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EAN : 9782070469130
144 pages
Gallimard (03/03/2016)
3.94/5   17 notes
Résumé :
«J’espère que, quand on reverra la Constitution, les droits de la femme seront enfin comptés pour quelque chose et respectés comme ils doivent l’être, surtout quand il sera bien prouvé, comme cela ne peut manquer de l’être, que la raison exige que l’on fasse attention à leurs plaintes et réclame hautement justice pour une moitié de l’espèce.»

Directement inspiré par la pensée des Lumières, un texte puissant et original, par une figure majeure du fémin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Challenge ABC 2017-2018
15/26

Ecrit en 1792, soit juste avant la Terreur et juste après la première Constitution de la France. Où elle a constaté que les femmes ne sont pas mentionnées, alors même qu'elles ont participé aux événements révolutionnaires. Mais ce qui lui tiens le plus à coeur, ce à quoi elle consacre le plus d'énergie et d'encre, c'est l'éducation.
Pour elle, le système alors en place (et qui perdure encore un peu, quand même), c'est de reléguer les femmes dans la seule sphère domestique. Là elle doit être le doux repos du guerrier et l'éducatrice des enfants en bas âge.
Cependant, demande Wollstonecraft, comment éduquer des enfants lorsque la seule éducation qu'ai eu les femmes consistent à savoir comment se parer et comment garder son mari par la grâce de ses coquetteries, mais jamais par des aptitudes physiques ou intellectuelles ? Les femmes sont à la fois placées en situation de dépendance (elles ne peuvent travailler, surtout dans les milieux aisés) et de devoir prendre le pouvoir, par la ruse dans leur foyer. Bref, voyez le problème. Mais jamais, ô grand jamais, elles ne doivent être en position d'égalité avec leur mari (père, frère...)
Et elle se rend bien compte que cette situation est fabriquée et non pas issue de la nature, comme voudrait nous le faire croire ce cher Rousseau (dont le Emile en prend pour son grade) ; c'est juste que personne n'a jamais jugé utile de montrer des femmes autrement (oui, déjà, elle se rend compte de l'occultation des femmes dans l'histoire). Et pourtant, si chaque moitié de l'humanité était éduquée de la même manière que de progrès ne ferions-nous pas !
C'est une lecture que j'ai trouvé intéressante dans le sens où elle permet de voir les progrès qui ont été accompli depuis (ouf !), même avec difficulté (on ne lâche rien) et ce qui n'a pas encore beaucoup évolué, comme la place des femmes dans l'histoire ou le rôle dans la sphère domestique.
Comme la déclaration d'Olympe de Gouge, c'est un texte qui garde une grande modernité.
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L'été sera féministe, c'est moi qui vous le dis ! Et quoi de mieux pour débuter qu'un texte de 1792 ?
Enfin par des extraits. Folio nous propose des extraits du texte de Mary Wollstoncraft qu'elle rédigea en anglais à peu près en même temps qu'Olympe de Gouges chez nous Français.

La lecture n'est pas simple, et cela pour plusieurs raisons. Mary est une femme de lettres et elle use avec dextérité de sa langue. Donc un texte dans le style littéraire du 18e, ce n'est pas simple. Ensuite parce que beaucoup de notions sont un peu dépassées (la vertu ou les références à Dieu très présentes). Mais sinon, beaucoup de ses critiques sont toujours valides… Oui oui… hélas.
Un texte à découvrir pour comprendre conscience que si des choses ont changés, beaucoup reste à faire. Et puis c'est l'une des premières grandes féministes anglaises.
J'espère réussir à mettre la main sur le texte complet éditer chez Payot un de ces jours !
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Le style de l'autrice est assez direct et clair, mais parfois les phrases peuvent être longues et compliquées. Il convient de se rappeler qu'il a été écrit au 18e siècle et que c'est une traduction.
L'approche est discursive, le raisonnement se veut convaincant. Mary Wollstonecraft écrit à la première personne du singulier : un discours qui n'engage qu'elle quand bien même elle parle au nom de toutes les femmes.
Son angle de vue est une réfutation de la notion en vigueur qui prétend laisser la femme dans un état d'enfance (p 85) qui plait aux hommes puisqu'elle a été créée dans cet unique objectif.
Ses attaques contre les religieux, les courtisans et les militaires sont sans appel.
Elle est radicale, et forcément, elle a dû déplaire.
lire plus surhttp://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2022/02/22/mary-wollstonecraft-defense-des-droits-des-femmes/
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Très vite, Mary Wollstonecraft va planter son idée principale qui est : certes, les hommes (en prenant un sens général du terme) dépassent (généralement) les femmes (sens général aussi) en matière de force physique. Cependant, ce n'est pas une raison pour que les femmes soient vues comme faibles en tout point. Si la force physique peut être placée en la faveur des hommes, pourquoi accepter toutefois que l'intellect et la vertu ne soient pas égaux chez les hommes et chez les femmes, et ainsi, faire en sorte de les développer de la même façon pour les deux sexes.

