AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,31

sur 11883 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La dernière, ou une des toutes dernières oeuvres de Stefan Zweig, écrite peu avant son suicide, et parue après sa mort, qui relate, sous forme d'une partie d'échecs, une confrontation entre deux êtres que tout oppose.
D'un côté, un être fruste, limite crétin, quasi analphabète, totalement inculte ..... et paradoxalement génial au jeu d'échecs (ce qui peut paraître quelque peu anachronique !) au point de devenir champion du monde
et de l'autre un homme sensible, cultivé, intelligent, pour qui le jeu d'échecs n'est qu'un passe-temps, sans grand intérêt, parmi d'autres,
mais .....
Et c'est là que ce court roman prend tout son suc, car ce parfait honnête homme va se trouver incarcéré du jour au lendemain, en fait au moment où Hitler s'approprie l'Autriche sans autre forme de procès, en tant qu'opposant au régime nazi et va se retrouver enfermé à l'hôtel Métropole, placé sous la férule du sinistre Heydrich, un des monstres les plus infâmes du régime.

Alors qu'est-ce qui est important dans ce texte et qu'a voulu transmettre Stefan Zweig ?
Le duel entre ce champion du monde, brut de décoffrage, et ce distingué joueur dilettante ?
L'antagonisme entre deux êtres, l'un pour qui le jeu d'échecs est un but en soi alors que pour l'autre il ne représente rien d'autre qu'un dérivatif ?
Ou, beaucoup plus important, l'incarcération de cet homme, qui durant plusieurs mois, va se retrouver totalement coupé du monde dans une chambre d'hôtel, subissant des interrogatoires destinés à lui faire avouer on ne sait trop quoi ?
La machine destructrice nazie, extrêmement douée dans sa capacité à anéantir les humains et qui va montrer son immonde visage ?
Ou les exceptionnelles ressources mentales de cet homme qui, pour échapper à ses bourreaux va forcer son esprit à se concentrer au delà des limites des dispositions humaines, au risque de franchir la frontière entre raison et folie ?
L'utilisation des échecs comme sauvegarde, qui, d'échappatoire à la barbarie, va peu à peu devenir une force destructrice de son cerveau ?
Ou encore la dimension horrible du totalitarisme visant à détruire cette part quasi inaltérable de l'esprit humain ?

... Tout cela et plus encore grâce au talent de Stefan Zweig, et son aptitude, faite de précision et de concision, à entraîner le lecteur au bout de son jeu.
Commenter  J’apprécie          241
Court, incisif et percutant.
Ce roman se lit d'une traite et laisse une trace longtemps.

Il y a tout dans ce roman miniature : un argument accrocheur, des personnages bien campés, un récit captivant et dramatique, un affrontement haletant, un dénouement saisissant.
Jamais je n'aurais pensé qu'un jeu aussi cérébral que les échecs puisse être le prétexte à un récit si emprunt d'émotion, et que cette histoire en huis-clos sur un paquebot, cette histoire d'affrontement entre un génie du jeu d'échec et un passager à priori insignifiant, accoucherait d'un tel sommet dramaturgique.

