieux le plus sévère conformément au Droit canon.
D'emblée, on remarquera la qualité et la profondeur des dialogues empreints d'une grande spiritualité entre Meredith et Aurelio, l'évêque de Valenta en Calabre, le pays de Giacomo Nerone. Aurelio, un homme doué de compréhension et d'un rare talent pour attirer l'amitié, celle de Meredith en l'occurrence.
« Qu'est-ce que la foi ? Un saut aveugle dans les mains de Dieu. Nous avons notre rhétorique qui dit beaucoup et explique peu. Nous prêchons l'amour et la fidélité comme si c'était des histoires entre deux tasses de thé – et non des corps se mêlant sur un lit et des mots enflammés dans l'ombre, et des âmes tourmentées par la solitude et poussées vers la communion momentanée d'un baiser… »
Et l'aveu de Meredith au soir de sa vie : « J'ai passé toute ma vie dans la prêtrise et je pense …je pense que je l'ai gaspillée. »
On remarquera aussi une critique en règle de l'Église.
« L'Église imposait la pauvreté à ses prêtres et jouait cependant aux Bourses des valeurs internationales par l'entremise de la banque du Vatican. Elle prêchait le détachement du monde et accumulait pourtant les propriétés, comme n'importe quelle société publique… L'Église est une théocratie, gouvernée par une caste religieuse. »
Plusieurs personnages apparaissent au fil des pages, qui ont joué un rôle dans le destin de Nerone.
Et d'abord le docteur Aldo Meyer, juif exilé dans cette Calabre du bout du monde, qui « se promettait chaque jour de plier bagage le lendemain et de partir pour un endroit nouveau avec un avenir nouveau, en laissant cette tribu sans grâce à sa stupidité. Mais chaque nuit la résolution le fuyait et il s'asseyait pour s'enivrer dans son lit. L'inconfortable vérité était qu'il n'avait nul endroit où aller et aucun avenir à construire. le meilleur de lui-même était ici : foi, espoir et charité, prodigués jusqu'à épuisement et gaspillés sur une terre aride, foulés aux pieds par un peuple ingrat et ignorant. »
« le culte du principe mâle était profondément enraciné parmi ce peuple. Les jeunes gens étaient arrogants et avantageux comme de jeunes coqs, tandis que les jeunes filles se présentaient avec une virginité tout au moins supposée pour parader et se faire admirer. Lorsqu'ils se mariaient, ils engrossaient leurs femmes jusqu'à l'épuisement et gâtaient leurs fils jusqu'à leur précoce puberté, pendant qu'ils battaient leurs filles pour qu'elles demeurent chastes. »
Et puis Nicholas Black, le peintre anglais médiocre pour ne pas dire raté et athée, homosexuel, et son modèle Paolo Sanduzzi le fils de Nerone et de Nina devenue la servante de Meyer après la mort de Nerone.
Sans oublier le comtesse Anne Louise de Sanctis mécène de Black, ni le Père Anselmo, curé de Gemello Minore qui mène une vie pas très catholique !
Cette merveilleuse galerie de personnages est finement composée tant du point de vue psychologique que de la richesse de leurs sentiments et de leur discours.
Les traditions archaïques de cette région du Sud de l'Italie sont bien décrites et mettent les personnages dans des situations qui paraissent insolubles.
La scène du jugement et de l'exécution de Giacomo Nerone n'est pas sans rappeler la condamnation de Jésus. Nerone qui aura connu les mêmes doutes et ses écrits ressemble à une confession, un chapitre riche d'une haute spriritualité.
L'intrigue à laquelle participent tous ces personnages est parfaitement maîtrisée et on découvre en Morris West une fois de plus un très brillant écrivain. Je dois dire que j'ai lu pratiquement tous ses livres. Et je m'en suis réjoui à chaque fois.
Un très beau roman paru en 1959, hélas quelque peu oublié aujourd'hui. Un trésor de réflexion sur la foi.
« L'homme qui fait le bien tout en étant dans le doute doit avoir tellement plus de mérite que celui qui le fait dans l'éclatante certitude de la croyance. »
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Conseillé par un ami , j'ai débuté la lecture de "L'avocat du diable " sans trop savoir à quoi m'attendre . Et je ne l'ai plus lâché tant je me suis attachée au personnage de ce prêtre . Au fil du récit , on le voit se transformer et devenir plus humain en découvrant la vie de celui sur lequel il est chargé d'enquêter . On retrouve toute la finesse de l'écriture de Morris West dans cette très belle histoire .
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Fin des années cinquante. Alors qu'il vient d'apprendre qu'il est atteint d'un cancer non opérable et qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre, Monseigneur Blaise Meredith, évêque anglais oeuvrant à la Congrégation des Rites, est missionné par le Vatican pour mener une enquête préliminaire à la béatification d'un homme fusillé par les communistes en 1943 dans un village perdu de la Calabre.

