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Citations de DOA (311)


"Ou est ton père Peter ?"
Dans cette simple question réside tout leur malheur. Peter sent les larmes monter. Sa mère s'en aperçoit. A cet instant, elle pose sur lui le regard d'une vraie maman, se lève, vient le prendre dans ses bras et il se laisse aller contre elle, comme autrefois. Il y a dans cette étreinte l'avant-goût amer de la perte à venir. Il va être tellement seul.
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C'est une pièce de fond, fond de couloir, fond d'espoir, fond de vie.
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Sur le moniteur placé à la hauteur des yeux de Nads, un second stroboscope vient de s'éteindre. Il a brillé un court instant à l'emplacement ami, cent mètres au nord de l'objectif. Gros plan. Une paire de petits personnages blancs s'éloigne de la construction numéro treize et se dirige vers la source de cet éphémère deuxième flash.
" Nads, reçu." La jeune femme vérifie d'un coup d'oeil la position de son appareil. il se trouve à environ cinq kilomètres de sa cible, à une altitude de douze mille pieds, pas tout à fait dans l'axe.
"Bang Bang, reçu."
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La ferme a été rasée par un missile de type AGM-114 Hellfire à charge thermobarique. Ceux de ses occupants ayant par miracle échappé à l'onde de choc démultipliée qui a dû pulvériser les plus proches du point d'impact, ou au moins réduire en bouillie tous leurs organes internes, ont sans doute péri carbonisés par un réchauffement climatique surprise de plusieurs milliers de degrés. Ou été écrasés par les bâtiments qu'ils ont pris sur la gueule. Ou crèveront bientôt, empoisonnés, si jamais une partie de la poudre d'aluminium hautement inflammable répartie alentour pour amplifier la suppression initiale n'a pas cramé.
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Dumesnil, assis à côté de lui, le surveille du coin de l’œil. « ça fait plaisir à voir mais Guérin ne va pas calancher avant le deuxième tour. Ne compte pas là-dessus. Et les sondages que nous avons sur hier soir ne s’améliorent pas.
- Je sais. On a une idée de ce qui a provoqué ce malaise ?
- J’ai eu des remontées, mais sous toutes réserves.
- Dis toujours.
- Il semblerait qu’Elisa Picot-Rober, la patronne de PRG, et la grande amie de Guérin, ait reçu deux fois la visite de la police dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Benoît Soubise, ce flic détaché à la sécurité du CEA. Guérin aurait piqué une crise en l’apprenant, juste au moment de monter à la tribune. Moal a d’ailleurs fait un édito ce matin sur France Inter à propos des liens qui pourraient exister entre PRG et le meurtre de Soubise.
- Le CEA, PRG, Guérin, intéressant, non ? Il n’y a pas moyen d’activer nos réseaux à l’Intérieur et au CEA pour en savoir plus ?
- Si, évidemment, mais je ne suis pas sûr que ce soit productif.
- Fais-le quand même ».
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Au lieu d'appeler au courage et à la sérénité, en commençant par manifester son calme, la grande machine à fabriquer de la paranoïa se mettait en branle pour effrayer les masses. Ainsi, même s'ils n'étaient pas impliqués dans l'accident de la veille, les terroristes avaient atteint leur but, l'Occident des croisés tremblait de peur et se préparait à la guerre.
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Tordu. 

S’il ne l’était pas au départ, au contact de sa clientèle et de la merde qu’elle génère non-stop, il a fini par le devenir. Le pire, dedans et dehors, a été la plus grande constance de sa vie de policier, le sale, le médiocre, le veule. Ce pire dont la violence n’est, finalement, que la partie la plus visible. Le pas simple, une usure en vérité, se niche là et arrive de tous les côtés, tout le temps, insidieuse.
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Pas de fenêtre, plus de ciel, déjà le jour n’est plus qu’artifice électrique. La vie s’éloigne.
