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EAN : 9782267032093
176 pages
Christian Bourgois Editeur (16/04/2020)
3.75/5   20 notes
Résumé :
Dans la villa Séléné, en bord de Marne, de nouveaux habitants se succèdent depuis la mort de son premier propriétaire, Célestin Mercier, retrouvé pendu dans l'attique. Egyptologue, bibliophile, amateur de roulette russe, dévote et pharmacien exhibitionniste, ces personnages occupent la maison hantée pendant près d'un siècle.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Gabrielle Wittkop, née Ménardeau (1920/2002) fut une auteure parfois sulfureuse ; voir "Le nécrophile", "La marchande d'enfants", influencée par des écrivains tels que Sade, Lautréamont ou Edgar Poe.

A l'occasion du centenaire de sa naissance, les éditions Bourgois ont la bonne idée de publier en manière d'hommage ce roman inédit : "Les héritages".

Les héritages dont il est ici question sont ceux d'une villa : "Séléné", bâtie à la fin du dix-neuvième siècle, elle verra défiler après le suicide par pendaison de son premier propriétaire, une suite de locataires aux destinées tragicomiques, alors que le fantôme du pendu se manifestera de loin en loin, d'une manière inattendue que je ne vous révèle pas !

L'écriture de Gabrielle Wittkop est un vrai bonheur ! Soignée et élégante, fluide cependant,et quand le macabre ou le scabreux émergent cela n'est jamais gratuit ni vulgaire.

De la Littérature francophone comme je l'aime, je me suis d'ailleurs régalé en dévorant ce roman !

Livre reçu dans le cadre de Masse critique ; merci à Babelio et aux éditions Christian Bourgois.
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Relativement déçue par ce roman. J'aime beaucoup la ligne éditoriale des éditions Christian Bourgois, qui publient Lobo Antunes, Peter Stamm, Brautigan et tant d'autres.

Je ne connaissais par cet auteur. Certes, elle écrit bien, correctement, l'on va dire, mais cette histoire de maison qui, parce qu'un premier propriétaire, dépassé par le coût des travaux d'aménagement finit par se suicider, serait hantée, m'a laissée de marbre. C'est évidemment un truc d'écriture permettant à l'auteur de juxtaposer une foultitudes d'histoires différentes concernant les gens aussi divers que variés qui vont se succéder comme habitants de cette maison. Ah mais voilà peut-être un motif pour mon manque d'enthousiasme : je n'aime pas le genre de la nouvelle et ce "roman", s'apparente justement davantage à un recueil de nouvelles même s'il y a le fil conducteur de la maison.

Bref. Ceci ne doit pas vous décourager, ni surtout le côté "hanté" qui ne fait absolument pas peur. L'auteur s'est bien gardé de mettre le moindre élément d'épouvante. Aucun stress à avoir.

