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Gilles Goullet (Traducteur)
EAN : 9782207260821
384 pages
Denoël (30/04/2010)
3.8/5   126 notes
Résumé :
Août 1964 : Le voyageur temporel Ben Collier s’installe à Belltower, au nord-ouest des États-Unis, dans une maison de cèdre qui cache bien des secrets.
Avril 1979 : Le soldat Billy Gargullo débarque d’une Amérique future à feu et à sang, dont toute la filière agricole est à l’agonie.  Après avoir éliminé le gardien de l’avant-poste de Belltower, il disparaît encore plus profondément dans le passé.
1989 : Récemment licencié, largué par sa compagne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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A travers temps est un roman écrit en 1991, avant que Wilson n'écrive Spin et le publie avec le succès que l'on sait. Un énième roman sur le voyage dans le temps, me direz-vous ? Oui, mais un roman de Wilson, autrement dit un roman qui présente quelques caractéristiques bien particulières.

Les premières pages sont excellentes : un voyageur temporel qui réside dans une maison à l'écart (la scène se passe en 1979 aux Etats-Unis, non loin de Seattle) est assassiné par un « maraudeur » doté d'une « armure » de combat d'une grande technologie. Ce début suscite évidemment la curiosité du lecteur : qui est ce voyageur temporel ? Qui est ce maraudeur ? Pourquoi cet assassinat ?
La première partie (qui comporte des longueurs) met en scène un personnage, Tom Winter, dont Wilson détaille le passé et la psychologie. Licencié, largué par sa compagne, il a sombré dans l'alcoolisme ; il revient dans sa ville natale pour prendre un nouveau départ et il s'installe dans la maison où résidait le voyageur temporel. D'étranges phénomènes se produisent (on peut d'ailleurs considérer la maison comme un personnage à part entière du livre) et il fait d'incroyables découvertes...
La deuxième partie met en scène le maraudeur qui s'est installé dans le passé, à New York en 1962.
Il s'appelle Billy et prend soin son armure : « D'une certaine manière, Billy était l'armure. Celle-ci n'était pas totalement Billy pour autant : elle avait ses propres mobiles ». je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Stormbringer, l'épée maléfique d'Elric le Nécromancien. Billy l'endosse régulièrement et commet de nombreux crimes.
Evidemment, les différents personnages du livre vont se rencontrer et ces rencontres vont donner lieu à un beau suspense à la fin du livre…
Mais, comme d'habitude chez Wilson, le thriller est associé à la critique sociale, critique qui concerne les différentes époques présentées : le passé n'est pas idéalisé (menace d'une guerre nucléaire entre les Etats-Unis et l'URSS, racisme…), le présent de de Tom Winter (1989) est dominé par une « machine militaro-industrielle qui transforme la terre en immense désert en la privant de ses forêts et de ses minéraux » (rien n'a changé depuis, au contraire…), tandis que le futur est livré à la guerre...

Pour conclure, certes, la maîtrise narrative n'est pas parfaite (l'action aurait gagné à être plus resserrée dans la première partie) et le récit manque d'ampleur (on aurait aimé en savoir bien davantage sur le voyageur temporel ou sur le futur terrifiant qui attend l'humanité), mais le roman présente de nombreux points forts (des rebondissements dans l'action, des personnages bien caractérisés, des "touches" originales comme la maison ou l'armure...) qui justifient sa lecture.


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C'est avec un grand plaisir que je retrouve la plume de Robert Charles Wilson, après l'avoir découvert dans le sublime Spin. L'auteur a cette particularité d'écrire avec, en permanence, cette touche de mélancolie et de poésie, bien que celle-ci n'atteint pas le niveau de son chef d'oeuvre précédemment cité. Après, il faut garder à l'esprit que A travers temps a été écrit en 1991, soit presque 15 ans avant.