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Je regarde la Fille s'éloigner, avalée peu à peu par l'averse et son rideau grisâtre. Elle se volatilise derrière un camion. Partie. Et avec elle cette grâce terrifiante qui m'a fait dérailler jusque dans ce pays, jusqu'à la mort d'un homme - 'meurtre' c'est encore un peu tôt, je n'y arrive pas - et au kidnapping. Elle m'a fui.
Le beau m'est interdit depuis mon accident.
Je devrais démarrer, me tirer vite et loin mais je ne bouge pas, je n'en suis pas capable, submergé par le rien et privé d'énergie. Je suis triste et pourtant je ne chiale pas. Un seul de mes deux yeux est encore en état mais ce n'est pas pour ça. Lorsque, quelques jours après l'accident, je me suis réveillé du coma dans lequel on m'avait plongé, j'ai pigé tout de suite la ruine de ma vie et j'ai pleuré et pleuré, trop, c'était épuisant. À croire que je voulais assécher toutes mes larmes en une fois et une seule.
À croire que j'ai réussi.
Coup d'oeil à l'horloge de bord. La Fille a disparu depuis vingt petites minutes et le manque, déjà, s'avère insupportable. Elle ou le désir d'elle, d'une femme près de moi, cette douleur si cruelle et si belle que je croyais perdue, je ne saurais le dire, mais j'ai mal et ça me cloue et plus rien d'autre n'existe, plus personne n'a de place.
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Le ministère de l’Intérieur a commencé à déménager des pans entiers de son administration à Nanterre au début des années 1990. A l’ombre de la Défense et de son horizon vertical d’acier et de verre, par-delà les cimetières de Puteaux et de Neuilly, il a installé, rue des Trois-Fontanot, perspective minérale au tracé soviétique, quelques-unes des unités centrales et des sous-directions de sa DCPJ. D’abord au 103, puis au 101 et, depuis 2014, au numéro 106, dont le dernier étage est occupé par l’Office anti-stupéfiants.
Le service a fait, sous son ancien nom de baptême, OCRTIS, l’objet de nombreuses citations dans des morceaux de rap à la gloire des dealers et, plus récemment, dans les gros titres des journaux. Cette attention médiatique lui a valu d’être décapité, puis en partie éviscéré, pour faire de la place à un effectif plus vert, mais aussi plus magistrat – un poil – plus douanier – guère mieux – et surtout plus gendarme, avant d’être ripoliné en OFAST début 2020.
Amélie Vasseur était dans le contingent de militaires ayant rejoint le nouvel office. Peu avant ses trente ans, elle a ainsi quitté la section de recherche de Marseille, où elle trimait déjà sur la matière stups, la tête pleine de rêves de promotion, de capitale, de compétence nationale, de moyens et de chasse au gros gibier.
Mais il en va des rêves comme des promesses, ils inspirent et engagent seulement ceux qui veulent y croire.
À son arrivée en décembre 2019, juste avant le changement de sigle, Amélie a découvert des locaux excentrés, vétustes, sous-dimensionnés et peu adaptés aux enjeux de la lutte anti-drogue, hantés par des fonctionnaires au moral plombé. Dans les couloirs gris aux faux plafonds techniques qui pèsent sur les épaules, on entendait alors fréquemment les vieux de la vieille soupirer et répéter ad nauseam que c’était mieux avant. Un an plus tard, c’est toujours la même rengaine. Même si beaucoup d’anciens ont déjà pris le large.
Ou sont sur le point de le faire.