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Gabrielle Wittkop née Gabrielle Ménardeau (1920-2002), est une femme de lettres française et traductrice. Elle est l'auteure d'une littérature dérangeante, macabre, bien souvent au-delà de toute morale. Son style, ainsi que ses centres d'intérêt (thanatos, sexe, identité de genre, étrangeté) apparentent son oeuvre à celles du Marquis de Sade, de Villiers de L'Isle Adam, De Lautréamont ou d'Edgar Allan Poe. Elle rencontre dans le Paris sous occupation nazie un déserteur allemand homosexuel du nom de Justus Wittkop, âgé de vingt ans de plus qu'elle. Ils se marient à la fin de la guerre, union qu'elle qualifiera d'« alliance intellectuelle », elle-même affichant à diverses reprises son homosexualité. le couple s'installe en Allemagne où Gabrielle Wittkop vivra jusqu'à sa mort d'un probable suicide ( ?) atteinte d'un cancer au poumon. Les Héritages, roman inédit, vient de paraître.
En 1895, Célestin Mercier fait construire une villa – Séléné - en bord de Marne et finit par s'y pendre ! La maison désormais hantée, connaitra plusieurs propriétaires et de multiples locataires durant un siècle, jusqu'en 1995, date à laquelle elle sera détruite, devenue insalubre, mais laissant place à un vaste terrain riche en profit immobilier.
Le roman est assez mince, pourtant Gabrielle Wittkop réussit à en faire une sorte de mini « comédie humaine » en y casant une ribambelle de personnages – dont beaucoup vont mourir - de toutes les catégories sociales qui traverseront le siècle et ses remous. Pour ne citer que quelques figures par ordre d'entrée en scène, vous y trouverez un amateur de roulette russe, une artiste qui peint ses visions, un inspecteur de police accordéoniste frustré, un couple homosexuel avec un corbeau, un pharmacien exhibitionniste, un égyptologue britannique, le rat Astérix etc.
Pour les époques et donc l'Histoire, la Grande guerre, la Seconde avec l'Occupation et une famille Juive cachée dans le sous-sol, les années Sida. L'écrivaine n'oublie pas les amours homosexuelles, le féminisme et un chouya de fantastique mineur avec le « petit sac de moleskine noire » qui apparaît et disparaît tout du long du roman, vestige du pendu d'origine.
Tout ceci vous semble disparate ou hétéroclite, sachez pourtant que l'intérêt principal de ce bouquin réside dans son écriture. Un style extrêmement personnel, qui marie quelque chose du style XIXème avec des phrases alambiquées mais ciselées, un vocabulaire recherché, mêlé à un ton très moderne qui n'exclut pas l'humour (« Joachim Soupé ferma définitivement ses yeux de cygne, à l'âge de quatre-vingt-sept ans, se disant peut-être qu'il partait pour le ciel, puisque là les potes iront. »)
J'ai trouvé ce livre particulièrement intrigant. Si pour vous la lecture va au-delà de la simple histoire/intrigue d'un roman, goûtez cette écrivaine à la saveur originale ; quant à moi, je me promets d'en reprendre une lampée avec un ouvrage plus corsé puisque aux dires de sa biographie elle a écrit des romans plus musclés ( ?).
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Le personnage principal de ce roman est une maison, Séléné, construite sur les bords de Marne à la fin du XIXème siècle. Une maison dont on va suivre l'évolution au fil des ans et des arrivées et des départs de ses différents propriétaires ou locataires. On va donc y croiser le premier propriétaire Célestin Mercier, retrouvé pendu. Félix Méry-Chandeau, joueur de roulette russe qui finira empoisonné par sa domestique. Claire Pons, peintre inspirée par des visions. Un déserteur allemand et des émigrés juifs. Un couple homosexuel propriétaire d'un perroquet. Des soeurs féministes et un exhibitionniste. Un égyptologue et un jeune homme atteint du SIDA. Au total cent ans d'une histoire hantée par le fantôme du premier propriétaire, ou plutôt par les apparitions de sa mallette qui semble chaque fois annoncer un nouveau drame. le temps de traverser deux guerres et les bouleversements du monde vus depuis cette propriété qui semble se délabrer au fur et à mesure des ans et du désintérêt de ses habitants.

Ce qu'il y a de fabuleux dans une vie de lecteur c'est qu'on n'en a jamais fini de faire des découvertes. Alors que 2020 marquait la date du centenaire de sa naissance, je n'avais jamais lu aucun des livres de Gabrielle Wittkop. Voilà qui est réparé avec ce roman jusque-là inédit et publié chez Christian Bourgois Editeur.

Je vais l'avouer tout de suite je me suis demandé, à la lecture des premières pages, dans quel univers étrange j'avais été catapultée. Avant de me laisser totalement envoûter par cette histoire pleine d'un humour noir et d'une ironie mordante. Chaque personnage semble être pour Gabrielle Wittkop l'occasion de mettre le doigt sur les petits et grands défauts des êtres humains. Prenant le prétexte d'une malédiction liée à la mort de Célestin, l'auteure nous raconte des vies gâchées, perdues et l'inexorabilité du temps qui passe. Mais tout cela avec une certaine jubilation et avec une causticité tout à fait délectable.

Et que dire de cette écriture à la fois très belle mais aussi très exigeante, une écriture tout en élégance, d'une grande précision, extrêmement travaillée qui décrit avec une profonde acuité l'histoire humaine et celle des pierres. C'est parfois dur, à la limite du supportable, souvent féroce et sarcastique mais toujours très juste et assez drôle même si on peut être amené à rire légèrement jaune. Un excellent moment de lecture en ce qui me concerne. On dit que ce roman est un des plus “légers” de l'auteure, je suis curieuse de voir ce que peut donner un texte encore plus intense.
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Coup de projecteur dans l'actualité littéraire sur l'oeuvre de Gabrielle Wittkop pour le centenaire de sa naissance, alors qu'elle s'est éteinte en 2002, avec notamment deux textes (ré)édités ce mois-ci, chez Christian Bourgois et chez Quidam.

Les héritages, un roman encore inédit, en apparence plus soft que ce qu'a pu écrire Gabrielle Wittkop par ailleurs, mais dans lequel réside toute sa force de caractère, et les thèmes qui revêtaient un intérêt majeur pour elle, la mort, le genre humain, la sexualité, la part d'ombre.

