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sur 5830 notes
Avant de lire Thérèse Raquin, j'étais persuadé que personne ne saurait décrire le remords comme Shakespeare dans Macbeth ; mais tu l'as fait, mon petit Emile, tu l'as fait ! Thérèse Raquin est tout simplement un coup de génie, une claque, telle que l'on en a rarement vue chez un écrivain si jeune ! La force du propos, la puissance des descriptions, la fine psychologie, la précision, l'intelligence, bref : la grandeur et la puissance de ce texte, m'ont tout simplement enchanté.
Un texte qui fait impression et qui ne laisse pas indemne. Je me souviendrai encore longtemps de l'impression de claustration que m'a laissé ce texte-car, comme les personnages, j'étais cloîtré dans les remords aussi sûrement que dans un couvent. Tant Zola a su faire impression sur moi !
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Troisième roman écrit par Zola, premier roman que j'ai lu de Zola. J'avoue avoir été bluffée par le caractère sulfureux et sensuel de ce livre, voyant davantage cet écrivain comme un spécialiste du roman social, je ne m'attendais pas du tout à plonger tête la première dans l'histoire d'une passion destructrice dans les bas-quartiers de Paris.

Les deux personnages relativement tièdes et monotones au début du livre du fait de leur vie et de leur condition sociale,

Magistral! du Zola sans aucun doute !



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Il y a des grands noms de la littérature qui impressionnent et pour moi, Emile Zola en fait partie. C'est pourquoi, quand des Babeliotes amis m'ont proposé une lecture commune de Thérèse Raquin, j'ai sauté sur l'occasion. Comparer les ressentis au fur et à mesure, partager sur les personnages, les situations, les descriptions permet, à mon sens, de mieux profiter de l'oeuvre. Je remercie domm33, HundredDreams, berni_29 et afriqueah pour nos échanges si enrichissants !

Thérèse Raquin, jeune fille élevée par sa tante, avec son cousin maladif qui va devenir son mari, aspire à la passion et va prendre un amant. Tous deux chercheront une solution pour une vie meilleure et seront confronter aux funestes conséquences de leurs actes.

Les deux préfaces dans mon édition de la Compagnie du Livre Français de Lausanne, rédigées par René Garguilo et par l'auteur lui-même pour la deuxième édition, sont très instructives, la première sur la biographie d'Emile Zola et la deuxième en réponse à ses détracteurs qui dénonçaient une « littérature putride ».

Quand Emile Zola écrit Thérèse Raquin, il n'a que 27 ans, n'a pas encore débuté les Rougon-Macquart, mais a déjà cette vision d'écrivain naturaliste, en étudiant les « tempéraments » des personnages de manière scientifique. Sur ce premier plan, ce texte d'Emile Zola, né 16 ans avant Freud, est déjà remarquable dans la réflexion sur le conscient et l'inconscient et les maux qui peuvent découler de ce qui est refoulé.

Emile Zola, ami d'enfance de Cézanne, qui fréquentait Edouard Manet, insère un artiste raté dans son roman et fait des descriptions très visuelles et proches de peintures, mais toujours dans un souci du réel. Tant avec les lieux, qu'avec les modes de pensées des protagonistes, Zola nous plonge dans une lecture très sombre. Il ne faut ni lire Thérèse Raquin le soir, de crainte de faire des cauchemars, ni à une période morose, car ce roman est un anti-feel-good. Les rues du Paris populaire du 19e siècle étaient obscures, glauques, et les soirées de Thérèse Raquin mornes, notamment avec le rituel hebdomadaire du jeu de dominos en présence de connaissances ennuyeuses aux idées étriquées.

A bien y réfléchir, j'ai l'impression d'avoir rarement éprouvé autant physiquement l'ambiance d'un roman. Les personnages sont passablement antipathiques, il n'y a donc pas d'attachement, et pourtant on ressent leurs maux et leur terreur.

Pour aller plus loin, j'ai eu envie de voir l'adaptation avec Simone Signoret, réalisée par Marcel Carné, sortie en 1953. Je n'ai pas apprécié car la psychologie des personnages n'est pas respectée. En outre, le fait d'introduire un maître-chanteur dénature à mon sens le roman : les vicissitudes ne sont plus la conséquence des démons intérieurs, mais d'un tiers extérieur et manipulateur.