Après avoir expliqué cela, sa solution se retrouve donc dans l'éducation. Il faut savoir qu'à l'époque (et je suppose en Angleterre, où elle vit), l'éducation primaire est gratuite mais non-obligatoire, et l'éducation secondaire est payante. On favorise donc l'éducation pour les garçons de la famille (comme c'est encore le cas dans de nombreux pays). de plus, pour beaucoup, l'éducation des femmes doit concerner plus (à l'époque) des sujets plutôt frivoles et leur paraître, plutôt que le développement de l'intellect et de la vertu. Elle reprend notamment l'expression du Docteur Grégory dans son livre A Father's Legacy to his Daughters, qui conseille donc à ses filles de « cultiver le goût pour la parure parce que, dit-il, le goût de la parure est naturel aux femmes ».

Bref, dans son premier chapitre, l'autrice démontre de plusieurs façons que l'éducation des femmes est importante, et que finalement, ce n'est pas inutile. Un de ses arguments, qui m'aura fait beaucoup sourire, c'est que développer l'intellect et la vertu des femmes, c'est aussi finalement (je vous la fais courte, allez lire le développement) éviter que votre femme ne finisse par vous tromper, puisqu'il ne saurait y avoir de moralité sans instruction, dit-elle.

Le point central du raisonnement de Mary Wollstonecraft est l'éducation, ce qu'on peut retrouver aussi chez des féministes contemporaines (notamment Chimamanda Ngozi Adichie). C'est une thématique pour laquelle l'autrice s'est énormément renseignée. Elle avait d'ailleurs déjà publié en 1786 Thoughts on the Education of Daughters.
Lien : https://juliejuz.wordpress.c..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
J'attribue en grande partie ce luxe stérile au système faux d'éducation emprunté des livres écrits sur ce sujet par des hommes, qui considérant les femmes plutôt comme les instruments de plaisirs de l'autre sexe que comme des créatures humaines, ont aussi été plus jaloux d'en faire des maîtresses charmantes que des épouses raisonnables. Avouons que cet hommage spécieux nous a fasciné l'esprit au point qu'aujourd'hui les femmes, à quelques exceptions près, ne veulent qu'inspirer de l'amour, tandis qu'elles devraient nourrir une plus noble ambition et s'attirer le respect par des qualités du cœur et de l'esprit.
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Un homme, quand il entreprend un voyage, a généralement un but en vue ; une femme pense davantage aux incidents, aux choses singulières qu'elle pourra rencontrer sur la route, à l'impression qu'elle espère faire sur ses compagnons de voyage, et, par dessus tout, elle est sérieusement occupée du soin des parures qu'elle emporte avec elle et qui font toujours plus qu'une partie d'elle-même, surtout quand elle va figurer sur un nouveau théâtre, quand elle va faire "sensation", pour me servir de l'expression française qui rend très bien mon idée.
La dignité de l'âme peut-elle exister avec des soins si puériles !
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Mais si les femmes doivent être exclues de la participation aux droits naturels du genre humain, et totalement privées de donneurs leurs voix, du moins dans ce qui les concerne particulièrement, prouvez d'abord, pour vous laver du reproche d'injustice et d'abus, qu'elles manquent de raison : autrement cette tache dans votre nouvelle constitution, la première qui ait été fondée sur la raison, témoignera toujours aux siècles à venir que l'homme ne peut s'empêcher d'agir en tyran et la tyrannie dans quelque partie de la société qu'elle lève son front d'airain détruira toujours la moralité.
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Je plaide pour mon sexe, j'en conviens, mais non pour moi-même. Je regarde depuis longtemps l'indépendance comme le plus grand bonheur de cette vie, et même comme la base de toute vertu ; et cette indépendance, je me l'assurerai toujours en resserrant mes besoins, dussé-je vivre sur des landes stériles.
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La liberté est la mère de la vertu. Si les femmes étaient esclaves par leur nature, s'il ne leur était pas donné de respirer l'air vivifiant de la liberté, elles languiraient comme des plantes étrangères et seraient regardées comme un beau défaut dans la nature. N'oublions point qu'elles ne sont pas autre chose aujourd'hui.
Mais on peut rétorquer sur l'homme l'argument relatif à la servitude dans laquelle le sexe a toujours été retenu. Le petit nombre a toujours asservi le plus grand, et des monstres qui méritaient à peine le nom d'hommes ont tyrannisé des milliers de leurs semblables.
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