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Critiques de Catel (862)
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Le roman des Goscinny : Naissance d'un gaul..

René Goscinny?

Goscinny dort très peu, et ne cesse de travailler. Et il lui arrive d'arriver en retard:

"Ah, Osterlix a du mal à se lever. C'est qu'il est célèbre chez nous, le sommeil d'Osterlix!"





En 1955, c'est presque la scène du banquet dans Astérix, avec tous les grands noms de la BD belge et française, autour d'une table: Franquin, Charlier, Tibet, Morris, Jijé et... Goscinny avec Uderzo.





Dessinateur mais surtout scénariste, Goscinny a collaboré avec les grands noms de la BD, il a créé "Rails sur la prairie" pour Morris et son Lucky Luke. Il a inventé Rantanplan et les cousins des Dalton...





Mais, c'est avec Uderzo, que Goscinny donna naissance à Astérix.

"Ils sont fous ces dessinateurs!".





Et, c'est près de la rue d'Alésia, qu'Anne, la fille de Goscinny situe la naissance du petit Gaulois.





"Encore un pastis?" Demande Uderzo. Ils créent la potion magique et Panoramix, le druide. Les deux amis pensent à Laurel et Hardy, avec Astérix et Obélix, tandis qu'on leur demande de passer à table.

-A table! C'est prêt !

"Quand Astérix boit, certains trinquent"





Pas étonnant que les albums à venir finissent par un banquet. Bonnemine, la femme du chef Abracourcix, la jolie Falbala sont déjà là... Sans oublier les Romains! ("Août 1959, ça s'est passé dans l'appartement d'Uderzo, avant le bouclage du premier numéro de "Pilote"...)





"- Tu as un très très gros nez! (René, euh Obélix)

-Ce n'est pas drôle, Romain. Tu aurais pu dire, c'est un menhir, que dis-je? C'est un dolmen!"





C'est un bel hommage, en BD! Anne Goscinny et Catel, la dessinatrice redonne vie à René Goscinny.

"-Nous allons donner un grand festin.

-Ce n'est pas la peine! Partir, c'est nourrir un peu!"
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Le roman des Goscinny : Naissance d'un gaul..

°°° Rentrée littéraire 2019 #22 °°°



Même si la vie de René Goscinny n'est pas un sujet qui me passionne a priori, j'ai pris du plaisir à me plonger dans ce roman graphique joyeux, généreux et tendre.



Ne connaissant de ce grand auteur que son oeuvre, j'ai découvert l'histoire de sa famille, des juifs polonais et ukrainiens ayant migré en Argentine, dont une partie restée en Europe a été assassinée à Auschwitz. Ces drames initiaux amène un autre regard ou du moins de la profondeur sur ce personnage qui s'est peu dévoilé et s'est fait connaitre à travers des créations emplies d'humour.



Mais ce que j'ai le plus apprécié, ce sont les nombreux extraits des carnets personnels de Goscinny qui émaillent le récit : on l'y voit chercher s'essayer à la caricature dès son adolescence en croquant Hitler ou Staline, chercher son style. Son génie du trait est d'emblée éclatant. C'est un véritable cadeau pour le lecteur que de découvrir ces inédits grâce à l'accès total de Catel aux archives des Goscinny.



Catel est une vraie conteuse qui emporte le lecteur, ça fourmille d'anecdotes, de rencontres ( Sempé, Uderzo, Morris and co ) , c'est incroyablement vivant. La narration est exemplaire, fluide et accrocheuse. C'est une excellente idée que de marquer les deux narrations parallèles d'une couleur : bleu pour les pages où René Goscinny se raconte ; jaune pour les discussions entre Catel et Anne Goscinny, sorte de making-of du roman graphique.



Les dessins de Catel ont le don de la simplicité, tout en rondeur, avec ses grand aplats de couleur qui barrent le noir & blanc. Les planches sont très belles et apportent beaucoup de douceur à ce double portrait intime : celui du père qui trouve sa voie et celui de la fille qui a perdu à neuf ans son père et cherche à le faire revivre par ce biais.



Reste que cette oeuvre manque tout de même d'aspérités, comme peut en manquer une oeuvre de commande, faite à la demande d'une famille pour rendre hommage avant tout. Tout se lit avec facilité et sympathie, mais rien ne m'a accroché vraiment non plus. En fait, les pages que j'ai trouvées les meilleures car les plus complexes sont les saynètes prologue et épilogue marquées de la couleur rose. Quelques pages seulement, mais loin de toute hagiographie. On y voit Anne, la fille donc, âgée de 18 ans, menacer de mort le médecin jugé responsable de la mort de son père en 1977 ( arrêt cardiaque chez son cardiologue suite à un test d'effort ). Là, on sort du registre joyeux et lisse pour un moment de bascule, hors des clous. J'aurais aimé plus de passages de cet ordre, plus de folie.



Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°8 )
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Olympe de Gouges

C’est pas si facile d’être une femme libérée comme disait le grand philosophe Cookie Dingler !!! Olympe de Gouges était de ces femmes-là. Catel et Bocquet dans ce roman graphique de 500 pages, remettent en lumière la vie tumultueuse de cette jeune femme, très tôt marié et très tôt devenue veuve Aubry, célèbre pour son franc parler, sa passion pour les lettres et le théâtre. Indépendante, cultivée, libertine, elle clame haut et fort que la femme est l’égal de l’homme et prêche pour être sur un pied d’égalité. Elle dénonce aussi l’esclavage et se bat pour son abolition. Révolutionnaire, non ?

Et c’est ce qui causera sa perte, il ne fait pas bon en cette dernière décennie du dix huitième siècle, de dire haut et fort, ce qui nous parait des évidences deux siècles plus tard (quoiqu’ il y a encore du boulot). Les coupeurs de tête (merci Mr Guillotin) s’en donnent à cœur joie, arrêté, jugé, raccourci en vingt quatre chrono. Pardon, je m’égare.

On suit avec plaisir ce destin hors norme car le travail scénaristique est parfaitement maitrisé, on croise tout du long de grands personnages de l’époque (Franklin, J.J. Rousseau, les comédiens du Français, les principaux protagonistes da la révolution française et.), on apprécie les répartis cinglantes et pleines d’esprit de miss Olympe, on est touché par la protection maternelle pour son fils Pierre, intéressé par les intrigues et influences du pouvoir. Un roman graphique en noir et blanc dense, qui rend un bel hommage à cette femme idéaliste et passionnée.
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Joséphine Baker

Un grand merci à Babelio et aux éditions Casterman...



