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René Sieffert (Traducteur)
EAN : 9791030417876
80 pages
Allia (05/01/2024)
4/5   8 notes
Résumé :
“Ce monde tout bien réfléchi n’est que songe et illusion”.

En cinquante-cinq épisodes, La légende de Saigyô relate l’existence de celui qui fût, selon Matsuo Bashô, le plus grand poète du Japon : Satô Norikiyo, plus connu sous le nom de Saigyô le moine.
Alors qu’il avait tout, femme, enfant, faveurs de la Cour, il renonça au monde à l’âge de 22 ans, pour une vie d’ermite dans la montagne. Il consacra le reste de sa vie à suivre la voie de Boud... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La légende de Saigyô (Saigyô monogatari) est une édition illustrée au format de poche de la biographie romancée du poète pèlerin Saigyô (1118-1190). Il était considéré par Bashô comme le plus grand poète waka (poème court en langue japonaise). Cette légende dorée a été rédigée cinquante ans après le décès du poète et publiée pour la première fois en 1646 . Elle fut rééditée en 1981, enrichie d'une sélection de waka du Sankashû (Poèmes de ma hutte de montagne) et des anthologies impériales. Les reproductions magnifiques de peintures sont en noir et blanc. Elles sont extraites de copies de rouleaux à l'encre sur papier (manuscrits du British Museum et surtout de la B.N.F). La préface éclairante et la traduction sont de René Sieffert.

La légende de Saigyô peut donc se lire comme un récit d'épisodes légendaires enluminé de poèmes et de peintures. Exemples :
-30 Fujiwara No Noriyiko et Satô Noriyasu devisant sur leur désir de quitter le monde.
-37 Fujiwara No Norikiyo jetant sa fille au bas du promenoir pour se détacher de sa vie terrestre.
-50 Saigyô, importuné par les visites de ses anciens compagnons, composant un poème où il en attribue la faute à un cerisier.

En huit chapitres et cinquante-cinq épisodes numérotés, la légende retrace la transformation de Fujiwara No Norikiyo, membre d'une famille de guerriers proche de la Cour, en un moine-poète désormais nommé Saigyô (1140). Il vécut ensuite cinquante ans durant tantôt comme un ermite reclus au fond d'une montagne, tantôt comme un ascète itinérant sans cesser d'écrire des wakas jusqu'à sa mort en 1190 dans un monastère de Kawachi. Mais rien n'a été simple. Il a du s'arracher à des êtres chers. Et jamais il ne les a oubliés. Saigyô a sans cesse été déchiré entre son aspiration au renoncement total et son attachement au monde, en particulier à sa fille. Et jamais il ne s'est installé quelque part. Quand les autres moines veulent mourir face à l'Ouest pour être accueilli par Bouddha, il désire mourir au printemps sous les cerisiers en fleurs. C'est pourquoi sa poésie est attachante et mélancolique. En quittant la prospérité et le confort d'un poète de cour raffinée pour une vie d'ermite, Saigyô a fondé un style poétique innovateur et sensible qui connaîtra son apogée avec Bashô.
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Saigyô monogatari, la légende de Saigyô, est le récit d'un homme, tout juste devenu père de famille, qui quitte la capitale pour mener durant cinquante ans la vie d'ermite et d'ascète itinérant à travers l'archipel japonais, partant à la rencontre des autres et de lui-même. Tenu pour cela pour un saint, il est aussi reconnu pour avoir composé des milliers de waka, les poèmes traditionnels nippons, en faisant alors le plus grand poète du pays si l'on en juge par leur reprise dans de multiples anthologies publiées dans les siècles qui suivirent.

Saigyô (de son nom laïc Fujiwara no Norikiyo) vécut au XIIème siècle, et le présent récit de ses pérégrinations, sorte de biographie romancée, a connu de multiples versions, anonymes. La présente, traduite par le grand René Sieffert, lui est apparue la plus fiable. Elle date d'une cinquantaine d'années après la mort de Saigyô.

