Suite de mon voyage littéraire à la découverte de la vie de
Magellan avec la lecture de la biographie que lui a consacrée
Stefan Zweig.
Une biographie à replacer dans les connaissances de l'époque (elle a été écrite en 1938) puisque ma récente lecture du livre «
le voyage de Magellan » d'
Antonio Pigafetta paru aux éditions Chandeigne rappelle quelques idées reçues qui pouvaient perdurer à cette période et qui sont rappelées en introduction de l'ouvrage :
Avant
Magellan, l'Eglise ne considérait pas que la Terre était plate et
le voyage de Magellan n'a pas démontré que la Terre était ronde, tout le monde le savait ; il a simplement prouvé qu'elle était circumnavigable.
Magellan n'avait pas projeté de faire le tour du monde, son but était de rejoindre les Moluques par les eaux espagnoles (donc en trouvant le passage pour contourner l'Amérique), prouver que celles-ci se trouvaient dans la partie espagnole du Monde (matérialisé par l'antiméridien de Tordesillas) et revenir par le même chemin (évitant ainsi les eaux portugaises).
C'est le destin incroyable et imprévisible de ce périple qui permettra à quelques marins (dont
Antonio Pigafetta) de faire le premier tour du monde.
« Au commencement étaient les épices »
Ce n'est pas pour rien que
Stefan Zweig débute son récit avec ces quelques mots. Car c'est bien tout l'enjeu du voyage de
Magellan, ces fameuses îles des Moluques, seul endroit au monde où poussent les précieux clous de girofle. A l'époque les épices valent de l'or, et c'est à leur recherche que partent la majorité des expéditions.
Magellan a promis à Charles Quint que d'après ses estimations, ces îles se trouvent du côté espagnol de l'antiméridien de Tordesillas, son voyage doit le prouver et lui permettre de lui apporter richesse et notoriété.
Au début du récit, l'auteur s'attache donc à détailler la situation géopolitique de l'époque et les éléments de la jeunesse de
Magellan qu'il a pu retrouver. Il faut ainsi attendre la moitié du livre pour voir le départ de l'armada. Et pourtant cette partie, indispensable à la compréhension des enjeux du voyage, est tout aussi intéressante que le périple en lui-même.
Ce qui frappe à la lecture du livre, c'est que
Stefan Zweig arrive à rendre passionnante, vivante, follement romanesque l'Histoire. La biographie de
Magellan est précise, détaillée, on sent que
Stefan Zweig s'est extrêmement bien documenté et ce n'est pourtant jamais ennuyeux. C'est même tout le contraire. le récit est foisonnant et saisissant de réalisme, le lecteur est en immersion complète dans l'époque et les lieux.
L'analyse psychologique de
Magellan est forcément délicate et subjective,
Stefan Zweig en fait un personnage à deux faces tantôt sombre, entêté et taciturne, tantôt héroïque et pour lequel il semble avoir beaucoup d'admiration. Une vision héroïque, presque glorieuse, que j'ai trouvée parfois un peu excessive mais qui peut se comprendre si on part de l'idée que
Magellan projetait de réaliser le premier tour du monde. Elle est aussi je pense le reflet du récit d'
Antonio Pigafetta qui avait beaucoup d'admiration et de respect pour son capitaine-général.
Un récit captivant, très complet qui permet de découvrir la vie de
Magellan avec plaisir et curiosité. C'est la première biographie écrite par
Stefan Zweig que je lis et certainement pas la dernière !