Saint Louis, 1906. Eddie Carson a rencontré Carrie Mc Donald sur une piste de danse. Lui joue du tambour, elle fait des petits boulots à droite à gauche. de leur amour nait Freda Joséphine Mc Donald, surnommée Tumpie par sa maman, qu'Eddie reconnaîtra même s'il doute de sa paternité. le couple se produit sur scène ensemble, gérant aussi bien le quotidien avec un bébé que les crises de jalousie d'Eddie. Malheureusement, peu de temps après la naissance de Richard, ce dernier abandonne femme et enfants pour aller en épouser une autre. Pour soulager Carrie, Joséphine ira habiter plusieurs années chez sa tante et sa grand-mère. Petite fille vivante, pleine d'énergie, aimant danser et chanter, elle fera le bonheur des deux femmes. C'est une famille agrandie avec deux petites soeurs et un nouveau papa qu'elle découvre. Elle ne restera pas longtemps sur les bancs de l'école et préfèrera aller travailler très jeune. Avec une amie, elle monte un petit spectacle de danse. C'est la révélation pour Joséphine qui se promet d'être danseuse plus tard... 



Coqueluche des années folles, femme se battant pour l'émancipation des noirs, mettant à profit sa notoriété pour des causes nobles, cette danseuse et chanteuse à la ceinture de bananes aura eu un destin aussi exceptionnel qu'admirable. de Saint-Louis à Paris en passant par Berlin ou Cuba, elle aura soulevé les foules, enthousiastes devant ce brin de femme qui se trémoussait comme personne. Jean-Louis Bocquet, dans cet album conséquent (pas moins de 460 pages), retrace la vie de Joséphine, de sa naissance à sa mort. L'on ne pourra que souligner et admirer le travail de l'auteur. Un récit passionnant, fouillé, d'une force et d'une densité incroyables. Une biographique parfaitement scénarisée servie par un trait élégant et détaillé et un noir et blanc profond.

En bonus, une centaine de pages de biographies des personnes croisées dans cet album.

Magnifique travail... 
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Alice Guy

Voici une BD qui réhabilite les femmes qui ont contribué à un essor et qui ont été injustement oubliée par l'histoire écrite d'ailleurs par des hommes. Il faut faire sortir les femmes de l'ombre !



On va s'intéresser cette fois-ci à Alice Guy qui fut la toute première femme réalisatrice au monde. Il faut dire qu'elle a été la première à avoir vécu la naissance de l'invention cinématographique en travaillant d'ailleurs pour Léon Gaumont qui n'était pas un tendre.



Elle a rencontré Auguste et Louis Lumière,Gustave Eiffel, Georges Méliès, Louis Feuillade, Buster Keaon et Charlie Chaplin et bien d'autres qui ont marqué la légende du cinéma. Elle a vécu plus de 90 ans et dans différents pays que cela soit le Chili, la Suisse, la France, les Etats-Unis également. C'est une véritable légende et un témoin clé d'une certaine époque disparue.



On passe du côté des coulisses pour assister à la naissance du cinéma et des premiers studios. On voit également les premières inventions techniques qui rivalisaient avant que le cinématographe emporte la mise. On ne savait pas non plus que cela pourrait être utilisé comme du spectacle et du divertissement.



La narration est bien maîtrisée et permet un clair passage entre les différentes scènes. J'ai bien aimé le dessin qui est net et précis. Les cases ne sont pas inutilement surchargées en dialogues. C'est limpide et cela passe bien à la lecture malgré plus de 300 pages. C'est vrai que le côté pavé m'avait fait peur mais c'était un régal à la lecture.



Maintenant, quand j'entendrais parler d'Alice Guy, je saurai qui elle est et ce qu'elle a apporté au cinéma.
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Olympe de Gouges

Ne vous laissez pas avoir par la taille. Si ce pavé contient presque 500 pages et pèse 1049g (si, si ! Je l'ai pesé ! Ce n'est pas pour vos sacs à main Mesdames !), il n'est pas lourd à lire pour deux sous. Ce roman graphique (c'est mon premier ! J'ai même été obligée d'aller chercher la définition, ne comprenant pas bien la différence avec la BD) met en valeur Olympe de Gouges, née Marie Gouze, une maîtresse-femme ne s'en laissant pas compter. Mariée très vite, à l'âge de seize ans, à un bon parti, Louis-Yves Aubry, officier de bouche de l’Intendant, elle fut veuve tout aussi vite, non sans avoir donné le jour à un fils, Pierre. Ce veuvage fut le déclic pour défendre les valeurs féminines. Courtisée par tous, fréquentant les salons, elle eut un rôle déterminant dans l'avancée des mentalités.



Même si je ne trouve pas que les dessins, dans le détail et notamment les représentations des visages, soient parfaits, le scénario reprend avec précision la vie d'Olympe. Le graphisme est, finalement, à prendre dans son ensemble. J'avoue que sans l'aide de cette BD, je n'aurais pas porté attention à ce personnage haut en couleur.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Olympe de Gouges

Marie Gouze naît à Montauban en 1748, de Anne-Olympe et de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, qui n'est autre que l'amant de cette dernière. Elle ne voit qu'occasionnellement son papa puis plus du tout lorsque sa maman se remarie avec un certain Cassaigneau. Une enfance plutôt calme dans la bourgeoisie montalbanaise. Attirée par les lettres et par Valette, un poète protégé de Voltaire, à 17 ans, elle se fiance néanmoins, poussée par sa famille, à Louis-Yves Aubry, officier de bouche du Compte de Gourgues. Le mariage est célébré en 1765. L'année suivante, elle donne naissance à son fils Pierre. Malheureusement, une crue ravage la ville, provoquant noyades et fièvres. Louis-Yves meurt peu de temps après. Désormais veuve, elle sort, s'intéresse au théâtre, fréquente les salons. Celle qui se fait maintenant appeler Olympe de Gouges s'affirme et affirme sa nouvelle indépendance...





Un travail considérable (pas moins de 400 planches complétées de nombreuses pages de biographies et d'une chronologie) pour le portrait d'une femme hors du commun. Féministe engagée, défenseure des droits de la femme, militante contre l'esclavage et la peine de mort, militante pour le droit de vote et le divorce pour les femmes, femme de lettres se déclamant indépendante de corps et d'esprit, partisane de la monarchie constitutionnelles et de la république, Olympe de Gouges incarne toutes ces femmes. Esprit rebelle devant s'opposer à bon nombre de détracteurs, elle n'aura de cesse, tout au long de sa vie, de lutter contre les inégalités sociales. José-Louis Bocquet dresse un portrait pour le moins fouillé, fortement documenté et très instructif (à partir de travaux d'historiens et de textes autobiographiques). Un album qui, sur cette longueur, manque parfois de souffle tant l'auteur s'attarde sur les événements. Il restitue néanmoins parfaitement le portrait d'une femme libre, anticonformiste et, rappelons-le, auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791). Une biographie intéressante dans un contexte historique qui l'est tout autant. Graphiquement, Catel donne vie à cette femme passionnée avec plus ou moins de précision. Les dialogues et le texte sont si denses que, finalement, l'on ne s'attarde peut-être pas beaucoup sur le dessin.
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Olympe de Gouges

Olympe de Gouges est de ces personnages historiques que beaucoup ne connaissent uniquement par des rues portant son nom. Catel nous offre la possibilité d’approfondir ses faits et gestes alors que l’Ancien Régime vit ses derniers jours.





