AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Peur (131)

Elle souffrait encore un peu, mais c’était une souffrance heureuse et pleine de promesses, semblable à ces blessures qui vous brûlent si fort avant de se cicatriser définitivement.
Commenter  J’apprécie          50
Elle n'avait jamais été qu'une danseuse médiocre, trop mesurée, trop réfléchie, trop prudente dans ses mouvements, mais la griserie de la joie retrouvée lui faisait ignorer ce soir-là toute barrière. La chaîne d'acier, faite de réserve et de pudeur, qui d'ordinaire maintenait dans certaines limites ses passions les plus folles, s'était rompue brusquement et elle se laissait aller à un abandon effréné, total, bienheureux. Elle sentait autour d'elle des bras et des mains fiévreux, des frôlements, des attouchements, le souffle de paroles enflammées, de rires excités, cependant que la musique faisait palpiter son sang. Son corps était si tendu que ses vêtements la brûlaient et qu'elle eût aimé , inconsciemment, arracher tous ses voiles pour que pénétrât plus profondément en elle cette griserie sans bornes.
Commenter  J’apprécie          50
Ses yeux habitués depuis des années aux pattes de mouches minuscules de caractères d'imprimerie avaient vu des choses terrifiantes dans l'enfer entouré de fils de fer barbelés . Les paupières pesaient lourdement sur ses pupilles jadis si mobiles et ironiques ; les yeux autrefois si vifs sommeillaient, cernés de rouge, derrière des lunettes rafistolées avec du fil. Chose plus affreuse encore, dans l'édifice fantastique de sa mémoire, , un pilier avait cédé et tout s'était écroulé. Notre cerveau est si sensible , cet appareil de précision est fait d'une substance si délicate, qu'une minuscule veine bouchée, un nerf ébranlé, une cellule surmenée suffisent à réduire au silence l'esprit le plus harmonieusement constitué. Dans la mémoire de Mendel, les touches de ce clavier sans pareil de l'esprit ne fonctionnaient plus.
Commenter  J’apprécie          50
La peur est pire que le châtiment, parce qu'il est toujours déterminé, quelle que soit la gravité , et préférable à l'affreuse attente indéterminée qui se prolonge à l'infini, horriblement.
Commenter  J’apprécie          50
Comme l'astronome observe, par le minuscule orifice du télescope, des myriades d'étoiles, étudie leur cours, leurs positions respectives, leur éclat tantôt croissant, tantôt pâlissant, ainsi Jacob Mendel, assis à sa table carrée contemplait, à l'aide de ses lunettes, un autre univers mouvant et changeant, un monde supérieur à celui des réalités, le monde des livres.
Commenter  J’apprécie          50
Elle dansa comme jamais elle n'avait dansé. Ce tournoiement la délivrait de toute oppression, le rythme gagnait ses membres et donnait à son corps des inflexions ardentes. Lorsque les instruments se taisaient, le silence lui était douloureux, l'énervement embrasait sa chair frémissante, et aussitôt que la musique reprenait elle se précipitait de nouveau dans le tourbillon comme dans un bain, dans une eau rafraîchissante, apaisante, élastique...
Commenter  J’apprécie          50
Blottie paresseusement dans la tranquillité d’une existence bourgeoise et confortable, elle était tout à fait heureuse aux côtés d’un mari fortuné, qui lui était intellectuellement supérieur, et de leurs deux enfants. Mais il est une mollesse de l’atmosphère qui rend plus sensuel que l’orage ou la tempête, une modération du bonheur plus énervante que le malheur. La satiété irrite autant que la faim, et la sécurité, l’absence de danger dans sa vie éveillait chez Irène la curiosité de l’aventure.
Commenter  J’apprécie          40
Les accusés souffrent terriblement de leur dissimulation, de la menace de ne plus pouvoir nier ; leur lutte pour défendre un mensonge contre mille petites attaques déguisées est une grande et affreuse souffrance où l'on voit l'accusé se crisper et se tordre quand on veut lui arracher un aveu. Parfois celui-ci est déjà dans la gorge, il étrangle presque le coupable, une force irrésistible veut le faire sortir, il est sur le point de s'exprimer : mais soudain une autre force plus grande encore, un inconcevable mélange de peur et d'entêtement le lui fait ravaler. Et la lutte recommence.
Commenter  J’apprécie          40
Description de Paris :  

« Fais rouler tes autos, brailler tes camelots, claquer tes affiches, rugir tes klaxons, courir tes passants, étinceler tes boutiques ; me voici mieux disposé que jamais, désœuvré, avide de te regarder, de t’écouter jusqu’à ce que ma vue se trouble et que mon cœur défaille. Allons, en avant, ne te retiens pas, vas-y carrément, toujours plus vite, toujours plus fort ; d’autres cris, d’autres appels, de nouveaux hurlements, de nouveaux sons éclatants, cela ne me fatigue pas, car tous mes sens sont tendus vers toi ; petit moucheron venu de l’étranger, je m’apprête à me gorger du sang de ton corps gigantesque. Allons, en avant, livre-toi à moi comme je suis prêt à me livrer à toi, ville insaisissable aux enchantements toujours nouveaux ! 
Commenter  J’apprécie          40
Je la serrai davantage, elle s’abandonna. Faibles, sans résistance, ses épaules retombèrent sur moi comme une vague chaude qui déferle. Je la tenais tout contre moi, à présent, et je pouvais respirer la chaleur de sa peau et l’odeur moite de ses cheveux.
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (2121) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le joueur d'échec de Zweig

    Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

    Santovik
    Czentovick
    Czentovic
    Zenovic

    9 questions
    1884 lecteurs ont répondu
    Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

    {* *}