A travers l'histoire de la villa Séléné, bâtie à la fin dix-neuvième siècle en bord de Marne, l'auteur (Gabrielle Wittkop revendiquait son statut d'homme libre) brosse un siècle d'histoire, marqué par deux guerres, des enjeux sociaux et des tournants sociétaux.

La villa Séléné donc, construite par un certain Célestin Mercier, un homme bien gentil mais un peu trop benêt, qui ne trouvera d'échappatoire qu'au bout d'une corde. Une entrée en matière perturbante pour la bâtisse qui n'aura de cesse d'insuffler cette évocation à ceux qui y résideront par la suite. Félix Méry-Chandeau, Constance Azaïs, les époux Vandelieu, l'inspecteur Mausoléo, Maxime Lavallée, Claude-Henri Herviaux et autres soeurs Moine, nous entrons dans les vies de ses habitants successifs, tantôt joueur de roulette russe, émigré juif, déserteur allemand, inspecteur corse, pharmacien exhibitionniste, féministe, fossoyeur ou malade du SIDA. Des portraits qui se croisent au fil du temps, des époques et des moeurs, et dans lesquels Gabrielle Wittkop s'est en fait beaucoup donnée, avec des références à son propre vécu.

L'écriture est très littéraire, et un poil exigeante. Un peu à la manière d'un Faulkner, un certain lâcher-prise à la lecture peut sauver la mise, pour ensuite reprendre le fil et se replonger avec délectation dans des tournures uniques, capables de mettre en lumière, en beauté et en humour l'immonde, la perte ou la médiocrité.

Un roman qu'il est très plaisant de découvrir enfin, et qui peut être une bonne entrée en matière dans l'univers de l'écrivaine. Un texte moins subversif et tout aussi fort, portrait d'un siècle et de ses gens, sous les traits acides de Gabrielle Wittkop, qui démontre encore une fois une puissance littéraire folle.
Lien : http://casentlebook.fr/les-h..
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critiques presse (1)
Bibliobs
28 décembre 2020
Une traversée hantée du XXe siècle racontée à travers le destin d’une villa du bord de Marne, maudite depuis le suicide de son premier propriétaire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Nul ne sait pourquoi cette année-là le Carnaval fit pour la première fois son absurde apparition dans les régions résidentielles de la Marne, surtout si l'on pense qu'à Paris même on ne l'avait jamais beaucoup remarqué. Des Pierrot poussiéreux et avinés, de loqueteuses Carmen, des clowns putréfiés venus on ne savait d'où, trainaient en gueulant entre les villas aux persiennes fermées. Il y avait dans l'air une puanteur de stupre, de sueur et de crasse qui est cette vieille, vieille odeur des esclaves et des galériens.
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On devrait lors des obsèques jouer quelque valse, funèbre vertige, enveloppe enrubannée de névroses, car toujours l'homme voulant échapper à la souffrance tourbillonne sur lui-même.
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Comme tout chasseur, Jacques Grenier haïssait les chats dont il ne pouvait souffrir la concurrence. (…) Aussi, quand au volant de sa grosse Mercedes il apercevait quelque chat courant le long de la route ou la traversant, donnait-il du gaz et, dirigeant adroitement la voiture, allait-il écraser l’infâme, ce dont il tirait une immense satisfaction. Or un soir qu’ayant aperçu un grand chat roux dans la lueur des phares il fonçait sur lui, un camion venant en sens inverse emboutit frontalement la Mercedes de Jacques Grenier. On l’en retira à la cuiller, après une mort beaucoup trop prompte, cependant que le grand chat roux était déjà retourné sans encombres à ses chasses, rare exemple d’une immanente justice.
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Nul ne saura jamais si le petit sac de moleskine noire apparaissait quand il n'y avait personne pour le voir et s'il revint quelquefois dans l'attique livré au silence. Nul ne saura non plus si la corde s'y était toujours lovée comme une vipère et telle que par clairvoyance l'avait vue Mademoiselle Pons, ou si l'apparition se résumait aux seules surfaces extérieures. On ignorera toujours aussi où s'en vont les spectres quand leur théâtre a disparu et ce qui peut alors demeurer dans ses décombres. Comme tous les cours d'eau, la Marne, qui si lentement passait entre des buissons, des herbagés, de chétives roselières, devait seule savoir ce genre de chose.
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A la même époque, dans une ville allemande, Hugo Degencamp but le poison pour échapper aux humiliantes déchéances du très grand âge. Une mort virile, digne des Anciens et que Monsieur Félix Méry-Chandeau eût bien comprise. Avant son geste, Hugo Degencamp avait même pris soin de se raser. Il avait toujours montré du caractère.
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Video de Gabrielle Wittkop-Ménardeau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabrielle Wittkop-Ménardeau
Soirée spéciale Gabrielle Wittkop.
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