J'ai découvert à cette occasion une autre adaptation de Thérèse Raquin datant de 2009, « Thirst, ceci est mon sang », film d'épouvante-horreur sud-coréen, intégrant des vampires, réalisé par Park Chan-Wook, prix du jury lors de la compétition officielle au Festival de Cannes en 2009. C'est particulier, mais j'ai trouvé l'approche de la psychologie des personnages assez fidèle au roman.

J'ai aimé confronter le film que j'avais imaginé avec ces deux oeuvres cinématographiques que je vous conseille, si comme moi, vous aimez comparer les points de vue.

Pour finir, cette lecture de Thérèse Raquin est de celle qu'on n'oublie pas. Elle m'a donné très envie de poursuivre la découverte des oeuvres d'Emile Zola et je pense débuter prochainement les Rougon-Macquart dans l'ordre chronologique !

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Du Zola pur et dur, du Zola cru, analytique et sans émotion, du Zola qui se prépare à sa grande saga en faisant des observations froides, journalistiques, du Zola au plus près de son étude de la nature humaine, du Zola glauque comme je n'en avais jamais lu…

C'est du Zola, c'est son style que j'adore, sans fioriture et pourtant si précis. J'ai reconnu la plume, j'ai reconnu le style et j'ai senti le souffle de l'éclosion des Rougon-Macquart. Un roman de jeunesse effrayant dans son analyse des pulsions humaines, de l'égoïsme de chacun qui ne vit que pour réaliser son petit bonhomme de chemin sans s'impliquer un minimum.

Les personnages sont des caricatures, la mère trop mère-poule, trop câlineuse, trop protectrice qui pourrira son fils ; la tante, trop mère-poule qui ne couvera sa nièce que pour mieux couver son fils ; le fils, trop gâté, trop pourri, trop paresseux, qui ne vivra que pour profiter ; la nièce, trop bridée, étouffée dans l'enfance, collée à un malade entretenu ; l'ami, paresseux aussi mais joyeux, jouissif qui mettra de la vie dans un lieu déjà glauque avant que l'histoire ne commence...

Pour ce roman, Zola a dû se défendre face à la critique terrible qui n'y a vu qu'un roman immonde et putride. J'ai lu ces critiques, elles sont interminables, pleine de bla-bla, elles n'avaient pas compris que l'auteur n'avait fait qu'un compte-rendu placide, académique, d'un fait divers, un crime passionnel où les intervenants sont justes incultes, sans morale, sans règle de vie, juste la paix et la jouissance semblent surnager du cloaque de leurs cerveaux brusquement écartelés…

Pas vraiment un coup de coeur, clairement pas ma tasse de thé, un roman qui nous plonge dans la fange de l'humanité où le remord n'est qu'un prétexte, où la joie n'existe pas, où la passion bestiale mime l'amour, où la vie n'a plus de sens… Un roman que je ne relirai pas et qui pourtant est superbement bien écrit !
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Ce roman, troisième d'Emile Zola paraît en 1867. Abandonnant ses premiers essais poétiques, et le romantisme qui marquait encore quelque peu La confession de Claude, Thérèse Raquin est une forme de manifeste naturaliste. Dans la Préface, Zola évoque un « groupe d'écrivains naturalistes auquel j'ai l'honneur d'appartenir », en réalité ce groupe n'existait pas vraiment au moment de la parution du roman, qui sera en quelque sorte un point de départ. L'approche naturaliste en littérature est influencée part les sciences, les sciences naturelles, la médecine, la psychiatrie et s'oppose à la tradition académique du Beau idéal.

