Eric Fottorino vous présente l'hebdomadaire "Le 1" à l'occasion des 10 ans du journal. En partenariat avec l'IJBA.
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Tu m'aimais tout bas, sans effusion, comme on murmure pour ne pas troubler l'ordre des choses. Tu m'aimais tout bas, sans le dire, sans éprouver le besoin d'élever la voix.
Être abandonné, avoir abandonné, qui peut dire ce qui fait le plus mal ?
Je ne me suis jamais senti à mon aise parmi les catholiques, ça sonnait faux en moi, tous ces chants et cet amour dégoulinant à condition de ne jamais faire un pas de travers.
"Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil"
Montherlant.
Tant de gens sont fragiles, tant d’autres ont la dureté des cailloux, et il faudrait que tout cela s’accorde pour la vie.
Le petit aime beaucoup écouter les grandes personnes. C'est ainsi que sa vie est un malentendu. L'autre jour, Lina parlait à un inconnu devant le bâtiment Z : "Mon fils est un enfant d'août", expliquait-elle. Le petit a saisi "un enfant doux", mais l'homme a repris Lina en prononçant le "t" final de ceux qui ont l'accent du Sud-Ouest. Il a dit août avec le "t" cogné contre les dents et le petit s'est métamorphosé en "enfant doute". D'un seul coup, la douceur de sa naissance a disparu et c'est ainsi qu'il s'est enfoncé dans le malentendu qui va bien avec les secrets.
La mémoire voit les choses en grand. L’enfance les repeint en bleu.
J'étais prêt à l'aimer, ou près de l'aimer, je ne sais plus, je ne suis pas très fort dans les locutions qui précèdent le verbe aimer.
Eric FOTTORINO
Dans : "Baisers de cinéma"
je n'ai encore lu aucun ouvrage de cet auteur mais c'est tentant...
De la cité du Grand-Parc à la rue Cornac, le petit vient sur son vélo. La vieille dit souvent devant lui qu'il est un enfant débrouillard. Comme il a de l'imagination après tout ce temps passé dans le grenier de la rue Félix-Faure à accrocher ses rêves au fil des araignées, il a compris qu'il était un enfant "des brouillards". Cette idée l'enchante. Il pense que c'est plus facile pour se cacher.
À l’approche des audiences, une association antiéoliennes a fait entendre sa voix. Elle s'appelle Le Vent des Combes. Ses critiques frappent l’opinion qui commence à se mobiliser autour des nuisances causées par l'installation des mats. Pollution esthétique, pollution sonore et lumineuse, risques pour la faune sauvage, migrateurs et oiseaux de nuit, repoussoir à touristes, moulin à maux de tête, eldorado pour promoteurs privés : les griefs s'accumulent.
Les enquêtes de terrain se multiplient dans les départements voisins. Le progrès a soudain une sale tête. Surtout quand les militants des vallées rebaptisent les éoliennes pour ce qu'elles sont, des « aérogénérateurs industriels » Élus et experts ont beau appeler à la raison, la parole publique est suspecte. On ne sait plus trop si le sifflement des pales est inoffensif, si ce ciment et cette ferraille enfoncés dans la terre ne causeront pas des dégâts irréversibles.
Dans vingt ans, le Jura ressemblerat-il au sinistre désert d'éoliennes de Californie ?