J'ai la chance de posséder ce petit ouvrage en Stock, et non pas en livre de Poche, qui est plutôt une maison d'éponge, de truc lavasse et mou qui s'efface en passant le doigt dessus. Alors si vous avez le choix, évitez.
Passé cette constatation, attaquons nous à Zweig.
En trois nouvelles, ou très courts romans, il étale tout son talent, sa passion de l'âme humaine et sa classe dans le développement littéraire de ces aspects de l'Homme.
Ce titre, Amok, m'a toujours attiré dans la bibliothèque parentale, mais je n'ai l'ai lu qu'aujourd'hui, hasard de la vie et de la lecture.
Je n'ai pas été déçu, on plonge dans la vie de ce docteur des colonies d'un coup, en apnée, pour n'en ressortir qu'après avoir vécu avec lui son calvaire.
Il en va de même dans les deux autres nouvelles qui composent le livre (il en manque un dans cette couverture,
La ruelle au clair de Lune) où l'écriture de
Stefan Zweig étale ses qualités. Justesse, simplicité, puissance évocatrice, construction rythmée de la narration ; nul besoin de s'étaler, d'autres l'ont déjà fait, à juste titre.
Il me faut simplement ajouter que j'aime moins l'ambiance des romans à celle que Zweig sait donner à ses biographie. je n'ai pas tout lu de cet auteur, néanmoins ce contraste me semble clair entre des Vies ou l'auteur sait donner vie à ses héros, ces personnages réels mais tellement forts qu'ils en deviennent plus fort que ceux d'oeuvres romanesques, et ceux qu'il invente.
Ces derniers baignent dans un espèce de spleen ou plutôt de sehnsucht, de mélancolie pour parler français ; ces histoires tapissent tout de suite le palais d'un goût acre, amer, forment devant les yeux une sorte de voile sépia, brumeux, donnant une ambiance tout à fait particulière et pas forcément sereine et agréable.
Cela colle parfaitement avec les personnages et les histoires racontées, mais empêche, pour moi au moins, d'en lire trop à la suite sous peine de sombrer dans la tristesse et la misanthropie !
Pourtant, la tonalité de chaque roman ne l'est pas, misanthrope, ou pas tant, mais je ne sais pas, cet effet surnage à la fin dans mon esprit... peut être à cause de la fin de Zweig, que je ne connais que trop bien...