Dans la préface de Thérèse Raquin Zola écrit « ...mon point de départ , l'étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances ». le futur programme des Rougon-Macquart est déjà là, mais sans l'ambition de dresser un tableau complet de la société dans un vaste ensemble de romans. Zola balaie les critiques « morales » de l'oeuvre : « Le reproche d'immoralité en matière de science, ne prouve absolument rien. Je ne sais si mon roman est immoral, j'avoue que je ne me suis jamais inquiété de le rendre plus ou moins chaste. Ce que je sais, c'est que je n'ai pas songé un instant à y mettre les saletés qu'y découvrent les gens moraux, c'est que j'en ai écrit chaque scène, même la plus fiévreuse, avec la seule curiosité du savant ;.. ». Donc la vérité avant tout, même si elle choque, non pas par vice ou l'envie de satisfaire des penchants malsains des lecteurs, mais pour dire le vrai, pour débusquer, démasquer, comprendre.

Le roman débute à Paris dans un passage obscur, dont la description n'est pas sans évoquer Balzac. Un trio vit dans une petite maison la mère, Mme Raquin, son fils, Camille, petit fonctionnaire chétif et maladif, et la nièce de Mme Raquin, qui a épousé Camille, Thérèse. Les deux femmes tiennent une petite mercerie dans une boutique au rez-de-chaussée de la maison. Les personnages, venus récemment de province, coulent des jours somnolents et identiques les uns aux autres, la seule distraction étant les soirées de jeudi, où quelques relations viennent jouer aux dominos. Camille retrouve par hasard, un ancien camarade, Laurent, petit fonctionnaire également. Entre lui et Thérèse, naît immédiatement une sorte d'attirance animale. Une liaison va se nouer très vite. Mais il leur devient impossible de se voir, et n'en pouvant plus, Laurent noie Camille lors d'une sortie en bateau, faisant croire que le canot s'est retourné par accident. le crime est parfait, les deux amants n'ont plus qu'à attendre quelques temps pour envisager le mariage. Mais la culpabilité commence très vite à les ronger, et cela devient pire après le mariage projeté. le bonheur qu'ils s'étaient promis tourne très vite à l'enfer, sous les yeux de la vieille Mme Raquin, devenue paralysée.

L'univers des Rougon-Macquart est déjà là. L'étude d'un milieu, et de quelques personnages, qui vont suivre d'une manière infaillible leurs penchants, leur tempérament, qui ne peuvent échapper à ce qu'ils sont. Egoïste, brutal, jouisseur, Laurent exécute le crime sans états d'âme, parce qu'il en escompte un profit sans risque. Thérèse, mal mariée à un homme maladif, attirée par Laurent, ne voit Camille que comme un obstacle à son bonheur, que l'on peut écarter comme on écrase une mouche. le roman est composé de deux parties distinctes, avant et après le crime. La première après un bref exposé, est centré sur les deux amants et l'histoire de leur adultère. La deuxième, plus longue, fait le récit des événements après le meurtre, la culpabilités, les angoisses, les hallucinations, les peurs, la détestation de l'autre qui s'installe, l'impossible oubli. Avec quelques morceaux d'anthologie, comme ces visites de la morgue effectuées par Laurent.