Le livre alterne le récit en prose de son voyage incessant parsemé de haltes et de rencontres, dans un style très élégant, et les poèmes de Saigyô. Il est très richement illustré, en dégradés de gris, de scènes du manuscrit Saigyô hôshi jô, réalisé vers 1661-1673, et conservé à la Bibliothèque nationale de France. Sur le plan formel, ce petit format des éditions Allia apparaît très précieux, avec son joli papier beige et de bon grammage et sa superbe couverture qui rappelle le sépia.

L'histoire, elle, c'est la décision de cet artiste, au départ laïque, Norikiyo, qui ayant reçu tous les honneurs du couple impérial, prend conscience qu'il pourrait trop s'attacher à la vie, cela n'est pas conforme à l'esprit bouddhiste. En conséquence, il décide de laisser là sa femme et sa toute jeune fille pour partir en retraite du monde…Il va ainsi parcourir la campagne, du nord du Honshu à l'île de Shikoku, livrant ses poèmes, inspirés par la nature. Car cette nature, les plantes, les animaux, l'eau, le ciel, la terre et les saisons sont une source d'inspiration permanente. Ainsi cet hommage à l'automne qui vient :

Même de celui
Qui des choses d'ordinaire
Point ne se soucie
Il touche et remue le coeur
Le premier vent d'automne

Mon coeur qui aspire
Plus que tout à s'éloigner
De ce triste monde
Un instant encore retiens-le
O lune des nuits d'automne

A l'heure où songeur
Longuement je la contemple
L'aspect de la lune
Ne fait qu'ajouter encore
A ma mélancolie.

Son voyage est aussi marqué par les rencontres. Souvent hébergé pour une nuit chez l'habitant, il côtoie le malheur des autres (que de manches de kimonos mouillées !), leur apportant un peu de réconfort. On sent parfois que toute cette misère du monde, et peut-être la solitude, par moments, lui pèse :

Quelque part au loin
Dans l'étroit creux du rocher
Tout seul je voudrais
Sans souci des yeux d'autrui
Méditer tout à mon aise

Me prenant en pitié
Pourquoi n'est-il donc personne
Pour me venir voir
En ce logis où pensif
J'entends le vent des roseaux

Sans briser de branches
Au plus profond des montagnes
Je veux pénétrer
A la recherche d'un endroit
Où nul ne parle de malheur

Au terme de cette si longue absence, celui qu'on appelle désormais Saigyô va retrouver sa fille et son épouse, elles-mêmes devenues nonnes, puis s'éteindre quelques temps après, donnant l'image d'une famille à jamais unie, qui vivra une renaissance dans la Voie Bouddhiste.

Ce texte a fortement inspiré Bashô, qui vécut un type de pèlerinage assez similaire, bien que plus laïc et parsemé cette fois de haïkus, relaté dans son superbe La Sente des contrées secrètes (Oku no Hosomichi, critiqué ici même dans sa belle édition Olizane).

Ce petit ouvrage, qui avait initialement été publié en 1996 aux publications orientalistes de France (POF), méritait bien une nouvelle publication pour une diffusion moins confidentielle, et dans une forme à la fois pratique et qualitative.
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La légende de Saygiô est un livre précieux. le plus grand des poètes japonais, avec Dôgen et Bashô, mène une vie de renonçant, composant des poèmes tout le long de sa vie.

On y découvre un Japon ancien, avec ses traditions et ses paysages.

A lire et à méditer.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Saigyo longtemps la* suivait des yeux :
Le chemin que tous
inéluctablement
il nous faudra suivre
comment pourrions-nous vivre
en feignant de l'ignorer

En voyant la lune
des automnes de jadis
j'ai cru retrouver
le temps où mon cœur
en était tout transporté

*Saigyo vient de retrouver sa fille devenue adulte. Ils se séparent car elle est devenue nonne.
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La lune déjà avait passé le milieu du ciel, le vent des cimes faisait rage dans les pins du bord de l’auvent, quelque part un battoir sonnait lugubre, le cri d’un insecte mêlé au givre s’élevait assourdi près du chevet, bref il n’était rien qui n’étreignît le cœur.”
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