Lecture jeune, n°117 - En 1966, avant que la Révolution culturelle n’éclate en Chine, Ange Zhang vit avec sa famille dans une agréable maison. Fils d’un écrivain célèbre, il voit son père dénoncé comme contre-révolutionnaire et emprisonné, ses livres brûlés. Une affiche clame : «le fils d’un sale type est un salaud». Humilié, Zhang, pour devenir un garçon comme les autres, endosse l’uniforme des gardes rouges. A quinze ans, envoyé aux champs à mille kilomètres de Pékin, il endure moqueries et mauvais traitements. Mais c’est là qu’il a la révélation de sa vocation artistique. Le cauchemar ne s’achève qu’en 1976, avec la mort de Mao. Aujourd’hui adulte, il nous livre – sans se donner le beau rôle – le récit de sa vie à travers ses oeuvres de peintre réaliste et ses photographies de famille. Voici la prise de conscience par un adolescent de la situation politique de son pays : que choisir entre la culture familiale et les pressions qui s’exercent ? La sincérité du témoignage de l’auteur n’échappera pas aux adolescents. Un dossier très clair facilite la compréhension de cette période historique. Ce document poignant qui est aussi un très bel objet passionnera les lecteurs de tous âges. Réseau de lecture : Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai Sijie (Gallimard, 2000), qui s’adresse davantage aux lecteurs confirmés, évoque la même période historique : la Révolution culturelle. Des millions de personnes, en particulier des étudiants, sont envoyés à la campagne pour être «rééduqués» et oublier leur culture bourgeoise. Dans les deux ouvrages, la lecture des classiques – Hugo, Tolstoï ou Balzac –, livres interdits, procure au personnage une joie intense qui lui permet de dépasser les souffrances et la grisaille du réel. Cécile Robin-Lapeyre
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