Ce qui frappe, au-delà du programme de Zola, de son désir d'observer et de dire le vrai, c'est son art de conteur, sa façon de construire un récit très prenant, d'une incroyable efficacité. On peut considérer que cette foi dans la science, dans la possibilité de réduire un être humain à quelques schémas de base, est simplificatrice et sans doute au final naïve, mais Zola échappe à ses propres théories, et écrit un roman qui continue à fasciner le lecteur, même si ce dernier n'est pas convaincu par la théorie littéraire. Au final peu importe l'approche théorique, l'école, le mouvement auquel appartient un artiste : c'est son talent, sa capacité à en faire quelque chose de personnel et d'unique qui est essentiel. Grâce aux mots, au style, à une musique, qui sont déjà complètement présents dans Thérèse Raquin.
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Vous n'aimez pas les classiques mais vous souhaitez en lire? Ce livre est fait pour vous. Thérèse Raquin oeuvre de Zola écrite dans sa "jeunesse" est étrangement moderne.
La mère de Thérèse meurt alors qu'elle est encore enfant, elle est alors confié à sa tante qui a un fils malade, Camille. Thérèse est alors contrainte de s'occuper de son cousin malade. A 20 ans, la petite fille devenu femme épouse Camille. Ce dernier se lasse de la campagne et décide de rejoindre la ville avec toute la famille pour reprendre une échoppe qu'il transforme en mercerie. Plus tard dans le roman, Thérèse fait la rencontre d'un jeune homme qui entre dans la mercerie et ces derniers tombe amoureux. Ils trament alors de commettre l'irréparable.
Cette fable familiale joue sur le suspense et la culpabilité des personnages, tout cela sur fond sociale, puisque Zola commence à dépeindre avec un humour noir la société de l'époque.
Un classique court à lire de toute urgence !
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Annonciateur du courant dont Zola est le chef de fil, le naturalisme, ce roman est, à mon humble avis, un pur chef d'oeuvre. Publié en 1867, alors que Zola n'a que 27 ans, ce récit, parfaitement construit, nous happe du début à la fin.
L'histoire est juste hallucinante. La dualité des personnage nous amène à une réflexion plus profonde sur la nature humaine. Et c'est, je pense, tout l'intérêt de ce roman.
Et même si la description des sentiments des deux protagonistes dans la deuxième partie du roman est un peu longue et répétitive, le style précis et incisif de l'auteur nous immerge dans un XIXème siècle sans filtre, loin des récits policés d'un Alexandre Dumas, par exemple.
Ce roman est annonciateur de la grande série des Rougon- Macquart.
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Quelle violence dans ce livre d'Émile Zola!
Je crois qu'il n'y a guère que l'Assommoir, dans la série des Rougon-Macquart, qui m'ait saisie à ce point. Les descriptions du Passage du Pont-Neuf à Paris, et de la mercerie tenue par Thérèse et Mme Raquin sont lugubres à souhait, et la description de la descente aux enfers des personnages est impressionante. Le style est celui des Rougon-Macquart, déjà naturaliste, et si il peut agacer un peu par ses analyses de comportement et de tempérament, il y a un souffle puissant dans ce roman, jusqu'à la dernière page.Du grand Zola.
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Thérèse, orpheline de père et de mère est recueillie par Mme Raquin, sa tante. Celle-ci élève la petite comme sa fille aux côtés de son propre fils, timide et malade. Les enfants grandissent dans une tendre complicité, d'abord dans la ville de Vernon puis à Paris. Mme Raquin y tient une mercerie, passage du Pont Neuf. C'est tout naturellement que Camille finit par épouser Thérèse, avec la bénédiction de Mme Raquin. La rencontre avec Laurent, peintre raté et collègue de Camille, modifie aussitôt la vie familiale. Thérèse devient sa maîtresse et les amants décident de tuer Camille pour vivre leur amour au grand jour.
Contrairement à ce que je pensais, ce livre est accessible, facilement abordable, et surtout passionnant. Je découvre Zola sous une autre facette : c'est le Stephen King du XIXème siècle ! « Thérèse Raquin » n'est autre qu'un excellent thriller psychologique en huis-clos. Zola dépeint ici un univers sombre et angoissant. La description des quartiers miteux du Paris du 19ème ; des cadavres ; de la fausse couche de Thérèse ; du massacre de François, le chat de la maison ; de la décrépitude de la vieille mercière est remarquable. Par ailleurs, les différentes étapes de la folie du couple adultère sont admirablement bien rendues. Les pages se tournent vite et le suspens monte crescendo. J'ai immédiatement été happée par l'histoire. Une histoire banale mais bien ficelée et finalement très moderne !
J'ai beaucoup aimé cette lecture. J'ai très envie de découvrir d'autres romans « classique » de ce caractère.



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Thérèse Raquin part de l'enfermement qu'elle subit pour aller vers une libération qu'elle n'osait espérer ... mais un crime est nécessaire et, fut-il parfait, il entraîne le couple diabolique vers une descente aux enfers qu'ils bâtissent eux-mêmes sous l'oeil du défunt et de sa mère. Zola décrit admirablement bien, marche après marche, cet escalier psychologique qui les précipite toujours plus profond, enfermés dans une camisole de culpabilité voire de remords que même les plus optimistes ne pourront imaginer les voir se débarrasser.
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