Panique dans le monde littéraire. Un certain le Bec s'en prend aux grands auteurs :
Marc Lévy, BHL,
Florian Zeller, PPDA disparaissent les uns après les autres. Plus inquiétant: d'autres jeunes talents de la littérature sont retrouvés morts, visiblement attaqués par des nuées d'oiseaux fous. L'enquête est confiée au commissaire Guillaume Suitaume. Tant mieux, parce que les auteurs ont peur, et les indices trouvés sur les scènes de crime désignent...
Michel Houellebecq!
Attention, préparez-vous à rire! L'avertissement au lecteur est on ne peut plus clair sur ce sujet: il plaide coupable, "Coupable de lâcheté... car l'auteur est affublé d'un pseudonyme qui ne tromperait aucun fromager digne de ce nom! Coupable de forfaiture... car l'hauteur dénonce à tour de bras les utilisateurs du système littéraire, confondant dans une diatribe injuste et hypocrite vrais talents et faux génies, cuistres de poulet et littérateurs de cuisine, intellectuels abscons et cons actuels, gens de lettres et jeanfoutre, historiens à battre et histrions à gorge déployée, philosophes et tire-au-flanc, journaleux et journalistes, écrivains et écrits vains, essayistes politiques et politiciens qui essayent!" Oui, une fois n'est pas coutume, j'ai tenu à citer, et à aller au bout de cette longue citation pour que vous preniez bien conscience que tout le livre est de ce ton: une ribambelle de jeux de mots, certains que bien trop faciles, certains même carrément foireux, mais toujours assumés, et même avec un second degré permanent. Je ne vous cache pas qu'il faut un temps d'adaptation vu la lourdeur de certaines phrases, mais passé cela, on s'amuse de page en page. Entre les personnages existants qui sont mis en scène (l'enlèvement de
Marc Lévy drogué au gaz hilarant est à pleurer de rire) et les caricatures de policiers, la meilleure trouvaille reste les
interventions du narrateur lui-même, venant apporter une petit digression pour détendre l'atmosphère (Quel âge avait le Petit Larousse quand il écrivit son dictionnaire?), commenter sa propre écriture ("intraçabilitable". Je ne sais pas si c'est bien français, mais dans le doute, je ne m'abstiens pas), souligner son propre talent ("Tempête sous un misérable crâne policier". Voyez que je suis un auteur avec des lettres et de l'instruction) voire se simplifier le travail ("Un bordel indescriptible que par logique nous ne décrirons pas" Ce qui m'arrange, je ne vous le cache pas). Un véritable régal!
Une grosse plaisanterie, me direz-vous? Détrompez-vous! Certes, les blagues les plus lourdes et les plus attendues arrivent bel et bien, mais la prose de
Gordon Zola est truffée de références érudites qui font le plaisir des intellectuels (tels que vous et moi, n'est-ce pas?) qui savent les retrouver, et le tout est furieusement efficace quand on parle de littérature populaire qualifiée par certains de sous-littérature. Car oui, le fond du livre est bien une mise en question de ces auteurs dits populaires, commerciaux: et sans jamais les critiquer de front, il s'amuse plutôt à se demander ce que le public en fait, notamment en les livrant en pâture à un tribunal fictif en forme d'émission de télé-réalité.
En un mot, ce livre est un subtil mélange de grande intelligence et de gros n'importe quoi dans lequel, allez savoir pourquoi, je me reconnais parfaitement. Preuve en est l'analyse de Nana de son illustre homonyme, que nous livre
Gordon Zola: "Nana, c'était la Superwoman de chez Mac-Mahon, la croqueuse d'hommes, la rabatteuse de caquet, la belle fille qui ne s'embarrasse ni d'éléments ni de scrupules... C'est la fille qui fait payer les salauds; les salauds, ce sont les hommes, ces infâmes dégueulasses, ces pensequaniqueurs! Nana, c'est la vertu retrouvée de la femme exploitée, la vengeance de quelques milliers d'année d'hérésie depuis que la mère Eve a croqué dans la golden. (Car la pomme était une golden, d'où l'âge d'or.)"
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