Le scénario a un but clair et net : rétablir la chronologie de la vie d’Olympe de Gouges de sa naissance à sa mort. L’introduction est vraiment longuette, car le scénario s’attarde beaucoup sur l’enfance de l’héroïne afin de montrer toutes les discriminations et autres travers de la société de l’époque qu’elle a pu rencontrer et qui ont pu influencer son futur combat politique. Une très grande justesse historique est recherché dans les événements dépeints, mais certains faits donnent l’impression d’être utilisés pour façonner l’image de cette héroïne que voulaient les auteurs, malgré les contradictions que cela suscite, comme le choix par Louis XIV de Versailles qui est très mal justifié ou bien l’organisation du Serment du Jeu de Paume qui apparaît ici consensuelle parmi l’Assemblée constituante ce qui fut loin d’être le cas. Reconnaissons en tout cas un style pédagogique assez engageant, qui cherche à nous exercer l’esprit étape par étape et qui, malgré tout, nous offre là un beau conte sur le féminisme qui mériterait d’être davantage mis en valeur, car tant d’inégalités et de mauvais réflexes sexistes sont encore tenaces de nos jours.



Qui dit biographie, même en bande dessinée, dit des choix compliqués à réaliser. Le récit initiatique de cette Olympe de Gouges qu’on nous propose est un poil naïf au départ, puis gentillet pendant un petit moment, surtout quand ladite Olympe tantôt se décide sur un coup de tête d’embaucher un précepteur, tantôt s’étonne d’un rien alors qu’elle se veut plutôt débrouillarde, d’autant qu’elle se fiche comme de sa première chaussette de « lancer une rumeur dans le tout Paris ». Cette insouciance me gène, je l’avoue, d’autant que tout lui vient comme par enchantement, mais, au moins, il faut saluer son enthousiasme de tous les instants. Ces différents choix me gênent car ils faussent l’idée volontariste et réformiste de cette héroïne. En effet, je trouve dommage de suivre une histoire où l’aspect libertaire d’Olympe de Gouges est toujours exploité du point de vue de sa frivolité ; je suis déçu que l’aura du personnage principal soit éclipsée dès qu’un autre personnage historique (superbes Jean-Jacques Rousseau et Benjamin Franklin, par exemple) apparaît ; enfin, je trouve aussi bien réducteur de voir les débats de l’époque ramenés à la portion congrue. Bref, des choix qui ne me satisfassent pas, sans pour autant être des points majeurs de l’intrigue générale.



Enfin, l’aspect graphique va peut-être en gêner quelques-uns parmi les lecteurs de ce roman graphique. Si le côté « roman » est très développé, le dessin paraît au premier abord comme moins enrichi. Le choix du noir et blanc n’apporte pas grand-chose, mais est au moins très lisible, ce qui n’est pas toujours le cas du lettrage en majuscule qui fausse trop souvent la lecture de certains passages. Je ne sais pas si c’est un effet de style, mais le dessin perd franchement de sa teneur au fur et à mesure, notamment passées les deux cent cinquante premières pages. En plus, dès l’apparition d’un personnage, on sait tout de suite, au trait utilisé, s’il sera un « gentil » ou « méchant » vis-à-vis de notre chère Olympe de Gouges. En revanche, pour rester sur le lettrage, qui prend d’autant plus d’importance que nous sommes dans du noir et blanc justement, les choix effectués pour les messes en latin et les onomatopées conviennent parfaitement et sont incrustés comme il faut dans les scènes concernées. Bizarrement, j’ai surtout adhéré aux scènes de déluge, dantesques et confuses, qui comblent bien mieux, et surtout utilement, les cases.





Malgré les quatre cents pages de récit et les nombreux bonus finaux, tout cela tient donc bien plus de l’évocation que de l’exposé sérieux, alors qu’un tel objet aurait pu être une référence en la matière, à la hauteur d’un ouvrage scientifique sur le sujet.



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Joséphine Baker

Après les biographies dessinées de Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges, et Benoîte Groult, l'illustratrice Catel & le scénariste Bocquet retracent avec brio le destin exceptionnel d'une autre femme célèbre : Joséphine Baker.



D'origine afro-américaine et amérindienne, Freda Josephine McDonald naît dans le Missouri en 1906. Elle montre très vite une aptitude pour la danse, le spectacle et les pitreries. Issue d'une famille pauvre, elle doit travailler jeune comme domestique, tout en poursuivant l'école. Elle monte sur les planches pour la première fois à quinze ans. Elle conquiert Paris dès 1925 avec son chant, sa danse, ses mimiques et ses tenues exotiques. Et même si, à partir de 1930, elle chante immanquablement, à chaque spectacle, « j'ai deux amours, mon pays et Paris », c'est bien en France qu'elle choisit de vivre, pays beaucoup plus accueillant à cette époque pour les Noirs que celui qui l'a vu naître.



Joséphine Baker a beaucoup voyagé pour ses tournées, elle a côtoyé des personnages influents dans divers domaines (mode, politique, spectacle, littérature…), s'est engagée pendant la seconde Guerre mondiale aux côtés de résistants en France, a adopté douze enfants de différentes origines (les Brandgelina n'ont rien inventé), s'est exprimée contre la ségrégation aux USA.



Cet album aussi beau qu'instructif donne un excellent aperçu de l'existence trépidante de cette femme généreuse, pétillante, pêchue, amoureuse de la vie et des plaisirs charnels. Le graphisme est délicieux, clair, précis, les visages sont toujours aussi fins et radieux sous le trait de Catel.



Les 570 pages de l'album peuvent effrayer, mais la bande dessinée elle-même n'en comporte que 460, et est séquencée en courts chapitres chronologiques, résumant les étapes importantes de la vie de l'artiste. Les personnages gravitant autour de Joséphine Baker sont nombreux, mais on en connaît la majorité, et la plupart sont présentés en postface.



Excellent moment de lecture, à condition de prendre son temps.



• Merci à Babelio et aux éditions Casterman.
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Kiki de Montparnasse

J’ai toujours eu un élan particulier envers les bandes-dessinées, et c’est d’ailleurs pourquoi j’en ai toujours beaucoup lues. Plus tardivement néanmoins, j’ai aussi découvert un certain plaisir à la lecture des biographies et autobiographies, qu’elles soient d’ailleurs plus ou moins romancées ne me gêne pas, du moment qu’on puisse entrevoir l’intimité de l’auteur ou du personnage historique. Et c’est donc avec beauté que Kiki de Montparnasse de Catel et Boquet arrive à allier deux de mes genres de prédilection !