Le tout porté par une langue sublime, sobre et précise, qui gagnerait très certainement à être découverte en version originale pour les germanistes.
Commenter  J’apprécie          240
Petit roman d'une centaine de pages, je possède une édition récente qui contient en plus une vingtaine de pages qui est une petite biographie de cet auteur. J'ai plus acheté ce roman car il s'agissait d'un classique plutôt de par envie de le lire, mais c'est malgré tout chose faite. je n'y connais absolument rien aux échecs, je sais seulement comment on déplace chaque pièce sur un échiquier mais en revanche, je ne vois pas du tout l'intérêt de ce jeu, pourtant très populaire. Donc, en ouvrant ce livre, je me suis demandé ce que l'auteur avait à nous raconter sur ce jeu pendant ces 100 pages, et bien l'histoire est vraiment très intéressante, il s'avère qu'il y a une autre histoire dans cette histoire et que bien évidemment ces deux histoires vont avoir un intérêt en commun pour le dénouement. J'ai passé un agréable moment de lecture avec ce livre et je vous le recommande vivement, malgré ses presque 80 ans, il se lit très bien, il n'y a pas de longueur, quelques fois épuisantes dans les classiques, les personnages sont bien décrits et l'histoire tient bien la route.
Commenter  J’apprécie          243
Première lecture de cet auteur dont j'avais pourtant beaucoup entendu parler : révélation et belle découverte. Je suis d'ailleurs déjà en train de lire le suivant.
Roman court, très rythmé, style très agréable. Dans ce texte, on découvre, comme le titre l'indique, le monde fermé des joueurs passionnés d'échecs…mais au fond ce n'est que le prétexte à une réflexion plus profonde voire philosophique sur l'intelligence et la folie, sur les capacités géniales du cerveau… qui peuvent être utilisées pour le meilleur comme pour le pire ! L'arrière-plan historique et les considérations morales tiennent en fait le premier rôle : Zweig dénonce ainsi le nazisme, l'utilisation de l'intelligence à des fins destructrices. Les deux protagonistes s'opposent en tout mais se retrouvent devant un échiquier et l'enjeu de la partie est bien plus grand qu'il n'y paraît.
Commenter  J’apprécie          240
Cette nouvelle publiée après la mort de son auteur, Stefan Zweig, est un pamphlet contre le nazisme et ses tortures psychologiques. Ecrite entre novembre 1941 et 1942, elle fut éditée en 1943 à Stockholm, soit un an après le suicide de l'auteur (février 1942).
Ce texte est très célèbre du fait que Stefan Zweig livre son désarroi face au nazisme. Il montre derrière l'histoire de Monsieur B., l'inconnu joueur d'échecs, à quel point le nazisme l'a détruit en tant qu'homme mais aussi en tant qu'écrivain.

Monsieur B. représente un homme d'envergure qui subit des pressions de la part de la Gestapo. Comme il le dit, les nazis n'ont pas créés que des camps de concentration où la déchéance était physique, annihilant l'être humain. Pour les hommes dont il fallait soustraire des informations, les nazis avaient prévu des prisons dorées. Monsieur B. se retrouve ainsi enfermé dans une chambre d'hôtel dont la description nous fait penser à une cellule de prison. Dans cette cellule, il n'y aucun moyen de distraction. Ni télévision, ni livre. Personne ne doit lui adresser la parole. La torture psychologique devient absolue. L'évènement majeur va être la découverte et le vol d'un petit livre, un manuel d'échecs, par lequel Monsieur B. va penser échapper à ces tortures. Au début cela se passe ainsi. L'auteur nous montre à quel point un livre, un instrument de savoir, d'évasion, de réflexion, peut être salvateur. le problème est que ce petit objet et le savoir qu'il contient ; la pratique et la technique des échecs ; va tourner à l'obsession et à la folie. Je l'ai perçu de la façon suivante : Monsieur B. n'ayant plus que cela sur quoi se reposer, il va se laisser emporter et absorber par cette nouvelle passion. Qui le conduira à une torture mentale similaire à celle produite par la Gestapo.

Ainsi, un être humain a besoin de liberté pour s'accomplir. Si une bride trop forte et injuste le retient, il aura beau trouver des occupations, cela n'arrangera rien à sa condition. le travail d'écrivain de Stefan Zweig s'est trouvé annihilé par le nazisme.
Un livre que j'aurais aimé étudier en classe tant sa portée semble universelle.
Commenter  J’apprécie          240
Que dire sur "Le joueur d'échecs" qui n'a pas déjà été dit ?

Pour la première fois, je lis Stefan Zweig et je découvre son écriture fine virevoltant avec psychologie et précision à travers les lignes de cette nouvelle. Sur un bateau en direction de Buenos Aires, la rumeur court que le célèbre joueur d'échecs Czentovic est présent. La curiosité pousse notre narrateur à le rencontrer. Vanité ? Orgueil ? Une chose en amenant une autre, une partie est organisée durant laquelle une poignée d'hommes souhaitent se confronter au champion. Parmi les présents, l'un des joueurs démontre une impressionnante habilité à anticiper les coups, alors qu'il n'a pas joué depuis plusieurs années. Comment est-ce possible ? Son extraordinaire capacité cache pourtant une terrible histoire aux confins de la torture et des déroutes de l'âme humaine.