Ici, un homme lambda qui a vu sa vie professionnelle et sentimentale s'écrouler brutalement, décide de s'isoler un peu du monde qui l'entoure et revient dans sa contrée natale. Il s'installe dans une petite maisonnette perdue dans la campagne sans savoir qu'il dort au-dessus d'un tunnel spatio-temporel en lien direct avec le Manhattan de 30 ans en arrière.
Mais le voyage dans le temps n'est pas le but même du livre, il sert plutôt de piste de réflexion.
Notre héros désire ardemment fuir, fuir lâchement son présent qui ne le satisfait plus du tout et menace même, à terme, de le plonger dans la dépression, et fuir son avenir forcément fait d'incertitudes et dépourvu de tout projet. Au moins dans le passé, il sait de quoi sera fait une bonne partie de l'avenir de l'humanité. Mais quel sera tout de même son avenir à lui ? Ne demeurera-t-il pas un étranger, une anomalie? Et a-t-il le droit d'influer et de modifier la vie des habitants de cette époque révolue ?

D'autres personnages peints par l'auteur sont également intéressants, notamment l'agent immobilier qui n'a lui jamais quitté cette contrée campagnarde et qui rêve d'assister, une fois dans sa vie, à un phénomène paranormal, histoire d'égayer un peu cette existence morose, qu'il déteste autant qu'il l'aime car rassurante. Il n'a au final connu que cela, et il maitrise son environnement.
Il y a également le personnage du méchant qui est intéressant. Il s'agit aussi d'un fuyard de son époque, insatisfait de son présent qui lui a été imposé.

C'est en fait, l'histoire de personnages qui veulent voir changer leur vie présente, certains choisissent de la fuir sans réfléchir aux conséquences, et d'autres décident de se battrent "à la régulière" pour modifier le cours des choses.

J'ai bien aimé la lecture de joli roman, mais je ne me suis malheureusement pas senti assez attaché aux différents protagonistes, malgré les efforts de l'auteur pour leur broder une véritable personnalité, leur donner corps. L'autre critique que je ferai, c'est le manque de gigantisme de cette oeuvre. Il y a les bases pour construire quelque chose de bien plus grand, l'avenir lointain de l'Homme est évoqué et aurait pu constituer quelques pans d'intrigue supplémentaires.

Je pense qu'on voit clairement l'évolution de l'auteur entre cette oeuvre et Spin. On reconnait bien ici, le génie qui somnolait et qui s'est réveillé au fil des années pour atteindre, sans aucun doute, son apogée 15 ans plus tard.

Pour conclure, je ne peux que vous conseiller ce livre, mais ne vous attendez pas à un thriller ou une histoire bourrée d'actions et de retournements de situations, car Wilson a plutôt à coeur de se concentrer sur le caractère profondément humain de l'intrigue.
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Qui n'a jamais rêvé d'aller voir "ce connard de Temps pour lui balancer un bon coup de pied dans les bijoux de famille."
Et vous, que feriez vous si vous aviez la possibilité de vivre dans le passé à l'avenir gravé dans le marbre plutôt que dans le présent et son avenir incertain ?

Tom Winter a une vie qui tourne à l'aigre : sa femme gauchiste l'a quitté car elle reprochait à son ingénieur de mari d'être à la solde du grand capital et de l'armement; il vient de perdre son travail (son ex avait raison !) Résultat : il a noyé sa tristesse dans l'alcool. le tout pour revenir dans la ville de son enfance, tiré par un frère au conformisme ancré dans la peau. Bref, un retour la queue entre les jambes et un avenir qui s'annonce tout sauf rose. Mais...

En quelques lignes, Tom Winter nous est proche, nous marchons à ses côtés, traversons les mêmes déboires. Wilson est reconnu pour la caractérisation de ses personnages, ce roman le prouve une nouvelle fois.