Quelle phénomène cette Alice Prin ! – rebaptisée pour toujours « Kiki » par le peintre Mendjisky, qui sera l’un de ses premiers et nombreux amants.

Sa vie débute pourtant assez mal, elle connait une enfance misérable, sans père, une mère lointaine (aussi bien géographiquement que sentimentalement), un parrain certes gentil mais qui ne lui offre pas la meilleure des éducations en l’initiant dès son plus jeune âge à la fréquentation des bars et au goût de l’alcool ; seule sa grand-mère lui apporte la tendresse et l'attention que tout enfant mérite, mais cela de façon trop éphémère. Kiki représentera plus tard sur un de ses tableaux, une petite fille blonde entourée de ses parents, qui renvoie à l’image contraire d’elle et de son enfance et qui représente la famille qu’elle aurait tant aimée avoir… Elle rajoute d’ailleurs sur sa peinture, symboliquement, un chat noir, clin d’œil certain à ses débuts malheureux et à la malchance qui la poursuivra sans cesse. La triste fin de Kiki fait d’ailleurs écho aux débuts ratés de la petite Alice, elle connait en effet une véritable déchéance physique et psychologique à cause de sa consommation excessive de drogues et d’alcools ; détruite par ses multiples séjours en hôpital et ses nombreuses cures de désintoxication, elle en revient à mendier quelque misérable argent à la fin de petites représentations sans paillette. Qu’elle semble loin alors l’époque de prospérité, de célébrité et d’abondance que Kiki a connue !



Certes sa vie finit aussi mal qu’elle a commencée, mais l’époque qui se déroule entre ses deux âges extrêmes est l’apogée du « Carpe Diem » selon Kiki, qui devient véritablement une icône éternelle des années folles et de l’émancipation de la femme ! Elle est aussi la muse immortalisée par les plus grands artistes : Soutine, Foujita, Kisling, Man Ray, Per Krohg, Utrillo mais aussi l’amie et l’amante de bien d’autres encore. Kiki, pour toujours, sera une figure marquante et incontournable, presque allégorique du Montparnasse d’alors, et de toutes ses libertés.

Parlons-en de cette liberté, « la liberté avant tout, quoiqu’il arrive et à n’importe quel prix » pourrait être le slogan de vie de Kiki, à l’image de ses mœurs plus que libres et ses amours multiples et passionnés, mais aussi de son caractère intrinsèquement insoumis et viscéralement opposé à toutes formes d’autorité, ce qui rendra d’ailleurs sa carrière d’actrice hollywoodienne impossible.



Je trouve que cette BD lui rend un bel hommage, les dessins et les dialogues simples mais vrais m’ont ravie et beaucoup touchée. Kiki, une artiste en avance sur son temps, au sens de l’amitié incroyable, à la générosité qui doit en faire pâlir plus d’un, bref une figure mythique à découvrir ou redécouvrir au travers de cette agréable bande-dessinée !

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Kiki de Montparnasse

Kiki de Montparnasse n'est pas seulement le portrait d'une femme émancipée née au début du XXème siècle et qui a brûlé la vie par les deux bouts.

Ce récit est aussi une fresque du Paris des années folles, et nous lions connaissance avec quelques grands artistes de cette époque: Soutine, Modigliani et surtout Man Ray dont Kiki fut non seulement la maîtresse mais aussi la muse.

Quelle énergie, quelle pétulance, on peut se demander quelles fées se sont penchées au-dessus du berceau de la petite Alice Ernestine Prin qui prendra plus tard le surnom de Kiki?

Si on lui avait posé la question elle aurait sûrement répondu que la dive bouteille avait fait office d'élixir de vie puisque déjà à sa naissance sa mère était ivre et qu'on lui avait donné la gnôle au biberon.

Au début, j'ai été déconcertée par le style graphique de cette BD que je trouvais enfantin, mais au fil des pages, j'ai petit à petit appris à apprécier ces dessins à l'encre, noirs et blancs au charme rétro qui met si bien en valeur la beauté de Kiki!

Parce qu'elle a voulu prouver à sa mère qu'elle "ne resterai pas une cul-terreuse toute sa vie", Kiki a posé nue, elle n'a pas fait don de son corps à la science mais à l'art qui a su sublimer sa beauté et la rendre éternelle.

Ah si Kiki avait eu un nez différent peut-être cela aurait-il changé le cours de l'histoire comme Cléopâtre?

Enfin, rendons hommage à son courage pour avoir osé se montrer nue à une époque d'extrême pudibonderie: "Pour les gens, être modèle c'est encore plus bas que d'être putain. Ils disent qu'au moins les putains, elles montrent pas leur cul à tout le monde!"

On ne peut être que touché par ce destin de femme à la gouaille bien pendue, je lui laisserai le dernier mot:

"Eh toi, si t'avais la bite comme mon nez, ta femme s'en plaindrait pas!"

Je sais , ce n'est pas très élégant mais c'est bien balancé à un goujat qui le méritait alors nous pardonnons ce petit écart à Kiki.

Une femme au cœur grand comme ça!
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Olympe de Gouges

UNE FEMME CONTRE LES INJUSTICES D'UN MONDE MÂLE.



Que sait-on, aujourd'hui, d'Olympe de Gouges ? La question peut sembler un rien provocante, tandis que son nom est aujourd'hui sur bien des lèvres, pour peu que l'on soit attaché à l'égalité universelle entre les sexes. Mais il n'en a pas toujours été ainsi et la quasi redécouverte de ce personnage certes haut en couleur, révolutionnaire par bien des aspects (et sans doute plus sur ces aspects-là que ceux ayant l'estampille historique ad hoc), aussi intéressant qu'attachant ne date en réalité que de la fin du siècle passé.



C'est en particulier par ce pastiche - sérieux et sincère mais jugé de fort mauvais goût en son temps - de La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen, qu'elle allait rebaptiser Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne que la citoyenne Gouges allait se refaire une réputation d'outre-tombe. Mais ce serait vraiment réduire de beaucoup une vie aussi brève que palpitante à ce seul vibrant libelle.



Née Marie Gouze d'une mère, Anne-Olympe, mariée jeune à Pierre Gouze, bourgeois de Montauban et maître boucher, mais d'un géniteur très probablement issu de la haute noblesse, le marquis et académicien Jean-Jacques Lefranc de Pompignan (lequel était aussi le parrain de sa maîtresse. Il n'y avait cependant que trois ans de différence d'âge entre eux), le ci-devant marquis ne voulu jamais reconnaître cette "bâtarde", au contraire de Gouze.

Mariée très tôt comme il était d'usage à l'époque - elle avait dix-sept ans - à un homme choisi par sa mère devenue veuve une première fois mais remariée, elle fut presque aussitôt débarrassée, d'une mauvaise fièvre, de cet homme qu'elle n'aimait point, dès l'année suivante. Elle eut le temps d'en avoir un fils mais ne se remaria jamais, malgré une longue, belle et très libre histoire avec un noble lyonnais aisé du nom de Jacques Biétrix de Rozières, qui lui assurera son train de vie presque jusqu'à la fin et malgré leur séparation un peu avant la révolution.