Dans cette nouvelle captivante, Zweig analyse les comportements et pulsions qui dirigent les hommes lorsqu'ils sont confrontés à l'ennui, dans leurs plus profonds retranchements jusqu'à parfois mener à la folie. Quels chemins de traverse, le cerveau invente-t-il pour meubler un vide sidérant ?

Une conclusion s'impose alors : nous avons besoin de l'autre pour vivre. Nous avons besoin d'un joueur en face de l'échiquier pour pouvoir jouer, imaginer de nouvelles stratégies, être surpris, créer des solutions, et au final gagner ou perdre. Où est le jeu, l'affrontement entre les deux équipes, le suspens à chaque coup, si un seul joueur s'affronte lui-même ? L'esprit voit sa propre limite en ce qu'il a besoin d'un interlocuteur pour jouer aux échecs, et à plus ample mesure, pour vivre.

Pour finir, c'est également une très belle déclaration d'amour aux livres qui sauvent une vie et permettent d'imaginer une infinité de possibles, et aux voyages immobiles que permet la lecture.

Un livre court et percutant, à lire absolument !
Commenter  J’apprécie          230
Entre nouvelle et court roman, "Le joueur d'échecs" se lit facilement et le récit est très fluide. Sur un paquebot, le champion mondial des échecs rencontre un adversaire capable de le battre. le récit est porté par le narrateur : il décrit le champion et nous fait rencontrer ce mystérieux adversaire (un aristocrate autrichien qui a été enfermé par la Gestapo). Ce roman traite de nombreux sujets : le nazisme et ses conséquences, l'enfermement et la folie qui en découle, l'époque contemporaine où a été écrit le roman, des références à l'histoire personnelle de l'auteur. Ce petit texte court est plein de sous-entendus qu'il faut savoir chercher et comprendre par rapport à la vie et à la fin tragique de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          230
« le joueur d'échecs » est un livre très vivant, formidablement bien écrit.

Le style limpide de Zweig est un pur régal.

Bien entendu l'intérêt principal de ce livre est d'ordre psychologique.

Le jeu d'échecs, sorte de combat entre deux intelligences, art aux multiples combinaisons d'une richesse infinie, rempli de stratégie ou d'instinct est il est vrai un formidable terrain d'expérience pour les jeux de l'esprit.

Mais la passion obsessionnelle et pathologique développée par M.B en prison est elle même un combat mental intérieur encore plus passionnant.

L'homme face au néant, à la solitude, à l'ennui, à cette gigantesque machine à briser les individus qu'était le Nazisme… qui réussit à trouver une échappatoire par la puissance son esprit.

Je recommande donc cette courte et excellente nouvelle à tout amateur de romans cérébraux

Séduit, je pense lire d'autres livres de Zweig.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
Commenter  J’apprécie          222
Cela faisait un bon moment que j'avais envie de découvrir cet auteur et ce n'était pas faute d'avoir certains de ses ouvrages dans ma PAL… Mais voilà, avoir une liste trop longue de livres en attente, fait que parfois nous mettons beaucoup de temps avant de découvrir certains auteurs. Si tout ne m'a pas complètement emportée dans ce petit ouvrage, j'ai découvert une plume qui me plaît vraiment et j'ai été très surprise par l'histoire qui nous est proposée.

Disons-le clairement : moi et les échecs ce n'est pas l'amour fou ! Je n'ai jamais réellement accroché à ce jeu dont je peine à cerner toutes les particularités et pour lequel mes problèmes de prise en compte de toutes les données et d'anticipation ressortent un peu trop à mon goût. Donc oui, je n'y joue que très très exceptionnellement. du coup, j'ai forcément eu un peu de peine avec toutes les discussions tournant autour des parties d'échecs.

Malgré tout, cela n'enlève rien à la qualité de l'histoire, car heureusement, l'auteur ne nous parle pas que de ça. Nous allons découvrir des personnages très différents et aux histoires sombres et parfois inattendues, principalement avec l'un des protagonistes clés de ce récit qui a vécu des moments plus que difficiles durant la guerre. Son passé ne peut que nous faire frémir et amène une profondeur inattendue et bienvenue à l'histoire, sans compter qu'il va transformer la fin en un bouquet final fascinant et déroutant que j'ai adoré !