Souvent, voyage dans le temps rime avec paradoxe, l'auteur botte en touche ici avec son tunnel temporel, son propos n'est pas d'apporter une énième pierre à l'édifice des paradoxes temporels, mais de s'interroger sur la notion de passé, de présent et d'avenir. Comme dans son dernier roman La cité du futur, le passé n'est pas tout rose, pas de c'était mieux avant.
"Non pas la porte du paradis. Trente ans dans le passé. Ils ont la Bombe. Ne l'oublie pas. Ils ont la pollution industrielle. Ils ont le racisme, l'ignorance, le crime, la faim… "
L'avenir du passé est juste certain, alors que l'avenir du présent est incertain. le passé, c'est "un abri dans la tempête". Une morale assez résignée au final sur le temps qui passe.

Sur la thématique du temps, c'est du tout bon, mais l'auteur nous enrobe le tout dans un thriller temporel de bonne tenue. Les hommes du futur lointain sont fidèles à l'imagerie wilsonienne : décidément, l'homme est trop "mal foutu" pour voyager dans l'espace ou dans l'espace temps, à l'inverse des robots.
Quand à l'avenir d'ici quelques dizaines d'années, il n'est guère reluisant. L'homme a réussi à flinguer le climat de la terre et passe son temps à jouer à la guerre avec des soldats-cobayes. En bref, "ils avaient dansé avec beaucoup de classe au bord du gouffre."
Tout cela n'est guère très joyeux dans le fond, pour preuve cet extrait
"Au cinéma, les radiations produisaient des insectes énormes, tandis qu'au voisinage des piles atomiques défectueuses, elles provoquaient surtout cancers et leucémies… la différence entre l'Art et la Vie"

Mais l'auteur a décidé de jouer la note de l'humour. Tant à nous amener dans les années 60, autant jouer avec la culture SF de l'époque : des pistolets lasers "soldat de l'espace"; le soldat déserteur temporel ressemble étrangement aux pulps. J'ai trouvé ce roman assez drôle, une sorte d'hommage à la littérature populaire de genre comme le confirme les couvertures originales. Il y a même quelques détours dans l'horreur (ah la cabane dans les bois) et dans la quatrième dimension avec une télé qui communique.

De l'action, du divertissement et de la réflexion, un roman plaisir que j'ai beaucoup apprécié.
Il semblerait que ce roman soit un "hommage" au roman Au carrefour des étoiles de Clifford D. Simak.
Et rassurez-vous, Wilson n'écrit pas de blockbuster américain, il nous épargne donc la guimauve : Tom Winter ne va pas passer son temps à reconquérir son ex. Cool !
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Une oeuvre ancienne de Wilson, 1991, mais qui n'a pas perdu de son charme, 20 ans après.
Loin de la course effrénée à la technologie et des rebondissements de paradoxes temporels habituellement présents dans les romans parlant de voyage dans le temps, Wilson nous propose une aventure tout d'abord humaine.
On retrouve une ambiance mélancolique et volontairement désuète (l'histoire se déroule en partie en 1962), d'où transpire un message écologique et profondément humaniste.
Avec Wilson, tout est subtilité et l'auteur arrive à faire le lien entre des personnages fouillés et une intrigue de science fiction intelligente sans être prise de tête.
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Publié en 1991, « À travers temps » rappelle étrangement 22/11/63 de King. Dans les deux cas, un homme trouve un passage temporel vers les années 60, s'y établit un moment, et bien entendu y trouve l'amour. La relation existe aussi au niveau de la douce nostalgie des années 60, du suspense et des moments d'horreur que contient le livre.

Le héros de Wilson pourtant n'a aucun désir d'empêcher l'assassinat de Kennedy, même s'il arrive assez tôt pour au moins essayer. Au contraire, il apprécie la possibilité de se réfugier dans un monde qu'il sait à l'abri de tout danger majeur pour les trente prochaines années. C'est aussi une occasion d'échapper à une existence médiocre.