Libre de cœur et de corps, elle le fut aussi d'esprit : bien que très attachée à l'esprit des lumières, elle détesta cordialement Voltaire qui avait eu la mauvaise grâce de flétrir le nom de son académicien de géniteur, par toute une série de libelles d'abord, le coup de grâce ayant été donné à la suite d'une pièce du montalbanais intitulée Didon -très vitement surnommée "Dindon"- à laquelle Voltaire répondit par une autre pièce au doux titre de "Le Fat puni" où chacun pu reconnaître sans mal le fameux marquis, devenu très dévot depuis son remariage avec une dévote très fortunée...



C'est aussi que la jeune femme, qui prendrait bientôt pour pseudonyme celui sous lequel nous la connaissons aujourd'hui, Olympe de Gouges, adopte les engagements de son temps et puisqu'elle déteste Arouet elle adorera Rousseau (elle s'appliquera même à suivre au plus près les préceptes défendus dans l'Emile pour l'éducation de son fils Pierre) ! Pourtant, nul doute que son caractère, sa verve, son sens de la répartie et son amour du théâtre (que Jean-Jacques jugeait comme le pire des arts) s'approchait bien plus de celui de l'auteur de Zadig que de celui des Rêveries du promeneur solitaire...



La vie de la jeune provinciale bascula véritablement lorsque, à l'âge de vingt-cinq ans, elle suivit son amant à Paris. Y apprenant presque tout (elle savait alors à peine écrire) et très vite, elle y rencontrera une bonne partie de la vie intellectuelle et artistique de son temps : les Condorcet (Sophie de Condorcet, l'épouse du grand scientifique, anti-esclavagiste et éminent révolutionnaire, fera découvrir, à Olympe, par ses traductions, une autre féministe de l'époque, la très virulente Mary Wollstonecraft), Louis-Sébastien Mercier (dont on redécouvre peu à peu l'oeuvre injustement oubliée), Talma (qui fut, probablement, le plus grand comédien de son époque), le couple Helvétius (qui tenait l'un des salon les plus réputés), le fameux chevalier de Saint-Georges (qui l'aida dans sa prise de conscience du drame de l'esclavage), elle croisera Benjamin Franklin, admirera Mirabeau presque autant qu'elle adula Rousseau (qu'elle ne fit jamais qu'apercevoir), sera admise auprès de Philippe d'Orléans, futur Prince du sang et bientôt rebaptisé "Philippe Égalité", connaîtra Pilâtre de Rozier, précurseur de l’aéronautique (elle assista à ses cours) et bien d'autres encore, importants hier, oubliés aujourd'hui.



Passionnée par les arts de la scène, elle posséda son propre théâtre amateur ; elle rédigea plusieurs pièces à thèmes, en faveur du divorce par exemple, mais la pièce qui aurait pu faire sa renommée avait pour sujet un propos lui tenant particulièrement à cœur : l'esclavage, dont elle fut une ardente et sensible adversaire. Mais les comédiens de la comédie française - qui étaient alors seuls à Paris à détenir un privilège royal, imposant un dictact honteux aux autres salles -, s'ils acceptèrent cette oeuvre à leur répertoire furent de si mauvaise grâce à la représenter qu'elle sombra dans l'oubli presque aussitôt jouée. Il faut dire que nombre d'esclavagistes avaient leur propre loge et les contrarier aurait pu être dommageable pour les finances de l'institution...



Lorsqu'arriva la révolution, Olympe prit résolument parti pour les girondins (favorables, pour aller très vite, à une monarchie constitutionnelle, pour un pouvoir décentralisé, une certaine autonomie laissée aux provinces, prônant généralement un certain libéralisme tant de moeurs qu'économique et politique. Ils votèrent contre la mort du roi). Elle-même était propice au maintien de la royauté, au sein d'une monarchie constitutionnelle. Il faut dire aussi qu'elle avait trop d'amis aristocrates - bien que généralement parmi les plus "éclairés" qui soient - pour ne pas s'inquiéter des chemins mortifères vers lesquels la Révolution semblait se diriger, sous la houlette des Marat, Collot d'Herbois (une sorte d'ennemi intime d'Olympe), des Fouquier-Tinville, Danton, Desmoulins, Saint-Just ainsi que son plus symbolique représentant d'alors, Robespierre.



Après s'être attiré l'ire de Marat jusqu'à son assassinat, elle fit tant et si bien contre Robespierre par toute une série de libelles et d'affiches qu'elle finit ainsi par s'attirer les foudres du Comité de Salut Public, l'accusant, suite à la dénonciation de son afficheur, de défendre le régime monarchique par le biais d'un texte qui n'eut même pas le temps d'être placardé "les trois urnes" dans lequel elle tâche de défendre une position modérée ne rejetant ni l'aristocratie ni la royauté dans les enfers révolutionnaires. Après quelques mois de prison, y poursuivant malgré tout, avec courage, son oeuvre polémique et ses diatribes à l'encontre de Robespierre qu'elle compare à un Tyran, elle sera jugée et condamnée à mort le 2 novembre 1793, en plein dans cet épisode sanglant de la Révolution Française nommé, par décret du 5 septembre de cette même année, la Terreur. Elle sera guillotinée le lendemain. Elle avait Quarante-cinq ans.



Ce beau "pavé" de quelques cinq cent pages (en comprenant les notices bibliographiques), avec Catel Muller au dessin et José-Louis Bocquet au scénario n'a pourtant pas pour illusion de rendre in extenso la vie hautement trépidante d'une jeune femme engagée de la fin de ce XVIIIème siècle si remuant. On pourra peut-être lui reprocher de ne présenter que cette "France d'en-haut" de l'époque - même si la future Olympe est d'extraction sociale "moyenne", malgré un géniteur de la haute noblesse provinciale -, de trop centrer l'histoire sur et autour d'Olympe, passant très vite sur les remous politiques et sociaux de l'heure, mais le parti-pris est aussi défendable que parfaitement assumé par les deux auteurs. Par ailleurs, l’ascension de cette jeune femme fut telle qu'elle n'eut guère le temps de demeurer véritablement au sein des classes sociales les plus basses. Mais cela ne l'empêcha jamais d'en connaitre et d'en ressentir la misère et les souffrances.



