Au début, j'ai l'impression d'être dans un western : un désert, une mesa, un mercenaire format
Clint Eastwood sur un poney : Horn, et même un Chinois blanchisseur tout droit sorti de Lucky Luke : Wu. Accompagné d'un drôle de perroquet : Lil, la vision est plutôt surréaliste. Je me demande où j'ai atterri.
Pas très vif, ce début.
Ça s'anime un peu lorsque lorsqu'on arrive sur le lieu de l'inauguration d'un nouveau Pont des étoiles. Une scène que j'ai beaucoup de mal à visualiser. Heureusement une couverture d'une édition anglo-saxonne m'aide bien (voir dans les commentaires). C'est ma co-lectrice Fifrildi qui l'a dénichée. Elle vous découvrirait une aiguille digitale dans une botte de foin numérique.
Et il se passe une action capitale. Drame !
Mais le soufflet retombe. C'est l'un des gros défauts de ce livre. de longs moments de fuite ou d'exploration, passés à pseudo-philosopher (est-ce bien le moment quand on fuit ?) ou à ouvrir avec inquiétude des portes sur des salles… vides (au bout d'un moment, ça va quoi !)
Mais petit à petit une esquisse de cet empire humain – dominé par la planète Eron d'où partent tous les tubes dorés dont l'intérieur échappe à la physique et permet un voyage interstellaire accéléré – se structure. Il faut bien avouer que c'est original, car pour une fois on voit plus que les « portes » et autres stargates : on voit les chemins dorés entre les portes, ou leur projection 3D filant dans l'espace. Ça claque !
Un empire impitoyable, contrôlé d'un main de fer par Dark Sid…, heu… par les Directeurs, qui anéantit toute opposition et impose ses tubes, son commerce et sa culture. Horn fait partie d'une de ses civilisation assujetties. Ressentiment et pragmatisme se mêlent en lui. Il pense beaucoup, rationnellement. Les auteurs ont privilégié ses réflexions qui tiennent à distance l'expression de ses émotions. On le voit évoluer d'un égoïsme survivaliste vers une acceptation de l'intérêt de l'entraide.
Le personnage le plus intéressant reste Wu accompagné du perroquet Lil. On a du mal à les cerner ; ils ont l'air hors sol. Ils « jouent » beaucoup, en fait. Faut les garder à l'oeil.
Les méchants sont identifiés : les Directeurs bien sûr, le pire étant Duchane (un vrai échantillon de méchant standard celui-là). Les innocents qui souffrent, ce sont les peuples. Mais ce manichéisme n'est qu'une façade. Williamson et Gunn vont plus loin. Ils montrent qu'ils ont réfléchi leur récit comme des auteurs architectes.
Beaucoup d'action palpitante dans la deuxième partie. Certaines révélations ont de quoi surprendre. Si par moments l'idéal de la Liberté dépassant toutes les autres vertus (vive Captain America !) semble dominer, le message se nuance à l'avantage du roman.
La fin me bluffe.
Un roman intéressant lu en excellente compagnie. Fifrildi vous expliquera les arcanes de sa création. C'est peu commun.