Cet homme, Giacomo Nerone, aurait pratiqué la charité à grande échelle parmi la population terriblement pauvre au cours des onze mois qu'il a passé parmi eux et il a suscité une vénération qui inquiète le Vatican. Blaise Meredith va interroger tous ceux qui l'ont côtoyé durant cette période : il doit en priorité démasquer une éventuelle supercherie, ce bienheureux en puissance suscitant déjà un afflux de pèlerins et de touristes.

Confronté à la pauvreté inouïe de cette partie délaissée de l'Italie et aux douleurs de sa maladie qui progresse inexorablement, Meredith va rencontrer tour à tour Nina, la maîtresse de Giacomo Nérone, dont elle a eu un fils, Aldo Meyer, le médecin juif exilé politique, Anne-Louise de Sanctis, la seigneure du pays, britannique elle aussi, encore jeune et riche mais insatisfaite et qui fut dédaignée par Giacomo, Nicholas Black, peintre raté qui vit à ses crochets et a des vues sur le jeune fils du « futur saint », le curé du village, le père Anselmo, alcoolique qui vit en concubinage avec sa vieille gouvernante.

Progressivement, avec humilité et tact, le prélat qui n'était jamais sorti des bureaux du Vatican, retrace le parcours de l'homme arrivé de nulle part, découvre sa véritable identité et, à travers ses écrits, analyse son cheminement spirituel. Il n'aura cependant pas le temps de mener à bonne fin son enquête …

Malgré les développements philosophiques parfois un peu longs mais intéressants, l'intrigue est prenante et l'on veut tout connaître de l'histoire de Giacomo Nerone, et comment il fut trahi par les siens en cette période de guerre et d'opposition frontale entre idéologies ; avec les enjeux d'intérêts contradictoires et les traditions païennes résiduelles d'une population en survie en trame de fond.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Très beau roman que cet avocat du diable, en fait un prélat chargé d'instruire à charge et à décharge les motivations de béatification d'un homme au fin fond de la Calabre. le prélat est malade, en attente de sa fin prochaine, mais il ne se soustrait pas à cette mission qu'il réalise en son âme et conscience. Il est ainsi en contact avec de multiples personnes et va mener aussi une recherche personnelle d'évolution de sa foi. Un livre extrêmement ouvert qui approfondit tout le mystère de la relation de l'homme aux autres, sous le regard de Dieu pour ceux qui croient et face à eux-mêmes pour d'autres, mais n'est-ce pas une autre forme de face à face avec Dieu?
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Morris West est un des rares grands auteurs qui savent parler de religion avec finesse, humilité et sans le clinquant si populaire de la superstition et des mystères. Avec L'Avocat du diable, on a entre les mains une mine d'informations sur l'enquête et les recherches qui mènent à canoniser un « Servant of God ». Mais par-delà ce thème, c'est aussi un trésor de réflexion sur la foi, à travers les personnalités qui emplissent le livre – peu nombreuses mais extrêmement différentes les unes des autres, de la jeune femme à la confiance simple et inébranlable, au peintre torturé, calculateur, mais non sans noblesse.
On aurait pu craindre une morale chrétienne rigide et sous-jacente, stigmatisant les péchés des hommes, la jalousie meurtrière des uns, les amours contre-nature des autres, mais Morris West étonne le lecteur avec un dénouement inattendu et un accent finalement mis non sur la culpabilité ou la triste repentance, mais sur l'Amour et ses miracles.
Lien : http://caramelaubeurre.canal..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
C'était la dernière journée de Blaise Mérédith à Valenta : sa dernière en compagnie d'Aurelio l'évêque. Ils dînèrent comme ils l'avaient toujours fait, confortablement et bien. Ils parlèrent sans nostalgie de divers sujets et le repas terminé, son Excellence proposa de prendre le café dans son cabinet de travail.
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C'était son métier de préparer les autres à la mort; il fut bouleversé d'être si peu préparé à la sienne.
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Tout dans l’Eglise est politique… l’homme est un animal politique avec une âme immortelle. Vous ne pouvez le diviser, pas plus que vous ne pouvez diviser l’Eglise en fonctions séparées et sans lien entre elles. Tout ce que l’Eglise fait, est destiné à donner un caractère spirituel à une déroulement matériel.
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