Bien que l'on redécouvre depuis une trentaine d'année l'oeuvre militante de cette femme, (on retiendra tout particulièrement le "Ainsi soit Olympe de Gouges" de Benoîte Groult, une biographie facile d'accès et présentant un choix de ses textes engagés), énergique, altruiste, digne et fière, il était bon que soit publié une telle biographie (que l'on pourra estimer romancée mais qui colle d'aussi près que possible à l'existence passée de Marie Gouze) au dessin très vif, facilement lisible, donnant mieux à comprendre les atmosphères, les caractères de l'époque que n'aurait pu le faire un dessin au style plus réaliste mais peut-être plus ampoulé ou trop éloigné des canons du genre. Quant au texte, il allie extraits d’œuvres, bon mots véridiques et dialogues contemporains parfaitement intégrés sans jamais céder à une sorte d'esthétisme linguistique improbable, travers fréquent des bande-dessinées à caractère historique.



Sans oublier les incontournables repères biographiques de fin d'ouvrage, de même qu'une belle galerie de portraits de femmes et d'homme qui croisèrent, directement ou indirectement, la vie d'Olympe, se concluant sur une assez complète bibliographie, il est important de préciser que tout "roman graphique" puisse-t-il être, ce réjouissant et utile volume se place sous l'angle du sérieux historique.



On reprochera peut-être cet angle donné à l'ensemble qui donne le sentiment, une fois le livre achevé, que l'oeuvre d'Olympe, sa vie, ses engagements eurent plus d'importance en son époque que l'histoire ne le montre, malgré toute la meilleure volonté du monde. Olympe de Gouges fut sans aucun doute un esprit merveilleux, enthousiaste, jamais las de la lutte contre les injustice - toutes les injustices - employant son temps, son énergie, ses biens (et un peu ceux de ses proches...), ainsi que tous les moyens de communication de son siècle pour faire évoluer les mentalités, les hommes et les lois. Mais ce n'est pas lui faire injure que d'estimer son action comme secondaire dans le flot tumultueux des cinquantes dernières années du siècle des lumières.



On ne peut, somme toute, lui reprocher que l'irréprochable - ce contre quoi elle lutta de toute son âme -, qui est d'avoir été femme dans un monde qui ne laissait place qu'aux hommes pour toute autre chose que la maison, la maternité et l'éducation des jeunes enfants. Venue trop tôt avec des idées trop neuves (et plus encore pour le siècle abominablement réactionnaire à venir), il n'est que justice de montrer enfin ce que furent ces quelques trop rares esprits féminins dont l'histoire a cependant pu garder autre chose qu'un simple nom dans un registre d'état-civil...



Au-delà de ses combats, essentiels, - celui pour les femmes et celui pour les esclaves en tête - c'est aussi l'exemple d'un esprit libre, d'une parole libre et d'une vie aussi libre que le permettait la société de son temps qu'il est bon de retenir, de mettre en avant. Un tel message demeure universel : plus que jamais s'en souvenir !
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Kiki de Montparnasse

Une silhouette gironde, un carré court avec une frange, des lèvres peintes en rouge, un grand nez, c'est Kiki, la muse des peintres et du photographe Man Ray, une femme solaire née au début du siècle dernier, une figure marquante du Montmartre de l'entre-deux guerres. Quelle femme ! Quel destin !

Chanteuse populaire aux multiples amants comme Piaf, peintre, femme rieuse au grand appétit de vivre mais minée par un insatiable besoin d'amour et les blessures d'une enfance pauvre. Délaissée par sa mère à sa naissance et confiée aux bons soins d'une grand-mère aimante elle part travailler à Paris dans une boulangerie à l'adolescence. Très vite, son tempérament de feu, son physique atypique et sensuel, sa photogénie, inspirent les peintres Kisling, Foujita, Gargallo, Modigliani, et Man Ray avec qui elle vit une passion destructive. Fuyant la routine, elle mène une vie libertine et de bohème, elle a la gouaille d'Arletty et comme Maryline Monroe beaucoup plus tard, elle est une star et irradie de beauté sur les portraits qu'elle inspire mais se consume et fuit ses souffrances en consommant de la drogue et en buvant… terminant sa vie de manière tragique et solitaire.

Une femme au tempérament de feu terriblement attachante à découvrir absolument ! Kiki de Montparnasse est une biographie solidement documentée, comme l'atteste la longue bibliographie répertoriée à la fin de cette BD captivante aux dessins en noir et blanc.



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Olympe de Gouges

Olympe de Gouges coécrit par Catel et Bocquet est un livre que l’on qualifie de roman graphique, c'est-à-dire une bande dessinée généralement longue, sérieuse et ambitieuse, destinée à un lectorat adulte, la BD étant en fait quelque chose de ludique, frivole que l’on réservera aux enfants.

Au passage, je signale que ce roman à près de 488 pages et pèse 1 049 grammes (c’est mon amie Lydia qui l’a pesé), donc, il faut être bien calée pour le lire, sinon il s’échappe des mains.



Ce que j'en pense :

Ce roman graphique est très intéressant car on y trouve une étude très détaillée de la société de la deuxième partie du XVIIIe siècle. Les auteurs s’attardent (un peu trop à mon goût) sur son enfance en province pour démontrer les écarts de la société de l’époque, avant d’entrer dans la vie d’Olympe à Paris.

La vie d’une femme engagée, qui lutte conte les inégalités sociales, les riches et les pauvres, mais aussi les hommes et les femmes, les inégalités raciales aussi (cf. la pièce où elle dénonce l’esclavage et se bat pour son abolition, ce qui est l’avis de peu de personnes à l’époque, beaucoup vivant de la traite des noirs), et elle n’hésite pas à publier ses écrits, ses pièces qui seront jouées au théâtre Français, mais aussi ses affiches qui ne plairont pas à tout le monde.

Elle n’abandonnera jamais son combat, et avec elle on rencontrera Condorcet, Bernardin de Saint Pierre, Benjamin Franklin, Danton, Louis XIV, Robespierre, ainsi que les comédiens du théâtre Français qui ne la voit pas d’un bon œil, car elle est trop libérée pour eux, ainsi que l’on verra défiler l’histoire de la Révolution …

On lui doit une œuvre maîtresse : « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Elle dérange beaucoup et finira sous la machine infernale du Dr Guillotin…

Cette femme intelligente, cultivée, en avance sur son temps, pour laquelle les termes Liberté, Egalité et Fraternité ne sont pas que des mots, qui se battra toute sa vie pour les droits de la femme et la liberté d’expression, m’a toujours fascinée mais je ne savais d’elle que son engagement politique. Je n’ai lu aucun de ses textes et je découvre une autre facette de ses talents. Que dirait-elle de ce qu’est devenue la révolution et la patrie des droits de l’homme ? A-t-on vraiment avancé dans le domaine des droits de la femme ?

Un roman graphique intéressant mais pesant au sens propre comme au figuré, avec des dessins en noir et blanc dont on finit par se lasser, car ils sont loin d’être légers, fins comme dans le manga de Fuyumi SORYO. En effet, le trait est assez lourd, épais, il relègue un peu trop le texte au second plan.