Oui la fin est géniale et effrayante, mais elle prête aussi à sourire car elle met en évidence les défaillances de notre cher cerveau humain. Nous pensons toujours être plus forts que tout et pourtant… Si la conclusion est un peu rapide et peut-être un peu simpliste par rapport aux éléments qui nous ont été amenés plus tôt dans l'histoire, cela n'en reste pas moins une excellente lecture qui vaut le détour (surtout qu'avec son petit nombre de pages elle se lit très vite).

En bref, j'ai découvert un auteur dont la plume me plait énormément et qui réussit, jusqu'à la toute fin, à nous cacher une partie de ce qu'il nous réserve et à nous prendre par surprise. Quel régal !
Commenter  J’apprécie          220
Un échiquier, deux adversaires, deux folies. Qui vaincra ?

Les passagers d'un paquebot apprennent que le champion invaincu d'échecs est à bord. La rumeur veut qu'il soit considéré comme un idiot par ses pairs, si ce n'est son don pour la stratégie. La curiosité de ce personnage contradictoire pousse le narrateur à organiser un tournoi d'échecs, espérant attirer son attention. Mais ce qu'il n'avait pas prévu est la participation d'un autre passager aussi doué mais au passé totalement différent. La confrontation devient inquiétante mais seul le narrateur en connait l'enjeu. Pourra-t-il éviter le pire ?

C'est un livre posthume, court et intense, qui, en peu de pages, concentre de nombreux thèmes. le premier, bien-sûr, concerne la folie, qui dépasse, en y regardant de plus près, les deux joueurs : la curiosité malsaine du narrateur, l'Ecossais et sa soif de prouver quelque chose, le champion qui n'existe qu'au travers de son art, son adversaire et son obsession. L'échiquier est là pour mettre en évidence la folie de chacun. C'est aussi un moyen d'abolir les classes sociales. Seul le champion est de basse extraction au milieu des intellectuels, industriels ou aristocrates. S'ils se gaussent de son illettrisme, ils désirent ardemment se mesurer à lui. Ce dernier en tire une fierté malsaine qui le rend méprisant et méprisable. L'échiquier devient un moyen de s'élever socialement mais pas assez pour être accepter par les classes dominantes. Si son art l'abandonne, il sera vite oublié et retournera, anonyme, à sa campagne. Son adversaire, bien qu'ayant un parcours différent, ne subit déjà-t-il pas le même sort ? Dans son pays, son nom est important, proche de la famille impériale d'Autriche. L'arrivée du nazisme change la donne et le transforme en apatride, brisé par la torture. Lui aussi risque l'anonyme et les échecs deviennent une drogue pour échapper à la souffrance morale. Mais toutes les drogues ont un prix. Celle-ci ne fait pas exception. Dans les deux cas, ascension ou échappatoire, ce jeu joua un rôle vital. Et là, nous attaquons au deuxième thème important du roman : la montée du nazisme en Europe. L'adversaire, arrêté sur dénonciation, subit la torture morale. Enfermé dans une chambre, il perd la notion du temps. Ne sortant que pour face à ses bourreaux de la gestapo, il est désocialisé. de retour, seul, dans sa chambre, rien n'empêche son esprit de revivre l'interrogatoire : A-t-il, par ses réponses, porter préjudice à une de ses connaissances ? C'est une torture sans fin qui amenuise ses capacités intellectuelles. le conteur va jusqu'à préférer la torture commune des camps, qui s'attaque au corps à cette solitude qui s'en prend à l'esprit. le débat à ce sujet, reste ouvert !
Ce roman s'articule autour de trois personnages. le narrateur, bien que vite en retrait, fait le lien entre les deux autres. Leur psychologie est mise en avant pour bien accentuer leurs différences : l'inculte sans imagination et l'aristocrate raffiné, exclu de son pays par un gouvernement brutal. Nous revenons alors aux classes sociales citées plus haut. Mais cette fois sous la perspective du tournoi, où deux mondes s'affrontent. le gagnant représentera-t-il la société future ? C'est une des nombreuses questions que suscite ce livre. Livre qui se lit d'une traite mais, la dernière page tournée, reste encore dans les esprits. Une découverte extrêmement agréable après ma déception lors de la lecture de la "pitié dangereuse".
Commenter  J’apprécie          222




Lecteurs (27600) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1884 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}