Le commandant Marc Pison, dont Amélie a été l’adjointe depuis son affectation au service, fait partie de ceux-là. Il quitte la police nationale et file vers le Sud pour une sinécure, du moins l’espère-t-il, de chef de municipale dans une ville moyenne. Pas le mauvais mec, Marc, folklorique comme les flicards à veste en cuir peuvent l’être souvent, mais honnête, viscéralement. Racorni par le job, surtout les dernières années, minées par le sentiment d’avoir déjà perdu la guerre ; où l’hypocrisie d’en haut l’a disputé à celle d’en bas, entre une hiérarchie prompte à condamner des méthodes dont elle appréciait pourtant jusque-là tant les exécutants que leurs résultats, flatteurs pour les caméras, et des collègues à la solidarité de façade, toujours à l’affût des restes de ceux que la disgrâce a frappés. Sans parler des magistrats, les meilleurs ennemis de Marc. « Ils sont comme nos clients, les juges, aime-t-il répéter, des ingénus piégés par les méchants condés. » Et d’ajouter toujours, monomaniaque, que si la justice consacrait moins de temps à faire chier les poulets et s’occupait de punir vraiment les trafiquants et leurs clients, financiers et donc complices de fait du bizness de la drogue, les choses se passeraient autrement.
Amélie l’aime bien, Marc, malgré ses obsessions et ses travers, et c’est un sentiment réciproque. Il a mouillé la chemise pour que la place libérée par son départ revienne à la jeune femme. Ma dernière belle affaire, le dossier Vasseur. Une promotion naturelle, méritée – un dû, même, vu le profil d’Amélie – et dans l’air du temps. Mais meuf et gendarme, à la tête de l’un des six groupes d’enquête de la BNAS, la Brigade nationale anti-stupéfiants, les limiers de la division judiciaire de l’OFAST, cette idée ne plaisait en réalité qu’à lui.
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« HADJAJ ! »
De peu, le cri précède le tir. À bout touchant diront sans doute les expertises médico-légales. Hadjaj, Nourredine, né aux Lilas le 7 avril 1989 et défavorablement connu des services de police, s’effondre. Son visage, un masque grotesque, sanguinolent et cabossé.
Les larmes aux yeux, son meurtrier rigole. Dernier crachat sur le cadavre et le pistolet remonte, file vers sa bouche ouverte.
Théo mange son canon.
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Quelqu'un a tapé du plat de la main. Sur une table. Théo regarde la table, la main. C'est une main d'homme. Qui en prend soin. Il regarde l'homme. Encore un costume gris. Cette fois, dedans, c'est un collègue, ça se sent. Encore un endroit de flics. Mais différent. Pas de fenêtre, vivement éclairé. Salle d'audition. Le collègue n'est pas seul. Il y a trois autres policiers avec lui. Deux qu'il reconnaît à leur air soucieux. Le dernier est une dernière. Elle a un regard sévère. Elle dit : « Pensez un peu aux autres, dites-nous qui vous a balancé l'info pour la convocation de Hadjaj. » Vouvoiement. Un peu hautaine. Pas le même monde. Commissaire. Elle ajoute : « On finira par savoir. » Aux bœufs.
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Amélie, appuyée contre une armoire métallique, est debout derrière eux, à côté des autres fonctionnaires du groupe, exceptionnellement tous présents aujourd'hui. D'une oreille distraite, elle écoute le discours final de Pison, débité sans conviction, tout en se disant que oui, c'est vrai, D'Agorno n'est clairement pas tombé dans la marmite à géants, et qu'elle le dépasse facile de cinq centimètres ; elle-même n'étant déjà pas au format basketteuse, avec son mètre soixante-neuf et ses cinquante kilos toute mouillée.
« Petit. Et teigneux à en croire radio Davout. » Dom fait référence à la SR de Paris, d'où arrive D'Agorno, domiciliée boulevard Davout dans le 20e arrondissement. « Petit Pitbull, ils l'ont baptisé. Je me demande si c'est pas pour ça qu'on nous l'a refourgué.
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Le ministère de l'Intérieur a commencé à déménager des pans entiers de son administration à Nanterre au début des années 1990. À l'ombre de la Défense et de son horizon vertical d'acier et de verre, par-delà les cimetières de Puteaux et de Neuilly, il a installé, rue des Trois-Fontanot, perspective minérale au tracé soviétique, quelques-unes des unités centrales et des sous-directions de sa DCPJ 1. D'abord au 103, puis au 101 et, depuis 2014, au numéro 106, dont le dernier étage est occupé par l'Office anti-stupéfiants.