Note : 7/10


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Olympe de Gouges

Qui ne connaît pas aujourd'hui Olympe de Gouges, figure emblématique de la Révolution française et auteure de la fameuse « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » qui paya de sa vie sa trop grande franchise et son indépendance ? A la fois fille des Lumières, femme de lettre, républicaine, libertine et féministe avant l'heure, Olympe se distingue par son parcours et sa personnalité atypiques qui lui valent d'être mise à l'honneur par José-Louis Bocquet (au scénario) et Catel Muller (au dessin) dans ce roman graphique éponyme. Et quel ouvrage ! Lourd de près de 500 pages et agrémenté d'un dossier historique complet, le roman expose avec un luxe de détails et par le biais de dessins en noirs et blancs simples mais soignés ce que fut la vie de cette femme d'exception, de son enfance insouciante à Montauban au milieu du XVIIIe siècle à son combat lors de la Révolution pour la modération et le droit des femmes. Ce sont donc pas moins de cinquante ans d'histoire qui défilent devant les yeux du lecteur qui en apprendra autant sur Olympe du Gouges que sur le contexte politique et social de la France de la Révolution.



Le portrait est aussi complet que passionnant : épouse et mère à dix-huit ans, veuve presque aussitôt après et bien décidée à ne pas se laisser à nouveau enchaîner par les liens du mariage, la jeune Olympe ne tarde pas à migrer vers Paris où elle se découvre une véritable passion pour le théâtre. Son libertinage notoire et ses écrits jugés trop engagés (elle s'est notamment déclarée en faveur de l'abolition de l'esclavage) lui vaudront autant d'amis subjugués par sa personne que d'adversaires acharnés à la faire tomber. Le climat sanguinaire qui règne lors de la Révolution aura finalement raison d'elle et provoquera en 1793 son emprisonnement puis son exécution. Bocquet et Catel reviennent sur tous ces épisodes, et bien d'autres encore, avec un souci du détail remarquable et en prenant bien soin d'alterner scènes intimes entre Olympe et ses proches et scènes plus « historiques » dans lesquels elle est amenée à côtoyer les plus grands et où est abordé son engagement politique. « La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. », voilà ce qu'elle défendra becs et ongles, jusqu'à la mort.



Un roman graphique dense et complet qui rend un bel hommage à cette femme hors du commun et à son combat pour la fin de l'asservissement des femmes et l'obtention du droit de vote. Un combat qui, comme on le sait, sera gagné bien tardivement en France puisqu'il faudra attendre 1944 pour que ce droit leur soit enfin accordé.
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Kiki de Montparnasse

Une coupe au bol, de grands yeux soulignés de khôl, des lèvres pleines peintes en rouge, un corps bien en chair mais idéalement proportionné : Alice Prin, plus connue sous le nom de « Kiki de Montparnasse », est incontestablement l'une des figures les plus incontournables du Paris de l'entre-deux guerre. Muse et amante des artistes les plus réputés de l'époque, chanteuse, danseuse, peintre, actrice de cinéma... la jeune femme séduit tout Montmartre par sa joie de vivre, son caractère bien trempé, son indépendance revendiquée et son physique si particulier. Kisling, Foujita, Gargallo, Modigliani, Man Ray... personne ne résiste à Kiki, modèle des plus grands peintres et photographes qui la représentent sous toutes les coutures et lèguent ainsi à la postérité certaines de leurs plus grandes œuvres tel « Le violon d'Ingres », justement choisi pour illustrer l'ouvrage de Catel et Bocquet consacré à la star de Montparnasse. L'ouvrage est imposant (plus de quatre-cent pages) et nous dévoile avec un luxe de détails et par le biais de graphismes en noir et blanc, sobres mais soignés, ce que fut la vie de cette femme qui fut l'une des figures les plus charismatiques et les plus controversées des années 1920 et 1930.



Au vue de l'abondance de références bibliographiques proposées à la fin de l'ouvrage, difficile de douter de l'importance et du sérieux du travail de documentation effectué par Catel et Bocquet afin de retranscrire au mieux l'ambiance du Paris de l'époque, ville cosmopolite accueillant des artistes du monde entier et où se développent et se rencontrent les courants de pensées les plus avant-gardistes. C'est dans ce milieu foisonnant qu'évolue Kiki, née Alice Prin, dont on découvre d'abord l'enfance à Châtillon-sur-Seine, l'arrivée à Paris et les difficiles relations entretenues avec sa mère, le début de sa vie de modèle pour Soutine, Modigliani ou encore Foujita, et puis la gloire, la reconnaissance. Tout Paris se l'arrache ! La jeune fille devient la muse des plus grands, à commencer par Man Ray dont elle devient l'amante et qui l'introduira au sein des courants dadaïste et surréaliste où elle fera la connaissance de Tristan Tzara, Louis Aragon, André Breton (qu'elle n'apprécie d'ailleurs pas beaucoup , Paul Eluard... Elle enchaîne les succès, les amants aussi, de Man Ray à l'accordéoniste André Laroque en passant par le journaliste Henri Broca, sans compter les marins et peintres de passage à qui elle se donne avec générosité et une joie de vivre communicative.



Kiki ne semble pas désireuse de s'embarrasser des carcans que voudrait lui imposer la société : elle dit ce qu'elle pense, couche avec qui elle veut, quand elle veut, et entend bien être traitée avec respect. L'ouvrage montre également très bien les nombreuses souffrances que la jeune femme tentent au mieux de surmonter mais qui finiront par la rattraper : sa peine et sa colère lorsqu'on la prend pour une vulgaire putain, son désespoir de ne pas parvenir à avoir un enfant de Man Ray avec lequel elle vit une histoire d'amour passionnelle mais aussi destructrice... Kiki entend bien malgré tout jouir de tout ce que la vie a à lui offrir, jusque dans l'excès. Cocaïne, opium, alcool..., la jeune femme s'empâte en vieillissant et rencontrent de graves problèmes de santé. Elle mourra en 1953 et sera enterrée au cimetière de Thiais où peu de ses anciens amis de la belle époque viendront lui rendre hommage. Un parcours surprenant pour une femme au physique si atypique et au caractère si volcanique à laquelle on ne peut s'empêcher de s'attacher.



Catel et Bocquet réalisent avec cette biographie illustrée un superbe travail de documentation mettant en lumière l'une des figures les plus emblématiques du Paris des années 20 qui aura provoqué une émulation artistique rarement égalée autour de sa personne. Chapeau !
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Le sang des valentines

12 novembre 1918, la guerre touche à sa fin avec la signature de l'armistice. Augustin Dortet va pouvoir rentrer chez lui, dans les Pyrénées. Une joie immense l'envahit, heureux de pouvoir serrer sa douce Geneviève dans ses bras. Il ne recevait que très peu de réponses à ses lettres, au début de la guerre, qui plus est, pour la plupart pleines de reproches. Mais depuis quelque temps, elle lui écrivait de superbes lettres d'amour, de vraies "valentines", sur lesquelles elle se dessinait. Mais, avant de rentrer chez lui, il passe d'abord par Paris. En effet, il a promis à André, son compagnon d'armes mort au combat, de remettre en main propre, à sa compagne, sa dernière partition. Malheureusement, le retour chez lui ne se passe pas comme prévu...