Je craignais un fond de tiroir, et je découvre un très beau roman, mélange de genres; à la fois thriller high-tech, roman nostalgique, tantôt drôle, tantôt angoissant, à l'intrigue efficace et surprenante, réflexion sur le monde. Comme toujours, les héros de Wilson sont des gens ordinaires plongés dans une situation extra-ordinaire, ce qui établit une connexion facile du lecteur avec les personnages et leurs angoisses.

Excellente surprise, ce roman rejoint « Spin » et « Le Vaisseau des voyageurs » parmi mes préférés de Robert Charles Wilson.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Mais on a fait quelque chose d’extraordinaire, non, Tom ? On a fait une grande balade dans le passé. Imagine ça. J’ai marché dans ces rues, en 1962, bon Dieu, j’entrais à l’école maternelle de Pine Balm ! Hé, Tom, tu sais ce qu’on a fait ? On est allés tout droit voir ce connard de Temps pour lui balancer un bon coup de pied dans les bijoux de famille. »
Tom ouvrit la moustiquaire et retrouva la chaleur de la cuisine. « Espérons qu’il ne nous rendra pas la pareille. »
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Tu pourrais tout abandonner.

Tu pourrais abandonner la concession automobile, le divorce, la lettre de licenciement polie et l’effet de serre.Écrire ces mots lui donna le vertige. Tu pourrais quitter tout ça. Il n’y a que toi sur terre à ne pas être entraîné heure par heure dans le futur, il n’y a que toi à pouvoir y échapper. Tu as trouvé une porte de sortie. Il se força à un peu plus de rationalité : Non pas la porte du paradis. Trente ans dans le passé. Ils ont la Bombe. Ne l’oublie pas. Ils ont la pollution industrielle. Ils ont le racisme, l’ignorance, le crime, la faim…

Ils ont la Bombe, se dit-il, mais le plus important est peut-être qu’Ils ne s’en sont pas servis. Il pourrait vivre trois décennies, s’il le voulait, en sachant comme si c’était gravé dans le marbre que les sirènes d’alerte aérienne ne se déclencheraient pas. Il pourrait se moquer des journaux. S’il faisait attention, s’il préparait bien son affaire, il saurait que l’avion dans lequel il montait ne tomberait pas du ciel, il aurait quitté la ville au moment du tremblement de terre…

Et même si quelqu’un mourait, ce décès figurait déjà dans les livres d’histoire. Aucune tombe ne serait remplie qui ne l’était déjà. La tragédie du monde continuerait sa marche en avant, mais au moins Tom saurait-il à quel rythme.

Il entendit un écho de Barbara dans cet endroit en lui où les souvenirs vivaient et prenaient parfois la parole : As-tu vraiment si peur de l’avenir ?

Après Tchernobyl, après la place Tian’anmen, après son divorce ? Dans un monde où les cargaisons de tritium arrivaient régulièrement incomplètes, où il allait falloir rembourser la dette publique, où le marché financier ressemblait à une compétition olympique de plongeon de haut vol ? Peur de l’avenir, ici dans le monde des suicides adolescents et du fusil d’assaut rentable ? Peur ? Alors que l’incendie des forêts amazoniennes troublait l’atmosphère et que le taux de cancers de la peau était devenu une rubrique du journal télévisé du soir ? Comment ça, peur ?
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La seule manière de posséder le passé est de le respecter... de ne pas le transformer en quelque chose de désuet, de risible, de pastel ou d'aigre-doux.
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C'est partout pareil, en 1962, 1862 ou 2062. Le monde est jonché jusqu'au dernier mètre carré d'ossements et d'espoirs.
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Ben dit que la seule manière de posséder le passé est de le respecter… de ne pas le transformer en quelque chose de désuet, de risible, de pastel ou d’aigre-doux. C’est un endroit réel où vivent des personnes réelles. Et l’avenir est réel parce que nous le construisons à partir d’heures et de jours réels. »
Pas de monde en dehors du monde, se dit Tom.
Pas d’Éden, pas d’Utopie, seulement ce qu’on peut toucher et le fait de le toucher.
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