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La main approche de son visage. Elle tient un pistolet. Gros plan sur le canon au diamètre conséquent. Il se raidit, plus surpris qu'effrayé, et pense immédiatement à un 11.43. Chose étrange, ce n'est pas cela qui retient son attention, mais le latex bleu dont le doigt passé dans le pontet et ceux qui enserrent la poignée sont recouverts. Derrière, floue, une silhouette noire dans l'obscurité du couloir. Il y a un intrus, ganté, armé, dans sa maison, la nuit. Il ne devrait pas être surpris après toutes ces années, pourtant c'est le cas. Ces choses-là ne devraient pas se passer. Il y a tant de choses qui ne devraient pas se passer. Plus rien ni personne n'est à l'abri. Et ça le fout en rogne.
Une porte gémit.
Le 11.43 file en direction du grincement dans un geste réflexe. C'est à cet instant-là que la trouille submerge Théo et lui aussi, sans réfléchir, réagit. Pour intercepter le bras meurtrier. Détonation. Bruit de chute sur le parquet, mais léger, un objet pas trop lourd. Sur le moment, Théo n'a pas conscience de l'entendre mais son cerveau l'enregistre quand même. Il s'en souviendra plus tard, pour son plus grand malheur. Là, il est ailleurs. Il se bat pour leur survie à tous les trois.
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Amélie Vasseur était dans le contingent de militaires ayant rejoint le nouvel office. Peu avant ses trente ans, elle a ainsi quitté la section de recherche de Marseille, où elle trimait déjà sur la matière stups, la tête pleine de rêves de promotion, de capitale, de compétence nationale, de moyens et de chasse au gros gibier.
Mais il en va des rêves comme des promesses, ils inspirent et engagent seulement ceux qui veulent y croire.
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Il aurait également été avisé d'accorder une plus grande attention à ceux qui, bien avant son accession au sommet de l'État, accusaient déjà Evo Morales d'être soutenu par des intérêts mafieux, en l'occurrence des cartels de narcos – de la coca à la coke, le pas est vite franchi, surtout quand les formes ancestrales de consommation de la petite feuille verte aux vertus stimulantes ne suffisent pas à absorber la production locale. On l'a aussi associé à des guérilleros peu love et certainement pas peace, tels les Péruviens du Sendero Luminoso – le Pérou, deuxième producteur de cocaïne des Andes – ou les Forces armées révolutionnaires de Colombie, elles-mêmes largement impliquées dans un certain nombre d'activités criminelles allant du racket au kidnapping, en passant par le trafic de drogue, encore.
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HADJAJ ! »
Ce cri, il tétanise. Dans le décor souterrain corseté de béton où la scène se joue, tous se figent. Malgré les moteurs, les claquements de portes, les conversations, les ordres aboyés et la réverbération chthonienne du tintamarre matinal, chacun est pris aux tripes par la puissance du hurlement.
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Quelques secondes pour quelques pas. Pour que Theo puisse dégainer son Glock, tendre le bras, viser. La gueule.
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Amélie enregistre la pièce et la relit, avant de lancer l'impression puis de clore le fichier. Ensuite, elle ouvre un nouveau document, vierge du moindre en-tête et destiné à la rédaction d'un blanc, un compte rendu anonyme de la soirée passée au club, de la situation et des activités de celui-ci, ainsi que des personnes croisées là-bas, certaines exerçant des fonctions très publiques, voire très politiques. La note sera transmise à leur hiérarchie, qui décidera de la suite à donner à son contenu. Probablement aucune dans l'immédiat et, plus tard, sans doute, quelque opportun règlement de comptes ou coup de pression.
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