A coup de flashbacks, l'on retrouve ici et là Augustin sur le front dans les montagnes ardennaises, au camp de prisonniers en Belgique ou bien à Paris, dans les bras d'une prostituée. Augustin Dortet, ce héros qui aura survécu à cette maudite guerre, ne s'attendait évidemment pas à de si mauvaises nouvelles à son retour dans les Pyrénées. Une véritable plongée en enfers pour lui qui pensait avoir surmonté le pire. Christian De Metter nous offre un scénario efficace et remarquablement illustré. L'histoire est passionnante et poignante. Ses aquarelles sont de toute beauté, d'une grande profondeur et intensité. Remarquable...



Le sang des valentines laissera des traces...
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Alice Guy

L'auteur Bocquet s'est associé avec le dessinateur Catel pour réhabiliter une pionnière française du cinéma.

Après la sortie dans la collection "Les clandestines de l'histoire" comme Joséphine Baker, Olympe de Gouges ou Kiki de Montparnasse, cette biographie très détaillée nous transporte aux prémices du cinéma.

Alice Guy est née dans une famille dont le père est éditeur et libraire en Amérique du sud. Après une école religieuse et une formation de dactylographe, Alice trouve un premier travail chez Richard et Gaumond des entrepreneurs de la photographie.

Courageuse et acharnée, elle se passionne pour les images et devient réalisatrice dans le film animée. Elle devient même actionnaire.

Son mariage avec Baché lui donne deux enfants: Simone et Réginald. Malgré sa vie de mère Alice poursuit son métier et fonde aux Etats-Unis les studios Solax à Fort Lee. Malheureusement son manque de vision dans l'avenir l'empêche de voir en Hollywood de la concurrence.

Les fiascos s'enchaînent et retour en France pour reprendre à Nice les studios de la Victorine. Mais le temps a fait son oeuvre et Alice est oubliée du septième art.

Elle vit avec sa fille en Belgique où elle s'éteint à l'âge de 95 ans.

Dans cette vie de femme audacieuse Bocquet s'attache à décrire une femme hors du commun, qui se moque du pouvoir des hommes pour percer dans des domaines innovants.

En filigrane de cette biographie, l'auteur dresse les mentalités masculines dominantes du xxème siècle: la condition féminine cantonnée au foyer, les viols sans conséquences pour leurs auteurs.

Non seulement Alice Guy est pionnière dans le monde créatif du cinéma mais aussi dans le mouvement féministe qui émerge dans les années 1930.

Certes Bocquet a eu le souci d'articuler les sujets qui préoccupent notre siècle et de les relier à la naissance du cinéma mais je n'ai pas été captivée par ce roman graphique. Les dessins de Catel façon Tardi ne sont pas en cause; cela manque d'émotions tout simplement.
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Joséphine Baker

"- Tu sais, on vient au monde seul et on le quitte seul... Mais pour t'accompagner sur ce long chemin, il y a ce truc : la musique. Grâce à elle, le long de cette route, il y a des moments merveilleux... Mais il y a aussi beaucoup de déceptions et de souffrances.

- Et alors, que faut-il faire ?

- Avancer quoiqu'il arrive, sans jamais se retourner."

[Sidney Bechet à Joséphine Baker]



Lors d'un weekend dans le Périgord, le hasard m'a conduit jusqu'au domaine des Milandes, la fameuse demeure de Joséphine Baker. Un château magnifique et une visite passionnante dont je suis ressorti avec l'envie d'en savoir plus sur cette femme au destin hors du commun.



Quand après Olympe de Gouges et Kiki deMontparnasse, Catel et Bocquet lui ont consacré un livre, je ne pouvais pas le manquer. Grâce à l'opération Masse critique de Babelio et aux Éditions Casterman, que je remercie au passage, je me suis régalé de ce roman « bio graphique ».



Un livre peut faire peur par sa taille, c'est un vrai pavé de près de 600 pages, mais n'hésitez pas une seconde, la narration est fluide et vraiment prenante. Difficile de lâcher sa lecture tant on est embarqué par le rythme effréné de son existence, des rires et des larmes, des bonheurs et des drames, forcément. C'est une femme passionnante, libre, généreuse, drôle, engagée, terriblement humaine, une femme vraiment incroyable.



Je ne vais pas vous raconter ici les détails de sa vie, Bocquet fait ça beaucoup mieux que moi mais sachez que vous allez vous prendre dans le tourbillon de son existence. de l'Amérique ségrégationniste, au Paris des années folles, de ses tours de chants dans le monde entier à son engagement aux côtés de la résistance française, en passant par l'incroyable aventure du château des Milandes et l'adoption de ses douze enfants, sa tribu arc-en-ciel, impossible de rester indifférent à son charme, son courage et sa folie douce.



Une vie riche de ses rencontres, la liste des célébrités de tous horizons qu'elle a côtoyée donne elle aussi le tournis, artistes, écrivains, musiciens, comédiens, cinéastes ou politiques, Sidney Bechet, Mistinguett, Hemingway, Simenon, Colette, Bunuel, Le Corbusier ou De Gaulle pour n'en citer que quelques-uns.



Enfin point positif essentiel, le dessin de Catel offre un noir et blanc que je trouve lumineux avec une mention spéciale pour les visages étonnamment expressifs.



Bien plus que la superbe danseuse nue à la ceinture de bananes à laquelle on la réduit souvent, Joséphine Baker fut une belle personne au sens le plus noble du terme…
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Le sang des valentines

Encore un coup de cœur pour un BD. Le sang des valentines est déjà remarquable par ces dessins, des aquarelles magnifiques.



Le scénario m'a également beaucoup plu. Le héros part a la guerre, il a peu de nouvelles de sa femme et on peut dire que leur couple bat de l'aile. En effet en 1913, ils ont eu un petit garçon qui est décédé peu de temps après. Cela a été un choc pour la jeune femme. Le personnage principal, qui est sur le front de la Première Guerre Mondiale reçoit donc peu de lettres et leur contenu est souvent très froid. Et puis un jour tout change, les lettres sont très amoureuses, très érotiques parfois. L'armistice est signé et le personnage principal va retourner chez elle et espère y trouver sa femme mais rien ne se passe comme il l'a imaginé.



C'est en tout cas un très bel album, cette année en plus ont célèbre les 100 ans du début de la guerre, c'est encore plus l'occasion de faire un travail de mémoire pour ne pas oublier les atrocités de cette guerre. S'il fallait juste faire une critique, je dirai que la fin est assez prévisible et que je me doutais un peu de ce qui allait arrivé. Malgré tout j'ai pris beaucoup de plaisir a la lecture.
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