Ces vingt quatre heures ? celles de la vie d'une femme ou celles d'un joueur invétéré qui brûle son existence dans les salles de jeux d'un casino ? celles d'une femme qui veut sauver un être de la perdition ou celles de ce fou dont les mains fiévreuses froissent les billets et jettent les pièces d'or d'un regard halluciné sur les tapis, signant son arrêt de mort ?
L'un ou l'autre ? non, l'un et l'autre, et
Stefan Zweig excelle, comme à son habitude, à démonter les mécanismes qui animent les actions humaines. Qu'il s'agisse de cette femme prête à tout, jusqu'à sacrifier son honneur, pour sauver ce dément de sa passion mortifère, ou de ce jeune homme au visage tantôt possédé par l'avidité et la passion du jeu, ou alors doté d'une "expression de pure clarté, de pur sommeil à la sincère béatitude ..... un état de décontraction paradisiaque, allégé de tous poids intérieurs, un état de détente, un état de délivrance".
Point de redondance dans ce court récit, mais la quintessence même des remous de l'âme, exprimée dans un style épuré, comme
Stefan Zweig, ce décrypteur attentif des passions sait le faire dans tous les joyaux littéraires intemporels qu'il a légués aux lecteurs, plongés dans l'enchantement de sa prose magique.
Ses écrits ont cent ans ou plus ? Qu'importe, ils demeurent d'une parfaite actualité tant l'auteur a su, de sa plume concise et inspirée, capter jusqu'au moindre frisson les états d'âme des personnages nés de son imaginaire, en leur insufflant l'essentiel de l'humain.